Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xviii
Note [9]
Après une digression sur la galactorrhée, qui n’en était sûrement pas une, chez un des deux pendus qu’il a disséqués, Thomas Bartholin se référait à quatre sources anatomiques.
Dubitat Vesalius, si Mammis arteriæ distribuantur, quas nunquam obseruare potuit : sed manifestas habent à Thoracica, quæ plurimos in adipem et corpus glandulosum surculos spargit. Nec est verisimile partem per se frigidam, coquendo lacti destinatam arteriis carere, quibus præ cæteris opus habet ad augendum ipsius partis spermaticæ et glandulosæ natiuum calorem.Irridet quoque Vesalius Anastomosin Mammariæ cum Epigastrica, per quam societas et commercium Vteri cum Mammis perficitur. […] In puerpera recenter enixa Mammariam internam et Epigastricam, crassitie et mole calami scriptorij pares vidi ; quinetiam puerperæ sentiunt lac frigidum supra stomachum secundum ventris longitudinem ad Vterum decurrere.
[Vésale {b} doute que des artères irriguent les mamelles car il n’a jamais pu en voir, mais il en vient manifestement de l’aorte thoracique, qui envoie de nombreux rameaux dans la graisse et dans le corps glanduleux mammaire ; et il n’est pas vraisemblable qu’une partie vouée à préparer le lait soit froide et dépourvue d’artères, dont elle a besoin plus que les autres, car elles augmentent la chaleur native de la région génitale et glanduleuse.
Vésale se moque aussi de l’anastomose entre la mammaire et l’épigastrique, qui établit un rapport et des échanges entre l’utérus et les seins. (…) Chez une parturiente récemment décédée, j’ai vu une mammaire interne et une épigastrique dont l’épaisseur et le calibre égalaient ceux d’une plume à écrire. En outre, les femmes qui accouchent sentent que du lait froid leur descend sur toute la longueur du ventre, d’au-dessus de l’estomac jusqu’à la matrice].
Nuper in viro Marchiensi, qui me et D. Matthieu, collegam nostrum doctissimum consulebat, varicosas admodum ipsas venas epigastricam et mammariam, secundum longitudinem ventris à thorace vsque ad pubem vidimus in musculo recto dextro, cuius affectus vestigium nullum exstabat in latere sinistro.[Consultant il y a peu, en compagnie de notre très docte collègue M. Matthieu, {f} nous avons vu, chez un homme originaire de la Marche, {g} une importante dilatation variqueuse des veines épigastrique et mammaire dans le muscle droit de l’abdomen du côté droit, sur toute sa longueur, depuis le thorax jusqu’au pubis, sans aucune trace d’anomalie du côté gauche]. {h}
Hanc vasorum unionem, præter ocularem demonstrationem mihi confirmavit experimentum quoddam, in dissectione canis gravidæ viventis observatum. Cum autem venam sine pari, in quam se exonerant intercostales, aperuissem, lacteus quidam humor sanguine mixtus ab intercostalibus effluxit, ejusdem prorsus naturæ cum illo in mammis tunc existente, quem humorem ab arteriis Thoracicis et mammariis acceperant.
[Une expérience m’a confirmé, par l’observation directe, cette union des vaisseaux en disséquant une chienne gravide encore vivante : quand j’ai ouvert la grande veine azygos, {j} dans laquelle se déversent les intercostales, une humeur laiteuse mêlée au sang s’est écoulée des dites veines intercostales ; elle était exactement de même nature que celle qu’on trouve dans les mamelles et y provenait des artères thoraciques et mammaires]. {k}
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.