Expériences démontrant que ce qui est propre à l’air n’est pas son poids, mais surtout son élasticité raréfactive. [1][1][2]
Je donnerais à la pesanteur de l’air la place qui lui revient (comme on dit), si ce sujet n’était pas bien connu de tous : ne voit-on pas en effet l’air s’enfoncer dans les creux et dans les trous, et même jusqu’au centre de la Terre (si tu creusais jusque là) ? Qui ignore qu’une vessie est d’autant plus dure qu’elle est gonflée ? S’il a soupesé un fusil (une arquebuse ou canne à vent, en français) chargé d’air comprimé (qu’on appelle pneumatique), qui n’a pas constaté qu’il devient plus léger après avoir tiré son coup ? [2][3][4] Et enfin qui ignore que le poids d’un éolipyle chaud, dont la flamme a extrêmement raréfié l’air, n’est jamais égal à celui qu’il a quand il est froid ? [3][4]Tu ne songeras pas à me contredire non plus si je juge que cette pesanteur de l’air se dissipe en vapeurs atmosphériques : je comprends l’air comme étant l’atmosphère, ma philosophie ne sachant grimper plus haut que cela aujourd’hui. [4][6]
Imagine-toi donc la masse qui pèse sur le globe terraqué comme semblable à celle d’une éponge ou d’une poignée de laine : par la compression progressive qu’elles exercent, ses parties supérieures sont soutenues par les inférieures, en sorte que plus une chose est proche de la Terre, plus elle est [Page 50 | LAT | IMG] écrasée par la force et le poids de ce qui la surmonte. Cet amas s’appesantit [5] ainsi sur toute matière qui lui est soumise ; mais si elle en est libérée, elle est poussée à se détendre sous l’effet de sa dilatation spontanée (que j’appelle son élasticité).
J’en déduis que toute chose qui est sujette à cette charge, jusqu’à sa plus petite partie, acquiert une forme extrêmement condensée ; et que toute chose qui existe à la surface de la sphère terraquée est comprimée non seulement par la pesanteur, [6][7][8] mais aussi sous l’effet de sa propre élasticité.
Il ne s’agit pourtant là que de mots dont je te farcis les oreilles, mais il me faut les soumettre au jugement de tes yeux. Je devancerai ton désir en illuminant le nébuleux secret de l’air par l’expérimentation (qui me guide en toute occasion).
Je présenterai surtout quelques expériences sur le vide qui, à ma connaissance, n’ont pas encore été imprimées. Ce ne sont certes pas les brillantes productions de ma propre ingéniosité, et je suis loin de vouloir m’arroger la gloire d’avoir dévoilé des merveilles dont l’évidence m’avait jusqu’ici presque entièrement échappé. Tout le soigneux travail que j’ai accompli (tenaillé par la crainte de m’égarer) pour m’attaquer de plus près à une question de si grande importance a procédé par imitation et non par périlleuse expérimentation. [7]
Je ne citerai pas d’auteurs de livres car, à ce que je sache, il n’en circule aucun sur le sujet, [8] me contenant de ceux dont les expériences suivent, et dont l’éminente autorité égale le respectable renom. [Page 51 | LAT | IMG]
Expériences anatomiques
physico-mathématiques
sur le Vide.expérience i.
[9]Le fait qu’une petite vessie s’affaisse spontanément quand le mercure chute, en se raréfiant dans l’ampoule qui a été façonnée en haut d’un tube, démontre l’élasticité raréfactive de l’air. [1]
Roberval, [9][10] très méritant professeur de mathématiques au Collège royal de Paris, a ainsi procédé, non sans succès et en ma présence, pour chercher à savoir comment l’air se dilate spontanément.
Figure i, chapitre viii [10] Roberval a fait faire un tube de verre (AB) ouvert des deux côtés, dont la base (B) était évasée en forme d’ampoule (C), et prolongée par un col (A) long d’au moins trois pieds. Par l’orifice de la base (B), il a introduit verticalement en (C) l’une des deux vésicules gonflées qu’on trouve dans le ventre des carpes, après l’avoir vidée de son air aussi complètement que possible, puis avoir lié son embouchure à l’aide d’un fil très serré. [11][11] Il l’avait bien sûr laissée sécher, afin que sa membrane glissante n’empêche pas d’en chasser l’air en la tortillant un peu, mais sans violence. Cela fait, il l’a placée dans l’ampoule (C) en laissant pendre son fil à l’extérieur. La vessie de porc a une paroi épaisse qui, en la rendant plus solide que celle d’autres animaux, est capable de résister à la poussée du mercure ; elle a donc a été utilisée pour obturer l’orifice inférieur (B) du tube (AB), qui a ensuite été rempli jusqu’à l’extrémité (A) de son col en y faisant couler du mercure. [Page 52 | LAT | IMG] Après avoir bouché avec son index l’orifice supérieur (A), il a retourné verticalement le tube en tenant l’ampoule (C) dans son autre main, puis l’a plongé dans un réservoir (D) préalablement rempli de mercure, en même temps qu’il a doucement écarté son doigt qui fermait l’orifice (A) ; la masse du mercure emprisonné en haut du tube s’est alors ruée vers le bas pour évacuer l’ampoule (C) et après quelques oscillations, il s’est stabilisé au niveau (E) du tube qui, à vue d’œil, ne semblait pas dépasser vingt-sept pouces au-dessus de la surface du mercure qui stagnait dans le réservoir (D).
Sous les yeux absolument ébahis et émerveillés de ceux qui étaient présents, la vésicule de carpe, [Page 53 | LAT | IMG] attachée dans l’ampoule (C) à la membrane obstruant son orifice supérieur plus étroit (B), se regonfla spontanément. La soudaine éruption de ce petit météore, [12][12] dans ce qu’on appelle le vide ambiant, [13][13] aurait dû profondément me sidérer (si mon esprit n’avait corrigé les errements de ma vue), mais elle m’apprenait que l’entortillement de la vésicule n’avait pas entièrement chassé l’air contenu dans sa cavité, et que l’élasticité du peu qu’il en restait, devenu libre de toute contrainte extérieure, l’avait fait passer de l’état comprimé à l’état dilaté.
La raison que d’aucuns en donnent est pourtant frivole quand ils disent qu’un air subtil a pénétré l’épaisseur du verre, s’est répandu en tous sens autour de la vésicule repliée et s’est insinué dans ses pores [14] pour lui faire reprendre son ancien volume ; mais en affirmant cela, ils oublient que si le verre était ainsi perméable, l’air se répandrait partout dans l’ampoule (C) avec la même force, et donc tout autour de la vessie, ce qui aboutirait plutôt à la comprimer et à l’écraser, sans capacité à la dilater pour la regonfler. De plus, si les parois de la vésicule étaient perforées en quelque endroit que ce soit elle serait incapable de retenir l’air qui y a pénétré et de s’en remplir.
Ceux-là ne me mettent pas non plus dans l’embarras quand ils prétendent que les pores permettent à l’air d’entrer, mais l’empêchent de sortir : ces valvules devraient l’y piéger, en sorte qu’une fois cet air admis dans la vésicule, elle serait forcée de le garder et de demeurer dilatée ; mais ils constateront que cela est faux, en la voyant se dégonfler quand on incline un peu le tube (AB) ou quand on y laisse pénétrer un tout petit peu d’air. Cela contredit aussi ceux qui affirment que ce sont les émanations [Page 54 | LAT | IMG] du mercure qui ont permis à la vésicule de se regonfler. [14]
De toute évidence, sous l’effet de sa qualité élastique intrinsèque, l’air que le tortillement de la vésicule n’avait pas chassé de ses replis intimes en est sorti et s’est dilaté au moment où le mercure a vidé l’ampoule. L’air que le poids de ce métal avait écrasé contre la surface interne de l’ampoule, ou qui était resté piégé dans les rides extérieures de la vésicule, par sa susdite élasticité, a pu se détendre et se répandre dans tout l’espace de l’ampoule.
Et que ceux qui ne sont pas du même avis n’aillent pas penser que quand le mercure a rempli l’ampoule, sa pesanteur en a fait entièrement sortir l’air : il n’est pas chassé quand on l’écrase contre un objet sec, seule la présence de colle l’élimine alors complètement ; en d’autres termes, quand leurs surfaces n’ont pas été soudées l’une à l’autre, il existe de l’air entre deux objets contigus. Ainsi les enfants mouillent-ils la lanière de leur fronde avant de la faire tourner en l’air puis de projeter les très pesants cailloux dont ils frappent leur cible. La pression n’évacue pas entièrement les liquides : si fort que tu appuies l’une contre l’autre les paumes de tes mains humides, tu ne parviendras pas à faire sortir l’eau qui s’est insinuée dans les plis de leur peau. Bien que le verre soit naturellement lisse, des artisans parviennent à le polir ; en revanche, le mercure n’est pas parfaitement uni, en dépit de ce que laisse croire l’éclat un peu mat de sa clarté argentée. Comme j’ai dit, le poids du métal qui s’est appliqué à l’ampoule de verre a écrasé l’air, et quand elle s’est vidée d’un coup dans le tube, il s’est déployé sous l’effet de sa propre élasticité et a rebondi contre les parois. [15]
Peut-être alors en déduiras-tu que, frotté par la chute brutale du mercure, l’air s’est échauffé jusqu’à se dilater. Je serais de ton avis sinon que, me semble-t-il, l’immuable fixité des parois de verre aurait dû amortir la chute du mercure en retenant celui qui était à leur contact pour le laisser descendre obliquement vers le centre du tube, [Page 55 | LAT | IMG] et non pas verticalement d’un seul bloc, comme il a fait. Tu te souviendras d’avoir constaté que les berges ralentissent le torrent s’engouffrant dans une cascade, ou que les liquides forment un tourbillon autour du centre des entonnoirs avant d’en sortir, de la même manière que le grain s’écoule dans la trémie d’un moulin.
J’aurais dû m’étonner des sautillements que nous avons observés dans le tube, car l’air extérieur appuyait alors sur le mercure du récipient (D) et avait la capacité d’amortir sans difficulté l’impulsion engendrée par la masse du corps plus lourd que lui qui se ruait hors de l’ampoule (C) et de lui ménager la place qu’il fallait pour le recevoir ; mais je présume que l’élasticité de l’air emprisonné à l’intérieur du tube devait faire ainsi osciller le mercure qui s’y trouvait jusqu’à atteindre la pression requise pour stabiliser le poids de la colonne de métal. [16]
expérience ii. [15] La chute du mercure varie avec la hauteur du lieu où on l’observe, ce qui prouve que les couches basses de l’air deviennent graduellement plus compactes que celles qui les surplombent.
Quand je déclare que la Terre est comprimée par l’air, ne va pas penser que je m’appuie sur des mots creux. J’en appelle à l’éminent témoignage du très ingénieux fils Pascal : [17][16] le premier en notre chère France, il a réalisé des expériences sur le vide créé par le mercure, mais aussi par divers liquides ; elles furent d’abord à peine connues des étrangers et presque étouffées dès le berceau ; mais le succès de son admirable ingéniosité a depuis été si heureux que, par toute l’Europe, il a [Page 56 | LAT | IMG] incité les adeptes de l’authentique savoir à travailler sur le vide. [18]
Voilà peu, il a réalisé son expérience du mont qu’on appelle en français le puy de Dôme, près de la ville de Clermont en Auvergne. [17] D’abord, au pied de cette montagne, de manière presque semblable à ce que nous avons montré plus haut, il a versé du mercure dans un tube long de quatre pieds, qui a stagné à une hauteur de vingt-sept pouces et trois lignes et demie au-dessus de la surface du réservoir contenant le mercure. Après avoir gravi le mont jusqu’à environ cent cinquante-six pieds au-dessus de sa base, la hauteur du mercure dans le tube s’abaissa à vingt-cinq pouces. Au sommet, soit à une altitude d’au moins cinq cent six pieds, le niveau du mercure se stabilisa à une hauteur de vingt-quatre pouces et deux lignes : ainsi du plus bas au plus haut point du mont, le mercure avait descendu de trois pouces et une ligne et demie ; le raccourcissement progressif de la colonne à mesure de l’ascension du puy veut dire que l’air exerce une pression plus légère au sommet du mont qu’à son pied et à mi-pente.
Dans cette expérience, ne t’étonne pas que la hauteur de mercure ne soit pas la même que dans celles que nous avons faites à Paris, parce que (selon ce que j’ai soigneusement observé) le pied d’Auvergne dépasse de quelques lignes la longueur du nôtre, et que, comme tu sais, les deux endroits ne sont pas à égale distance du centre de la Terre, ce qui a pu également provoquer une différence entre les mesures qui y ont été recueillies. [19] [Page 57 | LAT | IMG]
expérience iii. [18] Il est montré que le poids du mercure contenu dans le tube est égal à celui de l’air extérieur.
Pour que tu ne t’obstines pas dans l’opinion des Anciens et n’ailles pas maugréer contre les arguments selon lesquels le poids du mercure contenu dans le tube est égal à celui de l’air, j’ai le plaisir de te présenter aussi l’expérience du vide dans le vide, que j’ai pour la première fois tentée grâce à la sagacité du très subtil Auzout. [19]
Prends une ampoule prolongée par un long col (AB), identique à celle de la première expérience, hormis qu’un petit conduit (G) est inséré près de sa base (B), dont l’orifice permet de faire pénétrer de l’air dans l’ampoule, autant que nécessaire. Une fois le tube retourné, introduis dans l’ampoule, par son extrémité supérieure (B), une cuvette (C) de forme parallélépipédique, [20] de façon que la face supérieure de son fond soit tournée vers le haut de l’ampoule (B) et que sa face inférieure soit perpendiculaire au col sous-jacent du tube (AC). Par ses quatre angles, la cuvette (C) repose à l’intérieur de l’ampoule et les bords de celle-là forment bien sûr avec la paroi de celle-ci des arcs autorisant le passage des fluides. Enfonce verticalement dans la cuvette (C) un tube (CF), lui aussi en verre, de longueur adéquate et ouvert à ses deux extrémités ; puis lie-le très soigneusement avec un fil et de la vessie de porc, qui obturera l’orifice (B) (en faisant de même pour celui du conduit G) de manière que l’air ne puisse pas passer autour de lui. Tu inviteras ensuite ton assistant à boucher l’orifice inférieur (A) de la colonne en y appuyant un doigt [Page 58 | LAT | IMG] jusqu’à ce que tu aies rempli l’appareil en versant du mercure par le sommet ouvert du tube (F) qui en dépasse ; quand la membrane de vessie de porc aura fait saillie sous l’effet de la pression, comme lors de la première expérience, ton aide plongera son doigt, obstruant toujours le tube en A, dans la cuve (D) remplie de mercure, puis quand il le retirera, tu verras l’air et le mercure se stabiliser dans la colonne, après s’y être équilibrés, à une hauteur de vingt-sept pouces (AE) ; l’ampoule supérieure se sera vidée, mais la cuvette (C), dont elle retient les parois, restera pleine de mercure. Et si alors tu perfores, à l’aide d’une aiguille très fine, la membrane du petit orifice (G), non sans permettre que de l’air s’y glisse pour se mélanger à celui qui est dilaté dans la fiole en augmentant son élasticité, sa poussée déjà très forte s’exercera alors [Page 59 | LAT | IMG] en tous sens, elle écrasera sous lui le mercure dans la colonne (AE), dont le niveau s’abaissera nettement, et comprimera celui qui stagne dans la cuvette (C) et le forcera à monter dans le tube (CF) pour y former une colonne remarquable. La quantité d’air qui pénètre allant augmentant, tu la verras même s’élever peu à peu jusqu’à la hauteur de vingt-sept pouces en direction de l’orifice (F), en même temps que le mercure sera entièrement chassé du tube inférieur (EA).
L’air repousse le mercure vers le bas dans ce tube en raison du changement d’équilibre des poids entre le mercure qui y est enfermé et du complément d’air, venu de l’extérieur de l’appareil, qui a pénétré dans l’ampoule par l’orifice (G) ; lequel, en outre, fait monter le mercure dans le tube (CF), parce qu’il a retrouvé toute sa force de compression et cherche à s’équilibrer aussi à l’intérieur de l’appareil.
Quelle conclusion doit-on tirer de ces observations ? Le poids de l’air venu du dehors égale celui du mercure qui était contenu dans la colonne (AE), même dans sa propre sphère, comme on dit, l’air est donc pesant. [21]
Les particules d’air contenues dans le tube et dans la vésicule de carpe se sont distendues par dilatation spontanée, l’élasticité propre qui caractérise la substance aérienne, qui lui permet de se disperser, imite la nature de l’éponge et de la laine.
Ainsi donc, les expériences de la montagne et du vide dans le vide prouvent que, grâce à son élasticité, plus l’air est dense, plus il comprime la surface du globe terraqué. [Page 60 | LAT | IMG]
expérience iv. [20] L’eau ne comprime le globe terrestre que par son poids ; l’air agit de même, non seulement par son poids, mais aussi par son élasticité.
Une expérience simple ajoute un argument irréfutable. [22][21]
Soit un tube de verre cylindrique AB, dont la longueur dépasse au moins trois pieds et le diamètre est d’environ quatre lignes (à ton bon vouloir). Son extrémité A est ouverte, mais celle qui est en B est hermétiquement close par le verre. On le remplit entièrement en y versant du mercure jusqu’à sept pouces (CA) [Page 61 | LAT | IMG] au-dessous de son col, puis de l’eau pour combler le vide restant. On retourne verticalement le tube après l’avoir obturé avec un doigt qu’on maintient jusqu’à ce que l’eau, plus légère, se soit mêlée au mercure, puis ait pris sa place en montant dans l’extrémité B. Le tube et le doigt qui retient son contenu sont alors plongés dans la cuve D, remplie de mercure. Quand le doigt cesse doucement d’appuyer, le métal descend du tube AE dans le réservoir D mais se stabilise environ six lignes au-dessous des vingt-sept pouces ordinaires, car il subit le poids des sept pouces d’eau qui le surmontent. Cela n’a rien de surprenant puisque leurs densités relatives font que sept pouces d’eau pèsent aussi lourd qu’environ un demi-pouce de mercure. [23]
De là se déduit clairement que l’eau, comme elle fait sur la Terre, pèse de sa seule masse sur le mercure qui est au-dessous d’elle dans le tube, sans intervention de quelque élasticité que ce soit.
Le pouvoir de l’air est en revanche beaucoup plus remarquable car si tu recommences l’expérience, mais en remplaçant les sept pouces (CA) d’eau qui sont au-dessus du mercure (BC) par la même hauteur d’air, puis en bouchant le tube avec ton doigt avant de le retourner, quand tu l’auras plongé dans la cuve (D), tu auras la surprise de voir que le niveau de la colonne de mercure (AE) se stabilise sept pouces au-dessous des vingt-sept ordinaires. À l’évidence, l’air pèse donc bien moins par son poids que pas sa très puissante élasticité sur le mercure qui est au-dessous de lui, comme il fait sur le globe terraqué. [24]
Je voudrais attirer ton attention sur le fait que, quand j’ai dit ici que le niveau du mercure dans la colonne [Page 62 | LAT | IMG] se situe à vingt-sept pouces, je me référais au résultat des plus classiques observations, car la colonne agit comme un thermomètre, [22] et son point d’équilibre est influencé par la dilatation ou la contraction de l’air qui la surplombe. [25]
V. note [2], résumé de la Dissertatio anatomica, pour le mot néolatin elater que j’ai traduit par « élasticité », dans le sens de « variations de la pression atmosphérique », qu’elle a acquis après la loi de Boyle-Mariotte sur le lien entre la pression et le volume d’un gaz parfait. {a}
On disait raréfactif (rarefactorius) ce « qui a pouvoir de raréfier. La chaleur a une vertu raréfactive. Les médecins ont des remèdes raréfactifs qu’ils appellent aussi anodins, comme guimauves, pariétaire, etc. » (Furetière). {b} Raréfier a le sens de « disperser, dilater ».
- Établie par Robert Boyle (1662) puis par Edme Mariotte (1676) : P1 x V1 = P2 x V2, à température constante. La notion d’élasticité est assimilable à celle de pression (poids appliqué par unité de surface).
- V. notes Patin 12/803, notule {b}, pour les anodins, 19/1037 pour la mauve (dont la guimauve est une variété), et 11/9068 pour la pariétaire.
Dans ce chapitre consacré à l’hydrodynamique, Jean Pecquet exploite ses solides connaissances en physique et ses liens avec d’illustres savants de son temps. Il lui a valu un indéniable renom hors de la médecine. Parmi les nombreux textes qui l’ont repris ou commenté, quatre sources m’ont particulièrement aidé à le comprendre et à le traduire :
L’adjectif pneumatique qualifiait alors déjà les « machines qui se remuent et agissent par la modification ou compression du vent » (Furetière). V. note [5], résumé de la Dissertatio anatomica, pour l’arquebuse à vent, ou pneumatique (sclopus pneumaticus).
V. note [3], résumé de la Dissertatio anatomica, pour l’éolipyle : quand on le chauffe, l’air qu’il contient est chassé ; puis quand on le plonge dans un bain d’eau froide, il en aspire le volume requis pour remplir le vide que la chaleur y a créé, ce qui augmente d’autant son poids.
Atmosphère (Furetière) : « partie de l’air qui est chargée de vapeurs, ou de nuages, et qui n’a pas la pureté de la région éthérée. C’est ce qui cause la réfraction de la lumière des astres. : la Lune paraît plus grosse à son lever à cause des vapeurs de l’atmosphère. Ce mot est grec et signifie “ globe de vapeurs ”. »
L’éther (æthèr dans l’ancienne orthographe), ou substance éthérée, est la « matière liquide et très subtile qui occupe l’espace immense qui est au-dessus de l’air jusqu’aux astres les plus élevés, ou jusqu’aux extrémités du monde. […] Les Grecs entendaient par ce mot les cieux distingués des corps lumineux » (Trévoux) ; il « signifie inflammation, splendeur, telle qu’on attribue à la substance de ces petits corps qu’on croit être enflammés » (Furetière). René Descartes recourait à l’éther, qui comblait tous les interstices entre les objets (incluant les planètes), pour nier l’existence naturelle du vide (v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre ix).
Jean Pecquet emploie ici le mot latin néologique gravitare, que j’ai préféré ne pas traduire par « graviter », verbe qui n’est apparu dans le Dictionnaire de l’Académie française qu’en 1762 ; mais en 1651, il avait déjà fait son apparition dans le jargon scientifique, avec le substantif qui en dérive, gravitatio, « gravitation ». Avant Isaac Newton (1687), graviter signifiait simplement « s’appesantir ».
Pesanteur (Furetière) :
« qualité des corps qui les rend graves, {a} qui les porte à tendre en bas. {b} Les corps différents ont des pesanteurs différentes. Les Anciens n’ont point connu la pesanteur de l’air : le baromètre sert à connaître sa pesanteur ; {c} la colonne d’air a autant de pesanteur qu’une de 28 pouces {d} de mercure, ou de 32 pieds d’eau. » {e}
- Lourds.
- Gravité.
- Inventé à Florence par Evangelista Torricelli en 1644.
- Le pouce français d’Ancien Régime valant 27,1 millimètres (avec des différences entre les régions), cette hauteur équivaut à 759 millimètres, soit presque exactement les 760 qui servent aujourd’hui de référence. Un pied (32,5 centimètres) se divisait en 12 pouces ; une ligne (2,3 millimètres) était le douzième d’un pouce.
- Soit 1 040 centimètres.
Ma traduction cherche à rendre le double sens latin du mot periculum : « expérience » et « péril » (car l’une ne va jamais sans l’autre).
À la notable exception des expériences de Blaise Pascal, dont Jean Pecquet, au moment où il écrivait les Experimenta nova, avait sûrement lu les deux livres sur le vide et la pression atmosphérique (v. infra note [17]).
V. notule {b}, note Patin 4/117, pour Gilles Personne de Roberval (1602-1675), professeur de mathématiques au Collège de France en 1634. Jean Pecquet donnait ici la première relation imprimée de cette expérience, que Roberval a rapportée dans le cinquième (quintum) point de sa De Vacuo Narratio manuscrite, datée du 13 juin 1648, adressée à Pierre Des Noyers (1608-1693) secrétaire de la reine de Pologne. Ce texte a été imprimé dans les Œuvres de Blaise Pascal éditées par Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux (Paris, Hachette, 1908, tome deuxième, pages 325‑328), et traduit en anglais par C. Webster dans l’Appendix i (pages 496‑497) de son article (v. supra note [1]).
Dans son commentaire de l’expérience ii (v. infra note [19]), Jean Pecquet a dit que l’expérience i, à laquelle il a assisté, s’est déroulée à Paris, mais n’en a pas donné la date.
La hauteur (DE) de la colonne de mercure (76 centimètres) fournit l’échelle précise de ce dessin et permet d’en déduire les dimensions approximatives de l’appareil expérimental :
La vessie natatoire ou gazeuse est un diverticule œsophagien des poissons osseux, qu’ils gonflent et dégonflent pour régler leur profondeur de nage. Celle de la carpe est bilobée, avec deux chambres (céphalique et caudale) qui communiquent entre elles.
Au sens strict, on appelle météore tout phénomène naturel survenant à la surface de la Terre en lien avec l’atmosphère et avec les variations de son état ; Furetière :
« mixte inconstant, muable, imparfait, qui s’engendre des exhalaisons et vapeurs de la Terre élevées dans l’air, comme les pluies, les vents, les neiges, grêles, feux ardents et volants, {a} l’éclair, le tonnerre, la foudre. On y met aussi l’arc-en-ciel, le miel, la manne, {b} la rosée, {c} etc. On a vu des météores en forme de clochers ardents, de lances flamboyantes, de javelots brûlants, de traits de feu volants, de chevrons de feu, de chèvres sautelantes, {d} des étoiles volantes, &c. » {e}
- Tels les feux de Saint-Elme (v. note Patin 2/8135) ou les aurores boréales.
- Miel dit aérien, v. note Patin 5/8130.
- V. note Patin 6/853.
- Sautillantes.
- Tout cela était une source intarissable d’émerveillement et de superstitions populaires.
Au sens physique d’absence de tout corps dans un espace, le vide faisait l’objet de vifs débats depuis l’Antiquité : Aristote l’avait tenu pour impossible, tandis qu’un siècle avant lui, Démocrite (v. note [6], lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet) avait postulé son existence au sein des plus petites parties de la matière (atomes). Blaise Pascal, Pierre Gassendi (v. note [6], Dissertatio anatomica, chapitre xii) et leurs contemporains démontraient expérimentalement que les aristotéliciens (comme René Descartes) avaient tort de postuler que « la Nature a horreur du vide » (v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre ix).
En diminuant un peu le vide qui existe dans l’ampoule (et la quantité des vapeurs mercurielles qui sont supposées s’y répandre), ces deux manœuvres ne font pas sortir l’air qui est dans la vessie, mais réduisent sa dilatation.
En raisonnant ainsi sur les interfaces, Jean Pecquet voulait prouver que le remplissage de l’ampoule par le mercure n’avait pas pu chasser absolument tout l’air qu’elle contenait parce que les minuscules anfractuosités du verre et du métal avaient pu en piéger une infime quantité (microbulles).
Pour rendre aisément intelligible le récit de Jean Pecquet, j’ai souvent dû m’écarter d’une traduction strictement littérale ; la version anglaise de 1653 est plus fidèle à la source latine, mais s’en trouve gâtée par de nombreuses obscurités et (me semble-t-il) quelques contresens.
Quoi qu’il en soit, le livre de Pecquet a été le premier à divulguer, en 1651, cette expérience de la vésicule de carpe où Gilles Roberval rendait le vide visible et aurait pu établir la loi de Boyle-Mariotte (v. supra note [1]) s’il avait généralisé sa spectaculaire observation. Amplifiant prodigieusement les découvertes d’Evangelista Torricelli et de Blaise Pascal (expérience ii infra), elle eut un grand retentissement dans toute l’Europe et inspira les travaux de nombreux savants.
Blaise Pascal {a} (Clermont-Ferrand 1623-Paris 1662) était d’un an plus jeune que Jean Pecquet. Il était fils d’Étienne Pascal (1588-1651), magistrat passionné par les progrès des sciences, qui était encore en vie au moment de l’expérience que Pecquet va relater. {b} Elle a eu lieu le 19 septembre 1648 et a été publiée dans le :
Récit de la grande expérience de l’Équilibre des Liqueurs. Projetée par le sieur B.P. pour l’accomplissement du Traité qu’il a promis dans son abrégé touchant le Vide. {c} Et faite par le sieur F.P. {d} en une des plus hautes montagnes d’Auvergne. {e}
- V. note Patin 1/433 pour la retentissante célébrité que Pascal s’est acquise avec la publication des Provinciales (1656-1657), défendant les jansénistes contre les jésuites.
- Pecquet ne dit pas avoir été témoin de l’expérience ; il semble avoir tiré tout ce qu’il en dit de cette relation, où son nom n’est pas mentionné.
- V. infra note [18], notule {f}.
- Florin Périer, beau-frère de B.P.
- Sans lieu ni nom, daté du 22 septembre 1648, in‑4o de 20 pages.
Édités par Florin Périer, {a} les Traités de l’Équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l’air, contenant l’explication des causes de divers effets de la nature qui n’avaient point été bien connus jusques ici, et particulièrement de ceux que l’on avait attribués à l’horreur du vide, {b} par Monsieur Pascal, n’ont paru qu’un an après sa mort. {c}
La préface de Périer dit que l’expérience de Torricelli {d} avait été reproduite à Rouen en 1646 par le R.P. Marin Mersenne. {e} Pascal en avait eu connaissance, s’était aussitôt passionné pour le sujet, et avait conçu et réalisé de nombreuses expériences :
« Il les fit imprimer en l’année 1647 et en fit un petit livret {f} qu’il envoya par toute la France, et ensuite dans les pays étrangers, comme en Suède, en Hollande, en Pologne, en Allemagne, en Italie et de tous les côtés, ce qui rendit ces expériences célèbres parmi tous les savants de l’Europe. »
- V. supra notule {c}, note [17].
- V. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre ix.
- Paris, Guillaume Desprez, 1663, in‑12 de 232 pages, avec une planche illustrée.
- V. supra notule {b}, note [7].
- V. notule {d}, note [1], Dissertatio anatomica, chapitre ix.
- Expériences nouvelles touchant le Vide, faites dans des tuyaux, seringues, soufflets et siphons de plusieurs longueurs et figures. Avec diverses liqueurs, comme vif-argent, eau, vin, huile, air, etc. ; avec un discours sur le même sujet, où est montré qu’un vaisseau, si grand qu’on le pourra faire, peut être rendu vide de toutes les matières connues en la nature et qui tombent sous les sens ; et quelle force est nécessaire pour faire admettre ce vide. Dédié à Monsieur Pascal, conseiller du roi en ses Conseils d’État et privé, par le sieur B.P. son fils. Le tout réduit en abrégé et donné par avance d’un plus grand traité sur le même sujet (Paris, Pierre Margat, 1647, in‑8o de 31 pages).
La première mesure de pression (au point bas) rapportée dans la relation de Pascal, « dans le jardin des pères minimes, qui est presque le plus bas de la ville », est de 26 pouces et 3,5 lignes (1648, pages 10‑11). Les autres hauteurs de mercure données par Jean Pecquet sont toutes d’un pouce plus grandes.
Le puy de Dôme culmine à 1 465 mètres au-dessus du niveau de la mer et à 550 mètres au-dessus de son pied. L’altitude de Paris est de 35 mètres et celle de Clermont, de 386 mètres (soit 1 079 mètres au-dessous du sommet du puy). Tout au long de l’ascension, le R.P. Chastin, minime et « homme aussi pieux que capable, et qui raisonne bien en ces matières », a noté la hauteur de la colonne de mercure.
Ce petit récipient était probablement en verre et, pour qu’il pût pénétrer dans l’appareil, sa largeur devait être inférieure au diamètre de l’orifice supérieur (B) de l’ampoule.
Ce baromètre placé à l’intérieur d’un autre baromètre menait Jean Pecquet à parler d’expérience « du vide dans le vide » (vacuum in vacuo).
Avant le percement de la membrane latérale (G), l’ampoule s’était presque entièrement, voire entièrement vidée d’air sous l’effet de la traction exercée par le mercure contenu dans la colonne (AE). Après son percement, l’air a peu à peu rempli l’ampoule jusqu’à y établir une pression égale à celle de l’atmosphère extérieure, dont la poussée a chassé le mercure de la colonne (AE), mais fait monter celui de la colonne (CF).
C. Webster, page 448, {a} attribue la première relation de cette expérience à Étienne Noël : {b}
During the course of his development of the aether hypothesis, Étienne Noël, who had been Descartes’ teacher at La Flèche, found that the introduction of a small volume of air caused a greater reduction in the mercury level than the same volume of water, when introduced above the mercury in the Torricelian experiment. This was a paradoxical result, since water was at least 400 times as dense as air. The depression of the mercury level was therefore not a manifestation of weight alone. Noël explained the paradox by proposing that the depression in the level was caused by the aether, which was present to a much greater extent in air than in water. However, the significance of this experiment was not in its conclusion, which, like other aether explanations was a problem of speculative rather than experimental physics, but in providing the basis for quantitative methods of measuring the degree of expansion of a volume of air.[En élaborant son hypothèse de l’éther, {c} Étienne Noël, qui avait été le professeur de Descartes à La Flèche, trouva que la colonne de mercure du tube de Toricelli était moins haute avec un petit volume d’air introduit au-dessus du mercure, qu’avec le même volume d’eau. {d} Ce résultat était paradoxal puisque l’eau est au moins 400 fois plus dense que l’air. Le poids n’était donc pas seul en cause dans l’abaissement du niveau de mercure. Noël interprétait ce paradoxe en proposant que l’éther, bien plus abondant dans l’air que dans l’eau, expliquait la différence de hauteur du mercure. L’intérêt de cette expérience ne résidait pourtant pas dans sa conclusion qui, comme les autres explications fondées sur l’éther, tenait plus à la physique spéculative qu’à l’expérimentale, mais dans le fait qu’elle ouvrait la voie aux méthodes quantitatives permettant de mesurer le degré d’expansion d’un volume d’air]. {e}
- V. supra note [1].
- Contrairement à Jean Pecquet, qu’il connaissait bien (v. note [12], Lettres à Marin Mersenne), Étienne Noël (Stephanus Natalis) croyait en l’éther mais niait le vide.
- V. supra note [4].
- Dans son livre intitulé Gravitas comparata, seu Comparatio gravitatis aeris cum hydrargyri gravitate [La Gravité relative, ou Comparaison de la gravité de l’air avec celle du mercure] (Paris, 1648).
- Mesures qui ont abouti à la loi de Boyle-Mariotte (v. supra note [1]).
Le rapport de 84 lignes (7 pouces) à 6 lignes (un demi-pouce) est 14, soit un peu plus de 13,6, la densité exacte du mercure.
Dans les deux cas, le tube, ouverture en haut, avait été rempli de mercure jusqu’à 7 pouces de son extrémité supérieure. Dans le premier cas, le remplissage du tube avait été complété par de l’eau ; dans le second cas, on avait simplement laissé les 7 pouces d’air qui s’y trouvaient. Après oblitération digitale, retournement et plongée dans la cuve, par comparaison avec un tube entièrement rempli de mercure (dont le niveau se stabilise à 27 pouces), la colonne de mercure avait baissé de 6 lignes (un demi-pouce) avec l’eau, mais de 7 pouces (14 fois plus) avec l’air.
Si on remplace l’« élasticité » par la « pression », Jean Pecquet (ou Étienne Noël,) constatait ici les effets de ce qui allait devenir la loi de Boyle-Mariotte (v. supra note [1]) : la moindre montée du mercure est due à l’air contenu dans la partie supérieure du tube barométrique, qui équilibre la pression atmosphérique en ajoutant sa propre pression à celle de la colonne de mercure (v. supra note [22]).
Pour conclure ses quatre relations expérimentales, le scrupuleux Jean Pecquet remarquait que la température extérieure influence la hauteur de la colonne de mercure du baromètre, qui réagit aussi comme un thermomètre (Furetière) :
« Instrument qui sert à connaître la température d’un bain, les degrés de la chaleur, ou fraîcheur de l’air. {a} Il est composé d’un tuyau de verre fort délié {b} et scellé hermétiquement, à l’extrémité duquel il y a une boule pleine d’une liqueur colorée, laquelle monte ou descend dans le tuyau, suivant que l’air qui y reste enfermé se raréfie et se condense ; {c} et on connaît les degrés de cette chaleur ou fraîcheur, par des divisions qui sont marquées sur une platine sur laquelle on pose le tuyau. »
- Les instruments permettant la mesure de la température corporelle n’ont été conçus que dans la seconde moitié du xixe s.
- Trés fin.
- Autrement dit, « se dilate ou se contracte » : comme Furetière, Pecquet et ses contemporains semblaient croire que ces variations affectaient l’air dispersé dans le vide imparfait du haut de l’appareil ; on sait maintenant qu’elles affectent sa « liqueur » (son liquide), c’est-à-dire le mercure dans le cas du baromètre.
Page 49, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
Caput viii.
Esse non Pondus, sed et rarefactorium
Aëri Elaterem, Experimentis
demonstratur.Agerem de Aëris ponderositate, etiam in proprio (ut aiunt) loco, nisi notum
foret omnibus argumentum. Ecquis
enim non videat Aërem ultrò in lacu-
nas et scrobes, vel ad imum usque (si
foderis) centrum mundi descensurum ? quis nesciat
folliculum, quò turgidior est, eò etiam fore se ipso
flaccido graviorem ? quis, si trutinaverit intensam
condensato Aëre (quæ pneumatica dicitur) catapul-
tam (vulgo une harquebuse ou canne à vent) ejusdem
tum pondus non observaverit superaturum explosæ
gravitatem ? cui demùm ælopilæ calidæ, seu cujus
Aër si caloris apprimè rarefactus est, ignota levitas,
nunquam ejusdem frigidæ gravitati comparanda ?Nec verò Aëreum ejusmodi pondus in athmosphæ-
ræ vapores refundendo, putes sententiâ me deterre-
ri. Per Aërem enim athmosphæram intelligo, nec al-
tius impræsentiarum mea Philosophia transcendit.Hunc fingito tibi velut spongiosi vel lanei potiùs
cumuli terraqueum orbem ambientis molem ; cujus
proinde partes superiores ab inferioribus, compres-
sione gradatim incedente, sustineantur, sicut, quo
terris accedunt viciniùs, eo etiam incumbentium
Page 50, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
nisu et pondere compactiùs opprimantur ; et ob id
spontaneo dilatatu (quem et Elaterem nuncupo) ut-
cunque gravitet aggestarum onus, subjectæ nitantur,
si libertas adsit, rarescere.Hinc infero ejuscemodi partium infimam, ut toti
subjectam oneri, sic omnium esse maximè condensa-
tam ; et per hoc ab eâdem non solo duntaxat ponde-
re, sed et Elateris, cujus tum validissimus ad rarefa-
ciendeum nixus est, virtute terraqueæ sphæræ premi
superficiem.Sed quia verba sunt et ab auribus tibi contuli jus ad
oculos provocandi ; antevertam desiderium tuum, et
nubilosum Aëris secretum eventilante (quam ducem
usquequaque sequor) experientiâ collustrabo.Afferam imprimis aliquot nondum typis concessa,
quod sciam, Exeprimenta de Vacuo, non meæ qui-
dem egregia solertiæ monimenta, absit arrogem mi-
hi detectorum gloriam miraculorum, quæ mihi prio-
ri minimè patuerunt. Nam quidquid exacto cona-
mine circa tanti pondus argumenti crebriùs (erroris
metu, qui me sollicitabat) operando laboraverim, imi-
tatio fuit, non periculum.Auctores adducam non librorum, quos hanc in rem
ne audivi quidem circum ferri ; sed eorum, saltem quæ
sequuntur, Experimentorum ; et quorum grandis au-
ctoritas et nomen venerabile.
Page 51, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
Anatomica
Experimenta
physico-mathematica
de Vacuo.experim. i.
Vacuata vesicula sponte ad Hydrargyri lapsum, in-
tra sublimem tubi ampullam rarescens, Rarefacto-
rium Aëris indicat Elaterem.Robervallius Mathematicæ Parisiensis in
Regiâ palæstrâ professor meritissimus, ita in ejus
virtutis, quâ sponte dilatatur aër, favorem non ina-
ni certè conamine, etiam me præsente, operatus est.Ampullam ex vitro habuit AB, quam utrinque et
patula basis B, et hiscens tripedali saltem longitudi-
ne producti colli extremitas A, aperiebat. Per basis
ostium B, strictissimo obturatum filo verticalum in
Cyprini piscis alvo tumentium alterutram inclusit
in C. Vacua erat aëre, quantum quidem licuit ; eam
nimirum, ne tuniculæ lubricitas experimenti aërem
esset obstaculo, exsiccatam aliquantulùm parcente
violentiâ contorserat, et factum in eâ foramen eo-
dem excluserat ligamine. Tùm, quia suillæ præ cæ-
teris vesicæ compactior in tunicâ spissitudo fugacis
Hydrargyri compescit proterviam, ejusdem impactu
tunicæ, repandæ basis hiatum amplexus, totam vi-
trei corporis AB, capacitatem, ad supremum usque
prælongi marginem colli, fuso complevit Hydrar-
Page 52, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
gyro. Occlu-
sit Indice ve-
lut spissamen-
to ostiolum A,
inversámque
perpendicula-
riter, continens
lagénam alte-
ri, quod in pa-
ratum D, vas-
culum infude-
rat, Hydrar-
gyro, obturan-
tem simul cum
ostiolo A, di-
gitum immi-
sit : quo sub-
stracto leviter,
corruens o-
cyùs sublimis
Hydrargyri
moles ampul-
lam deseruit,
ac post varias
intra colli tu-
bum vibrationes, superfluarúmque partium suffu
gium stetit in E, nec ipsum tubum ampliori septem
ultra viginti pollicum longitudine supra stagnantis
in inferiori vasculo D, Hydrargiri superficiem vi-
su est occupare.Apparuit suspicientibus mirabile certè spectacu-
lum ; Cyprina, quam intra sublimem ampullam an-
Page 53, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
gustioris obstaculum colli retinebat, vesicula sponte
retumuit. Stupuissem profectò (nisi mens oculorum
erroribus mederetur) ad turgidæ plenutidinis in cir-
cumfuso, quod aiunt, Vacuo repentinum in C, Me-
teorulum. Sed residua Aëris intra contortæ quidem,
verùm non exhaustæ penitùs vesiculæ recessus, perti-
nacia, docuit esse spontaneum in Aëre libero, nec, al-
terius incumbentis nisu, compresso ad dilatationem
Elaterem.Nam, quam afferunt, ratio futilis est ; Penetrat, in-
quiunt, vitream ætherea subtilitas densitatem, et af-
fusa quaquaversum complicatæ vesiculæ, per illius
tandem poros intus irrepit, ac totam in pristinum di-
stendit tumorem ; Sed meminerint, quod autumant,
pervium esse circumquaque vitrum ingressuro æthe-
ri et proinde versus vesicam, in lagunculæ meditullio
C, expositam, ætherem æquali undique radiorum
irruentium impetu ferri ; sicut eam potius interce-
ptam comprimat, opprimátque, quàm eidem in sei-
pasam reacturus, inutilem dilatationem curet impone-
re. Adde quod perforati undecunque vesiculæ parie-
tes exceptum intus æthera sistere nequirent, aut re-
tinere.Nec obest, quod asserunt, pervios ingressui po-
ros regressuro transitu intercidere. Tunc enim intro-
missus ætheri objectis undique valvulis cogere-
tur intus subsistere, ita ut vesicula reparatum se-
mel tumorem retentura esset, et plenissima per-
mansura : quod falsum esse vel inclinata tantisper
machina, vel admissi extrinsecùs aëris exigua par-
ticula, flaccescente rursus vesiculâ demonstrabunt.
Atque hinc corruit eorum opinio, qui Hydrargy-
Page 54, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
reis vesiculam spiritibus autumant returgescere.Ex quibus cùm liquidò constet aërem, qui vesicæ,
post contorsionem intimis recessibus tenaciter reman-
serat, ejusdem tunicam in Hydrargyri lapsu, insito
Elatere dilatasse ; etiam eum, qui interiori lagenæ
superficiei metallico afflictus pondere, inque rugis
exterioribus vesiculæ interclusus restiterat, patet et
ad totam lagenæ plenitudinem ejusdem Elateris vir-
tute suffecisse.Nec adversarii putent Hydragyri gravitatem, dum
lagenam implebat, aërem penitùs foras eliminasse.
Sicca contiguitas aërem non excludit, cujus exter-
minium soli concessum glutino ; in cæteris aut adest
aër, aut superficies adhærent. Sic pueri corium hu-
mefaciunt, cujus impactu elevent et pendulas li-
brent projiciántque gravissimorum lapidum moles.
Nec ipsi liquores in totum decedunt ; Confere ma-
nuum quantolibet connixu madidas volas, nullâ tamen
pressurâ, intimus cavernosæ cutis sinubus humor fa-
cesset ; tertum naturâ vitrum est, et ab arte tamen ac-
cipit polituram, nec in Hydragyro subturbidus ar-
gentei candoris nitor perfectissimam arguit lævita-
tem. Metalli certè pondus vitreæ cavitati oppressum,
ut dixi, Aërem afflixerat, quem collapsu expediens,
intra tubum undique proprio se explicitum Elate-
re revibravit.Inferes forsitan, aërem affrictu Hydrargyri tu-
multuosè cadentis ad dilatationem incaluisse. Ita et
ego saperem, nisi vitreorum parietum immota stabi-
litas obstitura decursui videretur et lapsuras, quæ
vitro continguæ sunt, Hydrargyri partes versus
centrum tubi devolveret potiùs quàm easdem sine-
Page 55, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
ret perpendiculariter decidere. Ita riparum aggeres
fluentorum per medios alveos præcipitantium latera
reprimunt. Ita infundibulorum capacitas in solo si-
dentis meditullij gurgite concedit vorticosis liquo-
ribus, aut ipsi etiam, siquidem in moletrinis anno-
tasti, seminibus suffluendi {a} libertatem.Stupuissem alternos resultoriæ vibrationis intra tu-
bum impetus, nisi, qui tum Hydrargyro vasculi D,
exteriùs incumbebat aër, et cujus est substantia com-
primi facilis coactus ruentis è sublimi lagunculâ cor-
poris graviori moli concedere locum ; suspicionem
fecisset ipsum (aërem videlicet) Elasticæ virtutis re-
percussu etiam intra tubum Hydrargyri saltus reci-
procasse, donec tandem ejusdem connixus inclusi
tubo Hydrargyri pondere non vinceretur.
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Compactiores esse gradatim subjectas incumbentibus
Aëris partes, diversus Hydrargyri lapsus pro
diversâ montis altitudine probat.Nec me putes, dum premi terram ab aëre
pronuntio, involvere sententias sermo-
nibus imperitis ; habeo eximium testem,
solertissimum Pascalium filium, qui pri-
mus in Galliâ nostrâ vix natum apud ex-
teros, et in cunabulis penè suffocatum de vacuo Ex-
perimentum Hydrargyro non solùm, sed et liquori-
bus suscitavit, imò tam felici provexit mirabilis in-
dustriæ successu, ut per totam Europam tentandi va-
- Sic pour : supereffluendi.
Page 56, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
cui studium veræ sapientiæ cultoribus indiderit.Ejus curâ nuper in Arvernis facto ad excelsissimi
montis, quem vulgò nuncupant Le puy de Domme,
prope Claromontium civitatem, radices Exepri-
mento, ei, quod superius exhibuimus, propemodum
simili, infusum tubo quatuor pedes longo Hydrargy-
rum, ad tertiam sesquilineam vigesimi-septimi polli-
cis suprà restagnantis in subjecto vase Hydrargyri su-
perficiem delapsum est. Conscensâ deinde montis re-
gione centum et quinquaginta circiter sexpedarum
altitudine radices superante, qui remansit intra tubum
Hydrargyri cylindrus quinque duntaxat et viginti
pollicum obtinuit longitudinem. Superato demùm
jugi vertice quingentas ad minus suprà radices alto
sexpedas, idem Hydrargyri cylindrus in secundâ vi-
gesimi quarti pollicis lineâ quietis est et altitudinis
simul terminum adeptus ; et sic ab imis radicibus ad su-
premum montis culmen, trium pollicum et unius ses-
quilineæ spatio decurtatus est, nimirum qui circum-
fluit jugo minori, quàm medius infimúsque partium
pressurâ levior aër, breviorem quoque Hydrargyri
cylindrum debuit ad æquilibrium sustinere.Nec mireris hoc Experimentum cum iis, quæ Lu-
tetiæ Parisiorum tentavimus, Hydrargyri lapsu non
congruere ; nam est discrepantia mensurantis in Ar-
veniâ pedis à nostrate, quem lineis aliquot (siquidem
exactè observavi[)], superat, et à centro Mundi varia
forsan locorum distantia, vel te judice, potuerunt in
Experimentis æqualitatem non servare.
Page 57, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
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Exterioris Aëris cum interiori Hydrargyri cylindro
æqui pondium ostenditur.
Lubet etiam, ne pertinax in te Antiquo-
rum opinio adversùm argumenta re-
murmuret, quibus exterioris aëris cum
Hydrargyro interiori stabilitur æqui-
pondium, te vacui in vacuo, tentatum
primò feliciter acutissimi Auzotii sagacitate, Experi-
mentum condocefacere.
Habe superiori similem et simili protensam collo
lagenam AB, nisi quòd stet juxta basim B, canaliculi
G, auctarium, per cujus ostiolum, quoties opus fue-
rit, ingressus aëri pateat in lagenam. Per inversæ su
blimisque basis B, apertum ostium inducito quadra-
tum parallelepipedâ compage vasculum C, sicut ejus
capacitas versus supremum basis B, hiatum patula,
fundo suo subjectæ perpendicularis colli AC, fistulæ
horizontaliter immineat. Sanè vasculum C, exter-
nis quatuor angulis interius innixum vitro, dabit in
arcubus demeaculum, idest inter latera vasculi, lage-
námque intercapedo pervia remanebit. Injice vascu-
lo C, verticalem seu erectum electæ longitudinis
etiam ex vitro simul utrinque pervio tubum CF,
eúmque exactissimè suillâ (quâ basim et pariter ostio-
lum G obturabis) vesicâ, in aëris exclusionem in B
circumstringe ; Tum jubebis, quo ministro utêre,
supposito digiti collare lagenæ ostium A, obturatum
Page 58, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
tandiu conti-
neat, donec in-
fuso Hydrargy-
ro totam machi-
nam per aper-
tum ascititij tubi
verticem F, im-
pleveris ; quo
demùm vertice
suilâ quoque
membranâ coer-
cito, si digitum
subjectum, im-
mersúmque, ut
antea, restagnan-
ti exterius in D,
Hydrargyro, re-
traxerit, Hy-
dragyri AE, mi-
raberis in infe-
riori tubo cum
exteriori aëre
perpetuum æ-
quilibrium ; to-
tus per inclusi C,
vasculi latera vacuabitur, qui stat superior tubus, re-
dundante Hydrargyro, idipsum lagenali AE, tubo
per septem et viginti pollices retinere. Ac si tum
acu subtilissimâ vesiculam ostioli G, perforaveris, et
aëris nonnihil concesseris intus irrepere, is certè cum
dilatato intra lagenam commixtus ejusdem intendit
Elaterem, sicut fortiori jam conamine quaquaver-
Page 59, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
sùm agat, et subjectum in collo AE, Hydrargyrum
opprimens, non parum deprimat, et ipsum quod in
interiori C, vasculo restagnat comprimens, in supe-
riorem tubum CF, notabili cylindro cogat ascende-
re ; imo etiam pro aëris irrepentis augmento, sensim
ad septem et viginti pollicum versum F, altitudinem,
inferioris tubi Hydrargyro penitùs detruso, videas
excrescere.Deorsum in EA, deprimit aër Hydrargyrum, pro-
pter mutatum, ex infuso per G adventitij aëris au-
ctario, extranei videlicet aëris, cum incluso Hy-
drargyro æquipondium : sursum pellit in CF, quia
reparatus virtutis compressoriæ nisus, etiam intus
quærit æquilibrium.Ex his quid concludendum? Aër extraneus æqui-
ponderat interioris Hydrargyri cylindro AE, Ergo
aër etiam in suâ, ut aiunt, sphærâ ponderosus.Aëris partes intra tubum vesiculámque cyprinam,
spontaneâ dilatatione distenduntur, Ergo insitus
aëreæ substantiæ ad rarescendum Elater Spongiæ La-
næ-ve naturam imitatur.Et sic quò densior aër, ut in montanâ vacuíque in
vacuo patuit Experientiâ ; eò quaqua versum agens
majori robustioríque terraqueam superficiem impe-
tit Elatere.
Page 60, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
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Aqua solo pondere terraqueum orbem comprimit ;
Aër non pondere tantùm, sed etiam Elatere.
Addam et
invincibi-
le, facili Experi-
mento, argumentum.
Esto tubus AB,
ex vitro cylin-
draceus, trium
ad minus pe-
dum excedens
longitudinem,
quatuor circiter
linearum (si vis)
diametro ; ex-
tremum B, Her-
meticè, hoc est
ipsomet vitro
exactissimè ha-
beat obturatum,
altero A, extre-
mo patente ; to-
tum tubum ex-
ceptis septem
pollicibus CA,
infuso occupa
Page 61, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
Hydrargyro ; aquâ residuum, CA videlicet, com-
ple ; tùm occlusum digito tubum inverte, tandiúque
sustine, donec aqua levior, mutatâ cum Hydrargyro
sede, tandem ad alterum extremum B, conscende-
rit ; ei demum Hydrargyro, quod paratum in vasculo
D, stagnat, et tubum et simul immergito digitum
sustinentem : quo quidem digito leviter substracto,
ita metallum ex tubo defluet, ut qui remansurus est
intra tubum Hydrargyri cylindrus AE, supra resta-
gnantis in D, superficiem, non ad vigesimum septi-
mum policem, pro more, conquiescat, verùm sex
circiter lineis appareat (ob incumbentis et in suâ se-
ptem pollicum mensurâ constantissimè persistentis
aquæ gravitatem) diminutus. Nec mirum ; ea siqui-
dem est Hydrargyri cum aquâ proportio, ut septem
hujusce pollicibus semipollex circiter illius æquipon-
deret.Hinc liquido patet, solo aquam pondere, nullo
autem Elateris connixu, subjecto velut intra tubum
Hydragyro, sic terrenæ molis superficiei gravem.At aëris longè præstantior virtus ; nam si iterato Ex-
perimento, non aquâ, sed aëre residuum septem pol-
licum spatium CA, compleveris, hoc est tubum
ab Hydrargyro BC, ad ostium A, per septem polli-
ces CA, solo plenum aëre occluseris digito, post in-
versam, mersámque in D, machinam stupebis Hy-
drargyri cylindrum AE, plusquam septem pollicibus
infra vigesimum septimum, decurtatum. Sicut evi-
denter pateat, non tam ponderem quàm robustissimo
Elateris connixu velut subjectum Hydrargyrum, sic
et terraqueum orbem opprimi ab aëre.Hic advertas velim me, cùm intra tubum ad septi-
Page 62, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.
mum dixi, supra viginti pollices Hydrargyri cylin-
drum quiescere, iuxta frequentiores elocutum ex-
perientias ; variat enim quietis terminum in tubo
Thermometrum agente, pro diversâ in exteriori aëre
tùm rarefactionis tum condensationis vicissitudine.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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