Texte
Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre x  >

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Les rameaux lactés gagnent aussi l’utérus[1]

Nous avons précédemment détaillé la distribution abdominale des branches lactifères [2] issues des glandes lactées nouvelles. [3] Il faut maintenant examiner la possibilité qu’elles gagnent l’utérus des femmes enceintes. [4] Je n’oserais en douter car Hippocrate, en son livre sur la Nature de l’enfant[5] nous a prévenus que le lait s’écoule dans l’utérus, en parlant du suc blanc des aliments (qui est aussi envoyé dans les mamelles) destiné à nourrir le fœtus [6][7][8] et qu’il aspire dans l’utérus à l’aide de sa bouche. Dans l’exercice lvii sur la Génération des animaux, William Harvey [9] a entrepris de défendre la sentence du grand maître de Cos, [10] qu’on avait jusqu’ici méprisée, parce que : 1. on trouve de l’eau dans le bec du poussin avant son éclosion ; 2. une pareille [Page 32 | LAT | IMG] matière, qui ressemble à du lait caillé, se voit dans son gésier, son estomac et ses premières anses intestinales ; 3. au cours de la vie utérine, le gros intestin contient des excréments, et les anatomistes appellent méconium [11] celui qu’on voit les nouveau-nés exonérer ordinairement ; 4. des matières fécales sont éjectées par l’anus du poussin dès le 17e jour de son développement, et sont pareillement présentes avant l’accouchement chez les vivipares, retrouvées dans les secondines ; [12] 5. de même que la vessie et la vésicule regorgent d’urine et de bile ; [13][14] 6. l’enfant tout près de naître, quand sa tête est engagée dans le col utérin, suce vivement le doigt qu’on lui présente, ce qui traduit vraisemblablement qu’il a été longtemps accoutumé à se nourrir ainsi, car il perd l’habitude de téter avidement en devenant plus grand ; 7. j’ajoute que Descartes [15] a observé la présence d’une herbe longue d’un doigt dans le cou d’un veau qui n’avait pas encore été expulsé. [1] 8. Enfin, le vagissement utérin [16] ne peut être que très difficilement émis quand la bouche est close, et maints auteurs ont rapporté qu’il a été entendu avant l’accouchement : Libavius[17] Albertus Magnus[18] Tite-Live, au livre xxiv[19] Weinrichius, au chapitre xxvi sur les Monstres[2][20] Fincelius[21] Caussin, au livre ii, § 2, de ses Hiéroglyphes[22] Sennert, au livre iv de sa Pratique, 2e partie, section v, chapitre viii[3][23] Cl. Saumaise [24] dans sa réponse à Beverovicius[25] notre compatriote Huitfeldt, dans son histoire du roi Christian ii[4][26][27] et nous-mêmes qui en avons récemment recueilli deux exemples dans notre propre pays. L’écoulement du chyle ou du lait hors de l’utérus procure néanmoins des signes plus probants de cette distribution. Du Laurens, au livre vii de son Anatomie, question xi, témoigne qu’il a lui-même vu de nombreuses parturientes chez qui une très grande abondance de lait s’écoulait hors de l’utérus et de la vessie, et il rapporte cela à la sympathie qui existe entre la matrice et les mamelles. [5][28] Pour moi, toutefois, cela s’explique plus facilement par une communication entre leurs conduits lactés, puisque j’ai souvenir d’avoir observé, chez des femmes prêtes à accoucher, que s’écoulait de l’utérus une matière parfaitement semblable à du lait, tant par sa substance, que par sa couleur et sa consistance, et [Page 33 | LAT | IMG] les sages-femmes tiennent d’ailleurs cela pour un indice de naissance imminente. [6][29] Au livre ii de sa Pratique admirable, observation cxliii, Zacutus [30] décrit une femme portant une môle [31] chez qui, pendant vingt jours, s’est écoulée de l’utérus, comme d’une source ininterrompue, une telle abondance de liquide, tout à fait semblable à du petit-lait, qu’elle en estimait le volume quotidien à cinq ou six livres ; et ce sans aucune douleur, fièvre, démangeaison ou âcreté. [7] Il n’est pas non plus rare que, par ce très court chemin, les médicaments pris par la bouche parviennent intacts à l’utérus. Sur le safran, [32] Jo. Heurnius[33] livre ii de sa Methodus ad Praxin, chapitre xiv, dit qu’il gagne immédiatement l’utérus, à tel point que quand on en donne à une femme qui ne parvient pas à expulser son fœtus, l’enfant qui sort a la couleur du safran. Lors d’un accouchement difficile, Henricus ab Heer, observation xiv du Spadacrene, rapporte avoir administré du safran, avec d’autres médicaments, à l’épouse d’un simple soldat et que moins de trois heures après, elle a expulsé un enfant de teint safran très foncé, et que cette couleur ne s’était pas dissipée au bout de quelques mois. [8][34]


1.

Après avoir soutenu que le réservoir du chyle communique avec les voies urinaires, dans le chapitre ix de son Historia anatomica, Thomas Bartholin allait défendre, sur des arguments tout aussi futiles, qu’il est relié à l’utérus gravide et aux mamelles. Je me suis pareillement fait un devoir d’explorer chacun des témoignages qu’il citait à l’appui de ses lubies. V. notes :

Les sept premiers arguments de Bartholin venaient plus ou moins clairement d’Hippocrate et Harvey. Pour le huitième, je n’ai pas trouvé où a été imprimée la bizarre observation de René Descartes sur un veau en train de naître : peut-être l’a-t-il seulement rapportée oralement à ses collègues de Leyde.

2.

Le vagissement utérin, {a} est le cri d’un enfant encore renfermé dans le sein de sa mère. Ce phénomène imaginaire, mais décrit par Hippocrate, a fait l’objet d’infinis débats, dont le chirurgien français Alfred Velpeau (1795-1867) a donné une excellente synthèse dans l’Encyclopédie méthodique, médecine (1830, tome treizième, pages 382‑384), avec cette conclusion :

« D’ailleurs, l’homme est entouré de tant de causes d’erreurs que lorsqu’un fait contraire à toutes les lois connues se présente, on peut, sans faire injure à personne, supposer que ceux qui le racontent ont pu se tromper ; la sagesse enfin ne veut pas qu’on l’admette sans opposition. Au surplus, dans la question actuelle, je ne puis mieux rendre ma pensée qu’en répondant aux partisans du vagissement utérin : “ Puisque vous l’avez entendu, je le crois ; mais si je l’avais entendu moi-même, je ne le croirais pas. ” »

  1. Andreas Libavius, {b} médecin paracelsiste {c} allemand, a publié une thèse qu’il a présidée au gymnasium de Rothenburg ob der Tauber (Bavière), De Vagitu expresso. Fœtus in utero adhuc conclusi [Vagissement que fait entendre le fœtus encore enfermé dans l’utérus] ; {d} il y déclare avoir recueilli quatre témoignages, jugés dignes de foi, qui établiraient la réalité du phénomène.


    1. Dont s’est moqué William Harvey, v. note [31] de ses trois lettres sur les Experimenta nova anatomica.

    2. Mort en 1616, vnote Patin 2/1312.

    3. Vnote Patin 7/7.

    4. Nuremberg, Alexander Philippus Theodoricus, 1597, deux feuilles, in‑4o.

  2. Le théologien médiéval allemand Albert le Grand (vnote Patin 8/133) est souvent mentionné dans les descriptions de ce phénomène mais sans citer la source exacte au sein de son œuvre monumentale. Je n’y ai trouvé que cette mention peu convaincante dans le Commentaire sur l’Évangile de Luc, 11:27, à propos des femmes :

    Concipiunt enim in concupiscientia, portant in gravitate, et pariunt in dolore. Primum est miseria libidinis, unde nascitur peccatum in concepto : secundum miseria infirmitatis, ex qua nascitur miseria corruptionis ; tertium, miseria sensibilis doloris, quam sequitur in partu vagitus præsentis calamitatis.

    [Elles conçoivent dans le stupre, elles portent dans la lourdeur et elles accouchent dans la douleur : primo, de la misère du plaisir charnel vient le péché inhérent à la conception ; secundo, de la misère de l’infirmité vient celle de la corruption ; tertio, la misère de la douleur ressentie précède le vagissement du tourment propice à l’accouchement].

  3. Tite-Live, Histoire de Rome, livre cité, chapitre x, sur les prodiges survenus durant une année faste de Rome : infantem in utero matris in Marrucinis “ io triumphe ” clamasse [Chez les Marrucins, {a} un enfant dans l’utérus de sa mère s’est écrié Triomphe !].


    1. Peuple d’Italie centrale.

  4. Risus in utero [Rire dans l’utérus] et Infans flens in utero [Enfant pleurant dans l’utérus] sont deux paragraphes du chapitre cité par Thomas Bartholin, {a} dans le De Ortu monstrorum Commentarius. In quo essentia, differentiæ, causæ et affectiones mirabilium animalium explicantur, Autore Martino Weinrichio, Vratisl. [Commentaire sur l’Origine des monstres, où Martinus Weinrichius de Breslau, {b} explique l’essence, la diversité, les causes et les affections des animaux merveilleux], pages 232 ro. {c}


    1. Intitulé De iis monstris, in quibus sit tantum aliquid insolite. Infantes barbati : dentati :, Zoroastres : Risus et fletus in utero. Tadissimè editi. Anthropophagi cur hominum carne vescantur [De ces montres qui n’ont que quelque chose d’insolite : enfants qui ont une barbe, des dents, comme fut Zoroastre, {i} qui rient et pleurent dans l’utérus, qui viennent au jour avec très grand retard ; anthropophages ainsi nommés parce qu’ils mangent de la chair humaine].

      1. V. notule {b}note Patin 49/8202.

    2. Martin Weinrichius (1548-1609), médecin de Breslau en Silésie (aujourd’hui Wroclaw en Pologne, vnote Patin 6/9017).

    3. Breslau, Heinricus Osthensius, 1595, in‑4o en deux parties de 464 et 190 pages.

3.

4.

5.

Espérant avoir convaincu ses lecteurs sur le vagissement utérin, Thomas Bartholin changeait de sujet en transcrivant exactement un bref passage des Opera omnia d’André Du Laurens (Paris, 1628, vnote Patin 2/8229), Historia anatomica, loc. cit., page 410, question intitulée De mirabili Vteri cum omnibus fere corporis partibus sympahia [Admirable sympathie de l’utérus avec presque toutes les parties du corps]. Le paragraphe suivant conclut que :

Frequens est itaque humorum à Mammis ad Vterum, et ab Vtero ad Mammas μεταστασις, quæ κοινωμιας designat.

[On appelle sympathie le déplacement fréquent des humeurs des mamelles à l’utérus et de l’utérus aux mamelles].

6.

La rupture de la poche des eaux est marquée par un écoulement de liquide amniotique qui ressemble ordinairement plus à de l’eau qu’à du lait. William Harvey a parlé de ce qu’il appelait le colliquamentum {a} dans l’Exercitatio lvii « sur la Reproduction des animaux », {b} pages 251‑252 :

Quinetiam partus naturalissimus habetur, cùm fœtus et secundinæ unà cum aquosâ substantiâ (ceu ovum integrum) prodeunt. Nam si istæ illæsæ fuerint, et aqua non profluxerit, contingit partes circumjacentes à parturientis nixibus magis distendi, ac dilatari, tensione scilicet membranarum : quo fit, ut fœtus minore conamine, citiúsque elabatur, ac properat ; licèt id majore matris cum dolore eveniat. Quo casu novimus, parturientes interdum ab ingenti distensionis molestiâ, membranarum rupturâ, (sive obstetricis unguibus, sive forcipis operâ ea contingat) effluente subitò quâ, plurimùm levari. […]

Porrò humorem illum, quem nos colliquamentum appellavimus, fœtûs sudorem non esse, liquidò constat, tum in ovo, tum cæteris etiam animalibus ; quippe adest, priusquam quippiam fœtûs constituitur, aut vestigium ejus ullum exstat. Imò verò quamprimum fœtus conspicitur, et etiamnum totus mucilaginosus ac perexiguus est ; tam ingens tamen aquæ hujus copia cernitur ; ut tantilli corporis tantum excrementum dari, planè impossibili videatur.

[Bien plus, un accouchement est tenu pour parfaitement naturel quand le fœtus et les secondines sortent en même temps que la substance aqueuse (soit la totalité de l’œuf) : si les membranes restaient intactes et tendues, sans perdre leur eau, les efforts de la parturiente comprimeraient et dilateraient excessivement les parties environnantes ; leur rupture permet d’accélérer l’expulsion du fœtus au prix d’un effort moindre, bien que cela vaille à la mère une intense douleur. Nous savons bien que quand la distension lui inflige un important désagrément, elle est bien soulagée par la rupture des membranes (qu’elle soit provoquée par les ongles de la sage-femme ou par des ciseaux) et par l’écoulement qu’elle entraîne. (…)

En outre, il apparaît clairement que ce liquide que nous avons appelé colliquamentum n’est pas la sueur du fœtus, et ce chez les ovipares comme les vivipares : il est présent avant la formation de l’enfant et même avant que n’en existe la moindre trace ; il baigne entièrement l’embryon dès qu’il apparaît, et alors qu’il n’est encore que minuscule et entièrement mucilagineux ; et ce en telle abondance qu’il semble parfaitement impossible que le peu d’excréments fournis par un si petit corps contribue à sa production]. {c}


  1. V. notule {d}, note [5], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655)

  2. Amsterdam, 1651, v. supra note [1].

  3. Harvey tenait le liquide amniotique pour une production de l’utérus et du placenta, rejetant l’opinion de Fabrice d’Aquapendente qui le considérait (à tort) comme un excrément du fœtus : v. note [8], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655).

    Contrairement à Bartholin, Harvey n’a jamais envisagé que le liquide amniotique pût être une émanation du chyle.


7.

Praxis medica admiranda [Pratique médicale admirable] d’Abraham Zacutus Lusitanus, {a} observation intitulée Molæ aquosæ exemplum admirandum [Observation remarquable de mole aqueuse], loc. cit. pages 336‑337 :

Fœmina quædam benè colorata, nullo infestante laxo in pedibus, aut manibus tumore, aut vitio interno, tumorem vteri magnum passa est mensibus septem. Menstrua sunt restricta, prægnantem se esse putabat, donec ad vndecimum perueniens, de conceptu desperans, muliercularum consilio syrupum factum ex decocto Nepitæ, Pulegij, et Cæpæ albæ cum Saccharo decem diebus assumit. Hoc facto, copiosa aquæ citrinæ quantitas pondo librarum octo per vterum est vacuata. Subsidente aliqualiter ventre auxilium idem iterum in maiori quantitate ebibit, dosi nempe quatuor vnciarum. Sed quo euentu audi : Nam 20. diebus per vterum velut perennem fontem, tanta aquæ sero lactis simillimæ copia emanauit, vt iudicio suo quotidie, quinque, aut sex libræ profluerent ; sine dolore, ardore, pruritu, aut acredine ullâ. Hoc humore excreto, debilissima remansit, sed detumescente ventre, refectis viribus ad se reddit. Et ne in idem vitium laberetur, Diacurcuma cum maluatico, miro fuit auxilio. Vide Hildanum lib. 2. centur. Chururgicar. 53.

[Une femme de bon teint, sans œdème des chevilles, ni enflure des mains, ni affection interne, souffrait depuis sept mois d’un important gonflement de l’utérus. Ses règles étant supprimées, elle pensait être enceinte ; mais parvenue au onzième mois et désespérée de ne pas être délivrée, elle prit pendant dix jours, sur le conseil d’une bonne femme, un sirop composé d’une décoction de cataire, de pouliot et d’oignon blanc ; {b} ensuite de quoi elle évacua une copieuse quantité d’eau citrine, équivalant à un poids de huit livres. {c} Son ventre ne s’étant qu’incomplètement détendu, elle but une nouvelle dose plus forte de ce remède, atteignant quatre onces, {d} mais écoutez ce qui arriva : de l’utérus, comme d’une source ininterrompue, s’écoula pendant vingt jours une telle abondance de liquide, tout à fait semblable à du petit-lait, qu’elle en estimait le volume quotidien à cinq ou six livres ; et ce sans aucune douleur, fièvre, démangeaison ou âcreté. Après avoir vidé cette humeur, elle resta très affaiblie, mais son ventre étant dégonflé, elle récupéra ses forces et sa bonne santé ordinaires. Elle tira grand profit du curcuma et de la mauve, {e} qu’on prescrivit pour quelle ne retombe pas dans le même mal. Voyez Hilden livre ii Centur. chirurgicar. liii]. {f}


  1. Lyon, 1637, v. note [7], Historia anatomica, chapitre ix.

  2. Comme l’oignon, la cataire ou herbe aux chats et le pouliot étaient propres à provoquer les règles.

  3. Environ 3 kilogrammes, soit autant de litres.

  4. Environ 130 grammes.

  5. Le curcuma, ou safran d’Inde, était censé guérir la jaunisse et l’hydropisie ; la mauve était rafraîchissante.

  6. Renvoi à la centurie ii, liii, des Observationes chirurgicarum de Guillaume Fabrice de Hilden (Lyon, 1641, v. note [4‑2], Historia anatomica, chapitre iii), observation similaire intitulée De Mola aquosa (tome premier, pages 219‑220).

    Ces manifestations traduisent la rupture d’une môle (vnote Patin 21/419) hydatiforme (formée de kystes aqueux).


8.

Thomas Bartholin concluait son chapitre par deux observations aussi scabreuses et consternantes que toutes les autres.

a.

Page 31, thomæ bartholini de lacteis thoracicis historia anatomica.

CAP. X.

Lacteos ramos ad uterum quoque derivari.

Distributionem ramorum lacteorum ex glandulis
hisce novis lacteis in abdomine, supra pertexui-
mus. An autem ad uterum quosuqe deriventur, in
præganantibus fieri debet experimentum. Dubitare non
ausim, qvia Hippocrates l. de Natura pueri, lac in uterum
confluere monuit, nempe succum alimentorum candi-
dum, (qui exprimitur qvoqve ad mammas,) ad embryonis
nuritionem, eumqve attrahi in utero per os embryonis.
Sententiam Magni Coi, hactenus derelictam, nuper defen-
densam suscepit Guil. Harveius de Gen. Animal. Exerc. 57,
qvia 1. in ore pulli in ovo aqva reperitur, 2. In ventriculis

b.

Page 32, thomæ bartholini de lacteis thoracicis historia anatomica.

et ingluvie, et intestinis primis similis materia, et instar la-
ctis coagulati visitur. 3. Excrementa in crassioribus inte-
stinis in utero adsunt. Meconium vocant Anatomici,
qvod in nuper natis qvotidie observamus. 4. Prope anum
stercora in pullis circa XVII diem, eademqve ante partum
in secundinas egesta sunt. 5. Bile et urinâ utraque vesica sca-
tet. 6. Infans in uteri cervice hærens, et nuper natus ve-
hementer admoto digito sugit, et ægrè sugendi consvetu-
dinem adultior dediscit. Verosimile igitur diu assvetum
hoc modo nutriri. 7. Addo, observasse Cartesium, vitu-
lum necdum exclusum gramen in collo digiti longitudi-
ne habuisse. 8. Adhæc vagitus subinde auditur uterinus,
qvi ore clauso difficilius editur. Talem in nondum natis
annotarunt Libavius, Albertus Magnus, Livius lib. 24.
Weinrichius de Monstr. c.26. Fincelius, Caussinus l.3. Hier.
§2. Sennertus lib 4. Prax part 2. Sect 5.c.8. Cl. Salmasius
in Resp. ad Beverovicius, Huitfeldius noster in Hist.
Christiani secundi Regis, et nos bina hujus in patria nuper
habuimus exempla. Sed urgentiora hujus distributionis
indicia subministrat lac seu chylus ex utero profluens.
Laurentius lib.7. Anat. qvæst. xi, testatur se vidisse qvam-
plurimas puerperas per uterum et vesicam maximam la-
ctis copiam excrevisse. Qvod ille ad consensum uteri cum
mammis refert, ego facilius ad communes hos ductus la-
cteos, siqvidem memini me qvoque in mulieribus gravi-
dis instante partu lacti simillimam materiam, substantia,
colore, consistentia ex utero fluentem observasse, et id im-

c.

Page 33, thomæ bartholini de lacteis thoracicis historia anatomica.

minentis partus certum habent indicium obstetrices.
Zacutus lib.2. Prax. Adm. Obs.143. notat in femina mo-
lam gestante, 20 diebus per uterum velut per perennem
fontem, tantam aqvæ sero lactis simillimæ copiam ema-
nasse, ut judicio ejus qvot die, qvinqve aut sex libræ pro-
fluerent, sine dolore, ardore, pruritu aut acredine ulla.
Non rarò qvoqve medicamenta assumpta ad uterum illæ-
sa perveniunt brevissimo hoc tractu. De croco Jo. Heur-
nius
l.2. Meth. ad Prax. c.14. qvod raptim uterum petat, a-
deò ut cum qvædam excludere fœtum non posset, dato
croco, prodierit croco tinctus. Henricus ab Heer
Obs. Spad.14. refert, se uxori gregarii militis in difficili
partu crocum cum aliis exhibuisse, et dimidio qvadran-
te citius puerum enixam esse croceo colore tinctum, ut
aliqvot post menses color non evanuerit.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Thomas Bartholin, Historia anatomica sur les lactifères thoraciques (1652), chapitre x

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(Consulté le 09/12/2025)

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