Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
2. Critique des chapitres i‑v
des Experimenta nova anatomica, note 13.
Note [13]

Dans ses Opera anatomica vetera et nova (pages 811‑814), {a} Jean ii Riolan a publié la lettre que Johann Georg Wirsung lui a écrite et la réponse qu’il lui a faite. {b}

  • Tout se serait sans doute mieux passé pour Jean Pecquet s’il s’était inspiré de la lettre de Wirsung :

    Recordatio etiam in distanti piam renovat amicitiam, ita mihi contigit, Vir Clarissime, Amplissime, et olim Præceptor, mihi æternum colendissime, licet per 23. annos continuos, clarissima tua præsentia, et prima luce mea Anatomica privatus sim, non possum tamen, quin omni tempore, præsertim eo, quo primitus doctrinâ tuâ et demonstratione lucidissima instructus et imbutus fuerim, tui piissimam recordationem, et mentionem faciam, simul et beneficiorum tuorum in me collatorum infinitas tibi recenseam gratias, unáque fidelitatis tuæ stigma animo meo impressum renovem. Quod tibi attestabitur Clarissimus Vir, et quondam meus Præceptor Gaspar Hormannus, Professor Altorffiensis. Cujus stimulo hisce paucis te molestare, ut ante feci ausim. Non minus clarissimus et mihi familiarissimus vir Paulus Marquartus Slegel, Professor Ienensis, et omnis is, qui ex Schola vestra Parisiensi ad nostram Patavinam pervenit, quod præstare potest doctissimus vir harum lator. Rogavi namque à clarissimo Hofmanno, ut et ipse à te faceret, petii sententiam de usu et actione ductus cujusdam in Pancreate noviter reperti, sed cùm à neutro hucúsque quidquam impetraverim, non nisi magna distantiæ loci, et transmittendarum literarum difficultati adscribere possum. Nacta itaque bona hac occasione per præsentem harum latorem humillimè repeto, et ut olim, ita et nunc, ad verum fontem, et principium, unde cœpi recurro. Ductus præfatus, cujus Icones hic habes, in hunc modum se habet, orificium aut principium, si ubi major truncus ibi principium dicere liceat, amplum ab intestino duodeno juxta cholidochon deducit, stylum ab intestino pancreas versus difficulter, ab hoc verò in intestinum facilè admittit, et per medium in universum pancreas, secundum longitudinem versus Lienem abit, infinitas ramificationes et minimos tandem surculos latere tenus supra, infra, et subtus vasa splenica, per ipsum pancreas repentia de se spargit. Lienem non adit, quem reperi aliquando, tam in humano, quàm brutorum subjectis duplicem, brevem in loco solito, et longum infrà paulò. Item reperi eundem non solùm in corporibus humanis adultis nuper natis, et fœtibus, verumetiam in simiis, canibus, cattis, suibus, gallinis, muribus, ranis, imò in omnibus, in quibus diligenter inquisivi. Arteriam an venam dicam ? sanguinem nunquam in eo deprehendi, sed succum quendam obscurum, stylum argenteum instar fellis tingentem. Res in aprico est, quidnam sit, et quem usum et actionem habeat, quoniam me latet, ideóque censuræ et judicio tuo humiliter submitto, cogitans, ut si quid certi hac de re constitueris, pro solita tua humanitate et benevolentia mihi aperire non dedigneris, partim ut veritas elucescat, quam semper intrepidus protulisti, partim veró ut hoc pacto nominis tui celebritatem magis adaugere possim, quod me facturuum spondeo, quoad manus meæ à te instructæ, cultellos regere valeant. Plura ne nimium molestus sim non addo, nisi ut valeas, et discipulum olim tuum redamare non desistas. Datum Patavii 7 Julii, 1643.

    Excellentiæ tuæ

    Omni Studio et Observantia,

    Jo. Geor. Vvirsungus.

    [Même à distance, le souvenir ranime la pieuse amitié, et c’est ce qui m’arrive, très brillant et éminent Monsieur, vous qui avez jadis été mon maître et que je vénère pour l’éternité, bien que 23 années entières se soient écoulées sans vous voir, et que je sois privé de ma première et si brillante lumière anatomique. Il m’est pourtant impossible de ne pas rester imprégné et instruit à tout instant, et particulièrement aujourd’hui, par votre science et de vos claires démonstrations, ni de me les remémorer avec profonde vénération et infinie gratitude pour les bienfaits que vous m’avez accordés, ni renouveler la marque de votre fidélité qui s’est imprimée dans mon esprit. Le très distingué M. Caspar Hofmann, {c} professeur d’Altdorf qui fut jadis mon précepteur, vous le confirmera. C’est lui qui m’a incité à oser vous importuner de ces quelques lignes, comme je l’ai précédemment fait. {d} Le non moins brillant M. Paul Markward Schlegel, {e} professeur à Iéna, qui est fort mon ami et m’est tout dévoué, nous est arrivé à Padoue venant de la Faculté de Paris et peut être le très savant porteur de ma lettre. Comme je l’ai fait pour vous, j’ai demandé à M. Hofmann un avis sur l’utilité et la fonction du canal nouveau qu’on a trouvé dans le pancréas, mais je n’ai jusqu’ici eu aucune nouvelle de vous comme de lui, ce que peuvent expliquer la grande distance à parcourir et la difficulté des courriers. Profitant de l’occasion qui s’offre à moi, grâce au présent porteur, {f} je vous sollicite à nouveau, et comme j’ai fait naguère, je reviens maintenant à la source et au socle qui m’ont, construit. Le susdit canal, dont je vous joins le dessin, {g} se présente comme suit : son orifice ou origine < K >, si on admet qu’elle est là où le conduit est le plus large, est vaste et s’ouvre dans le duodénum < G > près du cholédoque < H > ; un stylet y pénètre difficilement de l’intestin vers le pancréas, mais aisément dans le sens inverse ; {h} il parcourt toute la longueur < CCC > du pancréas < AAA, BBB > en direction de la rate < L > ; de tous côtés s’en éparpillent dans la totalité du pancréas une infinité de branches < D > qui donnent naissance à de minuscules rameaux, vers le haut, vers le bas et au-dessous des vaisseaux spléniques < E, F >. Le canal n’atteint pas la rate, qui est parfois double, tant chez l’homme que chez les bêtes, courte là où elle siège ordinairement et longue un peu au-dessous ; {i} on le trouve non seulement chez les humains, adultes, nouveau-nés et fœtus, mais aussi chez les singes, les chiens, les chats, les porcs, les poules, les souris, les grenouilles, et même tous les animaux où je l’ai attentivement cherché. Quant à dire s’il s’agit d’une veine ou d’une artère, je n’y ai jamais trouvé de sang, mais seulement un suc trouble qui teinte un stylet d’argent comme ferait de la bile. Se pose clairement la question de savoir ce qu’il fait et à quoi il sert : comme je l’ignore, je la soumets humblement à votre arbitrage et jugement, en pensant que si vous avez quelque certitude à ce sujet, vous ne dédaignerez pas de men faire part, suivant votre amabilité et bienveillance coutumières, pour que luise la vérité, dont vous avez toujours brandi le flambeau sans trembler, mais aussi pour que je puisse ainsi grandement accroître l’éclat de votre renom, comme je promets de le faire, car c’est vous qui avez formé mes mains à manier correctement les scalpels. Ne voulant pas vous importuner plus longtemps, je n’ajoute à cela que mon souhait que vous demeuriez en belle santé et ne cessiez pas de rendre à votre ancien élève l’affection qu’il vous porte. De Padoue, le 7 juillet 1643.

    J’assure entièrement votre excellence
    de mon zèle et de mon obéissance,

    Johann Georg Wirsung].


    1. Paris, 1649, vBibliographie.

    2. V. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre x, pour Wirsung (mort en 1643). John Donley en a donné une bonne traduction anglaise dans un article intitulé Wirsung to Riolan on the pancreatic duct and Riolan’s reply (Boston Med. Surg. J. 1923 ; 188 : 229‑232).

    3. V. note [7], Brevis Destructio, chapitre i.

    4. Quelques lignes plus bas, Wirsung allait confirmer qu’il avait déjà sollicité l’avis de Riolan, mais qu’il ne lui avait pas répondu.

    5. V. note [20], Brevis Destructio, chapitre i.

    6. Les porteurs privés étant alors toujours plus sûrs que la poste, Wirsung confiait sa lettre à Schlegel, qui la remettrait à Riolan en repassant par Paris lors de son retour en Allemagne.

    7. La publication de Wirsung s’est limitée à une gravure diffusée en 1642. Dans ma traduction, j’ai ajouté entre chevrons les < repères > qui correspondent à la légende de ce dessin.

    8. Franchissement de l’ampoule de Vater (v. note [28], Nova Dissertatio, expérience i) plus facile dans le second sens que dans le premier.

    9. Présence non exceptionnelle d’une rate surnuméraire, mais une seule est représentée sur le dessin.

  • La réponse de Riolan ne manque pas d’intérêt car elle éclaire une facette de sa vie, et sa curieuse manière de raisonner sur l’interaction du chyle et du pancréas avant la parution du livre de Jean Pecquet :

    Eruditissimo Medico Anatomes et Chirurgiæ Professori peritissimo D. Virsungo, Joannes Riolanus, Regina Matris Exarchiatros, Anatomes, et Pharmaciæ Professor Regius atque Professorum Collegii Decanus.

    Revocas me ad studium Anatomicum, quod per decennium intermiseram, accitus ad Aulam Reginæ Matris, fungens officio primarii Medici ; miserabilem ejus fortunam sequutus, in diversis peregrinationibus, atque in aula turbulenta, mihi non licuit Musis Anatomicis tranquillè litare, cùm essem distractus à theatro Anatomico Parisiensi, et mea jucundissima Bibliotheca, quæ nunc est meæ senectutis solatium et oblectamentum. Ideóque tua invitatio mihi gratissima est, ad perscrutandum istum canalem in pancreate à te repertum. Ac sanè non possum non laudare tuam industriam, ac solertiam in rebus Anatomicis indagandis, qui deprehenderis, quod manus meas oculatas in contrectando sæpius pancreate effugerat, quamvis monitus fuerim à Fallopio repertas à se in pancreate venulas prorsus ab Hepate separatas, deferentes oleaginosum humorem, quo pars ipsa scatet, et turget. Figmentum Fallopii olim judicavi, et ita scripsi in mea Anthropographia Gallica auctiore ex Mantissa, quam traductori subministravi : animadverteram quoque intra pancreas plures venas hinc inde sparsas, quas primus vocavi Pancreaticas. Sed Icon à te delineata canalis pancreatici propagationem accuratè demonstrans, me cogit prædicare tuum admirabile inventum, ad cognitionem et curationem morborum hypochondriacorum utilissimum, quod meritò possum æquiparare, imò præferre inventioni venarum lactearum, absque ullo Asellii Medici præstantissimi et Anatomici præjudicio, ut paucis exponam. Suppono conformationem istius canalis talem esse, uti depinxisti, nec enim adhuc licuit eum observare in cadaveribus suspensorum, vel in nosodochiis publicis ob aeris inquinamenta : hoc posito, assevero verum pancreatis usum à nullo Anatomico, præterquam Fernelio, fuisse probè cognitum. Hallucinantur enim omnes, dum culcitram ventriculi esse dicunt, alii fulcrum venæ Portæ et rami splenici, alii spongiam vapores culinæ absorbentem. Doctissimus Virsungus existimat pancreas chylum ante præparare jecori, quam distribuatur, et ad pancreas chyliferas venas coire, inde in Hepar deferri. Itaque canalis transversim situs, et immersus pancreati, et perforatio in intestinum duodenum juxta foramen ductus bilarii, manifestè demonstrant ad eosdem usus utrumque canalem conditos fuisse, ut enim bilarius ab Hepate directè productus ad intestinum bilem crassam ex radicibus portæ, vel cavis partibus Hepatis secretam deducit, sic alter ramus crassiorem, viscidam, ac pituitæ permixtam bilem ex chylo secretam à pancreate repurgat, et excernit in idem instestinum. Propterea Pancreas emunctorium Hepatis et Lienis appellarem, quia chylum per ejus substantiam traductum defæcare solet. Nec enim chylus vasis excidit, sed in ipsis manet, parenchyma glandulosum pancreatici recipi, colligit hinc inde dispersas venas lacteas, et à chylo sordes exsugit, nisi fuerint à mesenterii glandulis attractæ, vel in adipem diffusæ. Quòd si per canalis pancreatici foramen chylus eliceretur ab intestino duodeno, hæc duo incommoda succederent, vel cum chylo fel ab Hepate continenter fluens ad se raperet, sícque chylus inquinaretur, vel in vomitionibus coactis eliciti humores à folliculo fellis, et ab Hepate ex violenta concussione, ac veluti convulsione ventriculi, qui vicinas partes exagitaret, excuteret, similiter chylus rubefactus ab ipso pancreate educeretur magna copia : At hoc non observatur, imò cùm varietas humorum per vomitum rejiciatur, non possunt ab iisdem locis jecoris et folliculi manare : Lien verò non potest expurgari vomitu, nisi per vas breve, si fuerit amplum, etiam assuetum vacuandis sordibus, alioqui vena est nutriendo ventriculo dicata. Ergo pancreas suppeditat magnam portionem istius humoris varii et multiplicis, qui vomitu rejicitur, per istum canalem in duodenum : inde ruit in ventriculum, sícque facilis et brevis est via expurgandæ illuviei primæ regionis, quæ in cavis partibus Hepatis, Pancreate et Liene cumulata firmiter inhærescit, quando est apparata ad excretionem, natura viam istam monstrante, vel fotibus eliquata, fluxilis reddita fuerit. Atque ita febrium diuturnarum malignarum, atque chronicorum morborum fomes, qui delitescebat in Pancreate eruitur, atque excernitur per vomitum, qui quidem humor nullo morbo cedebat medicamentis per inferiora vacuantibus. Hæc mea est de usu Physico, et Medico, canalis istius Pancreatici sententia, quam tuo et peritorum Anatomicorum judicio subjicio.

    [Jean Riolan, ancien premier médecin de la reine mère, {a} professeur royal d’anatomie et pharmacie, et doyen des professeurs de leur Collège, à M. Wirsung, très savant médecin et compétent professeur d’anatomie et chirurgie.

    Vous me ramenez à mon étude de l’anatomie, que j’avais mise de côté pour remplir ma charge de premier médecin auprès de la reine mère. Ayant suivi son misérable destin et ses pérégrinations variées, dans les turbulences de la cour, je n’ai pas eu la liberté de me consacrer paisiblement aux muses anatomiques, étant éloigné de l’amphithéâtre parisien et de ma très plaisante bibliothèque qui est désormais la consolation et le divertissement de ma vieillesse. Votre sollicitation à examiner ce canal que vous avez trouvé dans le pancréas m’est donc fort agréable. Il m’est strictement impossible de ne pas louer la dextérité et la finesse de vos recherches anatomiques. Ce que vous avez vu avait échappé à mes clairvoyantes mains quand j’explorais le pancréas. Les petites veines que Fallope y a trouvées, sans aucun rapport avec le foie, contenant une humeur huileuse, qui s’y répand et les enfle, avaient jadis attiré mon attention, mais j’avais conclu à un produit de son imagination, comme je l’ai écrit dans l’édition française de mon Anthropographie, avec une addition que j’ai transmise à mon traducteur. {b} J’avais aussi remarqué dans le pancréas plusieurs veines éparpillées çà et là, que j’ai été le premier à appeler pancréatiques. {c} Votre dessin montre la distribution précise du canal pancréatique et me pousse à prédire que votre admirable découverte sera extrêmement utile à la compréhension et au traitement des maladies hypocondriaques. {d} Ainsi que je vais brièvement l’expliquer, je puis légitimement la rendre égale et même supérieure à celle des veines lactées, sans du tout préjudicier à Aselli, qui fut un très éminent médecin et anatomiste. Je gage que la conformation de ce canal est telle que vous l’avez dépeinte, mais il ne m’a pas encore été permis de l’observer sur les cadavres de pendus, ni dans les hôpitaux publics, en raison de leur air vicié. {e} Cela dit, j’affirme qu’à l’exception de Fernel, {f} aucun anatomiste n’a bien compris la fonction du pancréas : tous se trompent quand ils le disent être le matelas de l’estomac, le tréteau de la veine porte et de la branche splénique, ou l’éponge qui absorbe les émanations de la cuisine corporelle. Vous estimez, très savant Wirsung, qu’il prépare le chyle avant qu’il ne se distribue dans le foie, et que les veines chylifères convergent vers le pancréas avant d’y monter. Ce canal enfoui dans le pancréas a une position transversale et s’ouvre dans le duodénum par un orifice situé à côté du méat biliaire, ce qui démontre manifestement que tous deux sont là pour remplir une fonction similaire : le cholédoque sort directement du foie pour déverser dans l’intestin la bile épaisse sécrétée par les racines de la porte ou par la concavité hépatique ; l’autre canal purge la bile plus épaisse, visqueuse et mêlée de pituite que le pancréas a extraite du chyle et l’élimine dans le susdit intestin. Je dirais donc que le pancréas est l’émonctoire du foie et de la rate, car le chyle qui le traverse a pour habitude d’y décanter : le chyle ne sort pas des vaisseaux, il y demeure et est reçu par le parenchyme glanduleux du pancréas, où il arrive de tous côtés par les veines lactées, pour être débarrassé de ses ordures, qui sinon seraient captées par les glandes du mésentère ou diffuseraient dans la graisse. Deux incommodités surviendraient si le duodénum ne drainait pas le chyle issu du canal pancréatique : mis au contact de la bile issue du foie, le chyle l’attirerait à lui et s’en trouverait souillé ; les efforts de vomissement provoquent un violent ébranlement et comme une convulsion de l’estomac qui, en comprimant et secouant les parties voisines, chasse les humeurs de la vésicule biliaire et du foie, et devraient de même façon entraîner l’expulsion d’une grande quantité de chyle qui a été rougi par le pancréas. Pourtant cela ne s’observe pas car même quand le vomissement expulse une variété d’humeurs, elles ne peuvent provenir des mêmes endroits du foie et de la vésicule. Puisque le vomissement ne peut évacuer la rate, hormis à l’aide du vas breve s’il est de gros calibre et habitué à vidanger les ordures, car c’est une veine normalement destinée à nourrir l’estomac, {g} c’est donc le pancréas qui procure la plus grande partie des diverses et multiples humeurs que rejette le vomissement, et ce par son canal qui s’abouche dans le duodénum. Leur reflux dans l’estomac procure une voie simple et courte qui permet de purger les détritus de la première région abdominale : ils s’accumulent et s’accrochent solidement dans la concavité hépatique, le pancréas et la rate ; et quand il sont prêts à être éliminés, la nature leur ouvre ce chemin, après qu’ils ont été rendus fluides et subi des fomentations qui les ont clarifiés. C’est ainsi que le vomissement expulse et élimine l’aliment des fièvres prolongées malignes et des maladies chroniques, qui se cachait dans le pancréas ; et en aucun cas, les médicaments qui purgent par voie basse n’auraient chassé cette humeur. {h} Voilà mon avis sur l’utilité physiologique et médicale de votre canal pancréatique ; je le soumets à votre jugement et à celui des anatomistes compétents].


    1. Marie de Médicis, morte en juillet 1642 : v. infra notule {e}, note [14].

    2. Œuvres anatomiques de Me Jean Riolan…, {i} livre second, chapitre xvi, page 270 :

      « Fallopius reconnaît dans la partie cave du foie je ne sais quels conduits qui déchargent certaine humidité jaunâtre et oléagineuse dans les glandes du pancréas, où ils sont continués : c’est en l’observation 3 du livre des Veines ; {ii} mais certes il ne m’est jamais arrivé de voir ces canaux, et je croirais volontiers, à cause de la saveur de ces glandes, que l’histoire en est fabuleuse. »

      1. Paris, 1629, vnote Patin 8/307.

      2. V. note [3], Historia anatomica, chapitre xv, pour ce passage du traité de Gabriel Fallope sur les veines et le jugement favorable que Thomas Bartholin en a donné.

    3. Je n’ai pas trouvé d’autre texte où Riolan a employé ce terme.

    4. Vnote Patin 6/673.

    5. Riolan me semblait vouloir dire qu’il ne travaillait pas sur les cadavres des hôpitaux à cause de leur puanteur, et se limitait aux corps des suppliciés que la justice abandonnait à la faculté pour une dissection dans son amphithéâtre.

    6. Dans le livre sixième de sa Pathologie (Paris, 1655, v. note [17], Dissertatio anatomica, chapitre xi), chapitre vii, Les maladies du mésentère et de ce qu’on nomme pancréas, leurs causes et leurs signes (pages 423‑426), Jean Fernel tient ces deux parties pour la « sentine du corps », c’est-à-dire pour son égout, et que leur situation profonde a fait que « leurs maladies n’ont point été remarquées et que les Anciens n’en ont rien laissé par écrit. Néanmoins, je peux assurer et protester que j’ai souvent découvert dans ces parties-là les causes de la colère, de la mélancolie, de la diarrhée, de la dysenterie, de la cachexie, de la consomption, des fièvres lentes et erratiques, et enfin des maladies cachées, lesquelles causes étant ôtées de là, ces malades déplorés revenaient en santé. »

    7. V. note [20], Dissertatio anatomica, chapitre xi, pour ce vaisseau imaginaire qui joint l’estomac à la rate.

    8. À partir de l’observation anatomique de Wirsung, Riolan échafaudait un raisonnement extravagant pour expliquer les obscures et graves maladies qui, selon Fernel, couvaient dans les tréfonds du mésentère. Il concluait que le vomissement permettait de les soigner efficacement, mais sans apparemment se rendre compte qu’il se faisait ainsi le chantre des médicaments émétiques, dont le plus efficace était l’antimoine, qu’il pourchassait comme le pire poison de la pharmacopée.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
2. Critique des chapitres i‑v
des Experimenta nova anatomica, note 13.

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(Consulté le 08/12/2025)

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