Texte
Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xii  >

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Thomas Bartholin, Historia anatomica sur les lactifères thoraciques (1652), chapitre xii

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1032

(Consulté le 08/12/2025)

 

[Page 36 | LAT | IMG]

Insertion des lactifères thoraciques
dans la veine axillaire gauche
[1]

Il faut maintenant examiner l’insertion des lactifères thoraciques. [2][3] Depuis la troisième ou cinquième vertèbre dorsale, ils s’écartent du rachis, [Page 37 | LAT | IMG] au milieu duquel ils avaient serpenté jusque là, pour s’infléchir peu à peu vers la gauche et gagner la clavicule gauche en passant sous l’artère subclavière [4] et les lobules du thymus. [5] La disposition que Pecquet a décrite est différente : [6][7] il écrit et dessine qu’au niveau de la troisième vertèbre dorsale, le canal se divise en deux branches, droite et gauche, qui se dirigent chacune vers la clavicule du même côté qu’elle ; mais soit le graveur semble avoir ajouté quelque chose à ce qui lui a vraiment été exposé, soit il s’agit d’une conjecture de notre auteur, car nous n’avons pu observer que le canal se sépare ainsi, à droite et à gauche, que ce soit chez l’homme ou chez les bêtes, et ce à moins que la nature ne s’amuse à faire autrement en France qu’au Danemark ; au niveau de la troisième vertèbre dorsale nous avons toujours vu les lactifères ne s’infléchir que vers la gauche, comme nous avons pris soin de le dessiner dans notre figure, chez l’homme. [1][8][9] Chez le chien, en soufflant de l’air dans la partie inférieure du canal, il n’apparut aucune trace de branches droites, et la dissection ne put rien montrer qui leur ressemblât. Il n’en va pas autrement chez l’homme, car je n’en ai pas trouvé, même quand d’autres yeux que les miens les ont soigneusement recherchées ; et la raison en est, je pense, que, sur le flanc droit du rachis, la veine axillaire [10] s’unit à la veine cave supérieure [11] en même temps que la jugulaire interne, [12] près de la base du cœur, tandis qu’à gauche, cette jonction est plus longue, et la nature semble avoir trouvé ce côté plus commode pour y insérer le canal thoracique. [2] Comme me l’a confié mon frère Érasme Bartholin[13] dont j’ai déjà loué les mérites, Adrien Auzout[14] qui est un homme de profonde érudition, dit avoir vu ce canal des deux côtés et avoir observé ses deux branches à de nombreuses reprises, après les avoir liées ; mais la confiance que j’ai en ce grand personnage excéderait celle que j’ai en quiconque si j’admettais avoir jamais vu des lactifères s’insérer du côté droit. La nature s’amuse souvent et peut-être lui a-t-elle révélé sur un cas unique ce qu’une infinité d’autres nous a montré ne pas exister. [3]

[Page 38 | LAT | IMG] C’est donc une branche gauche solitaire qui se rend à la veine axillaire du même côté, en passant sous l’œsophage, [15] le thymus, la crosse aortique [16] et la clavicule gauche. Tantôt elle demeure simple, tantôt elle se divise en trois rameaux, voire plus ; ils s’ouvrent par autant d’orifices exigus dans le confluent des veines jugulaire et axillaire. J’ai observé qu’ils pénètrent immédiatement sous la terminaison de la jugulaire interne, et qu’ils s’appuient sur de petites glandes situées dans l’intervalle séparant les tendons des muscles du cou. [4][17] Nous avons noté que quand il s’insère par une seule branche, chez l’homme et le chien, son orifice d’entrée dans la cavité de la veine axillaire est oblong et que s’y insère une valvule [18] très fine, en forme de mitre, laquelle empêche le refoulement du chyle et du sang dans le canal et la montée du chyle vers le membre supérieur, parce qu’elle n’est tournée que vers le cœur et que son feuillet postérieur l’est contre l’axillaire. [5]

Le liquide laiteux ne va pas au delà, ni vers la tête, car la valvule jugulaire [19] y fait obstacle, ni vers le membre supérieur, car des valvules siègent dans ses veines et le sang s’en écoule perpétuellement vers le cœur, si bien que pas une goutte de chyle n’est censée être poussée à gagner ces parties. Il est à remarquer que, chez un chien disséqué sept heures après avoir mangé, nous avons vu des vaisseaux séreux dirigés vers la patte antérieure qui étaient flanqués de part et d’autre de veines venant de son extrémité, comme on voit dans l’abdomen ; ils étaient transparents, à l’instar de ceux que nous avons observés d’autres fois dans le thorax et l’abdomen ; nous n’avons pu alors discerner d’où ils venaient et où ils allaient, mais quand on les a ligaturés, ils ont enflé du côté de la patte. [6][20]


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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