Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xviii, note 3.
Note [3]

V. note [7], lettre de Thomas Bartholin à Johann Daniel Horst (1655), pour les échanges de lait entre les seins et l’utérus chez la femme enceinte qu’Hippocrate a imaginés dans son traité de la Nature de l’enfant, en disant que le lait dérive de la graisse alimentaire (à laquelle il ne donnait pas le nom de chyle).

De tout ce qu’ont écrit les Bartholin dans le chapitre i, De Mammis (pages 208‑216), livre ii, de leur Anatomia reformata, {a} je retiens principalement ce passage sur les vaisseaux mammaires (pages 210‑211) :

Venas recipiunt mammæ alias cutaneas et externas ab axillari, [thoracicas dictas superiores] quæ in gravidis et lactantibus sæpe livent : alias internas, longo itinere ductas, quo diutius elaboretur sanguis : dictas mammarias : quæ descendunt utrinque una, à trunco venæ axillaris sub osse pectoris, ad mammarum usque glandulas. His obviam veniunt aliæ ascendentes, per rectos musculos, de quibus supra ; ut nimirum mammæ cum utero consensum habeant ; unde nato infante sanguis non amplius ad uterum, sed ad mammas fertur, et in lac vertitur. Hinc etiam lactantes raro mensium fluxum agnoscunt. Hinc aliquando puelli nimia suctione, sanguis exit per mammas. Immo animadversum est menstrua fluxisse per mammillas, et lac per uterum ; quod tamen rarius fit.

[Sed per venas materia lactis quæcunque sit, non potest ad mammas ferri, ex Circulationis principiis. Venæ mammariæ reportant tantum si quid residuum fuerit à nutritione mammarum et generatione lactis. Præterea non semper cum Epigastricis, nisi rarò, junguntur, nimisque copia exiles parvæque sunt Epigastricæ, quam tantum sanguinis solæ adferant ex utero, pro puero liberalius sugente].

Arteriæ veniunt à trunco superiore arteriæ magnæ. [Et à ramis subclaviis, quæ eadem ratione cum Epigastricis arteriis, ut de venis dictum est, junguntur. (…)

Materiam autem lactis duplicem ex Hippocrate defendunt Prosper Marianus et Petrus Castellus, sanguinem nempe et chylum, Copiosam materiam ex cibis et potibus nondum concoctis in venriculo, exprimi ad mammas à fœtu ante partum in utero tumente, et post partum à viis suctione dilatatis : Exiguam alteram à sanguine generari ab utero ascendente, quæ agentis potius ob calorem suum, quam materiæ habeat rationem. Sanguinem solum lactis materiam non esse {…}.]

[Les veines que reçoivent les mamelles sont : les unes cutanées et superficielles (dites thoraciques supérieures), {b} qui dépendent de l’axillaire et qui bleuissent souvent pendant la grossesse et l’allaitement ; les autres, dites mammaires, qui sont profondes et ont un long trajet, ce qui permet au sang d’y être plus longtemps élaboré, elles naissent du tronc de la veine axillaire et il en descend une de chaque côté derrière le sternum, jusqu’aux glandes mammaires. Elles sont rejointes par les veines ascendantes, passant par les muscles droits de l’abdomen, dont il a été question plus haut. Cela fait qu’existe une communication entre les seins et l’utérus : après la naissance, le sang ne gagne plus l’utérus, mais les mamelles, et y est transformé en lait ; les femmes allaitantes ont rarement leurs règles ; quand l’enfant tète trop puissamment, du sang peut sortir des mamelons ; il arrive même très rarement que les menstrues s’écoulent par les seins et du lait par l’utérus.

(Les règles de la circulation font pourtant que la matière du lait, quelle qu’en soit la nature, ne peut gagner les seins par les veines mammaires, et elles ne font que ramener le sang qui n’a pas été consommé pour la nutrition des seins et pour la production du lait. En outre elles rejoignent inconstamment, voire rarement les veines épigastriques, lesquelles sont trop grêles et peu nombreuses pour apporter de l’utérus la quantité de matière dont a besoin un nourrisson qui tète copieusement.)

Les artères viennent du tronc supérieur de l’aorte {c} (et des branches subclavières qui, de même que les veines et comme on l’a dit plus haut, se joignent aux épigastriques). {…}

Comme Hippocrate, Prospero Marziano et Petrus Castellus défendent l’idée que la matière du lait est double, sang et chyle : {d} les aliments et les boissons qui n’ont pas encore été digérées dans l’estomac procurent une abondante matière qui est envoyée dans les mamelles par le fœtus qui grandit dans l’utérus avant l’accouchement, et après sa naissance, par des voies que dilate la tétée ; {e} une faible quantité de matière est fournie par le sang qui monte de l’utérus, mais il agit plus par sa chaleur propre que par sa substance. À lui seul, le sang n’est pas la matière du lait {…}).]


  1. Leyde, 1651, v. note [5], lettre d’Adrien Auzout à Jean Pecquet.

  2. Les crochets [en latin] ou les parenthèses (dans ma traduction) balisent les additions de Thomas Bartholin au texte de son père, Caspar ; mais il n’a pas toujours remplacé les termes qui sont devenus incompatibles avec le sens de la circulation sanguine.

  3. Tronc brachio-céphalique (à droite) et sous-clavière gauche.

  4. V. note [2], Historia anatomica, chapitre v.

  5. Ces voies alors vagues et inconnues sont devenues les lactifères thoraciques après leur découverte. Je ne comprends pas pourquoi, pendant la grossesse, les glandes mammaires recevraient du fœtus de quoi fabriquer du lait, mais je n’ai pas trouvé le moyen de traduire autrement.

Voilà donc précisément d’où Bartholin partait pour échafauder sa rêverie sur le rôle du chyle et des lactifères thoraciques dans la production du lait par les mamelles.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Thomas Bartholin
Historia anatomica
sur les lactifères thoraciques (1652)
chapitre xviii, note 3.

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(Consulté le 09/12/2025)

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