Texte : Clypeus
de Guillaume de Hénault,
alias Jean Pecquet (1655),
1re de cinq parties, note 1.
Note [1]

Ce livre {a} est une riposte immédiate aux Observationes raræ et novæ de Charles Le Noble (Paris, 1655), très brillante lettre à Jean ii Riolan, qui en avait permis la publication, fondée sur la vivisection canine et l’autopsie d’un condamné copieusement alimenté avant d’être pendu à Rouen. Le Noble y ôtait la sanguification au cœur pour la rendre au foie, en supposant que le chyle se sépare en deux portions dont l’une gagne la veine porte, en passant par les veines sanguines du mésentère, et l’autre, la veine cave supérieure, en passant par les lactifères mésentériques, le réservoir du chyle et les canaux thoraciques. Il avait ainsi déduit tout ce qu’il était possible de comprendre en 1655 et aurait dû mettre un admirable point final à la querelle, en laissant aux siècles suivants le soin d’en régler les détails.

Guy Patin a parlé du Clypeus en spéculant sur son véritable auteur dans sa lettre du 12 septembre 1655 à Thomas Bartholin (traduite du latin) :

« J’ai joint un autre petit livre, {b} publié à Rouen, et dédié à Mentel ; Riolan l’a méprisé comme étant quelque chose de ridicule ; mais il a remué la bile de Pecquet et on dit qu’il va écrire contre lui. Riolan et Pecquet font de Mentel son auteur caché, {c} ce qui les met tous deux en colère contre lui : Riolan en raison du tas d’invectives, et Pecquet parce qu’il y voit qu’on lui ôte la gloire d’avoir découvert les vaisseaux < du chyle > pour, suprême injure, la reporter sur Mentel. Charles Le Noble, médecin de Rouen, se remue aussi sur cette même controverse comme il apparaît dans une lettre que Riolan m’a montrée. {d} Voilà où en est la dispute, dont tant d’hommes s’occupent sérieusement à débattre aujourd’hui. Pour moi, je me suis placé hors des camps, je me borne à entendre le fracas des canons, sans inquiétude quant à l’issue d’une si grande guerre. »


  1. Rouen, Iullianus Courant, 1655, in‑4o de 71 pages, sans division en chapitres.

  2. Patin envoyait à Bartholin les Responsiones duæ de Riolan (Paris, 1655), auxquelles il joignait le Clypeus qui est daté du 25 juin de la même année.

  3. Patin a été plus affirmatif encore à la fin de sa lettre du 31 mars 1656 à Thomas Bartholin : v. sa note 4.

  4. Le seul énorme défaut de cette lettre, qui voulait apaiser la tempête du chyle, était son épouvantable latin.

Dans ma traduction et mes commentaires du Clypeus, j’ai porté une attention toute particulière aux indices permettant d’en deviner l’auteur car rien ne permet de croire qu’il s’agissait de Guillaume de Hénaut, tant il était étranger aux débats sur le chyle.

  • Pierre Guiffart ne peut faire l’affaire : v. infra note [4].

  • Il y a trop d’inexactitudes sur la carrière de Jacques Mentel pour y reconnaître sa plume.

  • Faute de tout argument contraire et en m’appuyant sur maints indices favorables, je tiens pour hypothèse la plus plausible qu’il s’agit de Jean Pecquet (v. notes [6], 6e partie du Clypeus, et [12] infra), en dépit, voire à cause de ce que Patin (qui ne savait pas tout) a écrit dans ses lettres à Bartholin et de ce que Riolan a cru deviner : v. note [34], troisième partie de sa Responsio ad Pecquetianos.

    À mon avis, Pecquet n’enrageait pas parce que le Clypeus (dont le latin est aussi barbare et ampoulé que celui des Experimenta nova anatomica) attribuait la découverte du réservoir du chyle à Mentel (et non celle des canaux thoraciques qui lui donnaient une signification insoupçonnée), mais parce que Le Noble avait compris et expliqué des faits essentiels qui lui avaient échappé.

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Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte : Clypeus
de Guillaume de Hénault,
alias Jean Pecquet (1655),
1re de cinq parties, note 1.

Adresse permanente : https://numerabilis.u-paris.fr/editions-critiques/pecquet/?do=pg&let=1041&cln=1

(Consulté le 08/12/2025)

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