Thèse pour le diplôme d'archiviste paléographe, 2009
© 2009 Philippe GALANOPOULOS
Texte intégral (Document PDF, 45,5 Mo)
Connaître l’histoire des sciences médicales a été l’une des exigences des médecins parisiens au XIXe siècle. Pour les uns, il s’agissait de connaître l’histoire de la grande famille médicale à laquelle tout médecin praticien appartenait de fait ; pour les autres, il s’agissait, par la connaissance historique, de contribuer au progrès continu de la science médicale. Sans conscience historicisée de la situation d’une science, il paraissait alors improbable que cette science puisse avancer sur le chemin de son perfectionnement. En un sens, l’histoire devait permettre à la médecine, longtemps considérée comme un art, d’entrer dans l’ère de sa pleine positivité et scientificité. Pourtant, assez tôt dans le siècle, il y eut des contradicteurs et des opposants à la culture de l’histoire dans le champ médical. Au nom des avancées scientifiques et techniques les plus récentes, et sous la pression des nouveaux impératifs sociaux et économiques, certains médecins rejetèrent l’histoire, et plus globalement les humanités, à la marge ou en dehors de la sphère hospitalo-universitaire. L’enseignement de l’histoire de la médecine, à la faculté de médecine de Paris, rend compte de ces débats incessants qui ont, tout au long du XIXe siècle, opposé « traditionnalistes » et « modernistes » de la pensée et de la pratique médicales.
Cette thèse cherche à mettre en lumière le passage d’une conception de la médecine à une autre, à travers les difficultés d’un enseignement officiel : celui de l’histoire de la médecine. En étudiant les péripéties institutionnelles auxquelles fut confrontée la chaire d’histoire de la médecine entre 1794 et 1914, puis les débats qu’elle a fait naître autour de son utilité et son objet d’étude, mais aussi à partir des dispositifs pédagogiques mis en place dans le cadre de son enseignement, ce sont les raisons et la mesure de l’échec d’une discipline qui sont questionnées ici. En centrant cette thèse sur la défaite de l’érudition dans le champ médical, c’est la fin d’une époque qu’il s’agit de décrire, une époque où la critique textuelle et l’esprit philologique jouaient encore un rôle dans la constitution des connaissances médicales, scientifiques et techniques.