Thèse présentée pour le Doctorat en Philosophie (D. Phil), Oxford, 2003
© 2005 Florent Palluault
Résumé long (Document PDF, 157 Ko) Texte intégral (Document PDF, 9042 Ko)
L’analyse comparée des étudiants en médecine en France et en Angleterre dans la première moitié du XIXe siècle révèle une France unifiée où les spécificités régionales et professionnelles antérieures ont cédé la place à une approche rationnelle de l’enseignement médical, et une Angleterre pragmatique où l’idéologie du laissez-faire permet aux divers acteurs impliqués dans la formation médicale de modeler l’enseignement selon leurs intérêts.
En France l’état fusionne les professions et établit une hiérarchie stricte entre les diplômés de la Faculté (docteurs) et les officiers de santé, dont la formation plus courte est assurée principalement par les écoles secondaires de médecine. En Angleterre la division de la profession en trois branches (médecine, chirurgie et pharmacie) est plus idéale que réelle. Une distinction plus nette apparaît entre une double élite de médecins et de chirurgiens qui se cantonnent dans leur discipline et la grande majorité des praticiens généralistes qui entreprennent une formation plus limitée combinant apprentissage et cours théoriques et pratiques. Les écoles de médecine se développent indépendamment de l’état et des corporations qui délivrent les certificats donnant le droit d’exercice, et forment un marché où les étudiants assistent à leur guise aux cours requis.
Au-delà des similitudes nécessaires dans le contenu de la formation le cursus prescrit par le gouvernement français encourage les étudiants à se tourner vers la science anatomo-clinique alors que les corporations anglaises insistent sur l’exercice de la médecine et la thérapeutique. Bien que les étudiants soient censés se conformer au cursus, ils trouvent de nombreuses occasions de s’en éloigner pour façonner leur propre formation. En dépit d’une organisation plus stricte des études les étudiants français tentent, comme leurs confrères anglais, de faire coïncider leur formation avec leurs ambitions et de pallier les défauts de l’enseignement.
Pendant cette période la perception des étudiants par la société s’améliore sensiblement. Leur réputation d’ivrognes et de complices des voleurs de cadavres laisse la place, à partir des années 1860 à l’image plus positive du jeune homme dévoué à la science et à la santé des patients.
Cette thèse est disponible en version papier à la Bodleian Library (Oxford) ainsi qu’au Wellcome Institute (Londres). Pour tous renseignements, n’hésitez-pas à me contacter à florent.palluault@free.fr
The comparative analysis of English and French medical students in the first half of the nineteenth century reveals a unified France where the previous century’s regional and professional specificities gave way to a rational approach to medical education, and a pragmatic England where laissez-faire ideology allowed the various actors involved in medical instruction to shape education according to their interests.
In France, the state fused the profession and established a strict hierarchy between Faculty graduates (docteurs), and officiers de santé whose shorter period of instruction was provided by écoles secondaires de médecine. In England, the profession’s division into three branches (physic, surgery and pharmacy) was more ideal than real. A more striking distinction appeared between a double elite of physicians and pure surgeons, and a great majority of general practitioners who undertook a more limited education combining apprenticeship, and theoretical and practical courses. Medical schools developed independently from the state and from the corporations who granted the right to practise, and formed a market in which students freely attended the required courses.
Beyond necessary similarities in the content of instruction, the curriculum prescribed by the French government encouraged students towards anatomo-clinical science while the English licensing authorities emphasised practice and therapeutics. Although students were expected to conform to the curriculum, they found opportunities to stray from it to shape their training. Despite a stricter organisation of studies, French students endeavoured, like their English counterparts, to match their education with their ambitions and remedy the defects of regular instruction.
During the period, social perception of students improved noticeably. Their reputation as unruly drunkards and accomplices of body-snatchers gradually gave way in the 1860s to the more positive image of young men dedicated to science and patients’ health.
This thesis is available in a printed format at the Bodleian library (Oxford) and at the Wellcome Library for the History and Understanding of Medicine (London). For further information do not hesitate to contact me at florent.palluault@free.fr