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Éléments de bibliographie
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Nous présentons dans cette rubrique des ouvrages en rapport avec les buts et activités de la Société française d'histoire des hôpitaux qui nous sont adressés par leur auteur ou éditeur.
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L’innovation médicale et hospitalière. Hier, aujourd’hui, demain
Sous la direction de Yannick Marec, avec la collaboration de Jacques Brunier et Jacques Poisat
LEH Édition, Bordeaux, 2023
339 p., 38 €
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Les actes des journées internationales 2021 de la SFHH sont rassemblées dans cet ouvrage autour d’un prologue et de quatre grands axes : l’hôpital à l’épreuve des épidémies ; la prise en charge des patients : ses aspects innovants ; les hôpitaux, la médicalisation et la recherche ; pouvoirs publics été innovations institutionnelles ; les espaces des anciennes colonies ou sous influence. L’épilogue porte sur les pratiques de soins dans et hors de l’hôpital et s’interroge sur les évolutions. On le voit, ces textes traient des différents dispositifs mis en œuvre pour faire face aux grandes pandémies à travers l’histoire jusqu’à aujourd’hui. Ils mettent ainsi l’accent sur le rôle évolutif de l’hôpital, sur la manière dont les patients hospitalisés ont pu bénéficier de soins en fonction du caractère plus ou moins innovant des structures hospitalières en France et aussi dans l’Italie fasciste. La médicalisation des établissements, une notion qui doit certes être relativisée et explicitée suivant les époques, est abordée en liaison avec le développement de la recherche médicale et le rôle joué par différents organismes comme les instituts Pasteur, en France et au Maghreb, et d’autres centres de recherche. Les limites ou les alternatives à l’hospitalisation, comme les dispensaires antituberculeux, voire les résistances à la prise en charge médicale, notamment à la vaccination dans les espaces des anciennes colonies ou sous influence (Tunisie, Polynésie française), sont également abordées.
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« Bons » et « mauvais » pauvres. Représentations et prise en charge de la pauvreté en Normandie au XIXe siècle
Antony Kitts
Presses universitaires de Rouen et du Havre, Presses universitaires de Caen, 2022
454 pages, 30 €
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Territoire de dénuement, la Normandie n'a pas été épargnée par les craintes sociales que cette situation a suscitées. Au long du XIXe siècle et au début du XXe siècle, la mendicité et le vagabondage normands ont représenté plus de 20 % des prévenus en France, alors que la région normande ne comptait que 3 % de la population française.
En se concentrant sur la Seine-Inférieure et l’Eure aux profils variés, voire contraires, l’un urbain et industrialisé, l’autre agricole et rural, et en les replaçant dans le cadre national, l’ouvrage d’Anthony Kitts montre la diversité et la singularité des réponses d’une société normande au fort engagement social.
Les « bons » pauvres sont ceux qu’il faut loger, soigner, instruire, faire travailler. Les « mauvais » pauvres sont les vagabonds, voleurs, nomades, mendiants plus ou moins professionnels et autres asociaux. Ils provoquent une obsession de sécurité et, en réaction, une réponse répressive des pouvoirs publics avec des moyens de défense collective. Entre « bons » et « mauvais » pauvres, s’ouvre ainsi le débat entre compassion assistancielle et focalisation sécuritaire qui porte encore une résonance de nos jours.
Outre la qualité de l’écriture de l’ouvrage de M. Kitts, la précision des faits rapportés et sa méticulosité à faire ressortir, dans la narration des évènements, l’enchaînement des causes et des conséquences, l’ouvrage, très documenté, s’appuie sur une recherche archivistique considérable.
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Destins d’exception
Jacques Brunier
Éditions du Cherche-lune, Vendôme, 2023
440 p., 29 €
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L’ouvrage présente trente-cinq biographies de personnages qui ont marqué leur temps, agrémenté d’une riche iconographie. L’auteur a choisi de présenter des biographies condensées, en s’attachant à l’essentiel, tout en présentant un récit d’une manière attrayante. Le parcours des hommes et femmes retenus capte d’abord l’attention par la diversité : défricheur, aviateur, écrivain, explorateur, médecin, politique, artiste, soldat, mystique, inventeur… L’auteur fait œuvre d’historien en s’en tenant aux faits et aux documents dont il a vérifié les sources. Ce sont précisément ces données hétérogènes à étudier, à interpréter, à comparer, à critiquer, à rassembler et à mettre en forme qui font la richesse de l’Histoire et celle de cet ouvrage.
Cinq chapitres touchent au monde de la santé ou hospitalier : Pierre Toufaire, l'architecte de l'hôpital de la Marine à Rochefort, le Dr Clot-Bey qui a révolutionné la médecine égyptienne au XIXe siècle, Claude Bernard, promoteur de la médecine expérimentale, le Dr Anna Hamilton, créatrice en France d'une nouvelle approche de l'apprentissage des soins infirmiers, Alexis Carrel. On peut encore y ajouter les pages sur Marie Marvingt qui a développé à l’échelle mondiale le concept d’évacuation aérienne sanitaire.
Jacques Brunier, directeur d’hôpital honoraire et ancien membre de cabinet ministériel, est l’auteur d’études et de récits de voyage, de romans et de nouvelles. Conférencier associatif, il est également guide à la Fondation Fourvière de Lyon. J. Brunier a reçu le prix national Plume d’or 2021 pour l’ensemble de ses écrits dans la revue Le Mérite.
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De la pauvreté à la protection sociale. Histoire et patrimoine
Mélanges offerts à Yannick Marec
PURH, 2022
565 p., 32 €
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Dans cet ouvrage collectif en l’honneur de l’historien et universitaire Yannick Marec, vingt-neuf contributions témoignent des thématiques chères à ce professeur émérite d’histoire contemporaine, qui a enseigné pendant trois décennies à l’Université de Rouen et s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes, tant en France qu’à l’étranger, de cette histoire de la pauvreté et de la protection sociale.
L’ensemble des contributions est structuré autour de cinq thématiques. Naturellement, ce volumineux ouvrage a d’abord fait la part belle à l’histoire de la protection sociale. D’abord autour de sept contributions qui posent les jalons d’une approche renouvelée à la fois de l’histoire de la prise en charge des vulnérabilités sanitaires et sociales (vieillesse, santé des travailleurs, etc.) et de l’économie sociale et solidaire (mutualistes et coopérateurs), témoignant sur le temps long d’une véritable République sociale. Puis, l’une histoire sociale à hauteur d’hommes dans ses dimensions locales est vue à travers les expériences d’assistance et de bienfaisance municipale (Cannes) ou institutionnelles (Hôtel-Dieu de Lyon, hospices du Québec, ARSEAN) ou sous les regards de personnalités normandes (André Marie, Henri Nitot, Ernest Vaughan) sensibles à la question sociale. Elle fait écho avec les études de la troisième partie dédiée à l’histoire de la pauvreté et de l’exclusion autour de ses figures traditionnelles (enfants, femmes, immigrés, mutilés, ouvriers). Les deux dernières parties sont consacrées à l’histoire culturelle, patrimoniale et politique avec des thèmes déjà investis (bourgeoisie, enseignement scolaire, salons, etc.), mais également des domaines encore assez méconnus autour de la presse et de la science (Muséum d’histoire naturelle de Rouen, presse illustrée, Théodore Bachelet, Emile Clapeyron et Gabriel Lamé).
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Les marronniers fleurissent encore à la Pitié-Salpêtrière
Marie-Claude Dinet-Lecomte
Éditions Les Presses du Midi, Toulon, 2021
203 p., 17 €
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L’institution hospitalière et sa société constituent le cœur de ce roman. L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière plus de quatre fois centenaire est décrit avec précision à travers son histoire, comme celle des folles, son « héritage patrimonial », ses bâtiments, ses sculptures, ses médecins, sa chapelle Saint-Louis et ses tableaux religieux du XVIIe siècle. Il est vrai que l’auteure, membre de la Société Française d'Histoire des Hôpitaux et maître de conférences honoraire en histoire moderne, sait de quoi elle parle, d’autant plus que son récit s’appuie sur une expérience personnelle de la maladie. L’historienne devenue romancière le temps d’un témoignage fait habilement alterner gravité, légèreté, émotion et poésie, au fil des saisons, dans une déambulation de son héroïne, Éva, parfois onirique, empreinte d’une réflexion sur la souffrance et la solitude avec, en arrière-plan, la crise actuelle de l’hôpital, de l’université et de la société. La réaction d’Éva, qui est aussi la narratrice, ressemble à une renaissance ou, si l’on préfère, à une relance de la vie. Elle représente autant un message d’espoir qu’une invitation à la paix intérieure au terme d’une année chaotique et éprouvante pour elle. Mais la vie finit par gagner et refleurir comme les marronniers. Il faut avoir souffert pour écrire ce beau texte.
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Hôpital, ville et citoyenneté
Sous la direction de Yannick Marec
Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2021, 422 p.
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Souvent premiers employeurs des villes où ils sont installés, objets de débats politiques et de mobilisations citoyennes, en particulier au moment des regroupements, fusions et désaffections d'établissements ou encore en période de crise sanitaire, les hôpitaux sont au centre de la vie économique, sociale et politique mais aussi culturelle des cités. Cet ouvrage cherche précisément à mettre en évidence l'ancienneté de l'emprise urbaine des hôpitaux ainsi que celle des liens entretenus entre ces espaces d'assistance et, de plus en plus, de soins, avec les sociétés urbaines du Moyen Age à nos jours et souligne le rôle important joué, à travers les siècles, par l'hôpital dans la vie de la cité. Cet ouvrage, qui réunit près de quarante contributeurs français et étrangers, cherche à mettre en évidence l'ancienneté de l'emprise urbaine des hôpitaux ainsi que celle des liens entretenus entre ces espaces d'assistance et, de plus en plus, de soins, avec les sociétés urbaines, du Moyen Âge à nos jours.
Afin de marquer la célébration de ses soixante ans avec l’ensemble du monde hospitalier, la MNH a publié ce livre rendant hommage aux soignants de la France entière. Sous forme de reportages photographiques, il permet au lecteur de pousser la porte de plusieurs centres hospitaliers, comme le CHU de Dijon, le CH de Valenciennes ou encore le CHU de Clermont-Ferrand. De la naissance à la mort, dans l’urgence ou pour accompagner le retour à l’autonomie, le monde hospitalier est chargé d’émotions et d’humanité. Chaque jour, les professionnels de santé font face à la souffrance et au désarroi, mais ils sont aussi les témoins de l’espoir retrouvé et des moments uniques de joie partagée. Quelles que soient leurs conditions, la solidarité les unit autour de ce même engagement : faire au mieux pour les patients ? C’est ce qu’ont voulu montrer les auteures, Pauline Lautard et Emeline Péru sont deux infirmières du CHU de Nice, soucieuses de mettre à l’honneur tous ceux qui œuvrent à prendre soin des autres. Pendant six mois, elles ont parcouru les routes de France pour aller à la rencontre de celles et ceux qui prennent soin des autres. Armées de leurs appareils photos, elles ont capté des regards, des gestes, des émotions… ce qui se passe « derrière les portes » de l’hôpital.
Comme l’a écrit Gérard Vuidepot, président de la MNH, en 2020 lors de la sortie de l’ouvrage : « Ce livre d’art est une création hospitalière. Il est l’œuvre de deux professionnelles soignantes qui, avec des qualités artistiques certaines, ont su saisir des visages, des attitudes, et donc des témoignages de la vie des établissements de santé, médico-sociaux et sociaux. Ces photos sont une parfaite illustration de l’engagement au quotidien de ces hommes et de ces femmes et, dans les circonstances présentes de la crise sanitaire, de la reconnaissance que la population tout entière, leur a manifestée. »
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Un asile en Provence
La maison Saint-Paul à Saint-Rémy du XVIIIe au début du XXe siècle
Evelyne Duret
Presses Universitaires de Provence, 2020 trimestre 4
189 p. avec iconographie, 20 €
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L’ouvrage retrace l’histoire de l’asile où Vincent Van Gogh fut interné. En 1807, à Saint-Rémy-de-Provence, le docteur Louis Mercurin achète l’ancien couvent Saint-Paul-de-Mausole. La petite maison de force tenue avant la Révolution par des moines devient un asile privé laïque dirigé de main de maître par le médecin. Pendant les décennies qui suivent sa mort en 1845, ses trois petits-enfants, un temps associés dans la propriété de l’établissement, président à sa destinée. Venus pour la plupart du quart Sud-Est de la France, des malades mentaux des deux sexes sont séquestrés à Saint-Paul. Vincent van Gogh y a vécu un an, de mai 1889 à mai 1890, séjour au cours duquel il a réalisé une part importante de son œuvre. Une autre célébrité, Marie Lafarge, condamnée pour le meurtre de son mari, l’avait précédé. D’abord effroyables, les conditions de vie des pensionnaires s’humanisent ; grâce à la vigilance des inspecteurs de la préfecture des Bouches-du-Rhône, les maltraitances les plus criantes sont supprimées. Mais les préoccupations de rentabilité et les problèmes de pouvoir entre propriétaires, directeurs, médecins et religieuses relèguent au second plan la question de la guérison alors aléatoire de la folie. L’histoire de Saint-Paul est aussi celle de sa féminisation : au départ majoritairement masculin, l’asile s’organise peu à peu autour des sœurs de Saint-Joseph et des malades femmes.
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Lyon, morceaux d’Histoire, éclats d’histoires
Jacques Brunier
Préface de Yannick Marec, professeur des universités
Éditions les Presses du Midi, Toulon, 2020
374 p., 20 €
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Cet ouvrage, fruit de cinq années de travail, fait la part belle aux hôpitaux lyonnais et à ceux qui les ont servis, avec pas moins de onze chapitres sur les trente qui composent le livre :
- Le vœu des recteurs de 1638 retrace la naissance de l’Aumône générale et la lutte contre le scorbut qui touchait les enfants de l’hôpital de la Charité.
- Sur les traces du premier hôpital en France fait revivre l’hôpital Saint-Éloy, fondation royale mérovingienne du VIe siècle, premier hôpital dans notre pays disposant d’une charte constitutive.
- Petite histoire du Grand Hostel-Dieu. L’établissement, né de l’Œuvre du Pont (XIIe siècle), achevé en 1493, constituait un progrès par rapport aux hôpitaux du Moyen Âge, avec les salles des malades hommes et femmes séparées, un étage pour le personnel, un autre pour les dépendances et une cheminée au milieu des salles des malades pour chauffer l’ensemble.
- Des cages de l’Hôtel-Dieu aux pavillons du Vinatier. Le chapitre relate la naissance de la lutte contre la maladie mentale et la création des institutions, notamment lyonnaises, pour y faire face.
- Pendant la Grande Guerre. Comment s’organisa la mobilisation des hôpitaux à Lyon, qu’ils fussent militaires, civils ou temporaires ? Quel fut encore, à travers les initiatives collectives ou individuelles, l’engagement des autorités civiles et religieuses, des personnels de soins, professionnels ou bénévoles, et des habitants de la Ville tout au long du conflit ?
- La « grande pensée » d’Édouard Herriot reste la création du grand hôpital qui portera son nom. Commencés en 1913, interrompus par la guerre, repris en en 1915 avec, entres autres, des prisonniers allemands et autrichiens, les travaux, pour l’essentiel, s’achevèrent en 1926.
- Les fondatrices de l'Hôpital-de-Fourvière, œuvre privée issue de l’énergie de saintes femmes lyonnaises : Jeanne Garnier et les sœurs Faurite.
- Premières médicales à Lyon. Le texte ouvre un panorama et une galerie de portraits sur les sites à Lyon où des professionnels de la santé ont innové et œuvré les premiers pour soigner, enseigner, chercher.
- Contre le cancer. L’organisation de la lutte contre ce fléau, dont on retrouve des traces deux mille ans avant notre ère, a vu se développer les institutions marquées à Lyon par l’action de Léon Bérard et Paul Santy en particulier et, aujourd’hui, à travers le Centre Léon-Bérard, membre d’UNICANCER, le CLARA (Cancéropôle Lyon-Auvergne-Rhône-Alpes), sans oublier l’Institut de cancérologie des HCL.
- Bienfaiteurs des Hospices. Depuis toujours, a existé une proximité naturelle entre les Lyonnais et leurs hôpitaux, matérialisée par des dons, donations ou legs. Le chapitre recense l’essentiel des libéralités depuis le XIIIe siècle, comme celle des bienfaiteurs, maillons au quotidien d’une chaîne de solidarité reliant le Moyen Âge à nos jours.
- Le serviteur des fous. Joseph Arthaud, belle figure lyonnaise, aliéniste éclairé du XIXe siècle, semble passablement oublié. À travers son évocation, c’est toute la vie psychiatrique de l'époque qui défile sous nos yeux.
Avec 521 notes infrapaginales et un index patronymique de plus d’un millier de noms, une trentaine d’encadrés positionnés en fin de différents chapitres permettent de replacer une situation ou un personnage dans un cadre historique plus ample, d’élargir un sujet en établissant des liens avec des évènements de même nature, d’exposer un aspect technique, ou encore d’examiner des thèmes apparentés.
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L’Hôtel-Dieu des grands chirurgiens
Tome 2, 1800-1914 : L'Hôtel-Dieu des grands chirurgiens
Jacqueline Roubert
Éditions EMCE, 2019 116
pages, 25 €.
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Après avoir traversé les années noires de la Révolution, l’Hôtel-Dieu de Lyon, plusieurs fois séculaire, se retrouve, au début du XIXe siècle, uni à l’hôpital de la Charité pour former les Hospices civils de Lyon. Peu à peu vont s’achever les constructions commencées par Soufflot. D’autres vont s’ériger, dont une École secondaire de médecine remplacée plus tard par une École préparatoire en service jusqu’à la création de la Faculté de médecine… Car, en l’absence d’université, les Hospices civils assureront à leurs frais un enseignement médical à l’intérieur de l’Hôtel-Dieu.
Parmi ses chirurgiens-majors élus au concours l’Hôtel-Dieu va compter de très grands chirurgiens, dont beaucoup connaîtront une renommée internationale. C’est, très illustrée, leur histoire qui est évoquée, leurs personnalités et leurs carrières, leurs recherches ainsi que leur humanité envers des malades toujours trop nombreux. On assiste aux progrès de la médecine et de la chirurgie à la suite de découvertes majeures comme celles de l’anesthésie, de l’antisepsie et de l’asepsie, puis de la radiologie. Elles incitent médecins et chirurgiens à toujours plus de recherches dans la lutte contre les maladies et à oser des opérations de plus en plus audacieuses jusqu’aux greffes. La collaboration très étroite entre le corps médical de l’Hôtel-Dieu et l’École vétérinaire dirigée par Chauveau puis Arloing, à la fois vétérinaires et médecins grands scientifiques et chercheurs, paraît être unique en France.
À la fin du siècle les chirurgiens rejoindront les médecins pour entreprendre un combat acharné contre les maladies infectieuses mais surtout contre la tuberculose, fléau du siècle, et le cancer. Mais avec le XXe siècle se profilera le spectre de l’abandon, voire de la démolition de l’Hôtel-Dieu au profit d’un hôpital moderne, le futur hôpital Édouard-Herriot.
En donnant leurs noms à des rues et des places, la ville de Lyon a gardé le souvenir de la plupart de ces chirurgiens, mais en oubliant de tout aussi grands. Les noms de Marc-Antoine Petit, Gensoul, Amédée Bonnet, Antonin Poncet, Pétrequin, Ollier, Jaboulay, Jules Courmont, Léon Bérard ainsi que ceux de Chauveau et Arloing, rencontrés aux coins de rues, sur des places ou des quais, sont devenus familiers aux Lyonnais, rappelant quelques unes des grandes heures d’un Grand Hôtel-Dieu aujourd’hui transformé en hôtel de luxe et autres boutiques de prestige.
Sommaire
1re PARTIE : AU SEUIL D’UN SIÈCLE NOUVEAU
2e PARTIE : LES TRENTE PREMIÈRES ANNÉES
3e PARTIE : APRES 1830, ENFIN DES CHANGEMENTS
4e PARTIE : LE TEMPS DES RECHERCHES EST VENU
5e PARTIE : L’HÔTEL-DIEU SE MODERNISE
6e PARTIE : LA ROUTE SEMÉE D’ÉTOILES
7e PARTIE : DES RECHERCHES CONTRE LES MALADIES
8e PARTIE : LA FIN D’UNE ÉPOQUE
Jacqueline ROUBERT, archiviste-paléographe, conservateur général honoraire, d’abord conservateur aux archives départementales du Rhône (1958-1968), a été détachée en 1968 auprès des Hospices civils de Lyon. Membre de la Société historique de Lyon, de la Société française d’histoire des hôpitaux dont elle a assuré le secrétariat pendant plusieurs années, elle a été pendant près de trente ans directeur des archives administratives et médicales des Hospices civils en même temps que conservateur du musée de l’institution situé au cœur d’un Hôtel-Dieu en pleine activité. Elle a considérablement développé ces deux services différents mais complémentaires, en contact avec le public et le milieu hospitalier.
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Le fou, son médecin et la société
La folie à l'épreuve du droit de l'Antiquité à nos jours
Un regard passionnant sur le fou et sa place dans la société de l'Antiquité à nos jours
Alexandre Lunel
LEH Editions, 2019
196 p., 35 €
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À l’évocation de la folie, on ne peut qu’être saisi par les images carcérales du traitement jadis réservé par la société au fou entravé et isolé derrière de hauts murs. Pourtant, cette histoire ne doit pas se laisser si aisément « enfermer ». En arrière-plan se dégage une autre réalité, celle du soin et de la prise en charge du malade par le médecin. Depuis l’Antiquité, la folie est source d’intérêt, de fascination et de crainte. Du furieux à l’idiot en passant par le fou de Dieu et le possédé, celui que l’on appellera aliéné au XIXe siècle et malade mental au XXe siècle questionne chaque époque sur son identité et sa place dans la société. Du cercle familial vers la scène publique, le fou est ballotté au cours des siècles au gré de vents souvent contraires qui poussent tantôt à l’intégrer tantôt à limiter ses agissements. L’évolution historique témoigne de cette délicate recherche du point d’équilibre entre protection du fou et garantie de l’ordre public. En marge des idées reçues, ce livre raconte l’histoire tourmentée du face-à-face entre la société et le fou de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Personnage complexe, le fou a fasciné et dérangé les hommes à toute époque. Dans cet ouvrage passionnant aux recherches très poussées, Alexandre Lunel retrace la manière dont la folie a été perçue et gérée par la société au cours du temps, entre magie et religion, théorie des humeurs et théories psychiatriques. Des lois de Rome à la loi Évin, certains droits ont été reconnus, d'autres continuent de susciter de nombreuses joutes, et toujours se posent les mêmes questions sur le respect de la liberté et des droits de l'individu et l'intérêt de l'ordre public. Cet ouvrage permet de suivre les évolutions et conflits entre ces deux visions de la maladie mentale, et sa lecture apparaît essentielle tant pour le citoyen que pour le praticien pour comprendre quel avenir se dessine pour le malade mental, et, surtout, comment accompagner ses droits en tant que citoyen et individu à part entière.
PREMIÈRE PARTIE : UN ENCADREMENT PROGRESSIF DE LA SANTÉ MENTALE DE L’ANTIQUITÉ À LA FIN DE L’ANCIEN RÉGIME
Chapitre I : L’arrière-plan antique : le legs de la Grèce et de Rome
Chapitre II : La folie au Moyen Âge et à la Renaissance : entre l’incapacité et le bûcher
Chapitre III : L’enfermement des fous sous l’Ancien Régime
SECONDE PARTIE : L’AFFIRMATION D’UN STATUT DU MALADE MENTAL (XIXe-XXe SIÈCLES)
Chapitre I : Naissance de la psychiatrie et immobilisme de la loi (1789-1837)
Chapitre II : La loi de 1838 sur les aliénés : ordre public ou offre de soins ?
Chapitre III : Psychiatrie et nouveau siècle : l’asile, chronique d’une mort annoncée
Alexandre Lunel est maître de conférence HDR en histoire du droit à l'université Paris 8 et membre du Centre de recherche de droit privé et droit de la santé (EA 1581).
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Vivre et mourir à l'Hôtel-Dieu de Lyon sous l'Ancien Régime
1478-1802 : histoire du Grand Hôtel-Dieu de Lyon
François-Régis Cottin, Jacqueline Roubert
Éditions EMCC, 2018
35 €
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Voici, sans doute, l’un des livres les plus précis et les mieux documentés qui n’aient jamais été écrits sur le Grand Hôtel-Dieu de Lyon, de sa naissance officielle en 1478 à la création des Hospices Civils de Lyon en 1802. François-Régis Cottin, architecte-urbaniste, historien de l’architecture, et Jacqueline Roubert, archiviste-paléographe, conservateur général honoraire et ancienne directrice des archives et du musée des HCL retracent en huit chapitres, agrémentés d’une chatoyante iconographie, l'histoire de cette institution entre 1478 et 1802. Tous les aspects du célèbre édifice lyonnais sont évoqués : origines, évolution de l’administration et des bâtiments, formes et conditions d’hospitalisation, recteurs et personnels civils ou religieux, instruction des médecins, effets de la Révolution avant que le ciel ne s’éclaircisse, comme l’écrit Jacqueline Roubert, avec la fameuse loi du 16 vendémiaire an V (7 octobre 1796), « considérée comme la base de la législation hospitalière contemporains ». La période étudiée se révèle une époque cruciale, avec notamment la montée en puissance d'un service hospitalier et d'assistance sociale indépendant de la puissance publique. À la lecture de cet ouvrage fouillé, on ne peut qu'être impressionné par l'érudition des auteurs qui, pendant dix ans, se sont plongés dans les archives et les documents pour écrire sous tous ses aspects l'histoire de quatre siècles de la grande institution dans ses missions et son rôle pivot au sein de l’organisation sociale d’une ville d’Ancien Régime. Ils mettent la formidable richesse de leurs informations à la portée du plus grand nombre et n’oublient pas aussi de mettre en évidence la vocation altruiste de quelques personnes qui seront à l'origine de l'émergence d'un sentiment de responsabilité de la société toute entière vis-à-vis des plus démunis, s’inscrivant ainsi au cœur d’une problématique de notre temps.
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Le Grand Hôtel-Dieu de Lyon
1478-1802 : histoire du Grand Hôtel-Dieu de Lyon
Les auteurs.
Ombline d’Abovillle et Frédérique Malotaux sont historiennes de l’art. Toutes deux sont des collaboratrices de l’agence RL&A. Photographe voyageur, Ferrante Ferranti explore depuis 30 ans les vestiges du passé. Il a réalisé pour l’agence RL&A une série de photographique de l’Hôtel-Dieu de Lyon juste avant le début des travaux de reconversion de ce monument historique.
Éditions Libel Lyon
35 €
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Depuis sa création au XIIe siècle, l’Hôtel-Dieu a contribué au rayonnement de la ville de Lyon. Sa façade majestueuse, s’étirant le long du Rhône, est connue de tous. En octobre 2010, les portes de l’hôpital se sont fermées. La mise à niveau de l’établissement aurait exigé des coûts d’investissement considérables. En outre, sa maintenance se révélait de plus en plus coûteuse. Le site doit être reconverti en totalité à l’horizon fin 2017, en hôtel de luxe, bureaux, centre de convention, commerces et logements. Il devrait aussi accueillir, dans le cadre du réseau des Cités de la gastronomie, une activité sur le thème de l’alimentation et de la santé. Un nouveau défi s’est ouvert au groupe Eiffage, le promoteur chargé de la restructuration : conserver au bâtiment l’écriture de son histoire. Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, huit siècles d’une aventure architecturale et humaine hors du commun ont puissamment marqué l’édifice et la vie de nombreux Lyonnais.
40 000 m2 de façades remise en valeur, 15 000 m2 de toits restaurés, 1 400 fenêtres et 11 500 m2 de planchers de bois restaurées ou remplacées, 700 mètres de galeries, 10 cours intérieures réparties sur une parcelle de deux hectares, le chantier de l’Hôtel-Dieu de Lyon est avant tout celui d’un édifice aux dimensions spectaculaires. C’est aussi un lieu de recherches architecturales et médicales.
L’ouvrage reprend l’esprit d’une visite de chantier, enrichi d’une abondante iconographie. Pourvu des plus beaux documents issus des bibliothèques, archives et musées de la ville, ce livre de référence, véritable carnet de visite du bâtiment avant sa transformation, accompagne l’ouverture nouvelle de l’édifice sur la vie de la cité.
À noter que les HCL conservent la propriété de l’Hôtel-Dieu. L’établissement n’est pas vendu, mais confié, via un bail à construction de 94 ans, au promoteur qui en assume la restauration et l’entretien. À la fin du bail, l’intégralité du lieu sera restituée aux HCL.
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Hôpitaux et médecine de guerre. De la création du service de santé militaire aux conflits contemporains
Sous la direction de : Yannick Marec, Jacques Poisat
Préface de Daniel Moinard
Publications de l'Université de Rouen et du Havre, Collection : Histoire & patrimoines, Rouen, 2019
29 €
Les Actes du colloque international organisé à Rouen en octobre 2015 par la SFHH sont publiés : un superbe ouvrage illustré de 392 pages. En vente :
- en librairie. Commande libraires CID (FMSH-Diffusion)
- en ligne : lcdpu.fr ou purh.univ-rouen.fr
Renseignements : purh@univ-rouen.fr 02 35 14 65 31
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L'importance des hôpitaux s'est affirmée au long des siècles, particulièrement en périodes de difficultés économiques et sociales. Les établissements hospitaliers, publics ou privés, ont notamment joué un rôle décisif en temps de guerre lorsqu'ils devenaient des structures indispensables pour l'accueil des blessés. Ce volume, qui bénéficie de l'apport de nombreux spécialistes de différentes disciplines, étudie les rapports entre hôpitaux, médecine et blessés en temps de guerre, de la création du service de santé des armées, en 1708, jusqu'aux conflits contemporains avec une attention particulière portée à la première guerre mondiale. Il envisage aussi les transferts des innovations thérapeutiques et les changements organisationnels qui en ont découlé pour les périodes de paix.
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La médecine judiciaire d'hier à aujourd'hui : regards croisés
Experts médicaux, historiens et juristes croisent leurs analyses sur la médecine légale au travers de sa construction historique
Sous la direction de : Philippe Galanopoulos, Sylvie Humbert, Alexandre Lunel
Auteur(s) : Jacques Buisson, Franck Collard, Marc Deveaux, Antoine Leca, Claire Michelet, Gilbert Pepin, Lina Williatte Pellitteri.
Editions LEH, Bordeaux, octobre 2017
34 €
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La médecine judiciaire a la vertu d’être un pont permettant de relier deux rives : celles de la médecine et du droit. Experts médicaux et juristes s’y côtoient afin de résoudre les difficultés qui relèvent de leurs disciplines respectives. De nos jours, où la médecine judiciaire – ou médecine légale – est devenue une discipline médiatisée, on imagine mal les obstacles qu’elle a dû vaincre pour obtenir ses lettres de noblesse.
Connue dans l’Antiquité romaine, pratiquée à l’époque médiévale, généralisée sous l’Ancien Régime, transformée au temps des Lumières, la médecine légale ne s’impose définitivement comme une interlocutrice privilégiée, reconnue et quotidienne de la justice qu’à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Elle doit donc être étudiée au regard de sa construction historique et de sa réalité contemporaine pour comprendre la place et le rôle des experts et de l’expertise dans la construction de la décision judiciaire. Les débats ont réuni universitaires juristes et historiens, experts judiciaires, avocats et magistrats pour apprécier le domaine actuel de l’expertise judiciaire, et, par l’étude de son passé, faire entrevoir ses transformations à travers l’Histoire.
Sommaire
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LA MÉDECINE JUDICIAIRE AU REGARD DE L’HISTOIRE
- L’essor de la médecine judiciaire à la fin du Moyen Âge, Franck COLLARD
- Justice discrétionnaire ou médecine légale ? Étude de l’expertise médicale sous l’Ancien Régime, Thibault DESMOULINS
- Le medicus jus impune occidendi : fiction littéraire ou réalité juridique ?, Antoine LECA
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LA MÉDECINE JUDICIAIRE À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
- Du colloque singulier à la médecine numérique : quel rôle pour le magistrat ?, Lina WILLIATTE-PELLITTERI
- La toxicologie scientifique au service de la justice : évolution et exemple contemporain, Marc DEVEAUX, Gilbert PEPIN
- La preuve à l’épreuve et la difficulté du lien causal : l’exemple du vaccin contre l’hépatite B et de la robotique chirurgicale, Claire MICHELET
- Le rapport de l’expert médical : un simple avis pour le juge ?, Jacques BUISSON
- La médecine judiciaire dans les collections de la bibliothèque de la Cour de cassation, Philippe GALANOPOULOS
- Conclusion – Les rapports constants de la justice criminelle et des sciences médicales depuis le XIXe siècle, Sylvie HUMBERT
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L’asile de Hanwell, un modèle utopique dans l’histoire de la psychiatrie anglaise ?
Laurence Dubois
Éditeur : Presse Sorbonne Nouvelle, 2017
320 p., 25,50 €
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À partir d’une étude approfondie des archives de l’asile de Hanwell, établissement emblématique de la réforme des soins prodigués aux individus souffrant de troubles mentaux dans l’Angleterre de la première moitié du XIXe siècle, cet ouvrage se propose d’explorer la vie quotidienne au sein d’un asile victorien. Loin de l’image empreinte de folklore gothique à laquelle ce type d’institution est traditionnellement associé, il met en relief le caractère utopique de ce qui restera une parenthèse éclairée dans l’histoire de la psychiatrie. Sous l’impulsion de son directeur médical, le Dr John Conolly, nommé en 1839, cet asile se veut en effet un authentique refuge et un lieu de soins. Y sont organisés des pique-niques sur l’herbe, des spectacles de lanterne magique ou des fêtes de Noël, dans le cadre du moral management, conception thérapeutique innovante. L’originalité de ce traitement s’accompagne d’une dimension sociale, voire politique, car Conolly, socialiste convaincu, mène un combat permanent pour que les patients aient accès à une instruction au sein de l’école de l’asile, leur offrant ainsi un véritable outil de réinsertion sociale et d’émancipation.
Laurence Dubois est maître de conférences en civilisation britannique à l’Université Paris Nanterre. Pendant sept ans, elle a enseigné l’anglais à temps complet dans une structure de soins-études en psychiatrie. Sa thèse a été récompensée par le Prix de thèse des Presses Sorbonne Nouvelle et le présent ouvrage en est issu.
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L’Hôpital & le Territoire. De la coordination aux
GHT : une histoire pour le temps présent
Emmanuel Vigneron
Éditeur : SPH éditions, Paris, mai 2017
296 p., 30 €
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L’idée selon laquelle la santé aurait quelque chose à
voir avec le territoire semble récente, présentée comme «
neuve » dans tous les textes de loi depuis une quinzaine
d’années. C’est en réalité une idée ancienne, aux origines
même de la médecine occidentale, mais elle a connu un long
effacement. Pour comprendre pourquoi l’hôpital et le
territoire se sont si longtemps ignorés et pour essayer de
faire en sorte que leur union d’aujourd’hui soit durable et
féconde, il faut revenir à toutes les évolutions, de
l’hôpital médiéval aux CHU d’aujourd’hui, car ce sont elles
qui ont décidé des missions originelles confiées à l’hôpital
et de leurs mutations.
À partir d’un essai de mise en perspective historique
des fonctions hospitalières, l’auteur amène à comprendre les
raisons d’une longue séparation entre l’hôpital et le
territoire, et celles de leur union actuelle. La
régionalisation des politiques de santé, tardive et
inachevée en matière hospitalière, la notion de « secteur
sanitaire » ou, aujourd’hui, de « territoire de santé », la
question de la délimitation des groupements hospitaliers de
territoire (GHT) et des solutions concrètes pour la
reconnaissance des territoires de ces GHT sont également
examinées. Aujourd’hui, la question territoriale est une
chance à saisir pour l’hôpital et pour la santé publique.
Professeur d’aménagement sanitaire à l’université de
Montpellier et à l’Institut des hautes études de
l’aménagement des territoires (Ihedate Paris), Emmanuel
Vigneron est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur
la santé et les territoires. Par ses études, il a contribué
depuis plus de vingt-cinq ans à la territorialisation des
politiques de santé. Il exerce de nombreuses missions
d’étude et de recherche auprès des acteurs et des
responsables de la santé ou de l’aménagement des
territoires. Il a notamment travaillé sur la pertinence des
actes et les inégalités territoriales de santé.
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Les hôpitaux généraux du Nord au siècle des Lumières (1737-1789)
Olivier Ryckebusch
Éditions Presses Universitaires du Septentrion, 2017
336 pages, 28 €
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L'obligation faite aux gens de loi de conduire les mendiants dans les prisons de la ville la plus proche soulève la question de l’enfermement dans les grandes cités des provinces du Nord. En France, l’État royal croit remédier à ces difficultés par l’édit de juin 1662 ordonnant la création d’un hôpital général dans chaque ville. Les provinces du Nord échappent à ce mouvement jusqu’au XVIIIe siècle. Depuis le XVIe siècle, l’assistance repose sur des institutions charitables placées sous la tutelle des villes. Après les guerres de Succession de Pologne et d’Autriche, sous l’effet d’une croissance démographique et du chômage, ces provinces sont confrontées à une recrudescence de la mendicité. La monarchie renforce d’un coup le cadre réglementaire répressif, les arrestations se multiplient et révèlent l’insuffisance des structures d’enfermement. Dès 1730, les autorités des principales villes du Nord appellent de leurs vœux une nouvelle prise en charge du paupérisme : les hôpitaux généraux.
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Lyon, d’une rive à l’autre
Jacques Brunier
Éditions Les Presses du Midi, Toulon, 2017
215 pages, 17 €
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Après la défaite de 1870, les troupes prussiennes avancèrent jusqu’en Bourgogne, pour conjurer le mauvais sort, une « bonne centaine » de dames lyonnaises montèrent à Fourvière, le 12 septembre 1870, pour implorer la Vierge, afin que Lyon soit épargnée par la guerre. L’archevêque, Mgr Ginoulhiac, promit cette construction si le péril était écarté. Les prières furent exaucées et la première pierre de la basilique de Fourvière fut consacrée le 7 décembre 1872. Ce monument n’est pas seulement historique au sens du classement par le ministre de la Culture. Il se révèle aussi un monument d’histoire des hôpitaux, à travers ses sculptures, ses mosaïques et ses vitraux qui évoquent des personnages liés comme acteurs ou comme témoins, de façon plus ou moins marquée, à l’histoire hospitalière d’Orient et d’Occident. À partir de cette vaste fresque, l’un des chapitres majeurs du livre consacre un commentaire historique centré sur la dimension hospitalière et charitable de ces œuvres, sans prétendre à l’exhaustivité. Il s’agit d’un exposé analytique confrontant une source et son exploitation, non d’une étude en profondeur qui ferait appel à une démarche de synthèse, le but du commentaire restant d’expliquer l’œuvre afin de la rendre plus lisible au visiteur et de relever ses apports à la connaissance historique.
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Le Grand Hôtel-Dieu de Lyon
Ombline d’Abovillle, Frédérique Malotaux, Ferrante Ferranti
Éditions Libel Lyon. Décembre 2016.
256 pages. 35 €.
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Depuis sa création au XIIe siècle, l’Hôtel-Dieu a contribué au rayonnement de la ville de Lyon. Sa façade majestueuse, s’étirant le long du Rhône, est connue de tous. En octobre 2010, les portes de l’hôpital se sont fermées. La mise à niveau de l’établissement aurait exigé des coûts d’investissement considérables. En outre, sa maintenance se révélait de plus en plus coûteuse. Le site doit être reconverti en totalité à l’horizon fin 2017, en hôtel de luxe, bureaux, centre de convention, commerces et logements. Il devrait aussi accueillir, dans le cadre du réseau des Cités de la gastronomie, une activité sur le thème de l’alimentation et de la santé. Un nouveau défi s’est ouvert au groupe Eiffage, le promoteur chargé de la restructuration : conserver au bâtiment l’écriture de son histoire. Du Moyen Âge jusqu’à nos jours, huit siècles d’une aventure architecturale et humaine hors du commun ont puissamment marqué l’édifice et la vie de nombreux Lyonnais. 50 000 m2 de planchers, 700 mètres de galeries, 10 cours intérieures réparties sur une parcelle de deux hectares, l’Hôtel-Dieu de Lyon est avant tout un édifice aux dimensions spectaculaires. C’est aussi un lieu de recherches architecturales et médicales.
L’ouvrage reprend l’esprit d’une visite de chantier, enrichi d’une abondante iconographie. Pourvu des plus beaux documents issus des bibliothèques, archives et musées de la ville, ce livre de référence, véritable carnet de visite du bâtiment avant sa transformation, accompagne l’ouverture nouvelle de l’édifice sur la vie de la cité.
À noter que les HCL conservent la propriété de l’Hôtel-Dieu. L’établissement n’est pas vendu, mais confié, via un bail à construction de 94 ans, au promoteur qui en assume la restauration et l’entretien. À la fin du bail, l’intégralité du lieu sera restituée aux HCL. Les
auteurs.
Ombline d’Abovillle et Frédérique Malotaux sont historiennes de l’art. Toutes deux sont des collaboratrices de l’agence RL&A. Photographe voyageur, Ferrante Ferranti explore depuis 30 ans les vestiges du passé. Il a réalisé pour l’agence RL&A une série de photographique de l’Hôtel-Dieu de Lyon juste avant le début des travaux de reconversion de ce monument historique.
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L'hôpital en France
Du Moyen Âge à nos jours
Histoire & architecture
(ouvrage collectif)
Éditions Lieux Dits
17 rue René Leynaud, 69 001 Lyon.
Tel : 04 72 00 94 20 contact@lieuxdits.fr
Collection : Cahier du Patrimoine.
Parution : 9 décembre 2016. 2ème édition mise à jour.
592 pages. 660 illustrations. Prix : 44,00 euros TTC
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Comment est-on passé de la salle commune à la chambre individuelle ? Comment l’hôpital, d’abord hospice, est devenu établissement de soins ? Pourquoi l’hôpital « aériste » et le sanatorium (deux cas où l’on a cru pouvoir guérir par l’architecture) ont continué de se construire après la péremption de leur théorie fondatrice ?
Quelle est l’histoire des maternités, des lazarets, des asiles d’aliénés ? Autant de réponses à découvrir dans le voyage architectural auquel invite cet ouvrage, seconde édition mise à jour du volume publié en 2012.
Jusqu’au siècle des Lumières, l’hôpital, lieu de charité chrétienne et d’exclusion sociale, est aussi le premier outil d’une politique sanitaire balbutiante. L’incendie de l’hôtel-Dieu de Paris, en 1772, est le catalyseur d’une double réflexion sur la prise en charge des démunis et sur les réponses architecturales accordées à une première
médicalisation de l’hôpital. Ainsi, architectes et médecins poursuivent tout au long du xixe
siècle la même chimère : une architecture en mesure de soigner le corps et
l’esprit. L’hygiénisme impose alors durablement le plan en « double peigne »
puis le système du pavillon isolé tandis que les découvertes de Pasteur tardent
à faire valoir leur logique. Inversement, dans l’Entre-deux-guerres, ce sont les
données économiques, sociales et architecturales qui précèdent la révolution de
l’antibiothérapie pour donner naissance à l’hôpital-bloc. Les Trente Glorieuses
appliquent à l’institution leur politique centralisatrice, prescriptrice de
modèles fonctionnels. Désormais, les maîtres mots sont désormais humanisation et
insertion urbaine. Explorer l’histoire des hôpitaux en France revient à cheminer
auprès du pèlerin, de l’indigent, du marginal, du déviant, du fou, de l’enfant
abandonné, du vieillard, de l’infirme, du malade, aujourd’hui du patient. C’est
surtout découvrir, présents dans toutes nos villes, des bâtiments d’exception.
La première édition a reçu la médaille d’or de la Société française d’histoire
des hôpitaux en 2014.
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Questions de politiques hospitalières
Jean-Marie Clément
Questions de politiques hospitalières. Organisation médicale – Technocratie – Droits des malades
Les Études Hospitalières, www.leh.fr
Bordeaux, décembre 2015
161 pages. 40 €
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Comment appréhender les multiples réformes hospitalières depuis la naissance de lave République en 1958 ? Quels liens entre elles ? Analyser pour comprendre, ce livre discerne les causes de ce maelstrom législatif et réglementaire; la compréhension apporte du sens et permet aux lecteurs de se situer et d'agir. Qu'y a-t-il entre l'éclatement de la science médicale et le statut unique des praticiens hospitaliers, ou le regroupement des services en pôles d'activité clinique et médico-clinique ? Dans cet ouvrage qui s'adresse à un public exerçant ou allant être amené à exercer des responsabilités à l'hôpital, le lecteur trouvera les clés pour saisir l'impact des réformes en objet et se préparer aux conséquences de celles à venir. L'auteur ne manque pas de conclure en appelant à un regard critique de l'intellectuel envers la tentation technocratique de notre système de santé.
L’ouvrage s’articule autour de dix chapitres :
- La remise en cause des missions de service public : du service public communal à l’établissement public national
- Les hôpitaux renationalisés : de la recomposition hospitalière à la démocratie sanitaire
- Le tropisme hospitalo-universitaire : de l’hospitalocentrisme au centralisme hospitalo-universitaire
- La mode des statuts : des statuts pour tous les personnels et les malades
- La symbolique monumentale : big is beautiful ! L’investissement hospitalier : le renouveau des constructions et de l’équipement médico-technique
- Le consumérisme médical : de l’usager au consommateur de soins
- La voie du productivisme : du financement à la journée au paiement à
l’acte
- Le dialogue impossible ? L’organisation médicale : de la conciliation
des contraintes opposées, au dialogue des intérêts antagonistes
- L’empirisme médical vers un antihumanisme : la médecine hospitalière
entre forces centrifuges et forces centripètes
- La réunification du champ sanitaire et médico-social : d’une séparation à un essai d’harmonisation
Jean-Marie CLÉMENT, ancien directeur d’hôpital et ancien membre de l’Inspection générale des affaires sanitaires et sociales, a été professeur de droit hospitalier et médical à l’université Paris 8. Spécialiste reconnu du droit hospitalier, auteur de nombreux ouvrages, il est directeur de la rédaction de
La Gazette de l’Hôpital, des Fiches de la jurisprudence hospitalière, des
Fiches de droit hospitalier et codirecteur de la Revue générale de droit médical.
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Les hôpitaux de Picardie du Moyen Age à la Révolution
Sous la direction de Marie-Claude Dinet-Lecomte & Pascal Montaubin
ISBN : 978-2-36058-055-2 Distribution Les Belles Lettres 2015
40 €
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À l’heure des restructurations et des menaces croissantes qui pèsent sur le sort des anciens hôpitaux et de leur patrimoine, il est du plus haut intérêt de disposer d’un instrument de travail qui recense avec méthode tous les établissements et les sources historiques disponibles à leur sujet. Conçu comme un répertoire atlas à l’échelle de l’actuelle région Picardie, ce guide de recherche contient les notices de 180 hôpitaux répartis dans 110 localités des départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme, qui ont existé depuis le haut Moyen Âge jusqu’à la Révolution française. Ces notices ont été réalisées d’une façon uniforme par une équipe d’historiens, d’historiens de l’art, d’archéologues, d’archivistes, sous la direction de Marie-Claude Dinet-Lecomte et de Pascal Montaubin, maîtres de conférences à l’Université de Picardie-Jules Verne.
Un choix d’annexes, d’illustrations et de cartes permet de compléter l’approche analytique, d’embrasser plus d’un millénaire d’histoire hospitalière, en faisant ressortir la densité et la permanence des fondations hospitalières et charitables sur le long terme.
Cet ouvrage s’adresse par conséquent à un très large public,
aussi bien aux chercheurs en histoire sociale, urbaine, religieuse et médicale,
etc., soucieux d’amorcer leurs investigations, qu’à tous ceux, professionnels et
amateurs, qui s’intéressent à l’histoire de la Picardie et plus généralement à la préservation de la mémoire hospitalière.
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L’hôpital vu par les écrivains
Richard Bousiges
ISBN : 978-2-84874-546-6 Le Huchet d’Or Éditions, 2015
92 pages. 10 €
Livre auprès de l’auteur :
richard.bousiges@club-internet.fr
Vente au profit de l’association VMEH (Visite des malades en établissements hospitaliers)
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L’expérience d’une hospitalisation reste bouleversante chez beaucoup, au point qu’elle a suscité des pages d’écriture chez bien des auteurs qui l’ont vécue et ont ainsi apporté la relation d’une épreuve parfois douloureuse.
Du XIXe siècle, avec Balzac et La Comédie humaine, Zola dans L’Assommoir, Daudet et
Les Morticoles, Hugo dans Les Misérables, jusqu’à nos jours avec
Survivre de J.F. Deniau, Un aller-retour, voyage aux frontières de la mort
de D. Bromberger, Le syndrome du bocal de D. Pinaut, ou encore Ch. Clerc et ses
Cent jours à l’hôpital, pour ne citer que quelques auteurs passés en revue par Richard Bousiges, très nombreux sont ceux qui ont apporté leur témoignage et participé ainsi à la connaissance de l’hôpital… pour le meilleur comme pour le pire. Car ces auteurs, s’ils savent rendre hommage à l’hôpital public lorsqu’ils estiment avoir à le faire, notamment à travers le dévouement des soignants, sont cependant sans complaisance lorsqu’ils considèrent devoir dénoncer les insuffisances de la prise en charge sous une forme ou sous une autre. Et c’est l’honneur de Richard Bousiges, directeur d’hôpital pendant près de quarante ans, de ne rien celer sur ses manquements.
Ces témoignages, rassemblés sous forme de citations plus ou moins développées, permettent au lecteur de mieux comprendre ce que peut vivre un patient à l’hôpital. Souvent pleins d’humour, ces textes racontent l’attente, l’annonce d’un diagnostic, la souffrance, les soins, mais aussi l’espérance. Ils s’inscrivent dans les lieux, le temps et l’action, en un mot dans l’émotion.
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Mélanges en l'honneur de Jean-Marie Clément Enseignement, hôpital, médecine
Études coordonnées par Antoine Leca, Hélène Gaumont-Prat, Cécile Castaing
Les Études Hospitalières
Collection Mélanges
ISBN : 978-2-84874-546-6
www.leh.fr Bordeaux, décembre 2014
750 pages. 82 €
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À l’occasion de la cessation des activités universitaires de Jean-Marie Clément qui avait, entres autres activités, la charge de professeur associé, titulaire des chaires de droit médical et de droit hospitalier à Pris VIII, de nombreux collègues et amis - directeurs d’hôpital, magistrats, universitaires, médecins, cadres de santé - ont contribué, dans la grande tradition universitaire, à lui offrir des
Mélanges. Le droit médical, comme le système sanitaire et social ont irrigué le parcours, l’œuvre de la réflexion de ce grand hospitalier qui fut aussi et successivement directeur d’hôpital, membre de l’inspection générale des affaires sociales, créateur de la société spécialisée en droit médical :
Les Études Hospitalières (LEH), consultant dans la réalisation de vingt projets d’établissement, cinq projets de vie et expert dans le champ sanitaire et médico-social, directeur général d’un groupe mutualiste à Bordeaux pendant douze ans, cofondateur de la Revue générale de droit médical, directeur de la rédaction de
la Gazette de l’hôpital, des Fiches de la jurisprudence hospitalière, des
Fiches du droit hospitalier, enfin du Bulletin juridique du praticien hospitalier.
Après un tel parcours d’une exceptionnelle densité, nul ne s’étonnera que les participations aux
Mélanges ont été abondantes et variées. Quarante deux études s’articulent autour de trois axes :
- Le droit de l'exercice médical. Aspects historiques, juridiques et prospectifs ;
- L'hôpital entre changement et continuité ;
- Les métamorphoses du système sanitaire et social.
Il en ressort une somme d’une rare richesse et d’une qualité de très haute tenue, à l’image de celui qu’honore cette publication et qui à illustré de la plus belle façon l’art d’associer la doctrine et la pratique, avec la pertinence d’un jugement croisé de grand professionnel de la santé et d’éminent juriste.
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Histoire du droit de la santé
Antoine Leca, Alexandre Lunel, Samuel Sanchez
Éditeur : Les Études Hospitalières, Bordeaux, 2014
316 p. 45 € TTC
Commandes : info@leh.fr 05 56 98 85 76
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Sans équivalent en langue française, cet ouvrage qui se présente comme une rétrospective sur mille ans de droit de la santé, constitue la première synthèse qui a l’ambition d’allier deux grands champs : l’histoire sanitaire et le droit de la santé. L’évolution générale du droit de la santé français est ici retracée de façon claire : du Moyen Âge au XXe siècle, la santé en France passe d’une affaire traditionnellement privée à une affaire d’État, pour donner naissance à un « modèle français » caractérisé par l’interventionnisme étatique et un monopole strict, à côté desquels s’épanouit l’exercice « libéral ». Pourtant, aujourd’hui ce système est remis en cause dans un environnement marqué par le « droit positif » où sont mis en avant le droit européen et la libéralisation du droit économique.
Cet ouvrage ambitieux et unique est mené par trois grands spécialistes de la question, Antoine Leca, directeur du Centre du droit de la santé d’Aix-Marseille, Alexandre Lunel, maître de conférences en droit médical et de la santé à l’université Paris VIII et Samuel Sanchez, maître de conférences contractuel en droit et changement social à l’université de Nantes. Une première synthèse de l’histoire sanitaire et du droit de la santé en France, inspirée des travaux d’histoire du droit hospitalier du grand spécialiste Jean Imbert.
Antoine LECA est directeur du Centre de droit de la santé d’Aix-Marseille et est professeur agrégé de droit.
Alexandre LUNEL est maître de conférences à l’université Paris-VIII. Samuel SANCHEZ est maître de conférences contractuel à l’université de Nantes.
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Architecture thérapeutique.
Histoire des sanatoriums en France (1900-1945)
Philippe Grandvoinnet
Préface : Anne-Marie Châtelet
Postface : Bruno Reichlin MētisPresses, route des Acacias 43, CH-1227 Genève. Collection : vuesDensemble.
ISBN : 978-2-940406-77-7
Prix : 42 CHF • 35 €
Date de publication : 20.02.2014
352 p. 204 images n/b et 48 planches couleur |
L’auteur est connu de nos lecteurs : en 2012, il a obtenu l’un des deux prix de la MNH à notre concours 2012 pour sa thèse de doctorat en architecture (université de Genève) et en histoire culturelle et sociale de l’architecture des formes urbaines (université de Versailles – 2010) : Histoire des sanatoriums en France (1915-1945). Une architecture en quête de rendement thérapeutique (voir la présentation de cette thèse dans notre numéro 143, juin 2012). Cette thèse avait reçu d’autres distinctions : premier prix 2011 du Comité d’histoire de la Sécurité sociale, mention au prix 2012 de la recherche et de la thèse de doctorat en architecture (Académie d’architecture).
Aujourd’hui, Philippe Grandvoinnet reprend son travail sous forme d’une publication de 352 pages dans laquelle il dresse un panorama complet des sanatoriums en France et de leur histoire, en donnant la mesure de leur présence dans le territoire et dans le paysage.
«Tout commença par une baraque en bois au fond d’un parc qui fut par la suite pétrifiée sous la forme de balcons de cure attachés aux chambres des patients, transformant l’hôtel de cure des premiers temps en un paquebot sanitaire. Ces sanatoriums [...] ont été revêtus des plus beaux atours de l’éclectisme, de l’Art nouveau ou du Mouvement moderne. Destinés “aux riches malchanceux”, ils ont été luxueux et confortables, quand d’autres, accueillant les plus démunis, ont été aussi austères que spartiates.» (Anne-Marie Châtelet – préface).
Tout au long du XIXe siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la tuberculose fut l’une des principales causes de mortalité en France et en Europe, traitée, avant les antibiotiques, par des méthodes hygiéno-diététiques. En France, il faudra attendre la Première guerre mondiale pour voir émerger un réseau d’établissements antituberculeux, puis la loi de 1919 sur les sanatoriums, le tout suivi par un mouvement sanitaire de grande ampleur qui verra la création en moins de vingt ans de plus de 40 000 lits antituberculeux.
En tant que réponse architecturale à des exigences thérapeutiques spécifiques, les sanatoriums furent des lieux privilégiés d’innovations, autant médicales que thérapeutiques. Leurs promoteurs s’incarnèrent dans une architecture nouvelle avide d’air et de lumière. Ils ont été reconvertis et transformés à différentes reprises, parfois banalisés à l’extrême au détriment de leur caractère originel ; la plupart des anciens sanatoriums de cure existent toujours. En plus de constituer une étude exhaustive des édifices à vocation thérapeutique, de leurs espaces de vie et de soins, de leurs audaces architecturales et de leurs destinées singulières au sein d’un horizon historique élargi, ce livre, issu d’une fouille systématique des archives départementales et complété par les dessins comparatifs de quarante projets, invite à une réflexion renouvelée sur la mémoire et la sauvegarde patrimoniales qui engage autant les historiens, les conservateurs, les architectes que la collectivité dans son ensemble.
L’ouvrage est articulé autour de quatre grands chapitres :
- la construction de la cure d’air (1819-1914) ;
- l’armement antituberculeux français : une création de la Grande Guerre ;
- l’architecture au service de la cure ;
- le souffle coupé de l’architecture antituberculeuse. Philippe Grandvoinnet est architecte et historien de l’architecture, chercheur associé à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles et à l’Université de Strasbourg (laboratoire Arts, civilisation et histoire de l’Europe). Formé à la sauvegarde du patrimoine bâti moderne et contemporain auprès du professeur Bruno Reichlin à l’Institut d’architecture de l’Université de Genève, il est l’auteur de nombreuses publications sur l’architecture et le patrimoine du XXe siècle. Architecte et urbaniste de l’État au ministère de la culture et de la communication depuis 2012, il occupe un poste d’architecte des bâtiments de France, chef du service territorial de l’architecture et du patrimoine des Hautes-Alpes, à Gap.
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Naître à Metz
Pierre Bronn, Jean Lazare
Société des sciences médicales de la Moselle. Éditions des Paraiges, 2013
254 p.
29,50 €. |
L’ouvrage raconte le long cheminement des mentalités, des techniques et des hommes autour de la prise en charge de la maternité et de la naissance, dans la ville de Metz. Les auteurs ont opté pour un plan chronologique, en abordant pour chaque période le contexte historique de la cité et le cadre socioculturel. C’est ainsi qu’après un chapitre introductif : « Tu enfanteras dans la douleur », où ils traitent du mythe à la physiologie de la reproduction, ils partent du pays messin aux premières occupations (Naître dans l’Antiquité, chap. 2), passent à La naissance au Moyen Âge (chap. 3) et, avec De la Renaissance à la Révolution (chap. 4), achèvent cette première partie de l’ouvrage que l’on pourrait rapporter à celle de l’Ancien Régime. Jusqu’à la Renaissance, les informations concernant les pratiques locales se limitent, comme pour beaucoup de cités, à peu de sources : de rares écrits, notamment les mémoires de chroniqueurs lorrains, en particulier Philippe de Vigneulles (1471-1527 ou 1528, auteur d’une longue chronique de la fondation du monde à 1525, chronique universelle qui s’intéresse à l’histoire de Metz et, en second lieu, à l’histoire de France).
Les auteurs abordent ensuite la période De la Révolution à l’Annexion (chap. 5), suite à la guerre de 1870 et le traité de Francfort de 1871 qui fera perdre à la France l’Alsace, à l’exception de Belfort, et une partie de la Lorraine jusqu’en 1918. Cette période Sous l’annexion allemande de 1871 à 1918 (chap. 6) est celle de la médicalisation de l’obstétrique, avant l’époque contemporaine 1918-2013 : un siècle de mutations (chap. 7) qui permet de constater qu’au début du XXe siècle encore bien des pratiques ancestrales avaient cours. Ce n’est d’ailleurs qu’au début du XXe siècle que les sages femmes reçoivent une formation professionnelle au sens où nous l’entendons aujourd’hui. À Metz, la première maternité s’ouvre en 1909 et il faut attendre les années 1950 pour que se produise le véritable « tournant médical » de la prise en charge de la maternité.
L’hôpital-maternité de 1909 a été créée par les religieuses de la congrégation de la Charité maternelle, unique congrégation de femmes s’occupant de la naissance. Cet hôpital a fermé récemment ; ses activités ont été reprises par l’hôpital Femme-mère-enfant jouxtant l’hôpital de Mercy, l’un des sites du CHR de Moselle (Metz-Thionville). C’est la seule maternité publique, l’autre maternité (hôpital-clinique Claude-Bernard) relevant du secteur privé. Toutes ces transformations, riches en péripéties, méritaient d’être contées. C’est le mérite des auteurs, les docteurs Bronn et Lazare, d’avoir accompli un tel travail avec beaucoup de précision.
L’ouvrage présente au surplus une abondante et riche iconographie de musées nationaux et régionaux, dont de remarquables pièces archéologiques du musée de la Cour d’Or de Metz qui illustrent le propos sur l’Antiquité.
Pierre Bronn, ancien chirurgien, de l’hôpital Saint-André est président de la Société des sciences médicales de la Moselle et membre de l’Académie nationale de Metz.
Jean Lazare, ancien directeur du laboratoire de l’hôpital-clinique Claude-Bernard
est vice-président de la Société des sciences médicales de la Moselle et
membre de l’Académie nationale de Metz.
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Les relations médecin-malade Des temps modernes à l’époque contemporaine
Elisabeth Belmas, Serenella Nonnis-Vigilante (dir.)
Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq, 2013
223 p. |
Les contributions réunies dans cet ouvrage ont été présentées lors du colloque Regards croisés sur les relations médecin-malade de la fin du Moyen Âge à l’époque contemporaine, qui s’est tenu à Paris les 25 et 26 novembre 2010.
Entre l'usage des consilia dans les siècles modernes et le droit du malade à accéder à son dossier médical (loi du 4 mars 2002), la relation médecin-patient, individuelle et idéalisée telle que la définissait Hippocrate au Ve siècle avant J.-C., a connu d'importantes mutations. Relation sociale atypique et toujours complexe, elle revêt, en toute époque, des significations très variées en fonction du statut social de chacun des interlocuteurs. Du « paternalisme médical » aux théories du care, en passant par le concept d’humanisation de l’hôpital, la bientraitance ou la promulgation des lois de bioéthique en France, l’exercice quotidien des professionnels de la santé est jalonné de ruptures et de modifications profondes, toujours en relation avec les agendas politiques, les évolutions sociétales et les pressions médiatiques. La perspective historique et diachronique de l’ouvrage apporte un éclairage pertinent pour mieux appréhender la prise en compte des besoins et des savoirs des patients, à travers leurs relations avec le corps médical. Les auteurs réunis dans cet ouvrage, universitaires et professionnels de santé, nourrissent une réflexion toujours actuelle qui aide à démêler l’écheveau de la construction d’une histoire de la santé.
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Les cliniques privées
Deux siècles de succès
Olivier FAURE avec la collaboration de Dominique Dessertine
Éditions Presses universitaires de Rennes, 2012
281 p., 17 € |
Sur les deux derniers siècles de l’histoire de la société française, l’historien contemporain de la santé raconte cette aventure exceptionnelle des cliniques privées au cœur d’un système hospitalier fort complexe à appréhender pour lequel il n’a jamais été facile de comprendre sa pluralité de types d’établissements relevant soit du privé, soit du public (ou parfois des deux à la fois) régenté par les politiques sociales de santé du Gouvernement, de la Sécurité sociale, du financier et des syndicats médicaux professionnels. Ce livre évoque les congrégations religieuses, les mutualités, les établissements commerciaux de santé du XIXe siècle qui vont répondre à la demande de plus en plus grandissante et exigeante des patients, illustrant, par la force des événements, une concurrence entre le secteur privé et le secteur public et devant tenir compte de toute évidence de la politique parlementaire des IVe et Ve Républiques.
Sommaire
Entre commerce et Charité (1800-milieu XXe siècle)
• Des maisons de santé aux cliniques chirurgicales
• L’archipel confessionnel
• Le grand essor des cliniques (1900-1949)
Entre liberté et surveillance (1945-milieu des années 1960)
• Un contexte favorable (1945-1958)
• Des contraintes limitées et stimulantes : agréments et conventions
• Une longue décennie dynamique (1949-1963)
- Entre politique hospitalière et stratégies d’entreprises (1958-1975)
- Coordination et consolidation (1958-1970)
- Hôpitaux et cliniques entre guerre et paix
- Un nouveau contexte politique et économique (1970-1975)
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Devenir infirmière en France,
une histoire atlantique ?
(1854-1938)
Évelyne Diebolt - Nicole Fouché
ISSN 1950-6856 - 29 € |
La professionnalisation des soins infirmiers français a eu une importante
dimension atlantique, doublement atlantique même car nous avons relevé
des courants d’influence successifs dans deux directions principales (de
la Grande-Bretagne vers les États-Unis et des États-Unis vers la France)
sans négliger un courant transmanche, de l’Angleterre vers la France. Ces
courants se sont exprimés de la guerre de Crimée à la veille de la Seconde
Guerre mondiale et ont laissé des traces. L’influence anglo-américaine
a largement ouvert tous les champs du possible, poussant Françaises et
Français à affronter les vraies questions : celle de l’excellence possible des
soins et celle, parallèle, de l’invention et de l’organisation d’une profession
féminine de haut niveau.
Nous avons mis plusieurs phénomènes au jour : la féminisation quasi
absolue du transfert culturel, sa chronologie, l’asymétrie entre les pays
émetteurs (Grande-Bretagne et États-Unis) et le pays récepteur (France),
les motivations et le rôle des acteurs sociaux, les nombreux processus de
cheminement d’un pays à l’autre (départ, passage), les mécanismes de
réception et d’enracinement. Enfin, nous avons analysé le résultat final,
d’où d’importants développements sur la situation française dans laquelle
se dilue finalement le courant anglo-américain.
À l’intersection de plusieurs histoires nationales, cet ouvrage s’inscrit dans
l’histoire des femmes, des religions, de la réforme sociale et de la santé
publique de chacun des pays concernés, histoires toutes décentrées dans
une perspective atlantique, ce qui est un point de vue original pour les
contemporanéistes. Plus généralement encore, on peut dire que ce sujet
appartient à l’histoire sociale et culturelle des relations internationales
contemporaines.
Évelyne Diebolt est docteure d’État, spécialisée en histoire du secteur associatif et en
histoire des femmes en France.
Nicole Fouché est docteure en histoire (CNRS/laboratoire MASCIPO-EHESS),
spécialisée en histoire sociale et culturelle des relations franco-américaines.
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De l’hospice au domicile collectif
La vieillesse et ses prises en charge de la fin du XVIIIe siècle à nos jours
Sous la direction de Yannick Marec et Daniel Réguer
Ont contribué à cet ouvrage :
Claire Barillé, John Barzman, Georges
Beisson, Patrice Bourdelais, Jérôme Bourdieu,
René Bourrigaud, Jacques Brière,
Christel Chaineaud, Christian Chevandier,
Emmeline Céron, Françoise Cribier,
Séverine Dessajan, Marie-Claude Dinet-
Lecomte, Jean-Louis Escudier, Véronique
Faucounau, Élise Feller, Alexandre Fernandez,
Pierre Guillaume, Olivier Hutet,
Jérôme Janicki, Lionel Kesztenbaum,
Antony Kitts, Pierre-Louis Laget, Geneviève
Laroque, Yann Leborgne, Marina
Maestrutti, Anna Marchioni Cucchiella,
Yannick Marec, Jeanne Mesmin d’Estienne,
Anne Monjaret, Gilles Postel-Vinay, Daniel
Réguer, Angeline Renou-Laversanne,
Mathilde Rossigneux-Meheust, David G.
Troyansky, Bernard Vandewalle et Florent
Vanremortère.
568 pages – 17 x 24 cm
ISBN : 978-2-87775-564-1
ISSN : 1959-321x
Collection « Histoire et patrimoines » – 39 € |
« Près de trois siècles de vieillesse observée, analysée, située. Trois siècles qui ont vu émerger
les grands parents, au XVIIIe avec Greuze qui les peint, et au XIXe, avec Hugo qui les magnifie, pour,
de nos jours, les faire osciller entre ceux qui aident et ceux qui sont aidés. Trois siècles qui ont
regardé la pauvreté des vieux devenus incapables de travailler et tombés à charge de leurs
proches et, à défaut, de la charité publique puis de l’assistance et enfin de la solidarité. Trois
siècles qui ont vu la naissance des seniors, retraités actifs et, dit l’année, solidaires des autres
générations : l’entraide équitable et symétrique va-t-elle supplanter la relation nécessaire mais
asymétrique de l’aide ? [...]
Le très grand intérêt et l’originalité [de ce volume] consistent à savoir osciller harmonieusement
entre le local et le global, entre l’enracinement régional et la vision nationale, voire internationale.
Ces travaux viennent de disciplines, de spécialités diverses, comme est diverse la société elle-même.
L’accent est mis sur l’apport de la société à l’accompagnement de la vieillesse, grâce à des
politiques sociales qui traversent les républiques et les gouvernements. De la généralisation des
pensions de retraite qui fait reculer la pauvreté des vieillards, au développement de la gériatrie
qui apprend à les soigner, à la modernisation de la gérontologie qui permet de mieux accueillir
et accompagner, l’ouvrage met en valeur ce que la société fait pour ses anciens, même si, encore
et toujours, il y a plus et mieux à faire. »
Extrait de la préface de Geneviève Laroque (†), présidente de la Fondation nationale de
gérontologie.
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LES HOPITAUX DE MONTPELLIER
Mille ans d’histoire
Robert Dumas
Avec la collaboration de Marie-Sylvie Grandjouan et Bernard Barral
Editions Sauramps Médical, 2012
217 p., 40 € |
Ce livre est une commande du CHU de Montpellier. Il résume l’histoire des hôpitaux de cette ville publiée en cinq volumes de 2002 à 2010. A cet ouvrage collectif ont participé une conservatrice de la DRAC Languedoc Roussillon, deux directeurs du CHU et cinq praticiens hospitaliers professeurs des universités.
Montpellier dispose au Moyen Âge d’une vingtaine d’hôpitaux, civils et religieux, situés hors des murs de la ville. Certains assurent les soins de la population de la ville, d’autres se consacrent aux soins des pèlerins, certains enfin sont réservés à des malades ciblés comme les lépreux ou les sujets atteints du Mal des Ardents. L’hôpital du Saint Esprit crée par l’ordre religieux du même nom est le premier hospice de la ville. De ces hôpitaux ne subsistera que l’hôpital Saint-Eloi, signalé dés le XIV° siècle.
A la Renaissance, les troubles liés aux guerres de religions obligent l’hôpital Saint Eloi à s’installer au centre ville. Cet hôpital est réservé aux soins des malades civils et militaires. Les institutions religieuses catholiques lui adjoignent bientôt un premier hôpital hospice La Charité. En 1682, sur les instances du roi Louis XIV, les montpelliérains inaugurent un troisième hôpital qui remplace l’hôpital de La Charité. C’est l’Hôpital Général qui assurera son rôle d’hospice et d’hôpital de soins jusqu’à la fin du XX° siècle.
A la Révolution l’hôpital Saint- Eloi, civil et militaire, abrite désormais les Cliniques universitaires médicale et chirurgicale. Au cours du XIX° siècle, dans les vastes locaux de l’Hôpital Général vont apparaitre des spécialités médicales et chirurgicales, successivement la première maternité, la première école de sages femmes, un asile d’aliénés, les services de pédiatrie médicale et chirurgicale, l’urologie, l’otorhinolaryngologie, la dermatologie, la neurologie et enfin, dans les dernières années du XX° siècle, la gériatrie.
Au début du XX° siècle on construit un nouvel hôpital Saint-Eloi situé en périphérie de la ville, une maternité et un hôpital psychiatrique, l’hôpital Font d’Aurelle qui deviendra bientôt l’hôpital de la Colombière.
Au milieu du XX° siècle, sur le site du vieil Hôpital Général on construit un bâtiment en hauteur, le deuxième après l’hôpital Beaujon à Paris. Ce sont les Cliniques Saint Charles devenues plus tard hôpital Saint Charles, qui ont été inaugurées en 1939.Cet hôpital de spécialités regroupant les services de l’Hôpital Général sera utilisé une soixantaine d’années. L’Hôpital Général et l’hôpital Saint Charles seront définitivement abandonnés en l’an 2000.
A la fin du XX° siècle un important effort de rénovation transforme complètement le paysage hospitalier. Le vieil hôpital Saint-Eloi, en grande partie rénové abrite désormais les services de Médecine internes, les services médicaux et chirurgicaux consacrés à la pathologie digestive et à la greffe hépatique, les services d’hématologie et de greffe médullaire, la cancérologie médicale, un service de pédopsychiatrie, des unités de recherche sur les cellules souche et les neurosciences. Un nouvel hôpital, Gui de Chauliac construit en 1970 sur le site de Saint-Eloi, est désormais consacré à la neurologie, l’infectiologie , la neurochirurgie, l’ORL et l’opthalmologie.
Sur un deuxième site, deux hôpitaux, l’hôpital Lapeyronie (1984) et l’hôpital Arnaud de Villeneuve (1993) abritent respectivement les urgences, la néphrologie et la greffe rénale, l’orthopédie, la pédiatrie chirurgicale et la rhumatologie pour le premier, la gynécologie obstétrique, la pédiatrie médicale, la cardiologie et la pneumologie, la chirurgie cardiovasculaire et la greffe cardiaque pour le second.
La psychiatrie, entièrement prise en charge par le CHU, occupe toujours le site de l’hôpital la Colombière, en grande partie rénové, qu’elle partage avec le nouvel hôpital gériatrique Antonin Balmes (1999).
L’administration hospitalière est logée dans le centre André Bénech (1977) au voisinage de l’hôpital Lapeyronie.
Le CHU de Montpellier, ensemble regroupant environ dix mille agents, 2750 lits, assure d’importantes fonctions d’enseignement et de recherche. Son budget est le huitième budget hospitalier français.
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Lieux et pratiques de santé
du Moyen-Age
à la Première Guerre
Mondiale Sous la direction de Marie-Claude Dinet & Scarlett Beauvalet
Sous la direction de Marie-Claude Dinet & Scarlett Beauvalet
Encrage Edition, Amiens, 20133
235 p. 29 € |
’ouvrage est issu d’une journée d’études, en 2011, se situant dans la continuité du colloque international tenu en 2006 sur le thème « Hôpitaux, enjeux de pouvoir », dont les actes furent publiés en 2008 dans un numéro spécial de Revue du Nord. Il comprend, outre l’introduction, douze contributions, placées sous le signe de l’histoire sociale et culturelle de la santé, qui visent à dépasser le cadre traditionnel de l’histoire de la médecine et des hôpitaux. Comme ces derniers n’ont jamais eu l’exclusivité du soin des corps et des âmes, il paraît judicieux de dresser une ébauche typologique des autres lieux et pratiques de santé, de s’interroger sur leur fonctionnement et de voir comment ils se situent entre médecine et santé, entre « Cure » et « Care » pour reprendre l’expression des anglo-saxons.
Hors des sentiers battus, l’approche novatrice de plusieurs jeunes historiens sollicités par Scarlett Beauvalet et Marie-Claude Dinet-Lecomte trace une direction de recherche prometteuse. Sur la longue durée, il s’agit ainsi de réévaluer en termes de tension ou de complémentarité l’offre de santé, son évolution par rapport à la médecine « officielle », à la religion, aux besoins de sociabilité ou, au contraire aux situations d’urgence en temps de guerre. De la prison au cabinet d’une princesse, en passant par la maison médicale du roi, les infirmeries monastiques, la logistique sanitaire dans les armées, le thermalisme, l’assistance aux vieillards ou aux femmes enceintes, le lecteur trouvera un premier inventaire de lieux parfois inattendus où la médicalisation n’est pas un vain mot.
Sommaire ::
- Introduction : la santé, une histoire en pleine forme ?
Marie-Claude Dinet - Bona diagnosis, bona curatio. Lèpre, justice et société en Auvergne à la fin du Moyen Âge.
Johan Picot - Les soins du corps et de l’âme dans les prisons européennes à la fin du Moyen Âge.
Romain Telliez - Les lieux de santé de l’abbaye de Corbie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Jacqueline Brassart - Aux origines du thermalisme : santé et mondanité à Forges au XVIIe siècle.
Gérard Hurpin - Du contrôle politique à l’évolution des pratiques : l’influence de la faculté française à la cour de Philippe V d’Espagne (1700-1746).
Catherine Desos - Soigner et prévenir les maladies d’une princesse à la fin du XVIIIe siècle : l’exemple de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803).
Aurélie Chatenet-Calyste - « Parle-moi de ta santé » : soins du corps et pratiques de santé à travers la correspondance de deux familles nobles à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.
Scarlett Beauvalet - Réception et diffusion des théories du Major Monroe : quelles incidences sur les connaissances de la médecine militaire de l’Ancien Régime ?
Vincent Haegele - Conditions d’accueil et d’évacuation des soldats samariens malades : des hôpitaux ambulants aux hôpitaux sédentaires (1792-1814).
Nathalie Trouillet - Les sociétés de charité maternelle, de la charité à l’assistance médicale.
Emmanuelle Berthiaud - Accueillir ou soigner ? Les ambivalences de l’offre d’assistance aux vieillards des hospices parisiens au XIXe siècle.
Mathilde Rossigneux-Meheust - L’asile au défi des troubles psychiques de guerre (1914-1923) : le centre de Fleury-les-Aubray.
Paul Marquiss
Cet ouvrage a été édité avec le soutien du Centre d'Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits de l'université de Picardie-Jules Verne.
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Soigner et être soigné sous l'Ancien Régime.
L'Hôtel-Dieu de Marseille aux XVIIe et XVIIIe siècles
Judith AZIZA
Presses universitaires de Provence, 2013
392 p., 29 €
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Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’Hôtel-Dieu était le plus grand hôpital de Marseille. Dès sa création, il se distingua de nombres d’hôpitaux de son époque par l’emploi d’un personnel soignant strictement laïque et par la présence d’une véritable équipe médicale. Soutenus par la direction de l’hôpital, les soignants proposaient des soins en adéquation avec les connaissances médicales de leur époque, répondant à des normes qualitatives strictes visant à la guérison complète des malades. Mais l’hôtel-Dieu ne fut pas qu’un lieu de soins ; il fut aussi un lieu de travail et de vie pour son personnel qui y assurait une présence continue de jour comme de nuit. Il fut, en outre, un lieu de formation pour les chirurgiens et les pharmaciens qui y suivaient un véritable cursus pouvant mener jusqu’à l’obtention des lettres de maîtrise.
L’auteure, docteur en histoire moderne de l’Université d’Aix-en-Provence,
traite de cette vie quotidienne dans un hôpital de l’Ancien Régime. Elle retrace l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Marseille à travers l’institution, les conditions d’accueil et de vie des malades, le travail des médecins, infirmiers et domestiques au chevet des hospitalisés, la gestion des maladies à traves les notions d’identification et de guérison.
L’ouvrage, comme le souligne Régis Bertrand dans la préface, est bien davantage qu’une importante monographie hospitalière. Il montre en quoi le principal établissement d’assistance de Marseille s’affiche comme un véritable centre de soins médicaux et comment il est devenu, dès l’Ancien Régime, un lieu de médicalisation de la société. Le travail de Judith Aziza constitue à cet égard une référence majeure sur l’histoire de la médecine largement entendue et pour tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des grands hôpitaux urbains d’Ancien Régime.
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La culture générale
Manuel méthodologique de préparation aux épreuves de culture générale dans les concours de la fonction publique
Yann BUBIEN
Les Études Hospitalières, Bordeaux, coll. « Prépa concours
hospitalier ». 2e édition, décembre 20122
144 pages
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Qui pouvait mieux proposer ce type d’ouvrage que Yann Bubien, directeur général du CHU
d’Angers, diplômé en sciences politiques, en droit et en philosophie, ancien élève de l’École
nationale de la santé publique, chargé d’enseignement à Sciences Po et membre de plusieurs
jurys de concours administratifs ?
Ce manuel s’adresse à tous les candidats qui concourent pour intégrer la haute fonction
publique via l’ENA, l’INET, l’EHESP, l’EN3S, les IRA, l’Assemblée nationale, le Sénat, les
Affaires étrangères… et qui, sur ce parcours, seront confrontés à l’épreuve de culture
générale.
Cette évaluation écrite et orale est souvent redoutée des candidats. Ils pensent, en effet, que
cet exercice relève souvent du hasard, de la chance et qu’aucune préparation ne pourrait
permettre de rattraper un manque de connaissances dont les origines remonteraient à
l’enfance, au milieu social, à la formation scolaire et universitaire.
Il est vrai qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible, d’acquérir une véritable culture
générale en quelques mois, lors d’une préparation aux concours. Elle dépend effectivement
principalement des études du candidat, de ses lectures, de sa curiosité…
Il est néanmoins possible de combler certaines lacunes. Par un travail méthodique et régulier,
un candidat peut préparer l’épreuve en respectant la commande, en assimilant l’indispensable
et en s’intéressant à l’actualité du monde.
Tous les concours administratifs, ou presque, comportent une épreuve de culture générale, et
même souvent deux, à l’écrit et à l’oral. Son coefficient est généralement le plus élevé. Il est
dès lors indispensable de bien s’y préparer. Et c’est précisément l’objectif de ce manuel.
Cette deuxième édition, enrichie, tient compte des évolutions constatées dans l’épreuve de
culture générale aux concours de la fonction publique. Elle en actualise les fondamentaux et
présente de nouveaux corrigés inspirés des dernières thématiques et sujets proposés. Cet
ouvrage doit permettre aux candidats d’optimiser leur préparation, en s’appuyant sur une
palette d’outils qu’ils devront doser, combiner à partir de l’identification de leurs points
faibles. Il ne s’adresse pas aux meilleurs, il s’adresse à ceux qui doivent travailler pour
s’améliorer.
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Un Asile d’aliénés
Saint-Lizier 1811-1969
André ORTET
200 pages, ouvrage à compte d’auteur :
André Ortet, Village, 09160 Cazavet
Novembre 2004 |
Datant de 1660, l’ancien palais des évêques, devenu l’hôpital psychiatrique de Saint-Lizier, fut l’un de ces lieux d’accueil et d’enfermement des malades atteints de folie et, donc, le témoin et l’acteur de la mutation extraordinaire que vécut la psychiatrie. C’est l’histoire de cette révolution, mais aussi de l’évolution économique et sociale du Couserans, tant pour les malades que pour les soignants, qui en étaient majoritairement originaires, qui nous est contée par André Ortet.
Cadre infirmier spécialisé en psychiatrie, amoureux d’un métier qu’il a principalement exercé à Saint-Lizier, cet ariégeois, passionné de Couserans, a collecté deux siècles de documentation. Il nous livre bien plus qu’un recueil de documents curieux et enrichissants, de témoignages étonnants et émouvants, mais nous fait vivre aussi les péripéties de deux guerres, deux épidémies, et de nombreux événements de la vie locale..
Cet ouvrage, on l’aura compris, constitue également une déclaration d’amour de l’auteur à Saint-Lizier. C’est comme un roman d’aventures dans lequel il nous raconte, avec pertinence, émotion et humour, la vie et le rôle de l’ancien palais des évêques durant les derniers siècles et l’extraordinaire évolution de la psychiatrie dans le même temps.
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Deux cents ans d’histoire lyonnaise (1811-2011)
de Jeanne Garnier à l’Hôpital de Fourvière
Simone WYSS, Paul
GRANGE
Préface du cardinal
Philippe Barbarin
Éditeur et vente : Association Œuvre des Dames du Calvaire - 22, rue Roger Radisson
69005 Lyon. 109 p., 12 €..
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Ce livre est né au départ d’un constat : les Lyonnais eux-mêmes connaissent mal l’aventure initiée par leur compatriote, Jeanne Garnier, alors que des étrangers y font référence.
À l’occasion du bicentenaire de sa naissance, l’Hôpital de Fourvière et l’Œuvre des Dames du Calvaire, associations issues de son action et de son charisme, ont demandé à Simone Wyss, professeur honoraire de l’Université Lyon 2, et à Paul Grange, administrateur de l’Hôpital de Fourvière, de retourner aux sources documentaires pour mieux révéler son histoire et celle des établissements qu’elle a inspirés.
Les auteurs se sont d’abord attachés à rappeler la vie de Jeanne Garnier, fondatrice de l’Œuvre du Calvaire, puis se sont penchés sur ce qu’ils appellent « L’âge d’or du Calcaire » de 1854 à 1914, avec l’extension et la modernisation de l’hospice, l’essaimage de l’œuvre en France et à l’étranger et la fondation de l’Œuvre de la Croix. Ils présentent ensuite les transformations majeures du XXe siècle entre les deux guerres et après la Deuxième Guerre mondiale, marquées par la modernisation progressive de l'Hospice du Calvaire et son passage à l'Hôpital de Fourvière (1950-1990). Les auteurs abordent enfin la période contemporaine : l’Hôpital de Fourvière de 1990 à 2011, avant de s’interroger, pour finir, sur ce que sont devenues en France, en Belgique et aux États-Unis, les institutions issues du charisme de Jeanne Garnier.
Cette histoire, si elle s’inscrit dans des espaces connus des Lyonnais, relate des événements sur deux siècles et donne des repères à tous les lecteurs, permettant de mesurer la progression et l’évolution d’établissements hospitaliers grâce à l’opiniâtreté de ses acteurs. En cela, elle est porteuse pour l’avenir et pour chacun, comme le souligne, dans sa préface, le cardinal Barbarin, archevêque de Lyon, d’« une grande espérance », en formant le vœu qu’elle « ne défaille jamais ».
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Le compas et le bistouri..
Architecture de la médecine et du tourisme curatif
L’exemple vaudois (1760-1940)
Dave LÜTHI
Éditions BHMS Lausanne, 2012, 545 p., 53 €
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Les établissements médicaux suisse du canton de Vaud construits entre 1760 et 1940 sont des témoins privilégiés de l’émergence d’une architecture rationnelle, ainsi que de phénomènes historiques et sociaux tels que la médicalisation de la société et du territoire, l’essor du tourisme médical, le transfert des modèles et des technologies. L’étude des hôpitaux, des sanatoriums, des cliniques et des établissements de bain montre comment l’invention d’une « architecture à soigner » relève du fait conjoint du médecin et de l’architecte, tous deux cherchant à créer des établissements qui soient des faire-valoir de leur pratique, mais aussi des monuments à la gloire de la santé publique ou de la philanthropie.
Tel est le fil conducteur de ce remarquable ouvrage qui présente en premier lieu les modèles de l’architecture médicale, avec les standards européens caractérisées par l’hégémonie française de 1800 à 1870, puis les modèles suisses par périodes bien établies. Ce chapitre permet en particulier de comparer la formation des architectes et des médecins en France, Suisse et Allemagne, pour mieux comprendre « l’architecture médicale ». La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée au paysage médical vaudois à travers les « airs, eaux, lieux »qui permettent de découvrir, notamment, les stations hydrothérapiques avant et après 1850 et les stations aérothérapiques avec cinq études de cas. L’auteur traite dans une troisième partie de l’alliance du médecin et de l’architecte ou « de l’invention d’une architecture médicale ». Il part de l’hôpital au XVIIIe siècle, poursuit avec l’apparition d’une architecture thérapeutique, celle des bains, puis aborde les grands chantiers de l’État, les infirmeries, les lazarets et sanatoriums, cliniques privées, établissements cantonaux, etc.
Comme le souligne Anne-Marie Châtelet dans la préface de l’ouvrage, les travaux historiques sur ce type d’édifices sont encore peu nombreux. C’est tout le mérite et le talent de M. Lüthi d’avoir osé tenter « de pénétrer le labyrinthe des relations entre médecins et architectes ». L’ouvrage, d’une forme très soignée, représente, quant au fond, un apport essentiel sur l’expression architecturale vaudoise des établissements de soins. Il est complété par une riche iconographie, une abondante bibliographie qui complète des sources nombreuses.
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L'Hôpital de l'enfance de Lausanne
Histoire d'une institution pionnière de la pédiatrie suisse
Marie TAVERA et
Vincent BARRAS
Éditions BHMS Lausanne, 2009, 188 p. 36 €
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Le destin de l’Hôpital de l’enfance de Lausanne, fondé il y a 150 ans dans le contexte du « Réveil » et de la philanthropie protestante, est à bien des titres exemplaire d’une histoire des soins à l’enfance propre à l’ensemble de l’Europe occidentale. Cet ouvrage, fondé sur une recherche originale et doté d’une iconographie inédite, en illustre un épisode particulièrement riche, celui d’une institution partagée depuis le 19e siècle jusqu’à nos jours entre volonté de protection sociale, processus de médicalisation et de développement de la spécialité pédiatrique, et souci de santé publique.
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L’hôpital Marie Feuillet de Rabat.
Origines, histoire et évolution
Ali AKHADDAR
144 pages, format 17×24.
115 figures noir/blanc et couleurs, partiellement inédites.
Cet ouvrage est actuellement disponible :
- dans les grandes librairies de Rabat (Livre Service, Troisième Millénaire, Kalila wa Dimna, Aux Belles Images, Librairie Internationale de Rabat, Librairie-papeterie de l’Agdal, …).
- chez l’auteur (akhaddar@hotmail.fr)
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L’hôpital Marie-Feuillet de Rabat (1912-1961), ancêtre de l’actuel hôpital militaire d’Instruction Mohammed V, est mis à l’honneur dans ce travail pour le centenaire de sa création et au lendemain de l’inscription de la ville de Rabat dans le patrimoine mondial de l’humanité. Témoin de la médecine du temps du protectorat français, cet hôpital est un précieux héritage pour les générations actuelles et futures que seule la mémoire en images peut bien conserver..
Ce livre, sans précédent sur le sujet, est organisé en douze chapitres richement iconographiés. Il est basé sur des documents d’archives dispersés de part et d’autre de la Méditerranée dont certains sont inédits. Il reprend les circonstances de la naissance de l’hôpital Marie Feuillet, son expansion, ses activités et les efforts accomplis par son personnel et ses dirigeants. L’histoire de la médecine marocaine et coloniale s’en trouvera sûrement enrichie.
Les professionnels de la santé, ainsi que le grand public, sont invités à revivre le passé captivant, fascinant et parfois nostalgique de ce prestigieux édifice à travers plus d’une centaine de cartes postales, photos, documents d’archives, récits historiques et témoignages..
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L’hôtel-Dieu de Tonnerre, XIIIe – XXe siècles
Métamorphose d'un patrimoine hospitalier
Sylvie LE CLECH-CHARTON
Éditions Dominique Guéniot, Langres, 2013 (121 pages), 24 € |
L’hôtel-Dieu de Tonnerre est le plus ancien hôpital conservé en Bourgogne. Il se trouvait au centre d’un ensemble architectural complet et important, comprenant, à côté de l’hôpital de type « halle », autour d’une cour disparue aujourd’hui, des salles du XVIIe siècle et, joint par une galerie, le château de Marguerite de Tonnerre, sa fondatrice en 1293, détruit après 1848 pour laisser place à l’édification de l’actuel « pavillon Dormois », bâtiment de style néo-Renaissance. Seul un pavillon de plan carré situé près de la rivière de l’Armançon rappelle l’emprise considérable du domaine établi par Marguerite de Tonnerre, la bienveillante comtesse dont les chroniqueurs et historiens de toutes périodes ont fait un personnage attachant, symbole du style de vie adopté par les proches de la famille capétienne et les ducs de Bourgogne. Parmi les hôpitaux médiévaux d’Europe, c’est donc le plus vaste et le plus impressionnant. Par sa monumentalité et sa sobriété, par ses décors ou objets mobiliers, il offre, malgré les destructions ou transformations, l’exemple d’un patrimoine parvenu jusqu’à nous sans être fondamentalement dénaturé, lisible par tous grâce à la qualité de ses espaces même si la situation actuelle des objets relève d’une disposition parfois tardive et oriente la perception visuelle et l'analyse historique. Les hôpitaux médiévaux de grande taille, insérés aujourd’hui dans les villes, sont plus rares que les édifices à plan symétriques en U ou H, témoins de l’architecture classique des XVIIe et XVIIIe siècles. Ils sont moins familiers que les traces nombreuses qu’ont laissées les petits établissements ruraux, les multiples « maladreries », « maladières » et « léproseries », tenus par des communautés religieuses, dont le souvenir se lit encore dans la toponymie et s’observe dans la géographie. Par contraste, l’hôpital de Tonnerre apparaît bien singulier et se situe à une date précoce dans les fondations hospitalières d’origine privée. D’un point de vue architectural et historique, on ne lui connaît de conservé en Bourgogne, en ville, qu’un parent plus tardif mais prestigieux : l’hôtel-Dieu de Beaune, fondé en 1443 par Nicolas Rolin et Guigone de Salins, son épouse. D’un point de vue plus général, le développement des établissements hospitaliers en réseau serré, surtout en milieu rural, est bien connu des historiens médiévistes, qui identifient la période comprise entre 1130 et 1260 comme cruciale. Mais d’infimes traces matérielles subsistent en élévation pour ces bâtiments médiévaux, que les sources écrites identifient sans les situer systématiquement avec précision. Par la suite, les communautés d’habitants prirent activement en charge la gestion des hôpitaux urbains. Ils y développèrent une politique d’assistance matérielle, des soins aux malades dont on voit les progrès continus, malgré les idées reçues sur l’inexistence d’une médecine, qui, pour n’être point scientifique au regard de nos actuels critères, avait des connaissances certaines en termes de diagnostic et de pratique des soins (chirurgie traumatique, observation du pouls et des urines, connaissance de l’anatomie et des vertus thérapeutiques des plantes ou minéraux).
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Le droit de la responsabilité hospitalière
Caroline Lantéro
Éditions du Papyrus *, 2012
366 p.
* 23/25 rue Étienne Dolet 75020 Paris
Tél. 01 46 36 92 53
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Plutôt qu’une présentationour
et plus encore le troisième dimanche de novembre, pour la vente aux enchères des vins de Bourgogne de leur domaine, sous l’étoile de la charité. Découvrez comment cet établissement a mené sa
mission et acquit sa renommée internationale : la formation de son patrimoine, parti de rentes en sel vers la pierre, la terre et le vin, assidûment nourri par des donations et des héritages, la
continuité de gestion de l’hôpital, la traçabilité de toutes les parcelles de son vignoble, créé avec patience, sans les exigences des partages, exploité et peaufiné avec vigilance pour que les
revenus assurent la modernisation et l’extension de tous les services, à la lumière du progrès et de la science.
L’« Histoire des Hospices de Beaune » offre une immersion dans un espace répondant à ses propres codes, où s’expriment toutes les voix et se concentrent toutes les attentions pour
faire tourner l’hôpital qui lui-même fait tourner la ville. Chaque pan de ce livre est magistralement documenté via les décryptages, les brassages et les synthèses d’une masse considérable
d’archives, inexplorées et précieusement conservées. Une lecture passionnante, vivante et très attachante, où séduisent d’emblée la clarté du style et la richesse des données..
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L’hôpital de Gonesse
Huit siècles de patrimoine et d’histoire
Jean-Pierre Blazy, Daisy Guglielmetti, Denis Savineaux
Saint-Ouen-l’Aumône : Éd. du Valhermeil, 2008
190 p., 25 € ISBN 978-2-35467-051-1 |
Lorsqu’en 1208 le fondateur de l’hôtel-Dieu Pierre du Thillay, bailli du roi Philippe Auguste effectuait son premier don, nul ne pouvait imaginer que huit siècles plus tard sa fondation
serait toujours vivace. À tel point que l’hôpital a récemment décidé de poursuivre son histoire multiséculaire en réalisant un nouveau bâtiment qui sera la pièce maîtresse de la
restructuration de l’hôpital contemporain.
Les huit siècles de l’histoire hospitalière de Gonesse et le riche patrimoine tant immobilier que mobilier sont présentés dans cet ouvrage à travers un choix de documents commentés. Tout
d’abord un patrimoine archivistique de loin le plus important des établissements du Val-d’Oise comptant près de 30000 documents. Ensuite un patrimoine architectural majeur dont l’intérêt est de
rendre tout à fait lisible dans le paysage urbain la permanence de l’institution hospitalière à Gonesse depuis 800 ans. Enfin le patrimoine mobilier avec l’apothicairerie qui date de Louis XV,
exceptionnelle en Île-de-France. Les mémoires de l’écrit, de la pierre et de l’objet sont tour à tour sollicitées pour retracer l’histoire de l’hôpital depuis la fondation médiévale jusqu’à nos
jours..
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Hôpitaux du Nord
Huit siècles de médecine
Philippe Scherpereel
Lille : La Voix du Nord, 20100
Coll. Les Patrimoines
52 p., 7 € |
L'histoire millénaire de la médecine régionale constitue son patrimoine. Du Moyen Âge à nos jours, de nombreux établissements hospitaliers témoignent de l'évolution des conceptions de la
médecine. Confronté aux fléaux des grandes épidémies, ravagé par de nombreuses guerres, soumis aux conditions sanitaires désastreuses dues à l'industrialisation, le Nord a su faire face grâce
à ses médecins et à ses soignants. Il dispose aujourd'hui d'un potentiel d'hôpitaux et de laboratoires de recherche à la pointe de la technologie, de médecins et de chercheurs performants. Le
Nord est prêt à relever les grands défis du futur, le cancer, la dégénérescence liée à l'âge, avec de nouvelles armes forgées par la recherche notamment en immunologie, en génétique et en
technologie.
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Anatomie d'une institution médicale.
La faculté de médecine de Genève (1876-1920)
Philip Rieder
Lausanne : Ed. BHMS et Médecine-Hygiène, 2009
386 p., 47 €;
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La Faculté de médecine, imposée en 1876 par le gouvernement radical établi à Genève, issu d'un parti politique ambitieux, se devait avant tout d'attirer les étudiants. Les
enseignants et les chercheurs s'efforcèrent de s'imposer dans les milieux hospitaliers, auprès des malades et dans d'autres domaines de la vie genevoise. Le monde médical dut en outre s'adapter
aux découvertes microbiologiques révolutionnaires de Pasteur et de Koch. À travers l'exemple genevois, cet ouvrage, après avoir rappelé les formations médicales sous l'Ancien Régime et le passage
de la « Genève française » à la « Genève radicale », illustre en quatre grandes époques les transformations profondes de la médecine entre la deuxième moitié du XIXe siècle et la
première moitié du XXe siècle.
Le travail qui a précédé l'élaboration du livre de M. Rieder, historien spécialisé dans l'histoire sociale et chercheur à l'université de Genève, a demandé de nombreuses années
de recherches et fait l'objet d'une vaste enquête sur l'histoire de l'école médicale de cette université. Une grande partie des informations indispensables a été recueillie dans des fonds
d'archives et des bibliothèques genevois. Des sources et une bibliographie abondantes, ainsi que de nombreuses notes complètent cet ouvrage, illustré de surcroît par une iconographie qui s'est
révélée, de l'aveu même de l'auteur, « une entreprise considérable ».
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Aux marges de la famille et de la société.
Filles-mères et enfants assistés à Lyon au XIXe siècle
Guy Brunet
Paris : L'Harmattan, 2008
246 p., 23 €
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L'auteur se livre à une approche, qu'il qualifie lui-même de biographique, d'un fait de société à la fois important et longtemps occulté, du moins dans sa vision
globale. Trois périodes clairement définies permettent de suivre d'une part le parcours des enfants trouvés (dont on ignorait la filiation) ou abandonnés (confiés à une institution et dont on
connaissait au moins l'identité de la mère, même si elle ne pouvait pas toujours être contrôlée), d'autre part leur devenir. En premier lieu sont étudiés le problème national posé par ces enfants
et les réponses apportées d'abord à l'échelon central : lois (comme la création des Assistances publiques, la loi Roussel, etc.), règlements (dont les charges, droits et devoirs des parents
nourriciers, la diversification des modes d'assistance), puis à l'échelon local (prise en charge dans les régions lyonnaise et avoisinantes). En second lieu, l'auteur aborde les relations entre
les « filles-mères » et l'institution, relations parfois difficiles même au sein d'une œuvre de charité, laquelle tente, lorsque les circonstances le permettent, de maintenir un lien entre
l'enfant et sa mère. Enfin, l'ouvrage traite du destin de l'enfant trouvé ou abandonné, en suivant son parcours depuis l'enfance passée en institution ou en famille nourricière, jusqu'au mariage
et à la famille qu'il va créer. Parmi tous les intéressants développements, un chapitre porte en particulier sur l'attribution des patronymes.
L'un des aspects novateurs de cette étude tient à son caractère exhaustif : l'auteur ne se limite pas à décrire, même de façon précise, avec de nombreuses statistiques, un fait de société. Il
éclaire au surplus une zone historiographique restée dans l'ombre en répondant largement à la question : que deviennent les enfants trouvés ou abandonnés ? Par ailleurs, comme guidé par un fil
conducteur, le lecteur peut apprécier tout au long de l'ouvrage les évolutions législatives et règlementaires sur la protection des enfants : contrôle des placements, surveillance médicale, débuts
de l'instruction (même si elle semble rester essentiellement religieuse), statut d'apprentissage, etc..
Un chapitre est consacré à la richesse des sources lyonnaises ; elles tiennent en partie aux travaux de maîtrise, DEA, master des étudiants de l'auteur, professeur à
l'Université Lyon 2, qui a lui-même étudié cette question pendant plus de dix ans.
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Guerre de Vendée et mortalité
dans les
hôpitaux militaires de La Rochelle
Claudy Valin
in : Ecrits d'Ouest
Société rochelaise d'histoire moderne et contemporaine, 2011.
Tel. 05 46 41 78 82
59 p., 13 €
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Sur le thème de la Guerre de Vendée et mortalité dans les hôpitaux militaires de La Rochelle, la Société rochelaise d'histoire moderne et contemporaine a
consacré une soixantaine de pages du numéro 18 de ses Cahiers Écrits d'Ouest à cet épisode certes connu de la guerre de Vendée, mais en abordant des aspects sanitaires souvent inexplorés.
Ce sont en effet au total pas moins de quatre mille cinquante cinq hommes de toutes armes et tous grades qui ont fini leurs jours dans les hôpitaux militaires de La Rochelle. Et il faut y ajouter
les décès dans le personnel hospitalier contaminé, lui aussi, par le mal de Vendée. Nous devons la connaissance de cet aspect jusqu'alors ignoré de la Guerre de Vendée à une source
archivistique dont l'auteur, Claudy Valin, reconnaît lui-même qu'il n'en soupçonnait pas la richesse avant de l'explorer.
Le vaste aperçu qu'il nous offre est porteur d'une dynamique originale où voisinent dans le récit l'enseignement et sa vision historique, l'écriture littéraire et la
création artistique.
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Hier, aujourd'hui, demain. Le centre hospitalier
Saint-Jean-de-Dieu 150 ans après la mort de son
fondateur Paul de Magallon
Danièle Vaudrey
Association de gestion du centre hospitalier et des institutions médico-sociales Saint-Jean-de-Dieu de Léhon-Dinan, 2009
183 p., 19 €
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En présentant le CH de Lehon-Dinan (Côtes d'Armor), l'auteur dresse en premier lieu un historique de la psychiatrie, avec l'appel de Marie de Médicis aux Frères
hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, congrégation élevée au rang d'ordre en 1586. Au lendemain de la tourmente révolutionnaire, l'Ordre a disparu en France et Paul de Magallon (1784-1859) va le
restaurer et créer en 1836, soit deux ans avant la grande loi « asilaire » le centre hospitalier Lehon-Dinan. Aux difficultés inhérentes aux débuts de toute entreprise, s'ajoute l'inquiétude de la
population : « la folie fait peur ». Puis viennent « les années noires » de 1876-1878 : incendie des bâtiments, meurtres dans l'asile. L'établissement reconstruit est réquisitionné en grande
partie pendant la Seconde guerre mondiale et les troupes d'occupation se soucient fort peu du confort des malades entassés et mal nourris. Mais l'histoire suit inexorablement son cours et
l'activité normale reprend après la guerre. Avec l'arrivée des neuroleptiques, en 1952, « les fous deviennent des malades », le gardien devient soignant et, en 1960 avec la sectorisation, le
soignant devient infirmier de secteur avec une formation spécialisée, « multiforme et complémentaire », tandis que se développent dans et hors de l'établissement les activités de
gérontopsychiatrie, de pédopsychiatrie, la thérapie familiale et autres socio-psychiatries. Entre 1968 et 1975, les mouvements sociaux précipitent la laïcisation du centre hospitalier de Lehon-Dinan
progressivement sur tous les postes. Avec le mouvement antipsychiatrique notamment, et l'émergence d'une nouvelle forme de conscience politique, les soignants s'insurgent contre le paternalisme
religieux. Aujourd'hui, les Frères hospitaliers ne sont plus que quatre sans aucune fonction soignane.
L'ouvrage met enfin l'accent sur « une culture Saint-Jean-de-Dieu » faite de confiance et d'expression des valeurs « dont la première, dit Pascal Conan l'actuel
directeur, est une conception humaniste de la prise en charge des patients ». Et il ajoute : « Certes, avons-nous les mêmes valeurs que les autres hôpitaux mais, ici, on n'en fait pas fi. »
Ce travail, de lecture aisée, comporte par nature un aspect novateur et s'appuie sur une bibliographie sérieuse.
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L'hôpital Pasteur de Poitiers.
300 ans au service des malades
Sous la direction de Gérard Simmat
Éditions du CHU de Poitiers, 2011
157 p., 35 €
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À l'occasion du départ des derniers patients de l'hôpital Pasteur pour le nouveau site de La Milétrie, le docteur Gérard Simmat, auteur déjà de 37 ouvrages dont 25 comme auteur principal sur Poitiers et la Vienne, a réalisé, avec le concours de plusieurs collaborateurs, un ouvrage de
près de 160 pages sur l'histoire tricentenaire de l'hôpital Pasteur. Il présente d'abord le premier site, celui des incurables, selon ses différentes périodes d'activités, notamment avant et après
la Révolution. L'auteur aborde ensuite le site de l'asile d'aliénés, toujours selon le même principe des tranches d'histoire, en mettant en exergue ce qui les caractérise. Il traite enfin du site
moderne de l'hôpital Pasteur consacré essentiellement à la gériatrie, jusqu'à sa désaffection.
Ce travail ne se présente pas seulement comme une simple description historique d'un lieu de soins par périodes révolues. Il fourmille de souvenirs personnels d'un
certain nombre de personnalités et d'anecdotes qui rendent le récit extrêmement vivant et rapproche les protagonistes du lecteur. Des questions plus générales sont également abordées comme
l'architecture du grand âge ou le problème de l'éthique et du vieillissement. Par ailleurs, l'ouvrage est nourri de nombreux articles de presse sur l'histoire de la ville de Poitiers, ce qui a
pour effet de raviver agréablement l'actualité.
Doté d'une très abondante bibliographie, que ce soit des documents généraux, des archives de la ville, ou des sources issues des communautés religieuses qui ont
participé au développement des sites hospitaliers, l'ouvrage présente aussi une abondante iconographie dont de nombreuses photographies personnelles de l'auteur. Les plus anciennes, grâce à un
minimum de retouches ainsi que le dit l'auteur, ont pu conserver le charme d'antan.
L'auteur et ses collaborateurs ont parfaitement réussi dans leur volonté de privilégier l'authenticité et très souvent l'inédit.
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L'hôpital Varsovie
sous la direction de Àlvar Martínez Vidal
Portet-sur-Garonne : Éd. Loubatières, 2011
103 p. + DVD présentant le film Spain in Exile
(ST catalan, espagnol et français)
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L'ouvrage sous-titré Exil, médecine et résistance, aborde un épisode mal connu de l'aide humanitaire internationale : la création par les républicains espagnols
réfugiés dans le sud de la France, après la guerre civile espagnole (1936-1939), d'un hôpital militaire dans les faubourgs de Toulouse. L'hôpital Varsovie, doit son nom à celui de la rue
dans laquelle se trouvait le petit « château » dans lequel fut installé l'hôpital. Ce lieu était destiné au départ à soigner les maquisards blessés qui continuaient à lutter dans le cadre de
l'opération Reconquista de España (1944) pour renverser le régime du général Franco. L'opération ayant échoué, l'établissement se transforma hôpital civil, en 1945, destiné à soigner
l'ensemble des réfugiés espagnols concentrés dans le Midi de la France. Le livre explique comment cet hôpital développa, au-delà des activités de soins proprement dites, une politique qui
l'inscrivit dans une voie résolument moderne. Il devint, entre autres missions qu'il assuma, un centre de formation du personnel soignant, de recherche clinique et de campagnes sanitaires. Les
auteurs ont aussi recherché dans les archives policières des explications à certaines situations comme l'opération Boléro-Paprika qui aboutit en plein contexte de guerre froide, à l'arrestation
par la police française, le 7 septembre 1950, des médecins espagnols de l'hôpital soupçonnés d'être des agents secrets communistes au service du Kominform. Les détenus furent regroupés en Corse,
puis dispersés dans différents pays, notamment en Algérie et en Tchécoslovaquie. L'ouvrage aborde également les vicissitudes vécues par les bénévoles nord-américains, victimes du maccarthisme pour
leur participation à l'aide humanitaire envers les Républicains espagnols. L'établissement, devenu Hôpital Joseph-Ducoing en 1971, représente, au-delà de sa mission soignante, un lieu de mémoire
emblématique.
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La santé des populations civiles et militaires
Nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières. XVIIe-XIXe siècle
Actes du colloque (16-17 octobre 2008)
Villeneuve d'Ascq : Presses Universitaires du Septentrion, 2010
311 p., 23 €
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Cet ouvrage collectif, sous-titré nouvelles approches et nouvelles sources hospitalières,
XVIIe-XVIIIe siècles, fait partie des travaux majeurs réalisés depuis vingt ans sur les politiques laïques de santé publique et la médicalisation de l'hôpital. Grâce à
des sources inédites et des méthodes novatrices, quatorze études sur la santé des populations civiles et militaires retracent les mutations des structures de soins traditionnelles et étudient le
regard des populations sur les formes nouvelles d'assistance sanitaire. Après un prologue sur les origines des services de santé militaire, cinq auteurs étudient la prise en charge sanitaire
par les services de santé militaire aux XVIIIe et XIXe siècles. Trois chapitres portent ensuite sur le thème de la santé des élites, santé des classes populaires (XVIIe
– XIXe siècles). Enfin, sont abordés trois aspects majeurs des innovations et mutations dans les structures de soins (XVIIe – début XXe siècles). En
décrivant le bouleversement des perspectives thérapeutiques, des structures de santé, du développement des médicaments et, par conséquent, des prises en charge des populations militaires et
urbaines, les auteurs nous donnent de précieux matériaux pour mieux comprendre l'histoire de la santé publique et des institutions sanitaires.
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L'Hôtel-Dieu de Vernon
in : Les Cahiers Vernonnais, revue du Cercle d'études vernonnais
Contact : M. Jean Baboux (jean.baboux@wanadoo.fr)
12,50 €, port inclus
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Le Cercle d'Études Vernonnais (Eure) a consacré l'article principal du numéro 34 de ses Cahiers à l'Hôtel-Dieu de Vernon au Moyen Âge, en étudiant les hypothèses sur
le site du premier château et le développement de la ville du XIe au XIIIe siècle. Ce long article ne devrait pas manquer de retenir l'attention de tous les médiévistes en
général et des historiens locaux en particulier. Il allie la recherche de l'emplacement du château ducal à une large réflexion sur l'ancien Hôtel-Dieu dont il ne reste plus de trace dans le
paysage de la ville. L'article présente successivement l'Hôtel-Dieu de saint Louis et ses transformations, puis le nouvel Hôtel-Dieu, la ville et le castrum, avant de conclure sur
l'Hôtel-Dieu et l'urbanisme de la ville au XIIIe siècle, ce qui amène un certain nombre de questions.
Ce travail est l'œuvre de l'un des meilleurs médiévistes français, Jean Mesqui, ancien élève de l'École Polytechnique et des Ponts et Chaussées, docteur en histoire.
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Arthaud de Lyon, aliéniste missionnaire
Frédéric Scheider
Paris : Ed. Glyphe, 2009 338 p., 26 € |
A travers la vie de Joseph Arthaud, aliéniste du XIXe siècle, c'est toute la vie psychiatrique de l'époque qui est revisitée. L'aliénisme constituait alors une discipline
naissante ; sa société n'était pas très vaste – pratiquement tout le monde se connaissait – et il fallait aller à Paris, Montpellier ou Strasbourg pour soutenir une thèse de doctorat. Arthaud
choisira Paris. L'auteur met à profit les pérégrinations de son héros dans la capitale pour nous décrire les hauts lieux asilaires parisiens et nous présenter, avec leurs méthodes, les
maîtres, grandes figures de l'aliénisme qui y œuvraient. Puis, passant les frontières, Arthaud se rend à Gheel et Fitz-Jame, lieux historiques des colonies d'aliénés et de leur organisation
avec les fermes-asiles, exemples dont la France s'inspirera pour, dans un premier temps, désengorger les asiles parisiens, avec les placements familiaux des malades mentaux, notamment à
Dun-sur-Auron (Cher) et Ainay-le-Château (Allier) et mettre ainsi en place progressivement ce que nous appelons aujourd'hui l'accueil familial thérapeutique. Autant d'expériences
enrichissantes dont Arthaud fera son profit, en particulier lorsqu'après la loi de 1838 décidant la création d'un asile dans chaque département, il participera à celle de l'asile du Vinatier à
Bron (Rhône).
Tout au long des développements, nous voyons en contrepoint ceux de la ville de Lyon dans ses évènements notoires : histoire, institutions, constructions, sans oublier les
évènements religieux marqués par quelques grandes figures de la « sainteté lyonnaise » comme Frédéric Ozanam, Pauline Jaricot, dont Arthaud se rapproche, soucieux de servir Dieu, la science et
les fous. Il prend une part active au développement de ce catholicisme social lyonnais qui a marqué le XIXe siècle. Après 1870, les radicaux anticléricaux feront payer cher à Arthaud ses
engagements religieux. « Victime sacrificielle », il perdra successivement ses fonctions de médecin-chef et de directeur de l'asile de Bron pour ne conserver que sa chaire d'enseignement et
mourra en 1883 en ayant déclaré refuser par avance tout discours sur sa tombe.
L'ouvrage de M. Scheider a donc le mérite supplémentaire de faire revivre, avec et dans toutes ses convictions, une belle figure lyonnaise qui semble passablement oubliée.
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L'hôpital dans la France du XXe siècle
Christian Chevandier
Paris : Perrin, 2009
Coll. "Pour l'histoire" 492 p., 25 €. |
1911 : le pays est touché par une canicule. Comme lors des grandes crises (guerres, épidémies), la population hospitalisée est frappée par un surcroît de mortalité sans que nul
ne s'en émeuve hors de l'institution hospitalière. Aucun ministre ne démissionne, à un moment où il n'y a pas de ministère spécifi que de la Santé publique. 2003 : le pays est touché par une
canicule. C'est de l'hôpital que partent les premiers appels pour alerter la population et, quelques mois plus tard, le ministre de la Santé publique doit démissionner. Jadis objet d'indifférence,
l'hôpital est devenu un thème central de l'action politique.
De la fin du XIXe au début du XXIe siècle, l'hôpital connaît une formidable mutation. Réservé autrefois aux indigents, il accueille aujourd'hui l'ensemble de la société. Alors
que l'on y allait parcimonieusement, s'y rendre est désormais un réfl exe. À l'entrée d'un établissement hospitalier, les malades étaient dépossédés de leurs effets personnels, tandis que les
droits des patients sont aujourd'hui systématiquement rappelés. Hier lieu d'accueil mais de relégation, l'hôpital est devenu un endroit où s'exerce la citoyenneté.
L'on soignait mal et l'on guérissait peu dans l'hôpital des débuts de la IIIe République ; les seuls médecins présents étaient le plus souvent encore étudiants et le mot « infirmière » désignait un personnel sans formation. C'est dans les hôpitaux que les Français, sous la Ve République, sont le plus sérieusement pris en charge lorsque les frappent la maladie ou
l'accident ; les meilleurs praticiens y exercent et le personnel paramédical est particulièrement qualifié.
Dans sa démarche, l'auteur ne néglige pas l'évolution de la médecine, de l'économie et du droit hospitalier, et a recours à la sociologie des professions et des institutions.
Pour comprendre comment l'hôpital est devenu ce formidable outil au service de la population, il prend en compte tous les acteurs : les médecins et le personnel des services de soins bien sûr,
mais aussi le personnel administratif et les directeurs sans oublier les ouvriers qui ont, jusqu'au milieu du siècle, tenu dans le monde hospitalier un rôle de premier plan.
Christian Chevandier, professeur d'histoire contemporaine à l'université du Havre et chercheur au Centre d'histoire sociale du XXe siècle (CNRS/ Université de Paris 1
Panthéon-Sorbonne), est spécialiste de l'histoire du travail et des politiques publiques. Il mène depuis quinze ans des recherches sur l'histoire de l'hôpital en France au XXe siècle.
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