Note [21]
Dans un latin que j’ai simplifié et essayé de clarifier, Jean ii Riolan reprochait à Jean Pecquet de croire avoir découvert le réservoir du chyle, en niant que d’autres l’avaient identifié avant lui sous le nom de grande glande du mésentère (v. note [6], expérience i de sa Nova Dissertatio).
Habet interjectas glandulas ad spacia implenda et calorem fovendum : [sed majorem unam in exortu glandulam habet quam pancreas post Fallopium Asellius vocat, ab altero pancrate sub ventriculo et duodeno sito diversum. Ex hac Venarum lactearum originem idem verisimiliter deducit, quia ibi in unum omnes coëunt, indeque tum deorsum, tum sursum ad hepar porriguntur. Accedit quod colore illis venis non sit absimili, et venæ hæ ipsæ hic aliquid habet proprii, ut miris anfractibus, gyris flexibusque toto ejus corpore intextæ sunt].[Il {c} est parsemé de petites glandes pour en combler les espaces vides et conserver la chaleur. (À sa racine, il en existe une plus grande, qu’Aselli, après Fallope, appelle pancréas, mais qui est distincte de l’autre pancréas, placé sous l’estomac et le duodénum. {d} Le même Aselli en a déduit que c’est vraisemblablement l’origine des veines lactées, car toutes s’y réunissent en une seule, d’où elles se dirigent ensuite vers le foie, tant par le haut que par le bas. En outre, la couleur de ce pancréas n’est pas différente de celle des veines lactées, dont une particularité est qu’elles s’entremêlent en son sein, sous la forme d’admirables replis tortueux et sinueux).] {e}
V. note [3], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre xv pour l’observation de Gabriel Fallope sur ce second pancréas. Bartholin l’a représenté sur sa figure xiv (repères BB), avec cette légende : Glandula mesenterii major, ab Asellio Pancreas appellata, in quam omnes venæ lacteæ connectuntur [Grande glande du mésentère qu’Aselli a appelée pancréas, où se rejoignent tous les lactifères].
Cette structure correspond à ce que Bartholin a appelé les « glandes lactées lombaires » (glandulæ lacteæ lumbares), en 1652, dans le chapitre vi du même ouvrage, et qui correspondent, chez l’homme, au réservoir du chyle que Jean Pecquet avait observé chez le chien en 1651.
En somme, plusieurs anatomistes (dont aussi Jacques Mentel en 1629) avaient décrit la convergence des lactifères dans la racine du mésentère, en lui donnant des noms divers et en ne la voyant bien que chez les animaux disséqués après avoir été copieusement nourris. Elle a donc injustement immortalisé le nom de Pecquet ; mais il a été le premier à en faire le collecteur d’où le chyle monte vers le cou en empruntant le canal thoracique qui aurait, lui, certainement mérité de devenir le « canal de Pecquet » ou « pecquétien », comme l’a proposé Riolan (v. note [24], préface de sa première Responsio).
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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