Parce qu’il reçoit le chyle venu des veines lactées mésentériques, [2] à la manière d’une citerne, Pecquet appelle réservoir ce qu’il a récemment été le premier à découvrir sous le mésentère, [3] et lui donne ensuite les noms de retrait lacté, bassin, magasin, vessie du chyle, etc. [1] Ces appellations conviennent certes chez les bêtes où ladite cavité est plus manifeste que chez l’homme ; celle de vessie n’est pourtant guère adaptée parce que le suc qu’elle contient n’est pas un excrément, mais un aliment. M. Jan van Horne, [4] anatomiste de Leyde, [5] a honoré du nom de sac lacté ce qu’il a vu, sans avoir encore lu la description identique que Pecquet en avait donnée avant lui dans le mésentère du chien. [2] [Page 17 | LAT | IMG] Pour notre part, nous parlerons de glandes lactées lombaires [6] parce qu’en vérité, les glandes que nous avons observées chez l’homme diffèrent quelque peu de ce qui existe chez les bêtes. [7][8]Position : elles se situent sous la racine du mésentère, qui les recouvre exactement des deux côtés, au-dessous de l’origine de l’artère cœliaque [9] et des rénales, [10] devant les vertèbres lombaires entre les insertions des muscles psoas, à peu près à mi-distance des reins et des capsules atrabilaires, [11] qu’elles touchent souvent, ainsi que les reins, soit directement, soit par des branches qu’elles leur envoient. [3][12] Elles n’occupent pas exactement la ligne médiane des lombes, mais leur flanc droit ou gauche, voire l’un et l’autre, entre les muscles lombaires sous la veine cave inférieure. [13] Chez l’homme, la glande supérieure siège à droite, juste sous l’insertion des piliers du diaphragme, et les deux inférieures occupent la même situation que le réservoir des bêtes.
Cette position très profonde assure leur protection, leur chaleur, en raison des artères environnantes, et une expulsion plus aisée du chyle, car elles sont encastrées entre le mésentère en avant et le rachis en arrière, de façon que le chyle soit comprimé et chassé dans des conduits très étroits sous l’effet du poids qui les recouvre, à la manière du beurre ou de l’eau contenus dans une outre. [4] Pecquet croit que les piliers voisins du diaphragme contribuent à cette compression, mais ils ne peuvent ni se tendre lors de la respiration, ni tendre le réservoir derrière lequel ils sont placés, ni faire ainsi progresser le chyle qu’il contient. [5][14] Chez l’homme, ils s’avèrent plus proches de la glande supérieure [Page 18 | LAT | IMG] qu’ils entourent et embrassent plus étroitement ; mais à mon avis, les muscles lombaires contribuent aussi à cette action. [15]
Leur structure varie. Chez les bêtes, le réservoir est parfois membraneux, mais fin par comparaison avec le péritoine, ressemblant à première vue à de la pituite épaisse solidifiée ou à de la graisse ; [16][17] il est mou et lisse au toucher, et en y appuyant un doigt il est glissant et flasque, ce qui annonce son contenu liquide ; une fois ouverte à l’aide des doigts ou d’un scalpel, sa cavité se montre composée de deux membranes, et remplie de chyle ou de sérum ; [18] après l’avoir vidée, on en voit plus clairement l’intérieur qui est tantôt capable de recevoir deux doigts, tantôt un seul, mais il peut rester presque entièrement rempli d’un lait caillé et épais. Chez les hommes, sa structure est tout à fait inconstante : elle est glanduleuse et solide, comme sont les autres glandes du mésentère, qui sont comme irriguées par les petits lactifères, mais contiennent du chyle dans leurs minuscules anfractuosités. Je ne puis dire pourquoi sa cavité est beaucoup moins vaste chez les hommes que chez les chiens, sauf à mettre cela sur le compte de leur voracité. [6]
Nombre : les bêtes n’ont qu’une seule grande glande du mésentère, dotée d’une cavité unique ; nous avons pourtant observé que le réservoir est double chez le chien, qui en a un de chaque côté, oblong et placé entre les muscles lombaires et les vertèbres ; celui de droite envoyait sa branche gonflée dans le thorax, tandis que celui de gauche envoyait la sienne vers la glande du mésentère, mais communiquait par des rameaux avec celui de droite. [7] Chez les hommes, j’ai noté la présence de trois glandes : les deux plus grandes étaient placées en face l’une de l’autre et unies l’une à l’autre par de nombreux petits rameaux lactés, entre la veine cave inférieure et l’aorte, dans l’angle formé par les veines cave et rénale gauche ; plus haut, [Page 19 | LAT | IMG] la troisième est très voisine du diaphragme, en grande partie enfoncée sous son pilier tendineux ; je crois pourtant que leur nombre est variable puisque chez un des hommes que j’ai disséqués, il s’en trouvait dans le mésentère un plus grand nombre que chez les autres, et plusieurs les accompagnaient même sur l’aorte, jusqu’à la bifurcation iliaque.
Dimensions : chez les bêtes, il s’étend parfois du diaphragme jusqu’à la troisième vertèbre lombaire, sur une largeur qui remplit l’espace compris entre les muscles lombaires, en s’étendant jusqu’aux reins et à leurs capsules surrénales ; parfois, il est petit et le trouver requiert beaucoup d’attention ; sa cavité intérieure n’est pas aussi ample, mais seulement capable de recevoir deux doigts ou un seul, voire un demi. Chez l’homme, il est formé de plusieurs glandes dont chacune est longue de trois travers de doigt.
Forme : chez les bêtes, elle est irrégulière, mais lisse ; Pecquet nous la dépeint comme ovale ou pyramidale, mais une telle forme n’apparaît qu’après avoir renversé les intestins sur le côté, ce qui fait qu’ils tirent sur le réceptacle, qui suit leur mouvement et se tord pour aboutir à cette configuration ; quand il est laissé dans sa position normale, il est étroit, et nous est souvent apparu oblong. Chez l’homme, les glandes sont rondes ou oblongues. [8][19][20][21]
Couleur : il est blanc, de teinte très semblable à celle du lait. Elle ne disparaît pas sitôt l’animal mort, mais persiste chez les bêtes : soit en raison de sa double tunique qui, étant imbibée de ce qui ressemble à du lait coagulé, n’en perd pas facilement la trace ; soit en raison de la blancheur naturelle [Page 20 | LAT | IMG] des glandes et de l’humeur laiteuse qu’elles conservent. Cela est parfois difficile à bien voir, soit à cause de la graisse environnante, en cas d’obésité, soit à cause de la pâleur du chyle quand il est aqueux. Nous avons aussi noté, chez le second homme que nous avons disséqué, qu’une glande était blanche, mais l’autre plus sombre, ressemblant à de la chair, pouvant conclure que cela résultait de quelque défectuosité du corps moins sain du premier cadavre.
Rapports : le réservoir adhère aux vertèbres en arrière, et au mésentère en avant, par les petits lactifères qui y apportent le chyle ; et vous les verrez en regardant attentivement après avoir écarté le mésentère et les intestins sur le côté gauche. Bien que nos yeux ne puissent discerner s’ils pénètrent dans sa cavité ou sa substance, il ne faut pas douter que le chyle pénètre dans le réservoir, de la même manière qu’il n’y a pas d’orifices lactifères manifestes dans le mésentère ; dans la légende de sa première figure, Pecquet note la présence de valvules dans la paroi plus épaisse des troncs lactifères au contact du réservoir, [22] qui empêchent le reflux du chyle. [9] Latéralement, le réservoir est attaché aux glandes ou capsules atrabilaires et aux reins, soit directement, comme chez quelques chiens, mais avec alors la possibilité de les en séparer aisément à l’aide d’un scalpel, soit indirectement, par l’intermédiaire de petits lactifères. [23] Nous l’avons plus manifestement observé chez l’homme : les glandes lactées nouvelles répandaient de petites branches vers la partie du pancréas attachée au duodénum, et franchissaient la veine rénale gauche, ainsi que l’artère rénale droite. En outre, les glandes échangeaient entre elles des rameaux lactés : la supérieure arrondie était ainsi jointe aux inférieures, [Page 21 | LAT | IMG] dont les émissaires communiquaient aussi largement entre eux et avec les structures de voisinage, comme nous le montrons dans la figure qui suit ce chapitre. Chez un grand chien vigoureux, disséqué sept heures après avoir été nourri, nous avons eu la surprise d’observer des vaisseaux transparents, très semblables à des lactifères, contenant à la fois du sérum et du lait, qui serpentaient vers le haut depuis le mésentère ou le réservoir nouveau en direction de la veine porte [24] et du foie, ainsi qu’en direction des reins, par les émulgentes, et aussi vers le bas, le long de la veine cave inférieure en direction du confluent iliaque, où ils se répandaient et auquel ils étaient joints par une petite membrane médiane. Plus bas, ils cheminaient même jusqu’à la cavité de la vessie qui les recevait ; et en y appliquant une fine ligature, leur segment inférieur enflait, mais ils s’affaissaient en haut, du côté du mésentère ; si bien qu’à notre grand étonnement, nous en sommes venus à soupçonner qu’il s’agissait d’un genre particulier de vaisseaux destinés à transporter du sérum, mais nous en jugerons plus exactement dans une publication ultérieure. [10][25][26] Là-dessus, Jan van Horne m’a écrit de Leyde qu’il n’avait observé que deux branches lactées vers la bifurcation aortique, qui se dispersaient près des iliaques. Plus haut, près du diaphragme, les lactifères thoraciques naissent du réservoir ou des glandes lactées, [27] comme nous le décrirons plus loin.
Thomas Bartholin recensait le vocabulaire pecquétien des Experimenta nova anatomica :
Sans jamais citer Jean Pecquet, Jan van Horne a reproduit ses observations dans son Novus ductus chyliferus. Nunc primum delineatus, descriptus et eruditorum examini expositus… [Nouveau conduit chylifère. Pour la première fois découvert, décrit et soumis à l’examen des savants…] (Leyde, 1652), {a} mais n’a jamais reconnu qu’il n’avait pas la primeur de cette découverte. {b}
Sans clairement dire sur quel animal il les avait recueillies, {c} il a résumé ses observations qu’il croyait originales à la fin de la préface, pages A3 vo‑A4 ro :
Huic celeberrimæ controversiæ lucem aferet proculdubio, et finem forsant imponet, Ductus, ille novus Chyliferus qui ab aliquot hinc mensibus casu in viva sectione nobis se conspiciendum præbuit, quemque saccum lacteum vocare, atque Amicis ostendere solebam, antequam ulteriori indagine totam ejus structuram investigassem accuratius, quem ea fidelitate, quæ Anatomicum decet, nunc describam, prout iteratis vicibus à me fuit observatus, atque ad vivum depictus primò, dein æri incisus, communi Reip. Medicæ bono, quod faxit Deus.[Ce canal chylifère nouveau, qui nous est fortuitement tombé sous les yeux voilà quelques mois en disséquant un animal vivant, éclairera sans aucun doute cette très fameuse controverse {d} et y mettra peut-être fin. J’avais l’habitude de le montrer à des amis en lui donnant le nom de sac lacté, avant que mes recherches ultérieures m’aient permis d’explorer plus précisément sa structure. Avec cette fidélité qui sied à l’anatomiste, je vais maintenant la décrire, telle que je l’ai observée à maintes reprises, et l’ai d’abord dessinée puis fait graver en taille-douce, {c} pour le commun bénéfice de la république médicale, et avec l’aide de Dieu].
- Épître dédicatoire datée du 6 mai 1652, v. note [49], lettre de Sebastianus Alethophilus à Jean Pecquet.
- V. note Patin 6/1402.
- La figure qui illustre le livre montre un canal thoracique unique (H, K) longeant le flanc gauche de l’aorte thoracique (comme chez l’homme) et se jetant dans la veine axillaire gauche (M), ce qui peut correspondre à l’anatomie du chien (comme disait ici Thomas Bartholin), où il est simple ou double selon les races.
- Les débats engendrés par les incertitudes sur la destination des lactifères mésentériques.
Bien qu’il ait très expressément parlé de plusieurs « glandes lactées lombaires » et en ait désigné trois à la fin de ce paragraphe (comme sur sa figure ii), Thomas Bartholin les décrivait au singulier, exactement comme s’il s’agissait du réservoir unique de Pecquet. Ma traduction a corrigé ce lapsus grammatical en employant le pluriel.
Il entretenait en outre l’idée fausse qu’elles communiquent avec les vaisseaux rénaux.
Pour sa comparaison, Thomas Bartholin a employé le mot situla, qui a le sens de « seau », pour l’eau, et de « baratte », pour le beurre ; aucun de ces deux ustensiles n’étant vraiment compressible, uter, « outre », m’a semblé traduire correctement la double idée de Bartholin à l’aide d’un seul mot.
Thomas Bartholin n’admettait pas les raisonnements sur le mouvement du diaphragme que Jean Pecquet avait avancés dans le chapitre xi de sa Dissertatio anatomica (v. sa note [14]), chez le chien.
Le contenu de la structure lombaire qui recueille le chyle est similaire chez l’homme et le chien : lymphe (« sérum ») ou chyle (pendant la digestion des aliments). Les différences de taille notées par Thomas Bartholin sont réelles car le volume et la forme du réservoir varient beaucoup entre les espèces animales et en leur sein ; mais aussi en partie artificielles, liées aux écarts qui existent inévitablement entre ce qui se voit en disséquant un animal encore vivant, et en ouvrant le cadavre d’un pendu, même peu de temps après sa mort (bien des transformations anatomiques étant survenues pendant la petite heure qu’il avait fallu pour le porter du gibet à la table d’anatomie).
Les « glandes du mésentère » correspondent aux confluences de ses lactifères.
Faute de figure montrant ce que Thomas Bartholin a observé chez le chien, il est difficile de comprendre la distinction qu’il faisait entre le réservoir du chyle et la grande glande mésentérique. Ce qu’il décrit est différent de ce que Jean Pecquet a représenté dans sa première figure : réservoir unique recevant un grand nombre de lactifères et se prolongeant en haut par les racines dilatées des deux canaux thoraciques.
On perdrait son temps à vouloir retrouver le réservoir de Pecquet chez l’homme, comme en a depuis attesté l’Anatomie de Bourgery, tome quatrième, page 155, Vaisseaux et ganglions lymphatiques de la cavité abdominale :
« Les lymphatiques de la grande cavité de l’abdomen se résument dans le vaste confluent des ganglions {a} lombaires, d’où procède le canal commun de terminaison, ou le canal thoracique.Lymphatiques de formation des chapelets lombaires. Les chapelets lombaires, à leur origine, forment la continuation des chapelets iliaques primitifs qui représentent tous les lymphatiques du membre abdominal {b} et de la cavité du bassin, moins ceux du testicule, dans l’homme, et de l’utérus, dans la femme.
Comme branches latérales, les ganglions lombaires reçoivent de chaque côté tous les lymphatiques des viscères, soit directement, soit par l’intermédiaire de chapelets ganglionnaires propres à chaque viscère, et d’où se dégagent les rameaux efférents qui rejoignent le réservoir lombaire commun. […] {c}
Les lymphatiques viscéraux qui ne se rendent dans le confluent commun que par l’intermédiaire des chapelets ganglionnaires qui leur sont propres, sont ceux des organes digestifs, l’estomac, l’intestin grêle, le gros intestin, la rate et le pancréas. Parmi ces vaisseaux, ceux qui proviennent des intestins, et particulièrement de la partie supérieure de l’intestin grêle, destinés à absorber le chyle, prennent le nom spécial de vaisseaux chylifères ; ils ne diffèrent des autres lymphatiques que par la nature du fluide qu’ils transportent dans le réservoir commun. Le foie se distingue des autres viscères par le nombre, la disposition et le trajet de ses vaisseaux lymphatiques superficiels et profonds, dont les uns affluent dans le réservoir commun, tandis que les autres pénètrent dans la cavité de la poitrine au travers du diaphragme et vont se jeter dans les ganglions intercostaux et dans le canal thoracique.
Chapelets lombaires. Ils forment, autour de la portion lombaire de la colonne vertébrale, un énorme amas de ganglions et de vaisseaux lymphatiques dont la masse s’explique par ses nombreuses origines, le confluent lombaire étant à la fois l’aboutissant de tous les lymphatiques des deux membres abdominaux et des viscères situés dans la grande cavité abdomino-pelvienne. C’est lui par conséquent qui reçoit les chylifères et forme le confluent de ces vaisseaux avec les lymphatiques proprement dits. Les chapelets lombaires continuent inférieurement {d} sans interruption les amas iliaques primitifs. Les ganglions qui les composent, augmentés par l’afflux considérable des vaisseaux chylifères et des lymphatiques viscéraux, sont remarquables par leurs grandes dimensions et l’énorme volume des vaisseaux qui s’y ramifient. Ils forment quatre traînées ganglionnaires distinctes : deux latérales, les plus considérables, appliquées de chaque côté dans la gouttière des vertèbres et des muscles psoas, où les ganglions très nombreux se pressent et se pénètrent pour ainsi dire les uns les autres ; deux antérieures, placées en avant et en arrière de l’aorte et de la veine cave inférieure qu’elles enveloppent. Ces ganglions plus clairsemés sont unis entre eux et avec les chapelets latéraux par de nombreux vaisseaux d’un gros volume.
Terminaison du confluent lombaire. Au-dessous des attaches du diaphragme, de la partie supérieure du vaste confluent lombaire, procèdent en avant trois ou quatre troncs considérables qui s’insinuent dans l’ouverture aortique du diaphragme, et donnent naissance, par leur réunion, à un grand canal commun, dit canal thoracique. En outre, de chaque côté, les chapelets lombaires fournissent un tronc volumineux, unique ou multiple, qui pénètre dans la poitrine par les arcades des nerfs splanchniques, ou par celles des muscles psoas, et vient déboucher au-dessus, dans le canal thoracique, à une hauteur variable. » {e}
- Désormais appelés « lymphonœuds » : le mot « ganglions » est réservé à leur gonflement pathologique.
- Ou membre inférieur.
- Les lymphatiques qui se rendent directement dans le réservoir sont ceux des organes génitaux, des reins et des capsules surrénales.
- Sic pour supérieurement (en haut).
- Cette configuration complexe est précisément représentée, en couleur, dans la figure 2 de la planche 88, la planche 89 et la planche 90. Il est impossible d’y discerner un réservoir du chyle tel que Jean Pecquet l’a décrit : la nature a été extrêmement bienveillante en dotant le chien d’une citerne unique qu’il a été capable de mettre au jour ; et on comprend la peine que Thomas Bartholin a dû se donner pour retrouver son équivalent chez l’homme.
Légende de la figure 1 des Experimenta nova anatomica, repère LLL :
Mesentericarum Lactearum trunci ; horum juxta Receptaculum amplior tunica valvulas illic delitescentes in refluxuri Chyli interdictum significat.[Troncs des lactifères mésentériques ; leur paroi plus épaisse, au contact du Réservoir, dissimule là des valvules qui empêchent le reflux du chyle].
V. note [55], Brevis Destructio d’Hyginus Thalassius, chapitre iv, pour l’imaginaire passage direct et physiologique du chyle dans les reins.
En revanche, chez le chien, sept heures après un repas, une fois le chyle presque entièrement évacué du mésentère, un œil perçant peut effectivement discerner dans la région lombaire les vaisseaux lymphatiques, remplis d’un liquide séreux translucide, qui leur vient du foie, des reins ou de la vessie, et qu’ils amènent dans le collecteur central (mouvement centripète de la lymphe vers le réservoir de Pecquet) pour qu’il monte enfin dans le thorax vers les veines subclavières. Thomas Bartholin esquissait confusément une description de ces lymphatiques abdomino-pelviens qui s’unissent aux lactifères mésentériques dans la région lombaire (v. supra note [8]), et annonçait la parution de ses Vasa lymphatica (Copenhague, 1653, v. note [25], Nova Dissertatio de Jean Pecquet, expérience i).
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CAP. VI.
Anatomica Glandularum lactearum lum-
barium Historia.
Primum qvod sub mesenterio nuper inventum dixi-
mus, qvia ex lacteis venis mesentericis chylum reci-
pit, tanqvam in Cisterna, Receptaculum vocat Pec-
qvetus, subinde lacteos latices, chyli stagnum, chyli penus,
vesicam etc. Sed hæ in brutis solis nomenclaturæ obti-
nent, qvibus manifestior qvam homini cavitas. Vesica
tamen non ita commoda est, qvia nutritium succum,
non excrementum continet. Cl. Jo. Hornius, Anatomi-
cus Leydensis sacci lactei nomine dignabatur, qvum nec-
dum viso Pecqveto simile qvid in mesenterio canis ipsi
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occurrisset. Nos communi appellatione Glandulas la-
cteas lumbares vocabimus, qvia tales revera in homine
nobis visæ et brutorum parum hinc abludunt.Situs, Infra centrum mesenterij, qvod subinde alteri
exactè superponitur, sub cæliaca et emulgentibus, circa
lumbares vertebras inter earundem musculos ψοας, me-
dia ferè regione inter renes et capsulas atrabilas, qvas
uti et renes subinde tangit vel immediato contactu vel
missis ramis. Non prorsus medium lumborum locum
servat, sed subinde ad dextrum deflectit, plerumque ad sini-
strum, interdum ad utrumque latus inter musculos
lumbares sub cava. Superior glandula in homine dex-
trum eligit, statim sub appendicum diaphragmatis exor-
tu, reliqvæ inferiores cum Receptaculo brutorum parem
situm occupant.Profundior situs et ad tutelam spectat, et calorem
ob vicinas arterias, et ad faciliorem chyli expressionem.
Anteriori enim parte mesenterium instat, ad latus vel po-
stica parte vertebræ, à quibus in angustias compellitur,
ut tanqvam in situla butyrum vel aqva superposito pon-
dere chylus exprimatur. Qvam pressionem juvare credit
Pecqvetus Appendices Diaphragmatis vicinas illi subje-
ctas, qvæ distendi neqveunt in respiratione, qvin et ipsum
Receptaculum distendant, adeoque contentum chylum
propellant. Has vices glandula humana superìor justius
commodiusque experitur, qvam appendices septi arctius
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involvunt et complectuntur. Meo judicio musculi lum-
bares suas qvoqve huc operas conferunt.Substantia variat. In brutis nonnunqvam est mem-
branosa, sed tenuis ex peritonæo appareteque prima fronte
viscida pituita concreta, aut pinguedo. Ad tactum mol-
lis est, et glabra, digitique pressa lubrica est et flaccida, in-
dicatque intus contineri humiditatem. Interius, si vel cul-
tro vel digitis rumpatur, apparet inter duas membranas
cavitas qvædam chylo repleta vel sero, qvo educto mani-
festius conspicitur nunc duos digitos capiens, nunc uni-
cum, nunc vix sensibili cavitate, repletum viscido et coa-
gulato lacte. In hominibus prorsus diversa substantia.
Glandulosa enim est et solida instar aliarum glandula-
rum mesenterii, venulis lacteis qvasi irrigata, chyli tamen
per minimos anfractus capax. Cur verò canibus cavitas
sit excavata magis qvam hominibus, dicere non possum,
nisi in voracitatem illorum causa sit referenda.Numerus. Unicum est brutis, ut respondeat glan-
dulæ majori mesenterii, unicaque cavitas. Observavimus
tamen et in cane duplex, utrinque unum, oblongius inter
musculos lumbares et vertebras situm, in qvo dextrum
ad thoracem mittebat tumidum ramum, sinistrum ad
glandulam mesenterii, qvod tamen cum dextro ramulos
communicabat. In hominibus tres glandulas notavi,
duas majores invicem superpositas, sed mutuis ramulis
lacteis conjunctas, inter cavam descendentem et aortam
in angulo, qvem emulgentes cum cava faciunt. Tertia
Page 19, thomæ bartholini de lacteis thoracicis historia anatomica.
superior diaphragmati vicinior, ejusque principio nerveo
sub appendice immersa. Credo tamen varium esse in
variis numerum, siqvidem in qvodam homine plures in
mesenterio comparebant glandulæ qvam in aliis hacte-
nus à me dissectis, ut etiam qvamplures aortam ad Ilia
usqve comitarentur.Magnitudo. In brutis à diaphragmate ad tertiam
lumborum vertebram nonnunqvam protenditur, la-
tum, ut impleat spacium inter lumbares musculos, ad re-
nes ejusqve capsulas extensum. Nonnunqvam minus, et
curiosè inveniendum. Interior verò cavitas non est adeò
ampla, sed ad digitos duos, vel unum vel medium capi-
endos accommodata. In hominibus, qvia plures glan-
dulæ, singulæ trium transversorum digitorum æqvant
longitudinem.Figura. Externa inæqvalis in brutis, glabra tamen
Ovalem nobis depingit Pecqvetus, sive pyramidalem ;
Sed ea figura apparet tantum reclinatis ad latera intesti-
nis ; qvæ qvum trahant qvoqve secum seqvax Receptacu-
lum, istam figuram extorqvent. Formæ enim est com-
pressæ in situ suo relictum. Subinde tamen et nobis ob-
longiori forma apparuit. In hominibus vel rotundæ sunt
glandulæ, vel oblongiores.Color. Candidus est et lacti simillimus, qvi non pe-
rit facile cum vita, sed constans est, sive ob duplicem tu-
nicam in brutis, qvæ qvasi lacte coagulato imbuta vesti-
gium sui non facilè obliterat ; sive ob nativum glandula-
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rum candorem et contentum humorem lacteum. In-
terdum tamen difficilius discernitur ob pingvedinem
adjacentem in obœsis, et chylum aqvosiorem. Notavi-
mus qvoqve in homine altero, alteram glandulam candi-
dam fuisse, alteram obscurioris coloris instar carnis, vitio
qvodam qvantum ex corpore minus sano colligere po-
tuimus, contracti.Connexio. Postica parte adhæret vertebris lumba-
ribus. Antica mesenterio per ramusculos lacteos, qvi
chylum ad hanc cisternam derivant, eos videbis, si recli-
nato mesenterio cum intestinis ad sinistrum latus, intue-
aris diligenter. An autem penetrent in cavitatem ejus,
sive substantiam, qvanqvam oculis discernere neqvea-
mus, dubitari non debet, qvia chylum admittit, qvem-
admodum nec manifesta sunt ostia lactearum in mesen-
terio. In his truncis lactearum juxta Receptaculum notat
in Explicatione fig. 1. Pecquetus, ampliorem tunicam
valvulas indicare, qvæ refluentem chylum inhibeant. Ad
latera glandulis seu capsulis atrabilariis, et renibus appo-
nitur, sive immediatè, ut in canibus nonnullis, ita tamen,
ut cultro separari facilè possit, sive mediatè per ramulos
lacteos. Manifestius id in homine observavimus. Spar-
gebant glandulæ lacteæ novæ ramulos ad pancreatis par-
tem duodeno subjectam, emulgentem venam sinistram
transcendentes, alios qvoqve ad arteriam emulgentem
dextram. Quin imò invicem glandulæ ramulos lacteos
mittebant, superior rotunda ad inferiores, hæ rursum et
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sibi communicatos ductus largiebantur et vicinis locis,
qvemadmodum seqventi figura expressimus. Mirum
observavimus in cane qvodam satis magno et sano septi-
ma post pastum horá aperto, ductus lacteis simillimos,
sed modo lacte modo sero pellucidos à mesenterio sive
Receptaculo novo serpere partim sursum ad hepar cum
porta, modo ad renes per emulgentes, modò inferiora
versus secundum cavæ descendentis ad Ilia tractum, cui
insternebantur et media membranula jungebantur, do-
nec vesicæ alveus conspectum interciperet ulteriorem,
qvi vinculo levi intercepti inferiora versus tumebant, ver-
sus mesenterium verò inaniebantur, ut suspicio nobis stu-
pentibus nata sit peculiare hoc esse vasorum genus sero
destinatum, de qvo judicium in alias observationes distu-
limus. Perscripsit ad me Leydâ Jo. van Horne duos
tantum lacteos ramos versus divaricationem aortæ pro-
pe crurales sparsos à se observatos. Superius autem prope
diaphragma ex Receptaculo seu glandulis lacteis prode-
unt rami lactei thoracici, de qvibus postea sumus acturi.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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