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Les champs de la chirurgieUn territoire incertainLes maladies vénériennesLe surgissement de la syphilis en Europe, à la fin du XVe siècle, mobilise l’intérêt des médecins et des chirurgiens. Qu’on la rapporte à l’expédition de Charles VIII en Italie ou à la découverte du Nouveau Monde, elle est attribuée, comme l’écrit Ambroise Paré, "à l’ire de Dieu, lequel a permis que cette maladie tombât sur le genre humain, pour refréner leur lascivité et débordée concupiscence". Paré partage sur ce point l’opinion de son ami le chirurgien Thierry de Héry, à l’égard duquel il ne cache pas sa dette. Auteur d’une Methode curative de la maladie Venerienne, vulgairement appellée grosse vairolle (Paris, 1552), Héry analyse les trois remèdes en usage : les décoctions de bois de gaiac ; les onguents et emplâtres au mercure ; et les fumigations. Héry et Paré sont réservés sur l’efficacité du bois de gaïac et recommandent bien plus fortement le mercure, qu’il soit appliqué par frictions ou sous forme d’emplâtres. Outre ces traitements généraux, il faut aussi soigner les lieux affectés, traiter les ulcères de la verge, les gonorrhées et chaudes-pisses, ainsi que les "carnosités" ou caroncules qui obstruent l’urètre et auxquelles des fumigations peuvent remédier. Malgré la certitude que la syphilis est un châtiment comme le font bien voir les terribles ravages qu’elle cause, ces traitements visent à maîtriser autant que faire se peut une maladie à l’égard de laquelle les pouvoirs montrent souvent une intransigeante dureté qui va de l’exclusion à l’enfermement des malades. [notice de Jean Céard]
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