Texte
Jean Pecquet
Dissertatio anatomica
de circulatione sanguinis
et motu chyli
(1651)
Chapitre xii  >

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La fonction filtrante du foie[1]

Ayant ôté au foie la gloire de l’hématose, qu’il a injustement usurpée pendant tant de siècles, [2] il est légitime de dévoiler la charge et la véritable fonction qu’il convient de lui attribuer dans ce qu’on dit être l’officine de la première région[1]

Outre cette force de pilon, transmise par le mouvement respiratoire, [3] que j’ai décrite plus haut et qui écrase les parties de l’abdomen placées au-dessous de lui, le foie procure sa chaleur à l’énorme aflluence de sang (qu’il reçoit par la veine porte) [4] provenant de l’élixation [5] des aliments par l’estomac. [2][6][7] Son parenchyme est aussi conçu pour filtrer ce sang et, de même [Page 88 | LAT | IMG] que les reins le purgent de son sérum [8][9] et que la rate [10] corrige son acidité, le foie le libère de la bile qui y est mélangée. [11]

De fait, aucune source de substance chyleuse ne parvient au foie ; il ne confère donc la pourpre sanguine à aucun aliment, car seul le tronc de la veine porte (qui, comme nous l’avons démontré, ne reçoit pas une goutte de chyle) y engouffre le sang dont elle regorge. Il serait tout à fait déraisonnable (à mon propre avis) de penser que la bile est l’excrément du chyle, parce qu’elle est plutôt celui du sang déjà formé, et qu’aucun autre organe n’est capable de l’en séparer. [3][12][13][14]

Parmi toutes les espèces animales, tu n’en trouveras sûrement aucune dont le sang ne contienne pas de bile, comme en atteste la couleur jaune et le goût salé de son sérum ; hormis peut-être chez quelques-uns qu’une plus aimable nature a pourvus d’un sang doux, de la même façon qu’il est dénué de toute acidité chez d’autres animaux qui n’ont pas de rate, ou qui l’ont très petite.

Cette perpétuelle ardeur, qu’entretient le cœur et qui réchauffe la masse du sang, disperse toutes les parties les plus subtiles sous forme de vapeurs. De la même manière, elle convertirait tout le sang en bile si elle digérait entièrement le reste (que j’appelle le résidu produit par élixation et séparation complète du doux et du salé), mais la bienveillante nature a conçu un émonctoire qui assure la purge de l’excrément amer, ou plutôt salé, qu’une coction excessive a épaissi.

De même que les mains des teinturiers prennent la couleur des pigments qu’ils utilisent, le foie est un viscère bilieux, même s’il est d’un rouge fort sombre, alors que la bile présente diverses nuances : jaune quand elle flamboie, mais brun sombre ou verdâtre quand elle a cuit trop longtemps.

[Page 89 | LAT | IMG] Ainsi chez le fœtus, qui n’a encore jamais élaboré de chyle, dans les débuts de sa formation, le foie, au lieu d’être rouge sang, est-il de couleur jaune safran, car il possède une vésicule remplie de bile. Cela démontre très clairement que la bile n’est pas un excrément de la seconde coction (qui, dit-on, aurait lieu dans le foie), mais bien un excrément du sang qui est la seule humeur à parvenir au foie chez le fœtus. [15][16]

Peut-être le sang de la mère, qui est alors fort chaud et apporté dans la matrice par le foie utérin, [17] serait-il aussi trop pur pour s’écouler dans les veines du fœtus s’il ne perdait d’abord la plus grande partie de sa bile dans le foie, qui le reçoit le premier par les branches de la veine ombilicale. [4][18]

Et telle est, à mon avis la principale fonction du foie chez les animaux.

Réfutation des objections.

Cependant, me diras-tu, ne viderais-tu pas tout le sang de sa bile en le faisant passer par la veine porte ? [5] Avant de te répondre, je t’interrogerai à mon tour sur la sagesse de ta question : dis-moi, je te prie, par quel mécanisme se pourrait-il que du sang qui pénètre au même moment dans les artères iliaques et dans les artères émulgentes [19] ne répande son sérum que dans les reins ? Il est hors de doute que la sagace nature a imposé la nécessité d’un mouvement circulaire au sang pour que sa masse tout entière puisse finir par avoir pénétré dans les mêmes refuges à divers moments de son parcours.

Tu me demandes alors pourquoi ces transferts se font de manière continue, et comment il peut y avoir des conduits profonds qui laissent passer la bile mais en excluant le sérum et le sang, quand d’autres sont perméables au sérum sans l’être à la bile : est-ce parce que le sérum est plus subtil que la bile ? ou l’inverse ? [20]

Je t’avoue que la cause d’une si grande merveille m’échapperait tout à fait si tu ne trouvais suffisant d’admettre qu’existe une diversité tant dans la configuration des matières qui sont transférées, que dans l’ouverture du tamis qu’elles traversent. [Page 90 | LAT | IMG] C’est bien sûr en vain que tu essaieras de faire passer un corps triangulaire dans un orifice circulaire si la hauteur de l’un est égale au diamètre de l’autre, tout autant qu’un corps carré, ou de quelque autre forme polygonale, dans un orifice triangulaire. Je me laisserai pourtant aisément convaincre que les substances aqueuses et bilieuses n’ont pas la même forme, d’où vient que la bile (du moins celle qui est la plus épaisse) n’est pas capable de traverser les méats rénaux, tout comme un sérum fort dense se heurte aux mêmes incommodités pour pénétrer dans un organe spécialement destiné à recevoir la bile.

Tu me demanderas alors si les plus minuscules parties aqueuses et bilieuses possèdent ou non des formes.

À cela je réponds d’abord que l’eau n’est pas seulement un corps poreux, mais aussi caverneux, pour la diversité de ses pores, [21] ainsi que le très savant Gassendi [22] l’a démontré avec une admirable sagacité. Il est pourtant vain d’établir cette diversité des pores aqueux, que tu refuses d’admettre, dans les parties composées d’eau. Vois donc comment la remarquable expérience de Gasendi a prouvé la diversité qui existe dans les pores aqueux.

Il a jeté une poignée de sel ordinaire dans de l’eau de source, dont une partie s’est rapidement dissoute pour former de la saumure, mais le reste des cristaux y est demeuré solide. Dans cette même eau il a ensuite mélangé du salpêtre qui s’y est partiellement dissous de la même manière, en laissant un résidu. En recourant une troisième fois au même procédé, la même chose s’est produite avec de l’alun ; puis en quatrième lieu, du sel ammoniac a subi exactement le même sort que les autres substances qu’il a successivement mélangées à l’eau. [6][23]

En te servant de cette eau-forte, [24] qu’on dit stygienne, tu pourrais aussi, je pense, mettre en évidence les configurations du sel dilué, tout comme les manières d’y dissoudre les métaux.

[Page 91 | LAT | IMG] Il existe deux sortes de cette eau-forte : la première, dite commune, liquéfie tous les métaux (à l’exception de l’or) ; l’autre, dite régale, réduit leur roi en cendres alors que l’argent ridiculise sa si prétentieuse insolence en étant, quant à lui, capable de résister entièrement à cette eau.

La commune est composée d’esprits de vitriol, de salpêtre et de sel marin. Elle devient régale si on la sature de sel d’ammoniac. Je pense que la commune n’imprègne pas l’or parce que les corpuscules de ses sels correspondent si exactement à la forme des pores de ce métal qu’ils ne peuvent y bouger et demeurent inactifs. Elle dissout divers autres métaux par le feu, c’est-à-dire par ce qu’ils contiennent de soufre : ses formes pointues rongent, je dirais presque qu’elles cognent, les cavités de leurs pores, dont la forme est variable, et y pénètrent quand la leur correspond à la sienne. Étant donné que l’ammoniac mêlé aux sels de l’eau-forte commune s’accorde avec les pores de l’argent, mais nullement avec ceux de l’or, il pénètre en tout premier dans l’argent ; comme si, à ce qu’on dit, l’or résistant à l’assaut de l’ammoniac et de ses alliés, il les mobilisait contre l’argent, dont le rempart s’écroule et s’ouvre aux sels qui sont avides de lui. [7]

Si tu parviens néanmoins à expliquer ces événements autrement que par la congruence entre la forme des pores de l’eau et celle des sels, fais-le-nous donc savoir : pour moi, la forme ordinairement carrée du sel marin correspond exactement aux pores quadrangulaires de l’eau, et il en va de même pour ses pores de forme hexagonale qui reçoivent les sels de nitre homologues, et ainsi de suite pour les sels d’autres configurations.

La bile, que nous savons être un sel dilué dans une certaine humeur huileuse, sale le sérum quand elle se mêle à lui, et l’urine a une salinité d’autant plus âcre qu’elle contient plus de bile ; et quand son abondance dépasse la capacité dissolvante [Page 92 | LAT | IMG] de l’eau, tout ce qui y est en excès se transformera en grains de sable qui, étant fusibles par le feu (comme est le sel), ne manqueront pas de sédimenter. [8][25][26] L’eau chaude dissoudra plus de sel que la froide, parce que le feu dilate ses pores en raréfiant l’air qu’elle contient.

Aucun tamis ou crible, ni aucun diverticule ne fait la distinction entre le sérum et la bile, mais seule la partie la plus subtile de la bile s’écoule dans les urines, en étant celui de tous les composants du sang qui est le plus apte à lui donner sa couleur. [27] De même, la partie la plus épaisse du sérum ne pénètre pas dans la vésicule biliaire, où il permet seulement de lubrifier le chemin de la bile et d’y favoriser son écoulement. Il n’est donc pas absolument inepte d’admettre que le sérum et la bile adoptent des configurations différentes.

J’ai parlé de la partie la plus subtile de la bile car, en effet, sa consistance n’est pas uniforme. Je pense qu’elle est triple. La plus subtile est celle qui, diluée dans le sérum, s’élimine dans les urines. On observe les deux autres dans le foie : la plus déliée des deux s’écoule dans la vésicule ; l’autre se glisse dans le méat hépatique, sous la forme d’un suc fort épais ; leur déversement peut stimuler le mouvement péristaltique des tuniques internes des intestins, [28] ce qui permet de les comparer à une clystère naturel ; puis elles sont éliminées avec les matières fécales. [9][29][30][31]

La diversité des obscurs passages filtrants et la conformation variée des corps à tamiser permettent donc que la route soit tantôt barrée et tantôt ouverte aux fluides. Il en va ainsi de la bile : en traversant les reins, la masse du sang élimine sa partie la plus subtile dans l’urine ; son acidité sert à nourrir la rate ; le reste passe dans le foie, où la partie la plus déliée s’écoule dans la vésicule et la plus épaisse est dérivée vers le méat hépatique. En un mot, je dirai que les excréments ne peuvent se disperser que par les issues qui leur sont ouvertes, et que les autres leur sont entièrement fermées.

FIN. [10][32]


1.

V. notes [2], Experimenta nova anatomica, chapitre i, pour l’hématose ou sanguification, prise au sens moderne d’hématopoïèse, et [5], notule {c}, Dissertatio anatomica, chapitre ii, pour la « première région » (de l’abdomen).

2.

Jean Pecquet a décrit le « pilon hépatique » mû par la respiration dans l’avant-dernier alinéa du premier paragraphe sur la respiration (chapitre précédent de la Dissertatio anatomica). Vertu du sang alors tenue pour primordiale, la chaleur est définie dans la note [10] de son chapitre v.

L’élixation est un procédé de l’ancienne pharmacie, ici appliqué à la digestion (coction) des aliments (Furetière) :

« Coction des médicaments faite dans quelque liqueur. Elixatio. On emploie ordinairement l’eau de fontaine ou de rivière aux élixations ; mais on y emploie aussi quelquefois le lait, le petit-lait, le vin, la bière, ou quelque autre sorte de liqueur. La décoction est une élixation. L’élixation la plus ordinaire se fait pour communiquer à ces liqueurs la vertu des médicaments. On la fait aussi pour ôter la crudité des parties des animaux ou des plantes, et pour les attendrir, ou pour ôter aux médicaments et aux aliments quelque mauvais goût ou quelque mauvaise qualité, ou pour en séparer les terrestréités {a} et les parties grossières, ou pour quelque autre intention. Ce mot vient du latin lixare, “ cuire ou faire bouillir dans l’eau ”. » {b}


  1. « Parties les plus grossières et terrestres des corps, qui entrent dans quelque composition » (Trévoux).

  2. Sans rapport avéré avec le mot élixir, dont l’origine serait arabe.

Pecquet ne pouvait évidemment pas nier l’énorme débit de sang mésentérique qui entre dans le foie par la veine porte. Il l’expliquait par la simple nécessité de le réchauffer, de le filtrer et d’en extraire la bile, n’admettant plus qu’il y transportât le chyle, dont il croyait avoir démontré qu’il contenait la totalité des sucs résultant de la digestion des aliments, alors qu’il n’en véhicule que la partie grasse (laiteuse ou lipidique).

3.

Jean Pecquet s’était prononcé un peu moins précisément sur l’origine de la bile dans l’édition de 1651 (page 86) :

nec sapienter profectò quis (si quid et ipse sapiam) bilem secundæ coctionis reputaverit excrementum, nec alio duxerit instrumento separabilem.

[Il serait tout à fait déraisonnable (à mon propre avis) de penser que la bile est l’excrément de la seconde coction, {a} et qu’aucun autre organe n’est capable de l’en séparer]. {b}


  1. V. notes [3] et [4], Historia anatomica, chapitre xvii, pour ces subtilités surannées sur la physiologie de la bile et pour la remarque de Thomas Bartholin qui a mené Pecquet à amender son texte.

  2. Pour dire : « aucun autre organe que le foie n’est capable de séparer la bile du sang ».

Le livre iv de la Physiologie de Jean Fernel {a} permet de bien comprendre les dogmes qui prévalaient alors sur la bile et en quoi la nouvelle opinion de Pecquet était provocante.

4.

L’ancienne anatomo-pathologiste que j’ai le grand bonheur d’avoir pour épouse m’apprend que le foie du fœtus est rose (à l’autopsie), et non jaune comme prétendait Jean Pecquet. Il a raison de dire que le sang est la seule humeur qui irrigue cet organe, mais ignorait que celui de la mère ne circule pas dans le fœtus (v. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre iv), et était à mille lieues de s’imaginer qu’il possède le sien propre (hématopoïèse hépatique et splénique, relayée par la moelle osseuse après la naissance).

V. note [2] du même chapitre iv pour le nom de « foie utérin » (jecur uterinum) que Pecquet donnait au placenta.

5.

Le « détour de la cœliaque » (cœliacæ diverticulum) qui figure ici ne correspond à aucun vaisseau sanguin que j’aie su identifier. L’étymologie grecque (koïliakos, « propre à l’intestin »), l’anatomie fonctionnelle du foie et le contexte m’on convaincu de traduire ce terme obscur par « la veine porte ».

Jean Pecquet me semble avoir recouru à cette curieuse dénomination pour marquer l’importance très secondaire qu’il accordait désormais à la circulation porte, après sa découverte des voies du chyle. Il entreprenait d’expliquer la sélectivité de la filtration du sang par les organes.

6.

Jean Pecquet résumait, en y introduisant des variantes, l’observation qui figure dans les Petri Gassendi Animadversiones in decimum librum Diogenis Lærtii, qui est de Vita, Moribus Placitisque Epicuri, {a} après une explication du vide qui se fait dans les élolipyles : {b}

Quanquam sum iam nimius, addendum est tamen experimentum singulare, quo visus sum mihi deprehendere interspersa hujusmodi spatiola inaninia intra Aquam dari. Nôram pridem non posse aquam quantitatem salis quantamlibet exsolvere, ac in se tranfusam veluti concipere ; sed ad certam solùm mensuram, adeò ut satiata, quicquid superest, inexsolutum relinquat. Id cùm demirarer, et causam tacitus perpenderem, nihil aliud subiit cogitare, nisi quòd abeunte sale in particulas minutissimas, deberent esse intra aquam consimilia spatiola ipsis excipiendis capacia, quibus repletis exsolutio, conceptióque illa cessaret ; eo modo, quo stomachus plenus super-iniectum cibum eructat, aut vasa liquore oppleta superinfusum non admittunt. Verùm, aiebam, cùm sint salis corpuscula cubica (id nempe aliunde pernôram) poterunt ea quidem replere spatiola, quæ et ipsa cubica fuerint ; at cùm non modò commune Sal, sed alumen etiam, quod est octahedricum, halinitrum item, et sal Ammoniacum, saccarúmque et alia, quæ aliarum sunt figurarum, eâdem aquâ exsolvi possint, erunt ergo etiam in aqua spatiola octahedrica, atque id genus alia ; adeò ut aqua, tametsi sale saturata fuerit, nihilominus et alumen, et cætera omnia exsolvere possit, ac in sese transfundere. Itaque, experiundi gratiâ alumen conieci in aquam per complureis dies sale imprægnatam ; ac tum, non sine quodam stupore succedere coniecturam vidi ; scilicet alumen perinde, ac si aqua sale caruisset, exsolutum fuit. Neque id modò, sed et consequenter alios præterea saleis exsolvit ; et ut paucis dicam, ostendit quàm varia, insensibilia licet, loculamenta contineret. Quâ ratione etiam intellexi, cur aqua satietur tincturis, ut appellant, rerum, veluti Senæ, Rhabarbari, aliorum, quæ per infusionem, ut vocant, solent exprimi ; et quamobrem non ita illam capiat unius satietas, quin ad aliam adhuc idonea remaneat.

[Bien que j’en aie déjà trop dit, il me faut ajouter une expérience singulière, qui me semble montrer que ces sortes de petits espaces vides sont aussi dispersés dans l’eau. Je savais depuis quelque temps que l’eau n’est pas capable de dissoudre autant de sel {c} qu’on veut, ou d’absorber entièrement la quantité qu’on y a déversée, mais que cela se limite à une certaine dose et qu’une fois l’eau saturée, elle n’en dissout pas davantage. Comme je m’en étonnais et en pesais silencieusement la raison, la seule idée qui me vint à l’esprit fut qu’il devait exister dans l’eau des petits espaces tout à fait similaires, ayant la capacité de recevoir les minuscules particules de sel qui s’y sont dispersées, et qu’une fois pleins, l’eau cesse de dissoudre et d’absorber ; à la manière d’un estomac plein qui vomit la nourriture qu’on y rajoute, ou des vases remplis de liquide qui ne peuvent contenir le surplus qu’on y déverse. Je me disais pourtant que, puisque les corpuscules du sel sont cubiques (ce que j’avais appris d’autres expériences), ils n’ont pu remplir que de petits espaces de même forme cubique ; mais étant donné qu’outre le sel, la même eau est capable de dissoudre l’alun, qui est octaédrique, ainsi que le salpêtre, {d} le sel ammoniac, le sucre, et autres substances de configurations diverses, elle possédera donc des petits espaces octaédriques, et ainsi de suite. Il en résulte que l’eau, même quand elle est saturée en sel, reste capable de dissoudre et répandre en son sein non seulement l’alun, mais toutes ces autres substances. Pour en faire l’expérience, j’ai jeté de l’alun dans une eau que j’avais imprégnée de sel depuis plusieurs jours ; j’ai alors vu, non sans quelque étonnement mais suivant ce que j’avais conjecturé, l’alun se dissoudre dans cette eau comme si elle n’avait pas contenu de sel ; et le même phénomène s’est reproduit avec les autres composés salins que j’y ai ensuite ajoutés. En somme, cela montre que l’eau contient une grande diversité de logettes, bien qu’elles échappent à la perception de nos sens. Le même raisonnement m’a aussi permis de comprendre pourquoi l’eau se sature de ce qu’on appelle les teintures des choses, comme le séné, la rhubarbe ou d’autres médicaments qu’on a l’habitude d’exprimer par le moyen de ce qu’on appelle l’infusion ; et que, même rassasiée d’une substance, l’eau conserve sa capacité à en dissoudre une autre]. {e}


  1. « Remarques de Pierre Gassendi sur le dixième livre de Diogène Laërce qui traite de la vie, des mœurs et des maximes d’Épicure » (Paris, 1649, vnote Patin 1/147), tome premier, page 174, De Physiologia Epicuri, Animadversiones [Remarques sur l’histoire naturelle d’Épicure], Dari præter corpora, etiam Inanie in rerum Natura [Il est montré qu’outre les corps, il y a du vide dans les choses de la nature].

    Les variantes apportées par Pecquet peuvent laisser penser qu’il avait discuté du sujet avec Gassendi.

  2. V. note [3], Experimenta nova anatomica, chapitre 3.

    Gassendi fondait en bonne partie ses Animadversiones (ici consacrées à la structure supposée des atomes) sur ce que Lucrèce a dit des théories d’Épicure dans son De Natura Rerum (vnote Patin 131/166).

  3. Gassendi trouvait inutile de préciser qu’il s’agissait de sel ordinaire (marin).
  4. Vnote Patin 3/1340 pour l’alun, le salpêtre est le nom courant du nitrate de potasse.

  5. L’observation de Gassendi est juste, mais l’explication « atomique » n’est qu’une ingénieuse vue de son esprit : on sait à présent que la saturation d’une solution tient aux propriétés physiques du soluté (concentration massique) et non du solvant (ici l’eau).

7.

Après la dilution des sels dans l’eau, Jean Pecquet a disserté sur celle des métaux dans les acides. Toujours en vue d’expliquer la physique de la bile, il recourt à la configuration « atomique » des pores (v. note [10], Dissertatio anatomica, chapitre v), des cristaux et du vide contenu dans toute matière, qui n’était alors qu’une théorie balbutiante et purement philosophique.

On appelait eaux-fortes les acides forts, nitrique et sulfurique : « mélange d’esprit de nitre et de vitriol {a} tirés par la violence du feu. On y ajoute quelquefois de l’alun et de l’arsenic. Elle sert à dissoudre tous les métaux à la réserve de l’or ». « Les chimistes donnent encore le nom d’eaux stygiennes à toutes les eaux-fortes, parce que, comme celles d’une fontaine d’Arcadie, nommée Styx, {b} elles rongent les métaux. » L’eau régale « se fait en ajoutant du sel commun, ou du sel ammoniac à l’esprit de nitre, ou à l’eau-forte ordinaire, qui est faite avec le nitre et le vitriol. Ce nom lui a été donné, parce qu’elle dissout l’or, qu’on appelle le roi des métaux » {c} (Trévoux).


  1. Vnote Patin 13/336.

  2. Vnote Patin 28/334.

  3. Dans la cosmographie des alchimistes, l’or était associé au Soleil, ce qui explique le nom de solarius que lui donnait Pecquet.

    L’argent (assimilé à la Lune) n’est pas dissous par l’eau régale, mais l’est par l’eau-forte commune (riche en acide nitrique).


8.

La composition de l’urine était le sujet d’une extrême attention et l’objet de profondes spéculations, au regard notamment de la lithiase urinaire (formation des calculs). {a} L’art d’examiner (mirer) l’urine a grandement contribué à la réputation de Jean Fernel. Il en a établi les règles dans sa Pathologie, {b} livre troisième, chapitre ix (page 175), Ce qu’il faut observer avant que de juger les urines :

« Il faut prendre l’urine que l’on a rendue la première après le sommeil, la digestion des viandes {c} étant entièrement achevée, et la réserver toute, parce qu’une partie d’icelle ne pourrait pas bien exprimer toutes les marques. Que l’urinal soit clair et transparent, tel qu’est le verre ; qu’il soit longuet, à ce qu’il ne représente point l’hypostase divisée, {d} et soit assez grand pour tenir toute l’urine ; ce vaisseau soit tenu couvert hors du Soleil, du froid et du vent, afin que l’urine ne se trouble ou s’épaississe ; l’urine soit ainsi laissée reposer sans agitation jusqu’à tant qu’elle soit peu à peu refroidie. Il ne la faut pas néanmoins garder plus de six heures, de peur qu’elle ne vienne à se corrompre. Si d’aventure elle s’est épaissie ou troublée par le froid ou de soi-même, il la faut doucement faire dissoudre auprès du feu, mais sans l’agiter, crainte que l’hypostase ne se dissipe, laquelle toutefois souffre bien le feu, qui d’ordinaire ne l’exténue ni liquéfie. »


  1. Maladie de la pierre, vnote Patin 11/33.

  2. Édition française de Paris, 1655, v. note [17], Dissertatio anatomica, chapitre xi.

  3. Aliments.

  4. L’hypostase est le sédiment de l’urine, dont un urinal allongé favorise le dépôt, car son fond offre une plus grande surface qu’un récipient sphérique ou cylindrique.

9.

En imaginant une sorte de compétition entre la bile et le sérum, liée à leurs structures différentes, Jean Pecquet était évidemment bien loin de comprendre l’origine et les fonctions de la bile, qui n’ont été que lentement découvertes au fil des siècles qui l’ont suivi.

Ses deux composants principaux sont la bilirubine (produit de dégradation de l’hémoglobine des globules rouges), qui doit être éliminée, et les acides biliaires qui jouent un rôle capital dans la digestion des graisses. Ces derniers sont si précieux qu’ils sont en grande partie réabsorbés, pour retourner au foie, après qu’ils ont accompli leur tâche dans l’intestin grêle (cycle entéro-hépatique). La bilirubine et ses produits de dégradation donnent en effet leur couleur (allant du jaune paille au brun foncé) à la bile elle-même, au sérum, aux matières fécales et à l’urine.

Pecquet et ses contemporains distinguaient deux voies biliaires, le canal cholédoque drainant la bile du foie et le cystique, celle de la vésicule. En fait, la bile sort du foie par un conduit commun (le « méat hépatique », meatus hepaticus), qui devient canal cholédoque après sa jonction avec le canal cystique, émis par la vésicule biliaire. Celle-ci est un réservoir qui emmagasine et assure l’élaboration finale (concentration) de la bile hépatique, et qui adapte sa sécrétion dans le duodénum (par l’ampoule de Vater, v. note [5], Experimenta nova anatomica, chapitre x) en fonction des prises alimentaires. La contraction vive de la vésicule (chasse biliaire) a un effet laxatif, responsable de l’envie de déféquer qui peut suivre un repas.

10.

La conclusion n’est guère à la hauteur de tout ce que Jean Pecquet a exposé dans sa Dissertatio anatomica sur les mouvements du sang et du chyle avec, par endroits, un discernement et une ingéniosité qui peuvent encore surprendre aujourd’hui.

Ses erreurs sont certes excusables si on les juge sur le savoir dont il disposait, mais de loin la plus lourde a été de réduire les fonctions du foie à la production de bile, avec l’idée que la nouvelle voie du chyle ôtait la « couronne » dont ses prédécesseurs avaient (légitimement) paré cet organe. Emporté par la beauté de sa découverte, et sans beaucoup se soucier de l’afflux massif de sang qui parvient des intestins au foie par la veine porte (v. supra note [2]), il adoubait indûment le cœur de cette suprématie, en le tenant pour le destinataire exclusif du chyle, c’est-à-dire du suc tiré de tous les aliments, alors qu’il n’en contient que la partie graisseuse, transportée par les lactifères.

a.

Page 87, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

Caput xii.

De Transcolatorio Jecinoris usù.

Post ablatam Hepati, quam immeritò per
tot usurpatam sæcula retinuit, αιματωσεως
gloriam ; æquum et eidem id assignare,
cui creatum est, in primæ, ut aiunt, re-
gionis officinâ, munus et verum ipsius
officium detegere.

Præter eam, quâ fungitur, ut suprà dictum est, vi-
cem pistilli, respirationis motu, percutientis subje-
ctas in infimo ventre partes, Hepar ingenti (quod
accipit à Portâ) Sanguinis profluvio calorem in ci-
borum elixationem ventriculo subministrat ; et San-
guinem ipsum idoneo transcolat parenchymate, út-

b.

Page 88, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

que Renes eundem sero repurgant, et Lien aciditate
vendicat, sic Hepar admixtæ bilis expedit consortio.

Nam, si nullus eò substantiæ chylosæ scatex per-
tingat ; nec ullam proinde Iecur in Sanguinem pur-
purisset alimoniam solúsque Portæ (quæ nec etiam,
ut demonstratum est, chylum quâpiam excipit) trun-
cus ipsum cruore, quo redundat, ingurgitet ; nec
sapienter profectò quis (si quid et ipse sapiam) bilem
chyli, sed potius Sanguinis jam facti reputaverit ex-
crementum, nec alio duxerit instrumento separa-
bilem.

Et verò nullibi per universas animalium species
absque bilis mixturâ Sanguinem reperias ; flavescens
id serum, salsúmque testatur ; nisi forsitan aliquot in
suppositis quibus dulcem mitior natura Sanguinem
concoxit, sicut et in aliis, quibus aciditatis expertem
infudit, aut nullo penitus Liene instruxit aut sanè
perexiguo.

Iugis ille, qui cor fovet, et Sanguinis massam ca-
lefacit ardor, quidquid seri tenuius est, in vapores ex-
cutit, et identidem reliquum concoquens in bilem
omnino (quam per crebram dulcis à salso elixationem
expressionémque voco residuam progeniem) conver-
teret, nisi naturæ providentia in amari excrementi,
seu potiùs salis nimiâ incrassati coctione purgamen-
tum, idoneo corpus instruxisset emunctorio.

Atque ut Tinctores assolent, iisdem colorum notis,
circa quos operantur, manus inficere, sic et biliosum
viscus Hepar, pro variâ bilis tincturâ aut in flavum
rutilat, aut in subcinericium languescit, aut in viridem
apparet nonnunquam, fuscúm-ve colorem, etsi ru-
beat apprimè Sanguis nigrescere.

c.

Page 89, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

Hinc in Fœtu, in quo nullus unquam generatur chy-
lus ; circa formationis initia croceum Hepar jam cysti-
dem habet et bile turgidam purpureo alioquin San-
guine : evidentissimo sanè argumento Bilem esse, non
secundæ quidem (ut aiunt in jecore) coctionis, at
Sanguinis, qui solus in fœtûs transmittitur Hepar,
excrementum.

Nec forsitan fervidus jam in matre Sanguis, et per
jecur uterinum in vulva colatus, tam purus exerraret
embryonis venis, nisi maximam ejus in Iecore, quò
primùm per coëuntes umbilicalis venæ canales fluit,
soleret suæ bilis partem deponere.

Et hoc, ut puto, præcipuum est Iecinoris in ani-
malibus officium.

      Solvuntur Objectiones.

Itáne verò totum, inquies, per Cœliacæ diverti-
culum bile Sanguinem exhauries ? Antequam quæ
sentio proferam in responsum, ipse vicissim tuam hîc
sapientiam interrogabo ; Quânam machinâ, dic sodes,
qui Sanguis iliacas eodem, quo et emulgentes tempo-
re subit arterias, serum renibus effundit ? Ob id pro-
culdubio naturæ sagacitas circularis Sanguini motûs
imposuit necessitatem, ut per varias periodos univer-
sus tandem Sanguis in eadem possit hospitia successisse.

Postulas rursùm ; quonam pacto pergatur ejus-
modi translocatio ; et quî fiat, ut pervia bili demea-
cula serum excludant et Sanguinem, nec bili vicis-
sim pateant, quæ serum solent admittere ? an quod
bile sit serum subtiliùs ? aut vice versâ ?

Tanti me fateor, latet penitùs causa miraculi, si fi-
gurarum, quæ translocatis insunt corporibus, et coli
aperturis diversitatem renueris in suffecturam ratio-

d.

Page 90, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

nem admittere. Frustra quidem circulari foramini
triangulum æqualis cum illius diametro altitudinis, ut
et triangulari quadratum, aut aliud ejusmodi polygo-
num niteris intrudere : Atqui facile nihil {a} persuaderi
sinam, non eandem aqueis inesse partibus, quæ bilio-
sis figurarum speciem ; bilémque propterea (saltem
quæ crassior est ( {b} renum imparem meatibus) {c} eò non
posse divertere : sicut nec densius serum iisdem in-
commodis in eam, quæ bili peculiaris obtigit, pene-
trare provinciam.

Sint autem nec ne, bilis etiam in minutissimis qui-
busque (si perconteris) aut aquarum particulis figuræ.

Respondeo primùm, aquam esse non porosum dun-
taxat corpus, sed variis etiam pororum figuris caver-
nosum. Hoc mirâ doctissimus Gassendus sagacitate de-
monstravit. Frustra autem figurarum astruetur in
aqueis poris diversitas, quam in iis, quibus constat
aqua partibus, renuas admittere. Esse verò poris
aqueis figurarum diversitatem, nobili probavit Gassen-
dus
experimento.

In fontanam aquam ; salis vulgaris mensuram abje-
cit, hujus brevi certam aqua tantummodò partem in
sui salituram, integrâ residuâ, diluit. In eandem ite-
rum aquam infusi nitri pars simili mixturâ colliquefa-
cta est, pars restitit indissoluta. Tertiò rursus eodem
dispendio partim alumen resolutum est, partim inta-
ctum perseveravit. Quartò sal Ammoniacus parem,
ut et alij, quos sigillatim immiscuit aquæ, fortunam
expertus est.

Potes etiam, ut quidem reor, liquidi salis ex eâ,
quam stygiam seu fortem vulgo nuncupant, aquâ, et
dissolutoriis in eâdem metallorum modis figuras ex-
primere.


  1. Sic pour : mihi (errata).

  2. Sic pour fermeture de parenthèse.

  3. Sic pour virgule.

e.

Page 91, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

Hæc aqua fortis duplicis naturæ ; Communis altera
metallorum (excepto solari) quodlibet liquat ; altera
Regia etiam eorundem regem in pulverem evoluit,
Argento nihilominus, illibatâ perseverantis figuræ
constantiâ, tantæ prærogativæ superbiam irridente.

Communis autem materies est Vitrioli, simúlque
Nitri, salsísque marini spiritus. Hæc evadet Regia si
quantam potest Ammoniaci salis misturam dissolve-
rit. Nequit autem, ut arbitror, in Aurum impressio-
nem Communis facere, quia tam exactè congruunt
Aureis poris ejusmodi spirituum figurata corpuscula,
ut interdicto intra metallum motu conquiescant. Cæ-
tera dissolvit vel igne, vel quod metallis inest, Sul-
phure, diversas metallicorum pororum cavitates, fi-
gurarum acuminibus, dum congruorum admitti con-
sortio contendunt, arrodente ; penè dixi arietante.
At quoniam hisce commixtus salibus Ammoniacus,
Argenteis quidem, sed Aureis nullatenus congruit
poris, Argenteos primus occupat ; sicut et compescat
sodalium impetus, quos in Aurum diruto, quod
aiunt, muro mobilitat et cupidos addmittit.

Horum autem eventuum si quam habeas aliam ab
aqueorum pororum figuris, et iis, quæ sales, saliúm-
ve spiritus determinant, causam, fac ad nostram us-
que cognitionem propagetur. Pororum sanè qua-
drangularis capacitas, ita consuetâ salis marini quadra-
turâ complebitur, sicut hexagona eorundem profun-
ditas, hexædrâ nitreorum occupabitur acuminum
soliditate. Idem esto et de de aliis salium figuris judicium.

Bilis, quam salem agnoscimus oleaceo quodam di-
lutum humore, si sero misceatur idipsum sallit ; tan-
tóque acrioris urina salsuginis est, quanto bilis ei-
dem uberior confusio ; et si copia bilis solutivam aquæ

f.

Page 92, Ioan. Pecqueti Diepæi Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et chyli motu.

superet virtutem, quidquid superfluum fuerit, in cry-
stallinas revolutum arenulas, et (instar salis) igne sub-
jecto fusiles, æquum est fundo sidere. Aqua quidem
calida plus frigidâ salis admixti continet, Igne nimi-
rum illius poros, ob aëris illic contenti, et facilis ra-
refactu consortium, dilatante.

Unde quandoquidem nec cola aut incernicula bili
sunt, seróque, nec diverticula promiscua sed ut ex
bile solum id ad urinas effluit, quod intra massam San-
guinis subtilissimum magis est iis tingendis idoneum ;
ita non seri crassities in cystidem fellis penetrat, sed
quo duntaxat et lubricari via possit, et bilis influere ;
Non ineptum sanè fuerit in utroque, bile scilicet, et
sero, diversitatem admittere figurarum.

Subtilissimum, dixi ; non enim bilis est unius dum-
taxat consistentiæ ; imò triplicem arbitror, eamque
subtilissimam, quæ simul cum sero diluta secedit per
urinas : duplicem alteram Iecur demonstrat ; subtilior
una in cystidem influit, Hepaticum altera crassiori
succo subit meatum ; ambarum acris effluxus interio-
rem forte Intestinorum tunicam peristalticè mobi-
litat, clysteris ambæ naturalis vices obeunt, et mixtim
cum retrimentis excernuntur.

Ita cribralium demeaculorum varietas et colando-
rum corporum diversa configuratio fluidis hâc tran-
situ interdicitur, illàc autem concedit effugium. Hinc
per renes in vesicam urina secedit unà cum bile, quæ
intra massam Sanguinis subtilissima est ; aciditas abit
in Lienis nurimentum ; subtilior è Iecore bilis in
cystidem fluit, crassiore in meatum Hepaticum de-
rivato. Uno verbo dicam, per sola sibi destinata ostia
præclusis aliorum omnino posticis excrementa posse
divertere.

                               FINIS.

Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Jean Pecquet, Dissertatio anatomica de circulatione sanguinis et motu chyli (1651) : Chapitre xii

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(Consulté le 11/12/2025)

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