Paré, dans ses premières publications, reconnaît
volontiers sa dette à l’égard de ces traducteurs et
divulgateurs de la médecine grecque ; comme eux, il justifie
l’emploi de la langue vernaculaire puisque "la langue ne guérit pas
les hommes, mais les remèdes dûment appliqués." (Briefve
collection, 1549).
Vingt-cinq ans plus tard, la même attitude
défensive n’est plus de mise. En 1575, le premier chirurgien offre à
son prince, protecteur des "muses et des gens lettrés" ses
Œuvres
pour l’ornement de l’Empire français.
"Au reste, SIRE, mes livres sont sans aucun fard
de paroles, me suffisant que je parle proprement, et use de mots qui
soient significatifs, et lesquels soient propres pour le profit du
Français, auquel cette œuvre est communiquée et adressée, et à vous Sire dediée,
comme au Roi et Seigneur souverain, et d'eux et de moi."
Ce grand Hippocrate doit son
nom et sa gloire
A Claude Galien, ici représenté :
Car sans lui ses écrits, pour leur obscurité,
Demeuraient inconnus, et n’en fût plus mémoire.
Insérant, à la fin de ses Œuvres, les
portraits d’Hippocrate et de Galien qu’encadrent les Aphorismes
d’Hippocrate mis en vers puis ses propres "Canons et reigles de
chirurgie", Paré se place en digne continuateur des anciens,
puisque, tout comme Galien, il a su éclairer les "trésors des bons
pères" et mettre la chirurgie "plus au net que jadis" [Au Roy, 1575].