Le traité d’anatomie en français peut être écrit pour
ceux qui ignorent le latin, barbiers-chirurgiens
essentiellement, en rendant accessible un savoir jusqu’alors
réservé aux spécialistes. On connaît bien les difficultés
qu’Ambroise Paré eut à se faire admettre au Collège de
Chirurgie de Saint-Côme, lui, qui ignorait le latin ! Les
portraits anatomiques de Jacques Grévin s’inscrivent
dans cette démarche, mais présentent en outre une dimension
polémique.
Il s’agit d’une traduction de l’Anatomes totius ære
insculpta delineatio, petit traité d’anatomie de
Thomas Gemini
publié à Londres en 1545, copié sur l’Epitome
d’André Vésale de 1543, dont André Wechel a racheté les
cuivres et édité le texte corrigé par Jacques Grévin
(1538-1570), en 1564 et en 1565. Dans la traduction de 1569,
le médecin-poète justifie ses choix lexicaux originaux (mots
populaires, mots savants d’origine grecque) et revendique
pour la langue vulgaire le statut de langue apte à exprimer
les sciences.
[notice de Jacqueline Vons]