Les "combats" de Paré
La raison à l’épreuve. Licornes et momies
La poudre de momie
En 1580, Ambroise Paré surprend le seigneur des Ursins en lui refusant, après une grave chute de cheval, le remède que prescrivent pourtant tous ses confrères en cas de contusion : la poudre de momie. A l’époque, en effet, médecins et patients supposent que les substances qui ont préservé de la putréfaction les corps embaumés par les prêtres égyptiens protègent le sang des blessés et
évitent qu’après un choc violent, il ne se répande ou ne se "congèle" en caillots à l’intérieur du corps. Paré lui expose son opinion et le convainc si bien que Des Ursins l’incite à publier sur ce sujet.
Pour ce traité, paru en 1582, Paré s’informe sur les procédés de momification en lisant Hérodote et Strabon : "Quelle bonne viande !", ironise-t-il. Il a aussi interrogé le médecin Guy de La Fontaine, de retour d’un voyage en Egypte : les momies que l’on envoie en France sont bien souvent préparées en trois mois dans des arrière-boutiques avec des cadavres d’esclaves, parfois morts
de peste, de vérole ou de lèpre. La fraude serait même installée à Paris, où des commerçants sans scrupule attendraient la nuit pour décrocher du gibet des corps de condamnés. Paré en conclut que la poudre de momie "peut beaucoup plus nuire que aider" :
"A cette cause je proteste de jamais n’en ordonner, ni permettre à aucun en prendre, s’il m’est possible."
Des Momies, et Sépultures antiques. |
[Des Momies, et Sépultures antiques, que j’ai vues étant en Egypte, Livre II, chap. V de
La cosmographie universelle d’André Thevet, Paris, Guillaume Chaudiere, 1575] |
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Les vertus de la momie. |
[Commentaires d’André Matthiole sur les six livres de Dioscoride, Lyon, Guillaume Rouillé, 1572, p. 90-91. BIUM 824] |
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À la fin du livre qui réunit les Discours de la mumie et De la licorne, Paré répond au lecteur qui voudrait comprendre pourquoi les médecins persistent à prescrire des remèdes qu’ils devinent inefficaces, voire nocifs : "c’est que le monde veut être trompé" ! Et, par lâcheté, les médecins n’osent pas se dresser contre l’opinion publique. Paré ajoute en 1585 que,
pour sa part, il aimerait mieux "faire bien tout seul, que de faillir non seulement avec les sages, mais même avec tout le reste du monde… - la seule Vérité doit être cherchée, suivie et chérie".
[notice de Guylaine Pineau]
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Des Momies,
et Sépultures antiques.
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Les vertus de la momie.
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