À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, la Faculté de pharmacie de Paris vous ouvre ses portes le samedi 16 septembre prochain. Au programme et au choix : visite de la salle des Actes et de la Galerie des pots, visite du Jardin botanique et visite du Musée François Tillequin, où sont conservées les collections de matière médicale de la Faculté. Au cours de cette visite vous seront présentées les collections patrimoniales du Musée et de la Bibliothèque du Pôle pharmacie de la BIU Santé consacrées au thème des poisons.
Toutes les choses sont poison, et rien n’est sans poison ; seule la dose détermine ce qui n’est pas un poison.
Paracelse (1493-1541), médecin et philosophe suisse. Sieben defensiones. Bâle : Samuel Apiarius, 1574.
Si le Dictionnaire usuel des sciences médicales annonce d’emblée en 1885 qu’« une définition précise de ce mot est impossible », c’est bien que l’étymologie même du mot poison renvoie à des notions apparemment antagonistes. En effet, le terme poison a un sens proche de celui de potion. Ils partagent tous deux la même origine latine, à savoir potio, qui signifie breuvage. À l’origine, sa définition est d’ailleurs similaire à celle du médicament : « elle convient à toutes les substances médicamenteuses ; venenum s’est d’ailleurs entendu, chez les Latins, du simple médicament, et, quand il a pris le nom de poison, il s’est presque toujours appliqué aux drogues dangereuses. » Le terme venenum est lui-même un équivalent latin du mot grec pharmakon, qui peut désigner à la fois le poison, drogue malfaisante, et le médicament, drogue bienfaisante. Progressivement, à partir du XIVe siècle, un glissement sémantique s’opère et c’est la première définition qui s’impose.
Alors que dans l’imaginaire collectif, le poison rejoint peu à peu le cabinet de l’empoisonneur, du criminel ou de la sorcière, les textes scientifiques peinent à aborder le sujet frontalement. Mettre par écrit les principes actifs et les effets sur le corps humain des substances toxiques, qu’elles soient d’origine végétale, minérale ou animale, n’est-ce pas se risquer sur le territoire de l’empoisonneur ? N’est-ce pas donner des idées aux êtres mal intentionnés ? Au contraire, selon certains scientifiques, dont le médecin et poète français Jacques Grévin, il convient de connaître les effets de ces substances toxiques pour déceler les remèdes et antidotes qui préserveront la santé du patient, « matières autant nécessaires en ce temps que les malices des hommes sont augmentées » (dédicace à la reine Élizabeth Ire d’Angleterre pour son Livre des venins, 1568). Les traités sur les poisons fleurissent dès le XIIIe siècle, tandis que les tentatives d’encadrer et réglementer la distribution des substances toxiques se succèdent au fil des époques. L’officine de l’apothicaire puis du pharmacien est un lieu sous haute surveillance : la délivrance de drogues sans ordonnance est proscrite, les substances dangereuses doivent être mises sous clef et le nom des personnes autorisées à se procurer ces substances doit être consigné dans un registre.
À travers une sélection de livres et objets datant du XVe au XXe siècle issus des collections du Musée et de la Bibliothèque, la visite vous permettra de mieux comprendre l’évolution du discours scientifique sur le poison, ainsi que sa place dans la société et dans le monde médical. En complément, une présentation d’ouvrages récents, empruntables à la bibliothèque de pharmacie, proposera une approche contemporaine du sujet.
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Une réflexion sur « Journées du patrimoine 2017 : les poisons, arme du crime et remède »