Les 16 et 17 novembre 2021, le Comité pour l’histoire de l’Inserm organise, avec le Pr Robert Barouki, en partenariat avec Université de Paris, Sorbonne Université et l’UMR Sirice, un colloque international sur le thème des recherches relatives aux liens entre santé et environnement, du XIXe au XXIe siècle.
Ajout du 27 janvier 2023:
Les Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm, N°4, « Recherche(s), santé et environnement » sont en ligne : deux volumes, en accès libre sur iPubli. Ils sont téléchargeables par volume ou par article à partir de cette page : https://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/12036
La BIU Santé propose à cette occasion une modeste exposition au Musée d’histoire de la santé le 16 novembre. Ce billet de blog permet d’en faire partager le contenu à un plus large public.
La collection de la bibliothèque documente des domaines essentiels pour les questions de santé et d’environnement depuis leur origine. On y trouvera par exemple : toxicologie, hygiène publique, police sanitaire, médecine du travail, pharmacovigilance…
Avec près de 20 000 titres, la collection de périodiques est exceptionnelle, en particulier pour le 19e et le début du 20e siècles. Les Annales d’hygiène publique et de médecine légale (1829-1922) ou la Revue d’hygiène et de police sanitaire (1879-1921) sont des sources inépuisables sur toutes les formes d’insalubrité et sur les moyens envisagés pour y remédier. Ainsi sur les effrayantes intoxications par le plomb, elles offrent des dizaines d’articles. On pourrait exploiter davantage la forêt des publications mineures, comme celles des comités d’hygiène et de salubrité locaux.
Toutes les thèses de Paris sont présentes, ainsi que les thèses de province du XIXe siècle et des dix années courantes. Ce corpus de 300 000 documents donne au long cours un aperçu sur les sujets qui ont intéressé le corps médical. Par exemple, des dizaines de thèses ont été soutenues sur l’amiante depuis les années 1950. Mais on en trouve aussi de bien moins attendues, comme ces thèses sur les empoisonnements par les gâteaux à la crème, témoignages parmi d’autres de l’emprise de l’hygiène publique.
Depuis 2000, la BIU Santé construit une bibliothèque numérique patrimoniale, Medica. On y trouve notamment les grandes revues d’hygiène publique, certaines des principales revues généralistes en médecine, et tous les dictionnaires de médecine et de pharmacie. Medica, c’est aussi une banque de 270 000 images et portraits, et une base biographique de 65 000 fiches.
Ressources et informations en ligne:
- https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire
- https://u-paris.fr/bibliotheques/biu-sante-medecine/
- https://u-paris.fr/bibliotheques/biu-sante-pharmacie/
Santé et environnement : quelques documents de la BIU Santé
Grandes alertes d’hier et d’aujourd’hui
Le fabuleux développement de l’industrie ont produit des cris de triomphe qui semblaient justifiés, comme celui de P. H. Muller, l’inventeur du D D.T.
Dans les années 1960 et suivantes, l’ampleur des modifications que subit la terre conduit des scientifiques à alerter l’opinion sur les limites planétaires, ainsi que sur les effets délétères de certains progrès apparents.
En septembre dernier, après bien d’autres, 200 revues médicales publient simultanément un appel solennel concernant la protection de la santé à l’aire du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
Le mouvement d’hygiène publique et de police sanitaire : grandes revues françaises du XIXe siècle
Le courant hygiéniste du XIXe siècle, dont on connaît les considérables conséquences sociales, a eu une grande production éditoriale. Ses revues et ses nombreuses publications en tout genre sont des sources d’information historiques foisonnantes.
Les deux grandes revues dont le premier volume est présenté ici sont numérisées intégralement dans la bibliothèque numérique Medica (BIU Santé).
L’hygiène publique : des miasmes parisiens aux dangers des gâteaux à la crème
La question de l’eau : eau à boire, eaux usées
L’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées ont été et demeureront à l’avenir un sujet de préoccupation majeur. Ces images documentent les immenses travaux réalisés dans le Paris de la fin du XIXe siècle.
Les maladies professionnelles : Ramazzini
Bernardino Ramazzini (1633-1714) publie le premier traité consacré aux maladies des artisans en 1700. Il y étudie les maladies spécifiques de plus de soixante professions. L’ouvrage, traduit notamment en français par Fourcroy et transformé par Fourcroy, est encore réécrit par P. Patissier en 1822. Y sont rassemblées des observations sur l’effet des substances manipulées dans le cadre des professions, comme sur celui de l’environnement sur la santé des travailleurs.
La crise de l’amiante
Les dangers de l’amiante sont évoqués dès le début du XXe siècle.
Jusqu’en 1996, qui cherchait des informations en langue française sur les effets de l’amiante avait toutes les chances de tomber sur les documents de propagandes des industriels, défendant un « usage contrôlé de l’amiante »
En 1996, sur la base d’une expertise indépendante de l’Inserm, la France décidait finalement d’interdire l’amiante, dont les effets néanmoins perdurent.
[Remerciements à Fabien Moll-François pour le choix des documents et le texte de cette section .]
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Toutes les images ont été réalisées par la BIU Santé sur des documents lui appartenant, sauf Halte à la croissance! (coll. part.) Elles sont placées sous Licence ouverte sauf mention contraire.
Merci pour cet intéressant billet de santé publique qui rappelle utilement aux chercheurs qu’il reste quantité de trésors à découvrir en histoire de la médecine, qui ne sont ni poussiéreux ni obsolètes, loin de là.
À titre d’exemple, voici deux petits extraits des Commentaires de la Faculté de médecine rédigés par les doyens et mentionnant des situations et des problèmes de salubrité publique sur lesquels le conseil de la Faculté a été sollicité. Le protocole de la consultation est soigneusement noté : l’assemblée des docteurs-régents se réunit, examine l’article qui lui a été soumis, et mandate deux ou plusieurs de ses membres pour enquêter et rapporter leur opinion.
En novembre 1525 par exemple, la corporation des bouchers parisiens s’adresse à la faculté de médecine de Paris pour savoir si la vente de viandes avariées sur les étals de tenanciers et autres chercuitier (en français dans le texte latin) présente un danger pour la santé. L’assemblée des docteurs donne pouvoir à quatre de ses membres pour examiner la demande qui a été faite par lettre …. Mais le compte-rendu de l’expertise, si elle eut lieu, ne figure pas dans les registres (Ms BIU Santé, Commentarii IV, 1525, f° 179r). ….
En 1554 la faculté est saisie d’une demande émanant du roi concernant le transfert éventuel du cimetière de la Trinité en-dehors des murs de la ville. La demande est transmise par Thierry du Mont, conseiller du roi Henri II et maître des requêtes, qui exige une réponse en français et scellée. Le 24 janvier 1555, le doyen C. Balduin, assisté des docteurs régents Du Monceau, Fernel et Houllier, transcrit de sa main les résultats des délibérations dans les Commentaires. Le texte très argumenté analyse la situation : ce cimetière où l’on enterre les morts de l’Hôtel-Dieu est situé dans un quartier autrefois désert mais maintenant très peuplé, « où se logent plusieurs locatifz du menu peuple de ceste ville », les enfants qui y vivent seront les premières victimes « en temps pestilentieux ». En conclusion, mieux vaut transférer le cimetière sur l’île Maquerelle, au-dessous de la ville. En récompense de ce long conseil transcrit et signé de la main du doyen, la faculté espère être exemptée de l’impôt sur les fortifications de la ville ( Ms BIU Santé, Commentarii VI, 1554-1555, f° 275r-277r).
Ces anecdotes ont quelque résonance encore de nos jours….