Correspondance française de Guy Patin, éditée par Loïc Capron
Voici, près de trois siècles et demi après la mort de son auteur, la première édition complète de la correspondance de Guy Patin (1601-1672), par Loïc Capron, professeur de médecine interne de l’Université Paris Descartes. Elle est accessible en ligne, gratuitement, dans la section Éditions critiques de notre site.
Guy Patin, docteur régent et doyen de la Faculté de médecine de Paris, professeur au Collège royal de France, a laissé 1.017 lettres en français, écrites entre 1630 et sa mort. Il y parle de tout : de médecine et de science, de la politique agitée de son temps, de l’actualité en général, de religion, des livres – sa passion – et de leur commerce, de sa vie personnelle. Ce n’est pas un héros de la science en progrès qui apparaît à la lecture, mais bien plutôt un personnage passéiste, digne d’avoir sans doute servi de modèle au Diafoirus du Malade imaginaire de Molière. Mais à condition d’en bien comprendre le contexte et la portée, les lettres écrites par ce curieux infatigable au long de quatre décennies offrent un point d’observation original et remarquable sur maints aspects de son siècle.
L’édition offerte par Loïc Capron exploite systématiquement ce point d’observation. On y trouvera plus de 16.000 notes explicatives qui donnent les clés pour l’examen critique du contenu. Les personnages, les événements et les idées y sont situés dans leur contexte et donnent souvent lieu à d’importants développements. D’abondantes citations des textes du temps reconstituent pour le lecteur le concert des voix de cette époque. Les passages en latin (ou parfois en grec) dont les lettres sont truffées sont traduits.
En outre, les lettres sont méthodiquement balisées par un index de plus de 43.000 entrées, qui permet de trouver dans les lettres les mentions de milliers de personnages et de faits. On verra d’ailleurs que cet index original permet au besoin, en cours de lecture, d’identifier presque instantanément ce dont il est question.
Aussi cette édition est-elle bien plus que ce que son titre annonce : c’est une mine creusée au cœur du XVIIe siècle. De note en note, avec une érudition vaste et claire, et avec son œil de médecin passionné d’histoire, Loïc Capron a écrit, pour son plaisir et pour le nôtre, une encyclopédie du monde de Guy Patin.
Un site Web ne permet pas d’évaluer facilement le volume d’un ouvrage. Si l’on imprimait celui-ci, il occuperait 5.400 pages au format A4.
L’édition de la correspondance française sera suivie dans quelque temps par celle de la correspondance latine de Guy Patin, conservée dans le manuscrit Ms 2007 de la BIU Santé, puis par l’édition des Commentaires de la Faculté de médecine rédigés par Guy Patin (BIU Santé, Ms 13, 1651-1652), toujours par Loïc Capron.
La correspondance et l’apparat critique sont placés par leur auteur sous Licence Creative Commons (BY-NC : réutilisation libre à but non commercial, sous réserve d’attribution correcte).
La BIU Santé remercie particulièrement Marie-France Claerebout (Aldine) pour son aide généreuse, constante et toujours avisée ; ainsi que Thomas Houques (société Inovcom) qui a assuré avec talent la transformation de l’énorme fichier de traitement de texte original vers le format de base de données adapté au Web défini par la bibliothèque.
Déjà paru dans la section Éditions critiques du site de la BIU Santé : La Fabrique de Vésale et autres textes, par Jacqueline Vons et Stéphane Velut.
Pour en savoir plus
– Lien direct vers l’édition critique de la correspondance
– Entrevue avec Loïc Capron (avec : Marie-France Claerebout [Aldine], Jacques Gana [BIU Santé, Département de l’informatique], Jean-François Vincent [BIU Santé, Service d’histoire de la santé].)
Comment obtenir une copie numérique de cet immense travail ?
Je dispose d plusieurs éditions anciennes de la correspondance de Patin mais j’ignore tout des techniques informatiques.
je vous remercierais de vos avis qui seraient des aides
Bonjour,
L’ensemble de l’édition est disponible en ligne sur notre site. Je suppose que votre désir serait de pouvoir travailler directement sur votre ordinateur, sans passer par Internet? Malheureusement il n’est guère envisageable d’en faire des copies, pour une raison technique qui est que toute la circulation dans cette édition fonctionne sous forme de « requêtes » informatiques adressées à un serveur de base de données, qui doit répondre à ces requêtes. Par exemple, quand vous voulez consulter une note, vous cliquez sur un lien qui va appeler une réaction de la part du serveur, qui envoie à votre ordinateur le texte de la note mis en forme à afficher au bon endroit dans l’écran. Une copie devrait donc être constituée par tout un serveur informatique… Pardon pour cette explication peut-être un peu confuse. La réponse peut en tout cas tenir en trois ou quatre mots: c’est (pratiquement) impossible.
Je reste à votre disposition bien entendu.
Bien cordialement,
Jean-François Vincent
BIU Santé