Archives du Dr Jean Carpentier

Le 19 novembre, les archives du Dr Jean Carpentier (1935-2014) sont arrivées à la BIU Santé. Voici la petite histoire de ce don.

carpentierC’est en mars 2015 que le Pr Mathias Gardet a été en contact avec Philippe Galanopoulos, alors conservateur au pôle Pharmacie. Il est question des archives d’un médecin, décédé quelques mois plus tôt, et de leur intérêt. Le Pr Gardet nous fait parvenir quelques informations, sur la biographie de Jean Carpentier, sur le volume des documents qu’il laisse (« environ 4,5 mètres linéaires », essentiellement du papier, mais aussi « un petit fonds audiovisuel très intéressant »), et nous met en relation avec Danièle Milhaud-Cappe, compagne de Jean Carpentier, et Clarisse Boisseau, sa collègue et collaboratrice.

Nous sommes intéressés par les dons d’archives de médecins. Nous avons constaté que les archives des Dr Dalsace et Vellay, entrées en 2006, sont souvent consultées par les chercheurs. Il existe un intérêt, que nous trouvons légitime d’encourager, pour les problématiques sociales autour de la médecine au XXe siècle, et que des documents d’archive peuvent nourrir.

Un coup d’œil sur la biographie du Dr Carpentier suffit pour constater que sa carrière mouvementée a rencontré et animé des aspects importants de la vie de notre société depuis les années 60 : libération sexuelle, prise en charge des toxicomanes, mission officielle auprès du Directeur général de la santé à propos des produits de substitution, réflexion autour du rôle du « médecin de quartier » et de la signification de la maladie. Ce médecin de Paris engagé a écrit des livres, de nombreux articles, il a joué un rôle important dans le journal Tankonalasanté, il a réalisé des films, des expositions…

Notre intérêt pour ces archives est donc vif.

Clarisse Boisseau et Danièle Milhaud-Cappe viennent rapidement nous rencontrer à la bibliothèque. Nous connaissons l’émotion qui accompagne le désir de donner les archives d’une personne proche. C’est une démarche qui donne certes une garantie de durée à sa mémoire, et qui lui rend hommage. Mais en même temps il s’agit de déplacer les souvenirs de cette personne dans un autre espace, à la fois éloigné – quels traitements vont-ils donc subir ? par quelles mains vont-ils être manipulés ? – et exposé, puisqu’il s’agit d’archives destinées à être rendues publiques. Cela participe ainsi au deuil des donateurs. Nos invitées sont là pour se rendre compte si la bibliothèque est un endroit qui leur convient, et si elles nous feront confiance.

Nous aussi, nous avons des interrogations. Accepter un don, c’est s’engager dans un travail souvent long et coûteux. Nos invitées nous proposent de faire un premier tri des archives. Le volume est assez imprécis, c’est bien normal, mais c’est un volume conséquent. Certains éléments sont problématiques techniquement, nous le savons, notamment les enregistrements vidéo, dont la lecture et la conservation sont difficiles. Nous évoquons quelques points importants à propos du tri préalable (par exemple : pas d’archives qui pourraient porter atteinte à la vie privée d’autrui, pas de dossiers médicaux ; y a-t-il des documents qui devraient être communiqués seulement après une certaine durée ? etc.). Et il faut aussi aborder des aspects légaux : qui sont les ayant droits ? Sont-ils tous sur la même longueur d’onde que nos interlocutrices ? Accepteront-ils d’indiquer par écrit leur accord avec les conditions du don ? Et puis il y a un point vraiment trivial : c’est que la bibliothèque n’a pas de véhicule. On s’arrangera, car ce que nous ont dit nos interlocutrices nous confirme l’intérêt que doit avoir l’ensemble.

Nous nous quittons donc sur un consentement de part et d’autre. Il faudra quelques mois de rangement avant que les archives puissent nous être remises. Il faudra quelques temps aussi, ensuite, pour que nos emplois du temps s’accordent… Nous trouvons enfin une date pour le déménagement. Clarisse Boisseau et Danièle Milhaud-Cappe nous proposent même de nous apporter, elles-mêmes, les cartons – quelle gentillesse. C’est accompagnées du second fils de Jean Carpentier, David Carpentier, qu’elles arrivent dans la cour d’honneur avec un coffre de voiture assez plein de cartons, et aussi avec la « valise à symptômes », donnée par l’ex-épouse de Jean Carpentier, Raymonde Carpentier.

À nous de jouer désormais…

Jean-François Vincent

Remerciements à : MM. Laurent et David Carpentier, au Dr Clarisse Boisseau, à Mmes Danièle Milhaud-Cappe et Raymonde Carpentier, et au Pr Mathias Gardet.

La valise à symptômes

 valiseD’abord montrée en avril 1984 à la galerie L’Arcade (Paris) à l’exposition Médecine de quartier, elle a été diffusée ensuite « à quelques dizaines d’exemplaires » avec ce mode d’emploi :

« Cet objet peut prendre place dans votre cabinet ou votre salle d’attente. Il peut être considéré comme un instrument d’usage quotidien au même titre que le stéthoscope, le tensiomètre ou l’otoscope. Il s’agit d’un matériel de communication : il permet d’accélérer la prise de conscience et la verbalisation de ce qui peut être à l’origine du symptôme. […] »

(Jean Carpentier. Medical flipper : le médecin généraliste, identité et mode d’emploi. – Paris : La Découverte, 1985. – p. 57.)

Archives du Dr Jean Carpentier (1935-2014), don du 18 novembre 2015.

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