Quelques curieux se demanderont sans doute quelle est l’illustration de couverture que nous avons choisie cet été pour notre blog et les réseaux sociaux.
Pour tout vous dire, il s’agit d’une caricature signée Adrien Barrère (1874-1931), issue de nos collections.
Ce dernier était d’autant mieux placé pour croquer les médecins de l’époque qu’il fut lui-même étudiant en médecine (et en droit). Ainsi aurait-il côtoyé certains des professeurs représentés, ce qui expliquerait la ressemblance des portraits avec leurs augustes modèles.
L’un de ses plus grands succès fut sa série de 4 lithographies caricaturant les professeurs de la faculté de Médecine. Sur une période de 25 ans, il s’en vendit, paraît-il, plus de 420.000 exemplaires. Elle étaient imprimées dans le quartier Latin par Barrère en personne, et parfois mises en couleur à la main.
Celle choisie pour notre illustration est la troisième dans l’ordre chronologique, qui présente certains professeurs comme des spécimens d’anatomie pathologique conservés dans le formol.
Retrouvez ces lithographies (ou leurs reproductions) dans nos collections : la première de 1903, la troisième (1908) qui sert donc cet été de couverture, et la quatrième (1910). Nous ne possédons pas la deuxième (1907) dans nos fonds, l’impudique « Nude Lady », comme l’appellent les collectionneurs anglo-saxons. Avis aux généreux donateurs !
À propos de cette Nude Lady, objet de toutes les convoitises : elle met en scène Eugène Doyen (1859-1916). Les pratiques novatrices de ce chirurgien firent scandale en son temps : il réalisa dans sa clinique privée des clichés photographiques de coupes anatomiques et fit même filmer ses opérations. Sur la caricature, il apparaît donc derrière la table d’opération entouré d’appareils photos. Pour en savoir davantage, retrouvez dans Medic@ un article biographique ainsi que l’ensemble des ouvrages qu’il a publiés, librement consultables en ligne – ou consultez le récent article de Thierry Lefebvre dans la Revue du Praticien (vol. 63, mai 2013, p. 734-737).
La légende raconte que Barrère aurait dessiné une cinquième version, que jamais il ne publia…
Retrouvez l’histoire de ces gravures dans deux articles de la revue The Practitioner (vol. 207, 1971, pp. 106-113 et 239-243, cote 90830).
D’autres gravures de Barrère (et 145.000 autres documents graphiques) sont accessibles gratuitement dans notre banque d’images et de portraits (cliquez ici pour y accéder).