Le débat sur la nouvelle médecine paracelsienne appuyée par de
nombreux chimistes a gagné une ampleur non seulement germanique
mais européenne et s’est prolongé au moins jusqu’aux premières
décennies du dix-septième siècle. La vive tension entre les
galénistes de la faculté de médecine de Paris et les médecins
protestants de la cour d’Henri IV a pris une place centrale. Dans
le camp de la cour, c’est Joseph Du Chesne (1546-1609), connu sous
le nom latinisé de Quercetanus, qui était le porte-parole de la
communauté des médecins chimistes. Pourtant son paracelsisme était
bien modéré, loin du militantisme des premiers partisans allemands.
Son intérêt principal était de défendre la valeur de l’art chimique
et son application médicale.
Ce huguenot gascon, fils de médecin, a étudié la chirurgie,
peut-être durant une courte durée, à l’Université de Montpellier
avant de travailler comme chirurgien militaire. Il s’est installé
à Genève en 1574. C’est à cette époque qu’il a commencé à
fréquenter le milieu paracelsien et surtout le cercle de Théodore
Zwinger (1533-1588) de l’Université de Bâle. Il est devenu médecin
ordinaire et agent diplomatique d’Henri IV. Du Chesne a publié le
De priscorum philosophorum verae medicinae materia à
Saint-Gervais près de Genève en 1603. Avec cette publication, il a
été attaqué par un anonyme dans un livret intitulé Apologia pro
Hippocratis et Galeni medicina adversus Quercetani librum (Paris,
1603). En réalité, son auteur était Jean Riolan le père
(1539-1605), de la faculté de médecine de Paris, qui était menacé
par la montée du paracelsisme dans la capitale. Le chimiste gascon
lui a répondu immédiatement par l’Ad veritatem hermeticae
medicinae (Paris, 1604).
Bibliographie
Dictionary of Scientific Biography, 4
(1971), pp. 208-210. |
Hiro Hirai, « Paracelsisme, néoplatonisme et
médecine hermétique dans la théorie de la matière de Joseph Du
Chesne à travers son Ad veritatem hermeticae medicinae
(1604) », Archives internationales d’histoire des sciences,
51 (2001), pp. 9-37.
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Didier Kahn, « L’interprétation alchimique
de la Genèse chez Joseph Du Chesne dans le contexte de ses
doctrines alchimiques et cosmologiques », in Scientiae et
artes : Die Vermittlung alten und neuen Wissens in Literatur,
Kunst und Musik, éd. Barbara Mahlmann-Bauer, Wiesbaden,
Harrassowitz, 2004, pp. 641-692.
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Hiro Hirai, Le concept de semence dans
les théories de la matière à la Renaissance : Marsile Ficin à
Pierre Gassendi, Turnhout, Brepols, 2005, pp. 267-294.
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D. Kahn, Alchimie et paracelsisme en
France à la fin de la Renaissance (1567-1625), Genève,
Droz, 2007, passim.
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