Les indicateurs bibliométriques sont de plus en plus utilisés pour évaluer les équipes de recherche et définir les stratégies de publication à suivre.
En France existe notamment SIGAPS (pour « système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques ») qui recense les publications des médecins sur PubMed. Initié en 2002, ce projet va bientôt être complété par un nouveau logiciel, SAMPRA (Software for Analysis and Management of Publications & Research Assessment), dont le fonctionnement n’est pas identique.
SIGAPS et SAMPRA sont souvent mal connus par les professionnels de la documentation – qui sont pourtant en première ligne pour les questions de bibliométrie.
Pour y voir plus clair, la BIU Santé a posé quelques questions à Patrick Devos, statisticien à la délégation à la recherche clinique et à l’innovation du centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille, concepteur des deux logiciels de bibliométrie SIGAPS et SAMPRA :
Quelles différences entre SIGAPS et SAMPRA ?
SIGAPS est basé sur les données de PubMed. SAMPRA interroge PubMed mais également le Web of Science Core Collection (Thomson Reuters). Il couvre de facto un périmètre beaucoup plus large car le Web of Science est une base pluridisciplinaire. Le Web of Science fournit également des informations complémentaires (adresse de tous les auteurs, nombre de citations, …).
Qui sera concerné par SAMPRA ?
Essentiellement les institutions de recherche : universités, organismes de recherche, grandes écoles, …
SAMPRA est-il ouvert aux médecins faisant de la recherche mais qui ne sont pas affiliés à une structure universitaire (ex : médecins dans une maison de santé pluridisciplinaire) ?
SAMPRA est un logiciel destiné aux établissements, et non pas aux individus. Il faut donc que l’établissement ait une activité de recherche et de publication suffisamment importante et structurée pour justifier l’utilisation d’un logiciel.
Existe-t-il un rapport entre SAMPRA et les crédits MERRI ?
Il n’y a aucun rapport entre SAMPRA et les MERRI. Les crédits MERRI sont attribués à des établissements de santé (et non des individus) après évaluation de leur activité de recherche par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Cette évaluation est réalisée avec SIGAPS sur demande de la DGOS.
Est-il prévu de prendre en compte, à terme, les nouveaux identifiants chercheurs, de type ORCID ou ResearcherID ?
Oui, les identifiants internationaux ORCID et ResearcherID sont déjà intégrés à SAMPRA. Nous sommes également en contact avec l’ABES pour l’intégration de l’identifiant français IdReF. D’ici quelques mois, nous irons plus loin puisque SAMPRA pourra créer automatiquement des ResearcherID et transférer les publications validées par un chercheur de SAMPRA vers son ResearcherID. Nous sommes en contact avec ORCID car nous souhaitons faire la même chose avec eux.
Grâce à SIGAPS a-t-on constaté une progression du nombre ou de la qualité des publications médicales en France ?
Oui, si l’on examine la production des CHU (qui ont été équipés dès 2007 et qui représentent plus de 85% de la production des établissements de Santé), on est passé de 11482 publications (articles, éditoriaux et revues) en 2000 à 17637 en 2014, soit une augmentation de 53.6%. Sur la même période le nombre d’articles A (10% des revues à plus haut IF dans leur discipline) est passé de 1966 à 3381 (+72%) ; le nombre d’articles B (15% des revues suivantes) est passé de 2049 à 3983 (+94.4%). On observe donc bien une augmentation quantitative et qualitative. Par contre, cela ne couvre pas l’ensemble des publications médicales car on ne dispose pas dans SIGAPS des publications réalisées par les chercheurs non rattachés à un établissement de santé (notamment les directeurs de recherche et chargés de recherche, ou universitaires non hospitaliers).
SIGAPS puis SAMPRA sont-ils à votre avis « un outil pédagogique » incitant de jeunes médecins (externes, internes, chef de clinique-assistant) à écrire ?
J’espère que l’incitation à la publication restera du domaine des seniors qui bien souvent ont un rôle de « compagnonnage » envers les jeunes chercheurs. SIGAPS et SAMPRA sont des outils de recensement et de mesure et doivent le rester. Par contre, il est essentiel que les jeunes chercheurs soient initiés très tôt à ces outils afin de bien comprendre leur impact.
Nous avons entendu parler d’un « score SIGAPS pour l’enseignement ». Existe-t-il vraiment ? Si oui, qu’est-ce exactement ?
L’utilisation des scores SIGAPS est devenue très importante dans les avancements de carrière des médecins hospitalo-universitaires, puisqu’un seuil de 200 ou 400 points est fixé aux candidats MCU-PH ou PU-PH. Beaucoup regrettent que l’évaluation porte de plus en plus sur la recherche au détriment de l’enseignement, qui est pourtant un élément essentiel pour un universitaire. Plusieurs réflexions sont en cours pour mettre en place un recueil normalisé des activités d’enseignement. Par contre, à ma connaissance, aucun outil national n’est encore disponible.
En savoir plus
Article d’Archimag sur la bibliométrie et SIGAPS / SAMPRA
Modèle de valorisation des publications médicales scientifiques : le logiciel SIGAPS (article gratuit de l’EMC)
Les missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation (MERRI)
Merci à Solenn Bihan (@solebih) & Ludovic Hery (@Ludochand) pour leur aide à la conception de ce billet.
« SAMPRA (Software for Analysis and Management of Publications & Research Assessment) », un acronyme anglophone et cela n’est pas normal, car les personnes qui travaillent pour le Service public français, ont des devoirs à l’égard de la langue française (et de la Francophonie) et n’ont certainement pas pour mission de participer à l’anglicisation générale.
Concernant l’évaluation de l’activité d’enseignement, celle-ci est maintenant évaluée via le SIAPS (Score Individuel d’Aptitudes Pédagogiques en Santé) pour les candidats à un poste de MCU-PH et de PU-PH
http://www.cuesp.fr/images/pdf/cr/SIAPS_Grille-2016