Plusieurs membres de la Société d’histoire de la pharmacie ont récemment participé à l’inauguration d’une nouvelle salle de l’hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou, à l’invitation de Jacques Gravé, président de l’association Sauvegarde du patrimoine pharmaceutique. Y sont présentées les boiseries d’une ancienne pharmacie familiale du Puy-en-Velay.
Cette officine située rue Pannessac au Puy-au-Velay a été tenue par François Chambonnet jusqu’à sa retraite en 2010. Les boiseries remarquables qu’elle abritait avaient été achetées par son grand-père, Antonin Merle, en 1900. L’association Sauvegarde du patrimoine pharmaceutique s’en est porté acquéreuse en 2011, le nouveau propriétaire des lieux ne souhaitant pas les conserver sur place. Ainsi ont-elles pu être mises en valeur, après restauration, par la mairie de Baugé-en-Anjou dans l’hôtel-Dieu de la ville. Les pots d’origine, dispersés aux enchères, ont été remplacés par des objets provenant de l’association et d’un collectionneur privé.
L’hôtel-Dieu de Baugé-en-Anjou recèle déjà une apothicairerie du XVIIe s. classée monument historique. Comportant plus de 600 objets rares, dont 150 silènes (boîtes d’apothicaire cylindriques ou rectangulaires en bois peint servant à la conservation de drogues), elle a fonctionné jusque dans les années 1960, et est désormais ouverte à la visite.
En savoir plus
Retrouvez les détails de cette inauguration dans le dernier numéro de la Revue d’histoire de la pharmacie (LXVI, n°399, pp. 368-370), consultable au pôle Pharmacie de la BIU Santé.
Après l’annonce des informations relatives à l’actualité de la SHP et de l’histoire de la pharmacie par le secrétaire général Bruno Bonnemain, quatre interventions se sont succédé durant cette séance présidée par le professeur Olivier Lafont, président de la SHP.
Bruno Bonnemain a fait le récit d’un séjour de plusieurs mois effectué en Amérique du Nord, à la découverte des monuments historiques et musées consacrés à l’histoire de la pharmacie. Parmi les lieux remarquables qu’il a eu la chance de visiter, on citera la Maison Bolduc à Sainte Geneviève dans le Missouri, le Musée des Hospitalières de l’Hôtel-Dieu de Montréal ou encore le Monastère des Augustines à Québec.
Remy Bellenger : Le Laboratoire Dausse, une histoire de familles, 1824-1929
Remy Bellenger a retracé l’histoire d’une entreprise familiale florissante, le Laboratoire Dausse, à l’occasion de la parution de son ouvrage Le Laboratoire Dausse : une histoire de familles (1824-1929) publié aux éditions L’Hexaèdre. À partir de ses archives familiales et de nombreuses sources historiques, il a pu reconstituer le parcours de son ancêtre Amans Dausse, pharmacien de métier. Propriétaire d’une officine située au 10, rue de Lancry à Paris, Amans Dausse rencontre un certain succès dans la fabrication et la vente de remèdes et médicaments. En 1834, il fonde le Laboratoire Dausse, spécialisé dans la fabrication de médicaments à base de plantes.
Vous pouvez découvrir la suite de cette saga industrielle et familiale en vous procurant l’ouvrage de Remy Bellenger ici.
Bruno Bonnemain : Le Journal de pharmacie et de chimie en 1917
Bruno Bonnemain, Secrétaire général de la SHP, a analysé la publication du Journal de pharmacie et de chimie au cours de l’année 1917, à travers le prisme de la Grande Guerre. Les nouvelles du front et le contexte politique et idéologique de l’époque influent sur le contenu d’une publication spécialisée, à travers des articles portant sur des sujets d’ordre technique (rôle des vêtements dans l’infection des blessures de guerre, accès à l’eau potable sur le front…) ou plus général (l’industrie pharmaceutique en Russie, la production des alcaloïdes en temps de guerre…). En parallèle à l’événement, le Journal de pharmacie et de chimie maintient une politique éditoriale plus classique en abordant des thèmes connexes tels que la chimie alimentaire avec la polémique autour du lait écrémé par exemple, ou encore l’histoire de la pharmacie.
Sophie Jacqueline : Étude pharmaco-archéologique des baumes de momification en Égypte ancienne
Sophie Jacqueline, lauréate du prix de thèse de la Société française d’histoire de la médecine, nous a présenté l’étude pharmaco-archéologique qu’elle a réalisée dans le cadre de sa thèse d’exercice sur les baumes de momification en Égypte ancienne. De nouvelles méthodes d’analyse permettent de mieux connaître les méthodes de momifications, ainsi que la composition des baumes et des substances participant à la conservation des corps. Cette étude a été conduite selon un cadre méthodologique très strict, composé successivement d’un examen macroscopique, d’un examen scannographique, d’un examen à loupe binoculaire, d’une analyse élémentaire et enfin d’une analyse chromatographique. L’examen d’artefacts et de crânes de momies datant de l’Égypte ancienne permet d’affiner et d’approfondir les connaissances historiques et scientifiques relatives aux techniques d’embaumement. Sophie Jacqueline poursuit actuellement ses études dans le cadre d’un doctorat à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines sur l’apport des techniques médico-légales dans l’art premier.
Pour en savoir plus : Jacqueline, Sophie. « Les produits d’embaumement égyptiens : nouvelles données pharmacologiques ». Histoire des sciences médicales, 2016, Vol. 50 (1), pp. 43-52.
Olivier Lafont : Masséot Abaquesne en vente publique à Paris, durant le dernier quart du XXe siècle
Olivier Lafont a reconstitué le parcours de pots de pharmacie décorés par le célèbre faïencier du XVIe siècle Masséot Abaquesne dans une série de ventes publiques qui se sont tenues à Paris durant le dernier quart du XXe siècle. Ces pots, dont certains peuvent être identifiés avec exactitude grâce à la signature du maître, se caractérisent par l’emploi de motifs en rinceaux et de figures de profil, typiques de l’école de faïencerie rouennaise de la Renaissance. Leur cote marchande a varié au cours des décennies en fonction de leur originalité, de leur rareté et de leur état, ainsi que de la fiabilité de leur attribution à Abaquesne. Ces pots ont circulé de collections privées en collections privées, réapparaissant occasionnellement lors de ventes publiques au cours des dernières décennies, jusqu’à rejoindre les collections publiques de musée pour certains d’entre eux. À travers l’histoire de ces objets se dessine en filigrane l’histoire du marché de l’art à la fin du XXe siècle.
Pour ceux d’entre vous qui souhaitent admirer de plus près les œuvres de Masséot Abaquesne, une exposition intitulée « Masséot Abaquesne, l’éclat de la faïence à la Renaissance » se tient actuellement et jusqu’au 23 avril prochain au Musée de la Céramique de Rouen.
La prochaine séance de la Société d’histoire de la pharmacie se tiendra le mercredi 7 juin 2017.