La BIU Santé vient de mettre en ligne, dans sa bibliothèque numérique Medic@, soixante-seize volumes de La Revue neurologique (1893-1945) soit près de 75 000 pages interrogeables par mots-clés de la table des matières. Elle est accessible dans l’ensemble des documents mis en ligne mais aussi via l’interface périodiques de Medic@.
Les revues concernant la neurologie et l’étude du système nerveux sont déjà nombreuses à la fin du XIX° siècle que ce soit en France ou à l’étranger lorsque paraît en 1893 le premier numéro de La Revue neurologique. Côté français, on peut citer deux exemples fameux : Les Archives de neurologie et La Nouvelle iconographie de la Salpêtrière (à toutes fins utiles, toutes les deux sont d’ores et déjà en ligne dans la Jubilothèque, bibliothèque patrimoniale de l’université Pierre-et-Marie-Curie – UPMC). Cette nouvelle revue vient donc en complément d’une littérature déjà abondante mais va rapidement se faire une place dans le paysage éditorial jusqu’à marcher sur les plates-bandes des Archives de neurologie.
Fondée par Édouard Brissaud et Pierre Marie, le premier numéro de la Revue Neurologique (dont le travail original est signé de Jean-Martin Charcot) paraît donc le 28 février 1893 chez Masson, célèbre éditeur et libraire dans le domaine médical et scientifique. Six ans plus tard, en 1899, est fondée la Société de Neurologie de Paris. La Revue neurologique en devint aussitôt l’organe officiel, publiant ses actes et ses comptes rendus de séances. Ce lien étroit établi entre la Revue et la Société donna à la Revue un élan décisif, source de son succès et de sa longévité. La Revue Neurologique a en effet traversé le XX° siècle en augmentant progressivement sa production (mises à part les difficiles années de guerre, où la publication a été ralentie et a perdu en quantité et en qualité technique mais ne s’est pas arrêtée).
D’une parution bimensuelle, elle se compose principalement d’analyses de travaux et d’articles publiés dans des Actes de Sociétés savantes et, à l’origine, dans plus de soixante journaux européens, puis à partir de l’entre-deux-guerres, dans de nombreuses revues internationales. Ces analyses étaient en fait de longs comptes rendus de lecture faits par des neurologues de la Salpêtrière (comme Pierre Janet chargé de l’analyse des articles concernant la psychologie) ou de pays étrangers permettant ainsi d’avoir une connaissance approfondie du travail original. S’y ajoutent pour chaque numéro un ou deux travaux originaux dont l’importance croîtra après la Première Guerre mondiale. Certains sont signés de grands noms de la neurologie de la fin du XIX° siècle et du début du siècle dernier (Déjerine, Pierre Marie et Marinescu, Brissaud, Raymond, Charles Foix, Lhermitte…).
La Revue neurologique constitue à ce titre une source particulièrement intéressante pour les historiens de la neurologie et des maladies du système nerveux, en offrant un vaste panorama des thèmes et questions disputées en France et dans le monde depuis la fin du XIX° siècle (hystérie, introduction de la radiographie, les débuts de la neurochirurgie, la neurologie de guerre, l’encéphalite léthargique…).
Comme vous l’avez peut-être déjà constaté, les pages d’accueil de la BIU Santé connaissent quelques changements.
À côté de nos ressources habituelles (PubMed, Cochrane, EMC…) figurent désormais des sites proposant des documents en libre accès. Sont ainsi mis en avant PubMed Central, le Directory of Open Access Books (DOAB) ainsi qu’un certain nombre de bases de données gratuites.
La BIU Santé réaffirme ainsi son attachement au libre accès à la connaissance – pour mémoire, la bibliothèque avait déjà adopté en octobre dernier la licence Etalab pour les documents qu’elle a numérisés (textes et images).
Des collections de périodiques, complètes depuis l’origine, parfois uniques, ont ainsi été arrêtées brutalement début 2014. Jean Deleuze, rédacteur en chef de la Revue du Praticien, avait accepté le mois dernier de fournir gracieusement à la bibliothèque un exemplaire de chaque nouveau numéro de cette année.
Outre les donateurs réguliers qui alimentent les collections de la bibliothèque depuis toujours, d’autres éditeurs ont décidé de soutenir à leur tour la BIU Santé, en envoyant les numéros en cours de leurs revues (liste en cours de constitution, d’autres propositions continuant de nous parvenir) :
– Wiley pour l’envoi de toutes leurs revues en format papier.
La BIU Santé remercie chaleureusement ces professionnels pour leur générosité. Elle permettra de faire en sorte que les numéros de l’année 2014 figurent bien dans nos collections, comme les années antérieures. En espérant que cette situation n’est que temporaire et que la bibliothèque pourra se réabonner au plus vite et à nouveau jouer un rôle actif dans la chaîne de l’édition française.
Des collections de périodiques, complètes depuis l’origine, parfois uniques, ont ainsi été arrêtées brutalement début 2014. C’est le cas de titres de référence comme La Revue du Praticien, dont la BIU Santé possédait tous les numéros depuis sa fondation en 1951.
Jean Deleuze, rédacteur en chef de cette revue, a tenu à apporter son soutien à la BIU Santé : en attendant des jours meilleurs, La Revue du Praticien sera fournie gracieusement à la bibliothèque, pour assurer la continuité de la collection et l’information de ses lecteurs.
En raison des restrictions budgétaires 2014, nous sommes contraints d’interrompre un grand nombre d’abonnements (ressources électroniques et imprimées).
Vous trouverez dans les fichiers ci-dessous la liste des accès concernés :
Certains accès ont déjà été interrompus (par ex. Conf+, que nous aurions dû prolonger en 2014), les autres devraient l’être progressivement dans les semaines qui viennent.
Vous pouvez aussi nous faire part de vos réactions ou poser vos questions dans les commentaires ci-dessous.
[Mise à jour par Guy Cobolet, directeur de la BIU Santé]
Le 15 janvier 2014,
Pour répondre à certains des commentaires postés sur ce blog, je puis apporter les éléments d’information suivants :
1. les difficultés résultent de plusieurs facteurs, qui se combinent :
* un problème structurel, lié au modèle économique de l’information électronique adopté par les éditeurs à la fin des années 90. Modèle fondé depuis toujours sur le chiffre d’affaires papier. Notre bibliothèque, très ancienne, possédant la collection de revues la plus importante de toutes les universités françaises, paie donc les ressources électroniques deux ou trois fois plus cher que la plupart des établissements comparables.
* par ailleurs, étant CADIST, la bibliothèque doit (c’est l’une de ses missions nationales parmi d’autres) continuer d’acquérir des revues imprimées, les diffuser et les conserver, de manière à ce que les autres établissements soient exemptés de cette tâche et qu’il existe, dans le pays, une collection de référence et de sauvegarde.
* comme vous le savez, l’inflation annuelle du coût de la littérature scientifique varie entre 5 et 15% selon les titres, les disciplines, les pays de publication. Avec un budget stagnant depuis des années et en diminution depuis 2013 (-5%), il est bien évident qu’un jour le système ne fonctionne plus.
De 2007 à 2013, nous avions, pour maintenir l’essentiel, dû résilier 650 abonnements à des revues, et avons donc supprimé les titres les moins importants, les moins consultés.
Aujourd’hui, vu les contraintes budgétaires, c’est le cœur de la collection qui est atteint, car il constitue la seule variable d’ajustement possible qui reste (pour préserver l’offre documentaire, tous les autres postes budgétaires ont été déjà rognés dans le passé : informatique, matériels, papier photocopie, travaux, déplacements, fournitures…).
Dans ce cœur de collection, figurent des titres que la bibliothèque possédait depuis le n°1 du 19e siècle : Jama (1883), New England Journal of Medicine (1928), PNAS (1915), Nature (1869), l’Année psychologique (1895) et des centaines d’autres. Des titres complets depuis leur origine, qui constituent un patrimoine scientifique unique en France.
* enfin, pour le budget primitif 2014, l’ Université Paris Descartes fait face à des contraintes budgétaires très fortes et doit faire 22 M€ d’économies. Le budget primitif de la BIU a été réduit de 800.000€, celui du Service commun de la documentation de 500.000€, et c’est donc 1,3 M€ de ressources qu’il fallait supprimer au 1er janvier 2014 (24% du budget demandé, qui reconduisait le budget 2013).
2. Les critères de suppression :
* ont dû être conservés des bouquets de titres pour lesquels on s’était engagé dans le cadre de contrats pluri-annuels : Springer, Elsevier, CAS-ACS pour un total de 1,47 M€. Les deux revues mineures citées par M. Warlin font partie de ces bouquets.
* le solde disponible (70.000€, une fois pourvus tous les autres postes budgétaires incompressibles) a ensuite été consacré à l’acquisition de quelques ressources (revues et bases de données) dans les domaines couverts par la bibliothèque (médecine, pharmacie et odontologie en priorité, mais aussi psychologie, soins infirmiers et paramédical), en conservant aussi quelques ressources pour les étudiants, qui seront les chercheurs ou les praticiens de demain. Et l’on a tenté de préserver un certain niveau d’achat d’ouvrages.
3. À la lumière de ces faits qui, espérons-le, ne sont pas irréversibles et peuvent être amendés, la vraie question que l’on peut se poser, me semble-t-il, est la suivante :
Quelle est la place de l’information scientifique, de la documentation et des bibliothèques dans l’université, ici comme ailleurs ? Relèvent-elles du potentiel de recherche, et/ou du potentiel pédagogique, ou d’autres secteurs plus ou moins nécessaires ?
Des réponses apportées à ces questions découlent les financements.
Guy Cobolet, directeur
[Mise à jour par Guy Cobolet, directeur de la BIU Santé]
[Voir ci-dessus pour le billet original sur les désabonnements en cours]
Le 30 janvier 2014,
Quelques autres éléments d’information :
À la suite des messages reçus et publiés sur ce blog depuis le 15 janvier [voir ci-dessous], il me semble nécessaire d’apporter des précisions complémentaires sur les points suivants :
Nous en avons présenté très rapidement l’économie générale, en effleurant la question des coûts, qui pourtant est bien réelle, car l’édition a un coût.
La formule Gold, où le chercheur paie pour être publié (1.000, 2.000, 3.000 euros l’article) et qui se développe à grands pas depuis quelque temps, mérite d’être étudiée sérieusement.
Vous l’avez compris : aujourd’hui, une revue est financée par deux sources principales : les abonnements annuels (souscrits par les particuliers et surtout par les institutions, notamment les bibliothèques) et les chercheurs/laboratoires.
Pour appréhender ce que représente en totalité le poste budgétaire de la documentation et de l’information scientifique, il me semble utile et nécessaire que l’université connaisse toutes les dépenses des uns et des autres, si elle veut se doter d’une politique efficiente en la matière. Avec le Gold Open Access, des transferts de charges (ou des additions de charges ?) sont en cours, mais personne ne connaît exactement le total des sommes consacrées à l’acte de publication. C’est bien dommage, et il est temps de se doter des outils indispensables et pertinents pour mesurer la chose.
2. Le temps est aussi venu, je crois, de revoir la politique d’achat qui prévaut en France (et ailleurs) depuis 15 ans, celle des « big deals », où l’on achète des bouquets de titres (en général tous les titres électroniques d’un éditeur, vendus en bloc), quel que soit leur contenu, au motif (avéré, mais uniquement fondé sur des pratiques commerciales discutables) qu’un big deal est moins coûteux que l’achat sélectif des quelques titres pertinents qui correspondent aux recherches et formations dispensées dans l’institution.
Un exemple, pris parmi d’autres : à Paris Descartes (comme partout ailleurs), nous sommes abonnés au bouquet Science Direct d’Elsevier, qui donne accès à 2.000 revues.
Voici les statistiques d’usage de ce portefeuille dans notre université :
96 revues font l’objet de 50% de toutes les consultations ;
264 revues font l’objet de 75% de toutes les consultations ;
519 revues font l’objet de 90% de toutes les consultations.
Et je pourrais multiplier les exemples… Faut-il continuer ainsi ? Stop ou encore ?
3. Je crois, pour en finir, que la seule solution n’est pas la révolution, mais ne pourra procéder que d’un partage d’idées, d’un vrai débat dans la communauté académique et d’une action conjuguée entre tous les acteurs concernés au sein des universités et de la nôtre, qui tous jouent un rôle déterminant en la matière : les chercheurs qui publient et/ou participent aux comités de lecture, les bibliothécaires qui gèrent les acquisitions et les accès, en fonction d’une politique à long terme, les usagers qui ont des besoins et leur mot à dire, et les décideurs qui doivent définir une politique fondée sur des bases solides, justifiées, adaptées et pertinentes.
Lisez aussi cette interview de Paul Thirion, directeur général du réseau des bibliothèques de l’université de Liège – université qui a été l’une des premières à imposer le dépôt en Open Access pour tous les articles rédigés par ses membres.
Guy Cobolet, directeur
N’hésitez pas à faire part de vos réactions ou poser vos questions dans les commentaires ci-dessous.
Leur communiqué revient en détail, chiffres à l’appui, sur les contraintes imposées et les choix effectués. Les bibliothèques ont également mis en ligne toute une série de pages, judicieusement baptisées « Nouvelle ère pour les collections ». Elles donnent une vision d’ensemble du problème : le rôle des grands éditeurs commerciaux, les questions financières, mais aussi la responsabilité des chercheurs, eux-mêmes auteurs et éditeurs scientifiques.
Santé Canada, organisme influent en matière de santé publique, vient quant à lui de fermer sa principale bibliothèque. La réorganisation de ces services, toujours pour des raisons de coût, ne manque pas de compliquer le travail des chercheurs.
Une solution : l’Open Access ?
Une alternative pour sortir de ce cercle vicieux réside dans la diffusion du modèle de l’Open Access (OA ou libre accès), en plein développement. Au lieu de publier leurs articles dans des revues payantes, les scientifiques diffusent leurs travaux dans des périodiques gratuits ou via des archives ouvertes. Toute la communauté bénéficie ainsi des avancées de la recherche. Mais cette diffusion génère paradoxalement de nouveaux coûts : à côté de l’auto-archivage en ligne (voie « verte ») se développe la voie « en or » (gold) ; ce ne sont plus les abonnés aux revues qui payent, mais ceux qui se font publier (chercheurs, institutions, laboratoires).
Les éditeurs commerciaux, qui ont pris le train en marche, privilégient cette approche, qui leur fournit de nouvelles sources de revenus : ce ne sont plus seulement les bibliothèques qui payent, mais aussi les auteurs. Sans parler des nouveaux éditeurs qui se lancent dans l’aventure, d’où une multiplication de titres et des dépenses afférentes.
Mais les déclarations d’intention en faveur de l’OA ne suffisent pas. Des pays, de plus en plus nombreux, incitent à la diffusion en libre accès des résultats des recherches financées sur fonds publics (généralement un an après la première publication). C’est le cas du Royaume-Uni, de l’Irlande, des États-Unis… Ces derniers viennent d’ailleurs de confirmer leur volonté en ce sens, avec un vote du Congrès annoncé le 16 janvier dernier.
Pour mémoire, l’Open Access (ou « libre accès » en bon français) est un mouvement de mise en ligne de contenus numériques, dont on parle surtout à propos des travaux de niveau universitaire. Il permet au final d’avoir accès de manière gratuite et sans abonnement aux résultats de la recherche (tout en sachant que le système n’est pas toujours gratuit du côté des auteurs et des institutions).
– Le 24 octobre 2013 a eu lieu à Lausanne un colloque intitulé « auteurs, éditeurs, financeurs et institutions au service de la diffusion des résultats de la recherche scientifique».
Les présentations et vidéos de cette manifestation viennent d’être mises en ligne à l’adresse suivante par la bibliothèque de l’EPFL ;
– Le 18 novembre 2013 a été lancé l’Open Access Button. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un… bouton à rajouter dans votre navigateur Internet. Il vous permettra de faire part de votre dépit au monde entier quand vous n’arrivez pas à accéder à un article en ligne (dans le but de cartographier les « entraves » au libre accès). Cet outil vous aide ensuite à vérifier qu’une alternative gratuite n’existe pas pour accéder au contenu recherché (via Google Scholar, par exemple) ;
– La Royal Society of Chemistry vient de lancer un répertoire d’articles en libre accès. On y trouve des articles en… chimie (!) déposés par leurs auteurs (mais pas de pré-publications) ;
– Au contraire, bioRxiv n’accueille que des pré-publications dans le domaine des sciences de la vie. Cette archive ouverte a été mise en place par le Cold Spring Harbor Laboratory.
– Pour finir, nous vous rappelons l’existence de Base Lab (pour Bielefeld Academic Search Engine). Ce moteur de recherche est spécialisé dans les ressources scientifiques en accès libre. Vous y trouverez beaucoup de documents médicaux (PubMed Central, entre autres), sans compter les inestimables ressources de Gallica et Medic@ (en toute modestie). Une interface mobile est disponible, ainsi qu’un système de création d’alertes par flux RSS.
Avis à la population des chercheurs, enseignants-chercheurs et autres membres de l’université !
Nous vous avions sollicités en 2012 pour savoir quelles ressources électroniques vous intéressaient, dans le cadre du projet ISTEX.
« Un an après l’enquête de recueil des besoins des chercheurs et enseignants-chercheurs, le projet ISTEX avance : une première sélection de ressources a été opérée ; elles sont actuellement négociées en vue d’une acquisition nationale. Les communautés de recherche en bénéficieront très prochainement. »
Il concerne des offres plus spécialisées, en vue de la sélection d’une deuxième liste de ressources à négocier.
Avec la mise en place de ce test national, les communautés scientifiques sont invitées à prendre connaissance des produits proposés et à donner leur avis.
Les collections à l’essai sont accompagnées d’un document de présentation auquel il est possible d’accéder en cliquant sur l’icône PDF (en face de chaque ressource).
Dans le domaine Sciences de la vie et de la santé, vous trouverez :
Le Journal of the American Medical Association vient de lancer son application mobile, JAMA Network Reader, que vous pouvez essayer gratuitementpendant quelques mois.
Elle permet d’accéder au contenu du JAMA et des 9 revues associées dans le JAMA Network (articles depuis le 1er janvier 2012) :