Les 16 et 17 novembre 2021, le Comité pour l’histoire de l’Inserm organise, avec le Pr Robert Barouki, en partenariat avec Université de Paris, Sorbonne Université et l’UMR Sirice, un colloque international sur le thème des recherches relatives aux liens entre santé et environnement, du XIXe au XXIe siècle.
Ajout du 27 janvier 2023:
Les Cahiers du Comité pour l’histoire de l’Inserm, N°4, « Recherche(s), santé et environnement » sont en ligne : deux volumes, en accès libre sur iPubli. Ils sont téléchargeables par volume ou par article à partir de cette page : https://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/12036
La BIU Santé propose à cette occasion une modeste exposition au Musée d’histoire de la santé le 16 novembre. Ce billet de blog permet d’en faire partager le contenu à un plus large public.
La collection de la bibliothèque documente des domaines essentiels pour les questions de santé et d’environnement depuis leur origine. On y trouvera par exemple : toxicologie, hygiène publique, police sanitaire, médecine du travail, pharmacovigilance…
Avec près de 20 000 titres, la collection de périodiques est exceptionnelle, en particulier pour le 19e et le début du 20e siècles. Les Annales d’hygiène publique et de médecine légale (1829-1922) ou la Revue d’hygiène et de police sanitaire (1879-1921) sont des sources inépuisables sur toutes les formes d’insalubrité et sur les moyens envisagés pour y remédier. Ainsi sur les effrayantes intoxications par le plomb, elles offrent des dizaines d’articles. On pourrait exploiter davantage la forêt des publications mineures, comme celles des comités d’hygiène et de salubrité locaux.
Toutes les thèses de Paris sont présentes, ainsi que les thèses de province du XIXe siècle et des dix années courantes. Ce corpus de 300 000 documents donne au long cours un aperçu sur les sujets qui ont intéressé le corps médical. Par exemple, des dizaines de thèses ont été soutenues sur l’amiante depuis les années 1950. Mais on en trouve aussi de bien moins attendues, comme ces thèses sur les empoisonnements par les gâteaux à la crème, témoignages parmi d’autres de l’emprise de l’hygiène publique.
Depuis 2000, la BIU Santé construit une bibliothèque numérique patrimoniale, Medica. On y trouve notamment les grandes revues d’hygiène publique, certaines des principales revues généralistes en médecine, et tous les dictionnaires de médecine et de pharmacie. Medica, c’est aussi une banque de 270 000 images et portraits, et une base biographique de 65 000 fiches.
Santé et environnement : quelques documents de la BIU Santé
Grandes alertes d’hier et d’aujourd’hui
Le fabuleux développement de l’industrie ont produit des cris de triomphe qui semblaient justifiés, comme celui de P. H. Muller, l’inventeur du D D.T.
Dans les années 1960 et suivantes, l’ampleur des modifications que subit la terre conduit des scientifiques à alerter l’opinion sur les limites planétaires, ainsi que sur les effets délétères de certains progrès apparents.
En septembre dernier, après bien d’autres, 200 revues médicales publient simultanément un appel solennel concernant la protection de la santé à l’aire du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
Le mouvement d’hygiène publique et de police sanitaire : grandes revues françaises du XIXe siècle
Le courant hygiéniste du XIXe siècle, dont on connaît les considérables conséquences sociales, a eu une grande production éditoriale. Ses revues et ses nombreuses publications en tout genre sont des sources d’information historiques foisonnantes.
Les deux grandes revues dont le premier volume est présenté ici sont numérisées intégralement dans la bibliothèque numérique Medica (BIU Santé).
L’hygiène publique : des miasmes parisiens aux dangers des gâteaux à la crème
La question de l’eau : eau à boire, eaux usées
L’approvisionnement en eau potable et le traitement des eaux usées ont été et demeureront à l’avenir un sujet de préoccupation majeur. Ces images documentent les immenses travaux réalisés dans le Paris de la fin du XIXe siècle.
Les maladies professionnelles : Ramazzini
Bernardino Ramazzini (1633-1714) publie le premier traité consacré aux maladies des artisans en 1700. Il y étudie les maladies spécifiques de plus de soixante professions. L’ouvrage, traduit notamment en français par Fourcroy et transformé par Fourcroy, est encore réécrit par P. Patissier en 1822. Y sont rassemblées des observations sur l’effet des substances manipulées dans le cadre des professions, comme sur celui de l’environnement sur la santé des travailleurs.
La crise de l’amiante
Les dangers de l’amiante sont évoqués dès le début du XXe siècle.
Jusqu’en 1996, qui cherchait des informations en langue française sur les effets de l’amiante avait toutes les chances de tomber sur les documents de propagandes des industriels, défendant un « usage contrôlé de l’amiante »
En 1996, sur la base d’une expertise indépendante de l’Inserm, la France décidait finalement d’interdire l’amiante, dont les effets néanmoins perdurent.
[Remerciements à Fabien Moll-François pour le choix des documents et le texte de cette section .]
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Toutes les images ont été réalisées par la BIU Santé sur des documents lui appartenant, sauf Halte à la croissance! (coll. part.) Elles sont placées sous Licence ouverte sauf mention contraire.
La Bibliothèque interuniversitaire de santé publie sur Internet le dernier grand enrichissement d’un travail de vingt ans : la troisième mise à jour majeure de la Correspondance complète et autres écrits de Guy Patin, par le Pr Loïc Capron.
Article de Laura Capogna – Elève en 5e année en spécialité Arts graphiques-Livres au département des restaurateurs de l’Institut national du patrimoine
La Bibliothèque interuniversitaire de santé conserve dans ses réserves plusieurs exemplaires du célèbre ouvrage De Humani corporis fabrica. Il est considéré comme le premier traité d’anatomie moderne et est le fruit de seulement quatre années de travail d’André Vésale, médecin et anatomiste parmi les plus connus de la Renaissance.
Cet ouvrage rédigé en latin, langue du savoir, comprend de nombreuses illustrations du corps humain, allant de l’allure générale de corps (fig. 1 a) aux plus petits détails de son anatomie. De la première version publiée en 1543, la BIU Santé conserve un exemplaire. Elle possède également dans ses collections cinq exemplaires de la seconde édition de 1555.
L’un d’entre eux a fait l’objet d’un projet de conservation-restauration en partenariat avec l’Institut national du patrimoine (Inp), et c’est à l’occasion de sa restitution au sein des collections, après une longue absence, que nous avons jugé utile d’en relater les principales étapes.
Cet exemplaire nous est parvenu dans sa reliure d’origine (fig. 1 b), datée de 1558, à laquelle un soin particulier a été apporté lors de sa réalisation. En effet, les deux plats présentent un décor très riche occupant toute leur surface. Ce décor est composé d’encadrements rectangulaires de filets triples, un gras entouré de deux maigres.
Des figures bibliques s’insèrent en abondance dans la structure formée par cet encadrement. Parmi elles, on compte Saul, Lucrèce ou encore David (fig. 2 a). Cette richesse dans le décor est aussi visible sur les parties métalliques gravées et embouties (fig. 2 b). Le soin apporté à cette reliure est également visible à travers la complexité du façonnage des ais (plats en bois), notamment sur les chants.
L’arrivée de cet ouvrage au sein de l’atelier d’Arts graphiques-Livres de l’Inp est le fruit d’une longue collaboration entre les deux établissements. C’est au cours du premier chantier-école[1] effectué en 2008 au sein de la BIU Santé (alors nommée BIUM : Bibliothèque interuniversitaire de médecine) que cette pièce importante a été proposée pour restauration à Thierry Aubry, responsable de l’atelier. Compte tenu de l’état de l’ouvrage, il n’était pas envisageable d’en entreprendre le traitement dans les conditions d’un chantier-école, à savoir sur un temps court et en dehors d’un atelier équipé.
C’est pourquoi il a été décidé de faire venir l’ouvrage au sein de l’Inp. En effet, son état de conservation était très préoccupant et il était exclu de le présenter en exposition. Il n’était en aucun cas manipulable en l’état sans risques d’aggravation majeure des altérations présentes.
Les principaux dommages, imputables à un dégât des eaux survenu à la BIU Santé au cours des années 1980, ont touché à la fois le corps de l’ouvrage, la structure et le cuir de recouvrement. L’infestation du papier – par des micro-organismes – qui a suivi le dégât des eaux, a causé une très grande fragilisation ainsi que des taches et auréoles sur chaque feuillet (particulièrement sur les marges de tête) (fig. 3).
L’eau a eu également un effet dévastateur sur le cuir : rétraction, noircissement, forte réticulation et lacunes importantes sur les plats (fig. 4).
D’autres altérations relevées, n’ayant pour autant pas forcément la même origine, menaçaient fortement la conservation de l’ouvrage. Parmi ces dernières, l’on peut citer l’absence totale du dos, une grande fragilisation de la structure du livre, en particulier de la couture, les plats en grande partie détachés et cassés (plat inférieur), ainsi que des fentes du bois des ais (fig. 5).
Il était donc nécessaire d’intervenir sur la structure et le corps d’ouvrage afin qu’ils retrouvent une intégrité structurelle qui permettrait à nouveau sa manipulation et sa consultation sans risques.
A la suite d’un constat d’état, de l’établissement d’un diagnostic et de l’analyse des valeurs historique, d’usage et esthétique dont cet ouvrage est porteur, il a été décidé, en accord avec la BIU Santé, de réaliser un traitement minimaliste, plus particulièrement sur la reliure, visant à le stabiliser en conservant au maximum son aspect actuel. Cette approche permettait d’interagir le moins possible avec l’histoire particulière de l’ouvrage en offrant une certaine visibilité sur les matériaux et techniques de façonnage utilisés au milieu du XVIe siècle. Par ailleurs, un comblement complet des lacunes de la couvrure aurait provoqué une gêne visuelle par une trop grande présence de la restauration. En effet, les parties noircies et déformées du cuir d’œuvre n’auraient pas pu retrouver leur couleur et leur planéité d’origine. De ce fait, leur incrustation dans le nouveau cuir aurait eu un rendu esthétique peu satisfaisant. Ce comblement posait également la question d’une restitution totale ou partielle du décor, difficilement réalisable compte tenu de l’importance des lacunes.
Si une approche minimaliste était également de rigueur pour le traitement du corps d’ouvrage – il n’était par exemple pas envisageable de déposer la couture du XVIe siècle pour un traitement plus aisé –, 400 feuillets devaient être traités individuellement. Ce travail répétitif, qui n’aurait nécessité que quelques mois d’immobilisation chez un professionnel, ne pouvait pas être réalisé en continu par un ou plusieurs élèves dans le cadre de leur formation pratique à l’Inp[2], au risque pour eux de ne pouvoir compléter leur programme pédagogique. Il a donc été envisagé en deux étapes. La partie systématique du traitement du corps d’ouvrage, à savoir le comblement de lacunes et la consolidation du papier, a été envisagée comme un exercice pédagogique ponctuel sur près de 10 années, pour plusieurs promotions d’élèves restaurateurs. Le traitement structurel a, lui, été réalisé en deux temps. Les ais ont été traités dès leur arrivée à l’Inp en 2008. Leur remontage et le travail post-consolidation du bloc texte ont été réalisés par mes soins entre 2018 et 2019, au gré du calendrier scolaire.
La première promotion en charge de cet ouvrage s’est donc occupée, en 2008, de dépoussiérer soigneusement l’ouvrage dans sa totalité et de restaurer les deux ais en insérant des languettes d’un bois plus tendre que le bois d’œuvre et en les collant à l’aide de colle animale (fig. 6). L’ais inférieur, encore solidaire du corps d’ouvrage, a été déposé au préalable.
Les élèves ont ensuite consolidé la couture en posant une apprêture temporaire (collage de couches de papiers sur le dos) pour pouvoir traiter l’intérieur du livre sans trop solliciter la couture d’œuvre. Elles ont ainsi pu commencer le long travail sur le corps d’ouvrage en consolidant les déchirures et les parties fragilisées systématiquement par doublage à l’aide d’un papier japonais très fin (3,5 g/m2) et d’un adhésif dilué en phase alcoolique. Les lacunes, présentes sur pratiquement chaque feuillet, ont quant à elles été comblées à l’aide de papiers japonais pré-teintés et d’épaisseurs équivalentes au papier d’œuvre. A cette fin et en se basant sur les différentes nuances de couleur du papier d’œuvre, les élèves ont préparé des papiers de comblement en sélectionnant des teintes moyennes pour ne pas rendre le traitement trop chronophage.
En 2018, j’ai fini le comblement et la consolidation du papier et donc pu entamer la dernière phase de la restauration en posant une nouvelle apprêture sur le dos, définitive cette fois. Elle permet de ne pas trop solliciter les supports de couture lors de l’ouverture du livre. J’ai refixé les restes de l’ancienne apprêture en parchemin par-dessus (fig. 7 b), non pas tant pour leur fonctionnalité que pour les laisser sur l’ouvrage, à la manière d’un ré-enfouissement préventif pratiqué en archéologie : il est toujours préférable de laisser ou de remettre en place tous les éléments constitutifs d’un objet, plutôt que de les restituer de façon séparée.
Après une mise au ton des parties consolidées à l’aide d’aquarelles et de peintures acryliques, j’ai remonté les ais sur l’ouvrage comme à l’origine, et j’ai confectionné une coque rigide en papier japonais que j’ai fixée sur quelques millimètres aux ais (fig. 7 c). Elle permet de contrôler l’angle d’ouverture de l’ouvrage et protège ainsi la couture. Afin de ne pas rendre la restauration trop visible, j’ai collé plusieurs couches de papiers japonais fins de différentes teintes permettant ainsi d’imiter l’aspect et le relief du cuir.
Avant la dernière étape de conditionnement, j’ai mis à plat les parties de la couvrure le nécessitant, avant de les refixer par un collage à l’aide d’un pressage fort mais contrôlé. J’ai posé des bandes de papier japonais sur tout le tour du cuir, à cheval sur le bois, pour éviter toute accroche lors de futures manipulations, limitant ainsi les risques de (re)soulèvement du cuir.
J’ai finalement réalisé un conditionnement sur mesure permettant un maintien optimal aussi bien pour un rangement à plat que debout avec des matériaux pérennes. Afin de limiter les risques de perte des défaits et ne pas augmenter l’encombrement total de l’ouvrage, j’ai intégré ces éléments dans la mousse de renfort pour qu’ils soient conservés avec l’ouvrage (fig. 8).
Cette restauration (fig. 9) conséquente et exceptionnelle dans le cadre de la formation au sein de l’Inp s’est étalée de manière intermittente sur 11 années et a impliqué de nombreuses promotions de 2008 à 2019 (à commencer par la promotion 2005-2010 jusqu’à la promotion 2016-2021[3]). Cet exemplaire du De Humani corporis fabrica a aujourd’hui retrouvé sa place au sein des collections de la BIU Santé et peut à nouveau être présenté aux visiteurs de la bibliothèque.
Fig. 9 (a) Plat supérieur avant et après restauration
[1] Les chantiers-écoles sont réalisés tous les ans par les élèves sur une période de deux semaines. C’est l’occasion, pendant les trois premières années de la formation, de réaliser un chantier de conservation préventive, curative et de restauration dans les institutions.
[2] Les cours de pratique de la restauration sont dispensés les jeudis et vendredis au sein des ateliers de l’Inp sur les quatre premières années de formations. Le reste de la semaine est dédié aux cours théoriques d’histoire, de sciences ou encore de déontologie.
[3] Les étudiantes qui ont travaillé successivement sur ce projet sous la direction de Thierry Aubry sont Sandra Vez, Aurélie Martin, Marie Messager, Cindy Landry, Marie Poirot, Julie Tyrlik, Morgane Royo, Corinne Cheng, Isabelle Chavanne, Laury Grard, Ludivine Javelaud, Sara Mazet et Laura Capogna.
En 2016, après un oubli de deux siècles et demi, quatre volumes de la collection de manuscrits de la BIU Santé ont été identifiés comme étant l’oeuvre de l’anatomiste de Leyde Johannes Van Horne (1621-1670) et du peintre Marten Sagemolen (vers 1620-1669).
Cet ensemble de quelques deux cent cinquante dessins du Siècle d’or, dont un bon nombre sont d’une grande qualité graphique, arrive donc sous nos regards pratiquement vierge d’études. Il est encore à découvrir, à comprendre, et à évaluer.
La numérisation nouvelle est arrivée
À la faveur de la curiosité que ces dessins ont suscitée en 2016, une collaboration a été mise en place entre la BIU Santé, la Bibliothèque nationale de France (BnF) et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).
Cette collaboration visait à restaurer les dessins et les reliures et à assurer leur pérennité, mais aussi à documenter méthodiquement la réalité physique des documents, et à réaliser une nouvelle numérisation de l’ensemble.
Voici le résultat de la numérisation: nous publions aujourd’hui dans Medica la nouvelle photographie des quatre volumes. Les dessins ont au préalable été nettoyés et restaurés par Nadège Dauga et Nathalie Silvie, restauratrices d’art: ce fut un grand et long travail, dans l’atelier des petites écuries de Versailles que le C2RMF a mis à leur disposition (vue imprenable sur le château). La numérisation a été effectuée par Benoît Javelaud, dans les ateliers de la BnF au château de Sablé-sur-Sarthe (vue imprenable sur la vallée de la Sarthe!), avant la reliure, qui s’achèvera bientôt.
Accès aux manuscrits numérisés
Comme tous les documents de Medica, ils sont en accès libre et gratuit. Leur réutilisation éventuelle est placée sous la Licence ouverte Etalab – ce qui est également le cas de la grande majorité des documents de Medica.
Notez que nous avons fait le choix de laisser dans Medica la numérisation d’origine: elle témoigne de l’état du document en 2016, et il y est fait référence dans les articles publiés depuis l’identification.
Un dossier dans Medica permettra d’accéder à l’ensemble des documents à mesure qu’ils seront produits. On y trouve pour l’instant:
les deux numérisations successives
les publications accessibles en ligne.
Les travaux à venir y seront également accessibles.
Cette numérisation nouvelle n’est en effet que le premier élément issu du chantier de restauration que nous montrons au public et aux chercheurs. Il y aura une suite. Et même plusieurs!
Save the date, please: colloque international, 18-19 juin 2021, Paris, BIU Santé / BnF Tolbiac
Nous invitons toutes les personnes intéressées par ces albums à noter dans leur agenda les dates des 18 et 19 juin, où se tiendra un colloque international:
Quatre atlas de myologie inédits du Siècle d’or néerlandais.
Approche pluridisciplinaire des dessins de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen
Colloque international organisé par la Bibliothèque interuniversitaire de santé à Paris le 18 juin 2021, Université de Paris, 12 rue de l’École de médecine le 19 juin 2021, Bibliothèque nationale de France, Quai François Mauriac
Ces albums appellent en effet une étude pluridisciplinaire. Bien sûr, c’est d’abord l’histoire de l’anatomie et de la médecine qu’ils concernent. Mais ces œuvres intéressent aussi l’histoire de l’art, attentive depuis toujours à la représentation du corps humain et à l’apport de l’anatomie. Leur devenir concerne les historiens des collections et des cabinets de curiosité. Leur réalité physique, enfin, mérite d’être interrogée par les spécialistes de la conservation et des papiers: leur restauration a sensiblement accru la connaissance précise que nous pouvons avoir, par exemple, de la constitution des recueils.
Compte-tenu de la crise sanitaire, ce colloque est prévu en mode hybride et se déroulera, sur place et à distance. La réunion se tiendra le vendredi 18 juin dans le grand amphithéâtre du site Odéon d’Université de Paris, au 12 rue de l’Ecole de médecine, et le samedi 19 à la Bibliothèque nationale de France. Mais elle sera aussi proposée à distance en visioconférence, pour ceux qui ne pourraient pas se déplacer ou en cas de restrictions sanitaires.
Exposition au Musée d’histoire de la médecine
En outre, le Musée d’histoire de la médecine accueillera dans sa salle les manuscrits rénovés: ceux qui assisteront au colloque, mais aussi toutes les personnes curieuses de les voir physiquement, pourront les y découvrir bientôt.
Quatre atlas de myologie inédits du Siècle d’or néerlandais.
La redécouverte des dessins de Van Horne et Sagemolen
Du 1er juin au 17 juillet 2021 (dates prévisionnelles à confirmer)
Musée d’histoire de la médecine, 12 rue de l’École-de-Médecine
Les prix concernent des mémoires de master ou des thèses consacrés à l’histoire de la médecine, publiés ou soutenus, en langue française, durant les 24 derniers mois précédant le mois d’octobre de l’année en cours.
Ces prix sont attribués de la manière suivante :
l’un au titre des sciences médicales ;
l’un au titre des sciences humaines en médecine.
Pour en savoir plus
Pour tout renseignement, contacter Jean-François Vincent :
Loïc Capron, ancien professeur de médecine de l’Université Paris Descartes, donnera, mardi 3 décembre 2019 à 18h, une conférence intitulée « À la découverte des Commentaria saluberrimæ Facultatis Medicinæ Parisiensis : les commentaires manuscrits de Guy Patin sur son décanat (1650-1652) », dans le cadre du cycle « Les grandes voix », organisé par l’École des chartes.
La conférence aura lieu dans les locaux de l’École des chartes, salle Léopold-Delisle, 65 rue de Richelieu, 75002 Paris. Entrée libre mais réservation obligatoiresur cette page.
Extrait des Commentaria saluberrimæ Facultatis Medicinæ Parisiensis (1650-1652), Guy Patin
Pendant les deux années ordinaires de sa charge, chaque doyen élu écrivait, à la plume et en latin (ou en français pour les transcriptions des arrêts de justice et de certains courriers), le journal de la « très salubre » Faculté de médecine de Paris dans un épais registre. Parmi ses plus précieux trésors, la BIU Santé en conserve la série complète, composée de 24 tomes, couvrant sans interruption une période de quatre siècles (1395 à 1786). Dix-sept d’entre eux sont aujourd’hui disponibles en ligne dans la collection numérique Medic@. Ces volumes ont merveilleusement résisté au temps et procurent à qui s’y plonge, pour les déchiffrer et les traduire, un océan de renseignements sur la Faculté de médecine et sur l’Université de Paris à laquelle elle appartenait.
Au XVIIe siècle, qui nous intéresse ici, chaque année contenait les Actes de la Faculté, ses Décrets et assemblées, les Affaires de l’Université et les Comptes annuels de la Faculté.
Les Commentaria de Guy Patin sur son décanat (5 novembre 1650-2 novembre 1652) sont les premiers à avoir été entièrement transcrits, traduits, annotés et indexés. Ce travail, jusqu’ici unique en son genre, met en lumière l’intérêt de cette gigantesque collection pour la connaissance historique de la médecine et de l’Université parisienne, mais aussi pour celle de leur insertion dans les événements publics et dans la vie sociale durant l’Ancien Régime.
Les Commentaires de Patin sont bien ancrés dans ses obsessions religieuses (haine des moines et des jésuites, qu’il partageait avec une majorité de l’Université parisienne) et médicales (vive opposition aux innovations, aux empiriques, aux charlatans et aux médecins « étrangers », c’est-à-dire exerçant à Paris mais gradués de Montpellier ou d’ailleurs), et dans les graves événements du temps (guerre civile de la Fronde, souffrance des pauvres, lutte contre le jansénisme).
Ils permettent au lecteur de s’asseoir véritablement sur les bancs de la salle haute des Écoles où se réunissait la Compagnie des docteurs régents pour entendre parler le doyen.
À voir, écouter ou télécharger
Commentaires sur la « très salubre » Faculté de médecine de Paris, par Guy Patin (doyen, 1650-1652)
Ce colloque est conjointement organisé par la Société française d’histoire de la médecine et par la Société d’histoire littéraire de la France, sous la direction de Jacqueline Vons (SFHM – Université de Tours) et de Claude La Charité (SHLF – Université du Québec à Rimouski).
Rappelons qu’en juin 2016 à la BIU Santé, quatre grands volumes de myologie ont été attribués à l’anatomiste Johannes Van Horne (1621-1670) et au peintre Marten Sagemolen (c.1620-1669). Avec les dessins de Gérard de Lairesse pour l’anatomie de Bidloo (qui sont également à la BIU Santé), ils constituent à notre connaissance le plus vaste ensemble de dessins d’anatomie du XVIIe siècle hollandais, et l’un des plus grands fonds de dessins d’anatomie humaine pour l’époque moderne.
Après un travail de documentation qui a permis de confirmer l’identité des dessins et de retracer une partie de l’histoire de leur provenance, il fallait améliorer leur état physique et les conditions de leur conservation.
Les atlas ont été jugés suffisamment intéressants pour que soit mise en place une coopération entre la Bibliothèque nationale de France, le Centre de recherche et de restauration des musées de France et la BIU Santé. La générosité de plusieurs mécènes a permis que les bonnes intentions se transforment en une opération concrète.
Grâce à Isabelle Bonnard (experte en restauration, BnF) et Natalie Coural (responsable de la filière Arts graphiques – Photographies, C2RMF) en particulier, les opérations ont été organisées en plusieurs temps en y associant deux restauratrices indépendantes spécialisées en arts graphiques, Nadège Dauga et Nathalie Silvie, missionnées pour étudier la matérialité du corpus (techniques graphiques et papiers) et assurer la conservation curative du corps d’ouvrage des volumes :
Démontage des documents hors de leur reliure, en raison des contraintes exercées par les reliures sur les dessins et de l’état de conservation médiocre de la structure des reliures (coutures altérées ou trop serrées, cuir des couvertures très fragilisé). Ces états ont décidé d’un démontage justifié de l’ensemble du corpus, de façon à permettre un travail de restauration des dessins aussi efficace que possible.
Constat d’état très détaillé avec établissement d’une base de données informatique, prélèvements, campagne photographique, analyse des techniques graphiques, dépoussiérage approfondi, consolidations des parties en péril, rapport d’étude final. Les restauratrices indépendantes travaillent sur cette première phase dans un atelier mis à leur disposition par le C2RMF – juste en face du château de Versailles. Ce travail, long, délicat et virtuose, atteint une étape décisive : le 2 avril, trois des quatre volumes quitteront Versailles, embellis, dans un état grandement amélioré et avec une documentation très précieuse sur chacun des dessins qui les constituent. Ils seront suivis à la mi-mai par le quatrième volume. On peut espérer d’intéressants renseignements lors de la synthèse des données à propos des techniques mises en œuvre (papiers, techniques graphiques), mais aussi peut-être de l’organisation d’un atelier de dessinateur au XVIIe siècle et sur les usages ultérieurs des dessins.
Renforcer ou ne pas renforcer un point faible de ce grand montage ?
Nadège Dauga devant le Ms 28 -, et le château de Versailles en arrière-plan.
Les quatre volumes dûment conditionnés rejoindront le Centre technique de conservation Joël-le-Theule de la Bibliothèque nationale de France, au château de Sablé-sur-Sarthe. Ils y seront d’abord numérisés : cette opération sera en effet plus facile et moins risquée à réaliser sur des dessins en feuilles séparées que sur des albums reliés.
Ensuite ils seront remontés dans leurs reliures originales restaurées à cette occasion par des restaurateurs de la BnF. Le parti a été pris de les remonter dans leur reliure d’origine, à l’exception toutefois des plus grands des dessins. Ceux qui portent la cote Ms 30 étaient conditionnés dans une reliure de toile noire du début du XXe siècle, fort laide, et dont
Nathalie Silvie présente les grandes planches mises à plat et restaurées issues du Ms 27. (A droite, Isabelle Bonnard.)
la composition chimique était un danger pour les documents : elle ne sera pas conservée. Ceux qui se trouvaient pliés en accordéon à la fin du Ms 27, et qui ont beaucoup souffert de ce conditionnement, ont été démontés, mis à plat, et consolidés : nous avons trouvé que les plier à nouveau n’aurait plus été du respect pour un objet historique, mais un fétichisme de l’ancien. Comme les dessins du Ms 30, ils seront donc conditionnés dans des portefeuilles spécialement conçus, qui permettront à la fois leur bonne conservation, une éventuelle exposition sans démontage préalable, et une manipulation à des fins d’étude facilitée.
Enfin, après un peu plus de deux ans de travaux, ils viendront reprendre leur place à la BIU Santé, dans un meuble conçu pour mieux les stocker qui sera construit d’ici là.
Dans la seconde partie de 2020, nous espérons qu’un colloque pourra se tenir autour de ses ouvrages qui sont loin de nous avoir donné tout le savoir qu’ils peuvent nous apporter.
Nous remercions les mécènes qui nous ont permis de mener à bien ce projet. Retrouvez-les sur notre page dédiée.
La BIU Santé a la chance de recevoir régulièrement des propositions de dons d’ouvrages ou d’objets iconographiques, ce qui lui permet d’enrichir considérablement ses collections.
L’hôpital Cochin (AP-HP) a ainsi proposé un fonds d’ouvrages spécialisés en rhumatologie de plus de 700 volumes, ainsi qu’un fonds d’archives de clichés radiologiques à destination de la recherche en histoire de la médecine.
Un grand merci à l’hôpital Cochin AP-HP pour cette généreuse contribution !
Si vous souhaitez vous aussi faire partie de nos donateurs, vous trouverez tous les renseignements utiles ici. Vous pouvez également écrire à don@biusante.parisdescartes.fr.
Réception du don, c’est le moment de faire travailler ses biceps !Mais que se cache-t-il dans ces boîtes…… de magnifiques clichés radiologiques !
La Fabrique de Vésale et autres textes : la traduction française des pièces liminaires des œuvres de Vésale est désormais complète sur le site de la BIU Santé
En juin 2014, sous la direction de Jacqueline Vons et de Stéphane Velut, les premiers éléments de La Fabrique de Vésale et autres textes ont été mis en ligne sur le site de la BIU Santé. Cet ouvrage de longue haleine aboutira, rappelons-le, à la publication de la première traduction française intégrale de la plus grande œuvre anatomique du XVIe siècle, le De humani corporis fabrica Libri septem (1543), associé à celle des pièces liminaires de toutes les autres œuvres publiées par André Vésale.
À côté des livres I et VII de la Fabrica déjà publiés, avec les importantes introductions qui les accompagnent, et des pièces liminaires de six autres œuvres de Vésale et de leurs propres introductions, la traduction ici annoncée complète la publication des pièces liminaires.
Vésale, André. – Opera omnia anatomica et chirurgica, cura Hermanni Boerhaave,… et Bernhardi Siegfried Albini.. Lugduni Batavorum : apud J. Du Vivie et J. et H. Verbeek, 1725. (En ligne dans Medica)
Vésale, Opera Omnia, H. Boerhaave B. Albinus (éd.), Leiden, 1725 Introduction par Jacqueline Vons et Maurits Biesbrouck
En 1725, paraissait en deux tomes in-folio la première et unique édition des Œuvres complètes de Vésale, due à deux médecins de l’université de Leyde, Herman Boerhaave (1668-1738) et Bernhard Siegfried Albinus (1697-1770), qui ont voulu rendre hommage au père de l’anatomie moderne par un très beau livre. Mais si l’on observe de près cette reprise éditoriale, on constate que les éditeurs ne se sont pas contentés de produire un fac-similé. Les planches et le frontispice ont été recomposés et regravés sur cuivre par Jan Wandelaar (1690-1759), élève de Gérard de Lairesse et artiste renommé. Tous les ouvrages de Vésale n’ont pas été repris, d’autres lui sont attribués à tort. Le texte de la Fabrique est celui de l’édition de 1555, mais ce schéma général connaît des exceptions, sans que les corrections apportées au texte original soient signalées ; c’est cependant ce texte modifié qui a été souvent cité comme étant la version authentique de 1555. La transformation la plus spectaculaire est celle qu’ont subie les illustrations ; regravées, recadrées et agrandies, signées, elles se sont pour ainsi dire libérées du texte descriptif en affirmant leur autonomie.
La préface est constituée d’une longue lettre au lecteur, contenant un éloge de Vésale et une biographie, aujourd’hui remise en question, mais qui a servi de base aux historiens de la médecine pendant près de deux siècles. Pour Boerhaave et Albinus, Vésale est à l’origine d’une nouvelle histoire de l’anatomie, mais cette dernière ne s’est pas figée à ce moment. Contrairement à la médecine de Galien, devenue au fil du temps un dogme indiscutable, les livres de Vésale ont pu être l’objet de discussions, de remises en cause et d’améliorations. Les successeurs de Vésale se sont en quelque sorte approprié ce monument et l’ont fait évoluer. Finalement, le plus bel hommage que Boerhaave et Albinus rendent à Vésale est d’avoir initié le doute dans les sciences comme facteur de progrès :
«Toutes les fois où il doutait ou restait dans l’ignorance de quelque chose, Vésale avouait son ignorance modestement, avec candeur et en toute franchise, et en honnête homme il gardait le silence» (Préface *******).
Avec ce texte s’achève ainsi un des volets du projet Vésale, projet mené en partenariat avec le Service d’histoire de la santé et le Service informatique de la Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), et avec la participation de chercheurs français et étrangers.
Les textes sont à la disposition des lecteurs, dans le respect de la propriété intellectuelle des auteurs, sur la page La Fabrique de Vésale et autres textes. Éditions, transcriptions et traductions par Jacqueline Vons et Stéphane Velut.