«Acte fondateur du programme Didactique tangible, l’exposition «Anatomie d’une image» s’inscrit dans une démarche épistémologique qui associe des historiens, des professionnels, des didacticiens, afin d’éclairer, d’analyser et de mettre en liens différents modes de représentation des sciences et de la médecine.
Alors qu’elles nous accompagnent au quotidien, les images scientifiques et médicales sont paradoxalement mal identifiées. L’exposition «Anatomie d’une image» a pour objectif premier de faire un état des lieux de la profession d’illustrateur médical et scientifique en Europe et aux États-Unis, ainsi que de révéler la diversité des contextes de production, comme des processus de création de ces illustrations. Les illustrations scientifiques et médicales sont toujours issues d’une commande, au plus près de l’actualité scientifique, elles traduisent le réel en image. Cette exposition dévoile l’intimité de différentes démarches artistiques et met en perspective quelques repères historiques issus des fonds d’archives de Strasbourg et d’ailleurs. Nous remercions toutes les illustratrices et tous les illustrateurs qui nous ont ainsi conté l’histoire de l’une de leurs images et qui nous ont confié leurs documents de travail intermédiaire.»
Pour mémoire, elle aura lieu le vendredi 18 novembre 2016, à partir de 9h50, dans le grand amphithéâtre de l’université Paris Descartes (12, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris – métro Odéon).
L’entrée est libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
Le hashtag utilisé pour la journée sera #dessinanat16
Attention, le service d’histoire de la santé (salle de la Réserve) sera exceptionnellement fermé pendant cette journée. La consultation des ouvrages de la Réserve ou publiés avant 1800 ne sera donc pas possible ce jour-là. En revanche les autres documents pourront être communiqués dans la grande salle de lecture.
En parallèle de cet événement, la Bibliothèque interuniversitaire de santé présente l’exposition Anatomie d’une image.
251 drawings from the Dutch Golden Age by Johannes Van Horne and Marten Sagemolen
In 1656, in Amsterdam, Rembrandt painted his second Anatomy lesson. At the same time, in Leiden, in the Netherlands Golden Age that was brimming with artistic and scientific innovations, anatomy professor Johannes Van Horne and artist Marten Sagemolen were working on an unprecedented anatomicalatlas of the muscles in color. Although it remained unpublished, the European intelligentsia celebrated this work. Then, strangely enough, these drawings fell into oblivion in the course of the 18th century.
Four large volumes comprising 251 drawings, systematically organized in several series and constituting a large part of this anatomical atlas, have just been identified in the collection of the BIU Santé (Health Inter-University Library).
The Library is now unveiling this jewel, which should be of major interest to both historians of medicine and sciences and historians of art.
Identification was made by Hans Buijs (Fondation Custodia, Paris) on Friday, June 17, 2016. One single sentence found in the margin of a drawing dated 1654 revealed the name of the artist, but also, with absolute certainty, that of his patron, as well as important pieces of information on the constitution of the collection.
The very same sentence is indeed featured in the notes of famous physician Herman Boerhaave (1668-1738), one of the former owners of these volumes. Tim Huisman, in his doctoral dissertation in 2008, The Finger of God, Anatomical Practice in 17th-Century Leiden (Leiden University, 2008. p. 73 sq), published and documented these fragments. After examination of the four manuscripts under this bright new light, there can be no doubt whatsoever on their identity.
We publish an article that establishes the authenticity of the documents, gives part of their history, and provides an inventory of the four volumes. The article is subject to modifications: potential corrected versions will be available from the present column, at the same address.
Ce livre consacré à l’étude de l’encéphale, comprend également différents protocoles de dissection et se termine par un chapitre sur le rôle de la vivisection animale dans la science du vivant. Aussi bien la structure interne de l’œuvre que des raisons extrinsèques, expliquées dans l’introduction, justifient la parution de ce livre immédiatement après le livre I.
Exploité et cité le plus souvent de manière approximative ou spéculative, le livre VII retrouve ici son originalité et son authenticité, témoignant des balbutiements d’une science au sens moderne du terme, avec des moments fulgurants, intuitifs, révélateurs d’un génie hors du commun, mais qui était aussi un homme de la Renaissance, avec le savoir, la formation, l’habitus des médecins de son époque. Aussi, il a été nécessaire de refaire aujourd’hui en laboratoire les gestes de Vésale pour comprendre ce qu’il a vu et comment il a vu.
Seul le regard expert du neurochirurgien et anatomiste contemporain a pu déceler dans les planches ce qui était parfois représenté mais non décrit ; de même le travail de traduction ne s’est pas limité à transcrire une nomenclature (d’ailleurs inexistante ou fausse par rapport à nos connaissances actuelles) ou à considérer le texte sous l’angle de la simple «information» technique ou historique, mais il a voulu respecter le déroulement d’une parole et d’une pensée, marquées d’un caractère littéraire évident et ignorant la parataxe.
Nous espérons éclairer ainsi d’un jour scientifique et nouveau ces descriptions, d’une ampleur inégalée, qui ont marqué une étape considérable dans l’histoire des sciences médicales, tant dans la méthode que dans l’affirmation du doute scientifique.
Les auteurs et la Bibliothèque interuniversitaire de Santé sont heureux d’offrir aux chercheurs et aux jeunes étudiants un accès (encore partiel) gratuit à cette grande œuvre. Le livre II consacré à la myologie est en préparation.
Cette livraison d’octobre vous propose une estampe, issue de nos collections, mais dont nous savons bien peu de choses.
Elle fut publiée en 1877 par l’imprimeur Cadart, la gravure est d’Alphonse-Charles Masson (1814-1898) d’après le peintre Charles Bulteau. Elle représente une femme nue, marchant sur les mains, sous le titre énigmatique «Caprice hygiénique». La dame en question est visiblement en train de faire de la gymnastique, comme l’attestent les gants et haltères posés à terre. Mais pourquoi cette (absence de) tenue, et ce tableau de guingois dans le fond ?
«Qui ne se souvient du tableau de M. Bulteau, exposé il y a deux ans, je crois, – intitulé Un caprice hygiénique, et représentant une femme nue marchant sur les mains ? – c’est là, il me semble, une œuvre d’art originale.»
Œuvre qui aurait aussi été l’objet d’un procès à la même période, entre Mme Duval, sa propriétaire, et un théâtre qui l’aurait utilisé pour un décor. Mais ceci est une autre histoire…
Les lecteurs qui auraient plus d’informations à nous donner sur cette œuvre sont les bienvenus !
À Enschede (Pays-Bas) vient de s’ouvrir une grande exposition consacrée aux œuvres de Gérard de Lairesse.
Elle se tient au Rijksmuseum Twenthe du 10 septembre 2016 au 22 janvier 2017. C’est la première exposition d’envergure autour de cet artiste important de la fin du Siècle d’or, assez peu connu du grand public.
Gérard de Lairesse (1641-1711) est surtout réputé pour ses peintures bibliques et mythologiques. Mais il est également l’auteur d’admirables dessins d’anatomie réalisés pour l’Anatomia Humani Corporis de son ami le médecin Govert Bidloo (1685). La BIU Santé conserve dans ses collections les cent six dessins originaux qui subsistent.
En tout, une soixantaine d’œuvres, parfois monumentales, ont été réunies pour l’exposition, en provenance de plusieurs musées d’Europe.
La BIU Santé a pour l’occasion prêté neuf des précieux dessins de l’atlas de Bidloo, ainsi qu’un exemplaire de l’atlas lui-même. Une salle entière leur est consacrée.
C’est la troisième fois seulement en 220 ans que ces dessins sont présentés en-dehors de l’enceinte de la bibliothèque ; et jamais jusqu’ici plusieurs de ces dessins n’avaient été exposés en même temps : il a fallu en effet les retirer temporairement de leur lourde reliure pour que les visiteurs puissent en voir neuf à la fois.
La BIU Santé organise une journée d’étude le vendredi 18 novembre 2016 sur le thème :
Fecit ex natura : le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle
Sous la direction de Maxime Georges METRAUX (université Paris-Sorbonne), Chloé PERROT (université de Lille 3), Jean-François VINCENT (Bibliothèque interuniversitaire de santé, Paris).
À Paris, 12, rue de l’École-de-Médecine, grand amphithéâtre de l’université Paris Descartes (métro Odéon).
Entrée libre.
L’illustration médicale a attiré de nombreux collectionneurs et institutions en raison de son intérêt scientifique comme pour ses qualités formelles. Certaines de ces œuvres ont été abondamment diffusées et commentées. À ce jour, les métiers de cette imagerie spécialisée ainsi que les relations entre praticiens et artistes ont pourtant peu intéressé la recherche.
Marten Sagemolen est un peintre inconnu du grand public, et méconnu des amateurs d’art. Preuve de cette discrétion, il ne bénéficie que d’une ébauche de notice dans l’édition anglaise de Wikipédia, rien en hollandais, ni en français (avis aux wikignomes !). Les différentes graphies adoptées pour son patronyme n’aident pas non plus à sa notoriété : il est tantôt Marten Sagemolen, tantôt Martin Zaagmolen, voire Martinus Saeghmolen, entre autres.
Cette œuvre pourrait n’avoir aucun rapport avec les planches anatomiques, et c’est pourtant le cas. Sous prétexte de présenter le supplice de Marsyas, le peintre nous livre un corps digne de l’atlas de Van Horne, mais cette fois-ci mis en scène.
Pour mémoire, Marsyas est un satyre phrygien qui attira la jalousie d’Apollon. Ce dernier, rancunier comme peuvent l’être les dieux grecs, fit dépecer son malheureux rival.
C’est souvent le début de l’exécution que les artistes affectionnent : Marsyas est entravé, le couteau commence à peine à entailler ses chairs, dans le meilleur des cas. Le Hollandais Johann Lyss, au début du 17e s. opte par exemple pour cette composition bienséante (ci-contre). Au siècle précédent (et plus au sud), Le Titien était à peine plus audiacieux, même si le satyre est déjà en bien mauvaise posture (ci-dessous).
Sagemolen ne se contente pas de ces préliminaires, et nous confronte sans détour aux conséquences du supplice : c’est un écorché presque intégral qui est exposé, de face, dans une posture aussi inconfortable que peu naturelle.
Le tableau est signé de 1658. Il est donc parfaitement contemporain des dessins commandés par Van Horne, datés entre 1654 et 1660. Les corps représentés sont d’ailleurs approximativement de mêmes dimensions (la toile mesure 115,4 x 101,5 cm). Cette concomitance offre une perspective nouvelle sur le choix étonnant des muscles mis à nu.
Le supplice de Marsyas appartenait autrefois à l’Allemand Binder, avant de passer dans une collection française. Il était connu par des reproductions en noir et blanc datant du début du 20e siècle. La vente Christie’s permet désormais d’en admirer des clichés en couleur (reproduits ici avec l’aimable autorisation de la maison de vente).
Il sera également possible de le contempler sur place à partir du 9 septembre. La notice accompagnant le tableau est riche d’enseignements (cliquer sur l’icône + en face de la rubrique «Lot notes»).
Et si vous disposez de 40.000 à 60.000 euros (suivant les estimations), n’hésitez pas à offrir cette belle œuvre à la bibliothèque, en complément parfait de nos planches !
Les amateurs d’anatomie sont invités à suivre notre blog dans les semaines qui viennent : nous y parlerons bientôt de la grande exposition Lairesse (auquel un destin facétieux a lié Van Horne et Sagemolen dans nos collections) et d’une journée d’étude à venir sur le thème de l’illustration médicale.
La BIU Santé a depuis peu mis en ligne une nouvelle numérisation de la seconde édition du Traité complet de l’anatomie de l’Homme de Jean-Marc Bourgery, en couleurs, publiée entre 1866 et 1867. Les moyens techniques actuels nous permettent en effet de vous proposer une version dématérialisée plus conforme à l’original que celle réalisée il y a dix ans.
Pour compléter cet ouvrage, nous vous offrons également l’accès, sur le portail de Medic@, à un document exceptionnel : plus de deux cents dessins de Nicolas Henri Jacob destinés à l’illustration du Traité. De nombreuses notes manuscrites complètent et documentent les esquisses ainsi que le travail préparatoire de l’artiste.
Signalons aussi à cette occasion les travaux de Martial Guédron et Olivier Poncer sur l’atlas de Bourgery et Jacob, qu’ils ont présentés en avril 2015 lors d’un séminaire organisé par le Centre André Chastel.