Mais qu’est-ce qu’une thèse, qu’est-ce qu’une thèse à image, qu’est-ce qu’une thèse de chirurgie ? Tous ces mots sont des faux amis, qui nous poussent dans les horreurs de l’anachronisme. Qui sont Millot et Chopart, et qu’est-ce qu’entrer au Collège royal de chirurgie ? Que représente enfin cette grande image solennelle ?
Les thèses de l’Ancien régime n’étaient pas ces travaux de recherche parfois monumentaux et normalement originaux qui sont aujourd’hui les «chefs-d’œuvre» réclamés au candidat en échange du plus haut diplôme universitaire, le doctorat. Ni même les mémoires, moins épais et moins souvent originaux, qui sont demandés pour l’obtention du doctorat en médecine. Depuis le Moyen Âge, l’étudiant, à la Faculté de médecine notamment, devait défendre plusieurs thèses au cours de sa formation : c’est-à-dire qu’il devait se soumettre, au cours de cérémonies réglées de plusieurs heures, au feu des questions de ses maîtres et de ses pairs, sur un sujet connu à l’avance. Cette cérémonie dans certains cas (mais pas dans tous) devait s’accompagner d’une publication. La thèse de médecine écrite compta longtemps cinq paragraphes, pas un de plus ni de moins, sous la forme d’une affiche. En voici un exemple ordinaire du XVIIe siècle :
Il y a déjà 222 ans, le 17 octobre 1795 (25 vendémiaire an IV), s’ouvrait la bibliothèque de la nouvelle école de Santé de Paris. Prenant la suite de la bibliothèque de la faculté de médecine, ce sont ses collections qui constituent le socle de l’actuelle BIU Santé. Pierre Süe en fut le premier conservateur.
L’ouverture de cet établissement eut lieu en présence de Jean-François Baraillon, membre de la Convention, et de René-François Plaichard, membre du Conseil des anciens, et sous la présidence de Michel-Augustin Thouret, directeur de l’école.
La bibliothèque était alors ouverte au public quatre fois par décade, de 11h à 14h, les autres jours étant réservés aux élèves.
À l’occasion de la publication de Madame Royale, une biographie de la fille de Louis XVI écrite par Anne Muratori-Philip (Fayard, 2016), le blog de la BIU Santé vous propose deux billets pour le prix d’un : une présentation de l’ouvrage par Olivier Gross, pharmacien général de Santé publique, ainsi qu’un commentaire inédit de l’auteur de la biographie, Anne Muratori-Philip, à propos d’une gravure représentant l’accouchement de la reine Marie-Antoinette. Bonne lecture de vacances !
Née Fille de France et distinguée à sa naissance par le titre de madame Royale, la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette devient à l’âge de 13 ans et pour le reste de ses jours «l’orpheline du temple».
Tout le drame atroce de sa vie est concentré dans ces deux mots.
Peut-on rester physiquement et psychiquement sain quand au sortir de l’enfance on est confronté à l’humiliation et à l’exécution de ses parents, de sa tante, la pieuse Madame Élisabeth, à la longue agonie de son frère, à la prison du Temple pendant 4 ans, puis à l’exil et au retour sur les lieux du drame et puis encore à l’exil ?
La Duchesse d’Angoulême revenue de l’enfer sur les marches du trône, apparemment saine de corps et d’esprit, nous interpelle sur le pouvoir du mental, sur ces ressources que l’être humain est capable de mobiliser ex nihilo pour supporter l’insupportable.
Dans son nouveau livre sur ce témoin à charge de la fin de la monarchie, Anne Muratori nous peint avec délicatesse et retenue «l’Oubliée de l’histoire». Une étude réalisée à partir de documents d’archives, une biographie qui intéressera les passionnés d’histoire et ceux qui ont apprécié le talent de l’auteure de la biographie «Parmentier» …
Olivier Gross
Pharmacien Général de Santé Publique
L’Heureux accouchement de la reine
Marie-Thérèse Charlotte de France, née le 19 décembre 1778, est le premier enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette. Versailles n’a pas pour habitude de fêter la naissance d’une fille, mais cette fois, tout le royaume est en émoi, car cet enfant met fin aux folles rumeurs qui couraient depuis des mois sur la stérilité du couple royal. La petite princesse aurait dû recevoir le titre de Madame. Mais Louis XVI l’ayant déjà accordé à la comtesse de Provence, l’épouse de Monsieur, frère du roi, il décide de titrer sa fille : Madame Royale ou Madame fille du roi.
La reine Marie-Antoinette a accouché à onze heures trente du matin d’un nouveau-né que l’on a cru mort, parce qu’il refusait de pousser ses premiers vagissements. Emporté dans la pièce voisine pour être débarbouillé, on s’est aperçu que c’était une fille, ce qui provoqua la fuite des courtisans. Pourtant le roi est ému devant ce bébé qu’il cajole longuement avant de le confier à sa gouvernante, Madame de Guéménée. Lui aussi aurait préféré un fils, mais ce n’est que partie remise.
Cette gravure fixe pour la postérité l’heureux accouchement de la reine qui repose dans son lit, sous le regard vigilant de la princesse de Lamballe, surintendante de la Maison de la Reine. Une servante remet de l’ordre dans les tentures malmenées par la foule qui se pressait dans la chambre. La petite princesse, en robe de baptême, est dans les bras de Victoire-Armande de Rohan-Soubise, princesse de Guéménée et gouvernante des Enfants de France. Le roi, lui, présente sa fille à ses proches avant de se rendre à la chapelle pour assister au baptême de l’enfant par le cardinal de Rohan. C’est une innovation qui commence avec Madame Royale, car jusqu’à présent les Enfants de France étaient seulement ondoyés à la naissance.
Anne Muratori-Philip
Pour en savoir plus sur la pratique de l’accouchement à l’époque de Marie-Antoinette, vous pouvez consultez les documents suivants dans la bibliothèque numérique Medic@ :
En 1791, l’Assemblée constituante supprimait les corporations, dont celles des médecins et des chirurgiens, séparées depuis le XIIIe s. Puis en 1792 l’Assemblée législative fit un sort aux universités et autres académies.
Mais alors, qui allait former les professionnels de santé ? La loi du 14 frimaire an III (4 décembre 1794, il était temps !) entérine la création de trois écoles de santé, à Paris, Montpellier et Strasbourg. Médecine et chirurgie sont enfin réunies. Chacune de ces écoles doit être pourvue d’une bibliothèque.
À Paris, l’école de santé s’installe dans l’ancienne Académie de chirurgie et le couvent des Cordeliers adjacent. Elle ouvre le 1er pluviose an III (20 janvier 1795), mais sans bibliothèque.
Un ancien professeur de chirurgie, Pierre Süe, est choisi par ses collègues pour la constituer. Il s’appuie pour ce faire sur ce qui reste de la riche bibliothèque de l’Académie de chirurgie, soit 2.000 livres environ.
Pierre Süe part alors en quête des bibliothèques confisquées aux anciennes institutions médicales. Elles attendent dans différents dépôts, aux quatre coins de Paris, au milieu des ouvrages enlevés aux émigrés, aux religieux, aux condamnés et autres suspects. Par chance, l’un des dépôts le plus important se situe justement dans le réfectoire des Cordeliers. On y retrouve la bibliothèque de l’ancienne faculté de médecine (7.500 livres), celle de la société royale de médecine (500 livres) ainsi que la collection du médecin François Thierry.
Faisant preuve d’encyclopédisme dans ses choix, Pierre Süe ne se limite pas aux seuls ouvrages médicaux : sciences naturelles, philosophie, livres de voyages et parfois romans, fables antiques… La tâche est loin d’être terminée quand ouvre la nouvelle bibliothèque, le 25 vendémiaire an IV (17 octobre 1795, il y a donc 220 ans). Ce n’est qu’en 1798 qu’un premier catalogue sera rédigé.
Cette première salle de lecture se situe alors dans l’aile gauche de l’ancienne Académie de chirurgie (actuelle salle Landouzy du pôle médecine), où elle demeurera jusqu’en 1891. Date à laquelle est inaugurée la grande salle de lecture, le long du boulevard Saint-Germain.