Texte
Jean ii Riolan
Première Responsio (1652) aux
Experimenta nova anatomica
de Jean Pecquet (1651).
2. Critique des chapitres i‑v
des Experimenta nova anatomica  >

[Page 145 | LAT | IMG] [1]

Page 2. Ainsi commence-t-il son opuscule : Aselli [2] a le premier découvert ces veines, [3] il a mis au jour les authentiques veines lactées, un point c’est tout, ce n’est pas un fait à dédaigner, bien qu’il ne soit pas d’une importance considérable. Harvey[4] de Wale, [5] Vesling, [6] Conring, [7] Bartholin [8] et Riolan en ont fait mention. Sans vouloir offenser de si grands personnages, je dirais qu’ils se sont tous trompés en croyant que le chyle est emporté dans le foie [9] par trois ou quatre rameaux, qui pourtant ne l’atteignent en aucune manière. Aucun de ces auteurs n’a particulièrement tenté de rechercher les cachettes des veines lactées dans le thorax[1][10]

On doit hautement louer les inventeurs des arts, dit Aristote[11] et il est facile d’ajouter à leurs découvertes : si Thimothée n’avait pas créé la musique, Phrynis n’y aurait pas excellé. [2][12] Aselli a le premier découvert ces veines, ce qui lui vaut [Page 146 | LAT | IMG] d’être glorifié par les anatomistes expérimentés. Ce jeune homme, qui n’a pas encore dépassé les premières années de l’âge adulte[3] juge mesquinement et grossièrement que le chyle emprunte des voies autres que les veines mésaraïques, et il dédaigne et tourne en dérision les autres anatomistes, qu’il prétend aveugles. Ceux qui ont approuvé son opinion erronée connaîtront le sort des brebis bêlantes : celles qui suivent la première tomberont tête première dans le fossé. [4] Il cite même Riolan, bien qu’il n’ait encore pas donné d’avis sur cette affaire ; mais après qu’il aura réexaminé l’utilité médicale de ces lactifères, il déclarera à nouveau sereinement ce qu’il pense de ceux qu’on vient de trouver. [5][13]

Page 3. Vient ensuite la description de la découverte : Un certain réservoir membraneux, [14] dont la taille égale, du moins chez les bêtes, l’intervalle qui est compris entre les psoas, devant les vertèbres lombaires, reçoit la liqueur que recueillent les lactifères éparpillés dans le mésentère, c’est-à-dire le chyle, et le répand dans ceux qui, tapis dans le thorax et formant un conduit ininterrompu, le font progresser jusqu’au tronc de la veine cave supérieure. [15] Il se mêle intimement au sang à l’entour des veines jugulaires externes, pour être détourné dans le ventricule droit du cœur[16] Il remarque ensuite que le chyle devra se précipiter dans le gouffre du cœur car les valvules des jugulaires l’empêchent entièrement et sans peine d’y [Page 147 | LAT | IMG] monter. Il ne dit ni les dimensions ni la capacité de ce réservoir, bien que les veines lactées soient innombrables car elles parcourent la totalité des intestins, dont la longueur égale sept fois la hauteur du corps. [17] En outre, la plus grande partie des intestins occupant le ventre et même le bas-ventre, comment toutes les veines lactées peuvent-elles confluer dans ce réservoir situé entre les deux reins, et pourquoi est-il placé à cet endroit ? Comment aussi d’innombrables veines lactées peuvent-elles se résoudre en deux veinules qui font monter le chyle jusqu’aux subclavières ? [18] Étant toute proche, la veine cave inférieure [19] lui offrait une voie plus courte et plus commode. Si le mésentère devenait entièrement squirreux, [20] ce cheminement du chyle serait bloqué et il faudrait mourir ; [21] mais contre une telle catastrophe le foie, le pancréas, [22] la rate [23] reçoivent des veines directement issues de l’estomac qui aspirent le chyle et l’apportent au foie, [24] et quelques-uns ont estimé qu’elles y dérivent sa partie la plus subtile avant qu’il ne parvienne aux intestins et aux veines mésaraïques. Il a omis de mentionner ces voies.

Si les veines lactées, qui sont innombrables, confluaient dans ce réceptacle particulier et y déversaient le chyle, il devrait s’en écouler vers les veines subclavières aussi rapidement [Page 148 | LAT | IMG] qu’il y a afflué. Néanmoins, après la mort de l’animal, [25] bien que les veines lactées demeurent apparentes, il ne subsiste aucune trace de cette cavité recevant le chyle, ni des deux autres canaux qui le conduisent aux subclavières. Ensuite, si cette confluence d’innombrables veines dans cette cavité y apporte un copieux volume de chyle, il faut que son transfert vers les subclavières soit également copieux. [6] Il doit donc exister une proportion entre les veines lactées qui alimentent ce réservoir en chyle et les deux canaux qui l’évacuent vers les subclavières, mais aussi entre ces deux chylifères thoraciques et le sang qui jaillit du cœur en grande abondance. Comment toutefois les deux petits lactifères qui sortent de cette cavité peuvent-ils avoir un débit égal à celui de toutes les veines chylifères réunies, puis faire monter, à vitesse et volume suffisants, une telle abondance de chyle jusqu’aux les subclavières, et enfin procurer au cœur la matière suffisante à la production du sang, alors que le sang ne ralentit pas dans le cœur ? Cela paraît impossible. Je me demande en outre comment cette lacune exiguë peut se distendre pour recevoir suffisamment de chyle, alors qu’elle est placée sous le mésentère et doit supporter tout le poids des intestins, particulièrement en position couchée sur le dos, quand on sait que dans un corps obèse, les membranes adipeuses des reins sont écrasées et étouffées par la graisse éparse [Page 149 | LAT | IMG] comme par celle du mésentère. [7] Il n’explique pas comment le chyle se rue dans le gouffre du cœur et s’il s’attarde dans l’oreillette droite. Ce nom de gouffre semble signifier que le cœur engloutit le chyle par sa vaste ouverture. Notre admirable anatomiste ignore que les jugulaires externes sont dépourvues de valvules, [26] et comment le sang pourrait-il se précipiter dans ces veines éloignées, alors que les jugulaires internes sont là tout près. [8][27] Ajoutez à cela son impéritie quand, chez les bêtes, il appelle subclavières les deux branches de division de la veine cave supérieure, qu’on nomme plus justement axillaires, parce que ces animaux n’ont pas de clavicules : pourtant il leur en attribue, page 9, lignes 21 et 22, et page 10, ligne 16[9]

De votre propre aveu, il est étonnant que, une fois l’animal mort, ces veines et leur réservoir aient entièrement disparu sans laisser aucune trace visible[10]

Il continue, à la page 4 du chapitre ii, puis dans les chapitres iii et iv, de raconter, à la louange du vigoureux Jaloux, [28] l’histoire complète de sa bonne étoile, c’est-à-dire pour se faire lui-même valoir, comme Suffenus en sa propre faveur et comme Astydamas à la gloire de son propre ouvrage. [11][29][30][31][32] Moi pourtant, en noble Jaloux, conservateur et défenseur de l’ancienne doctrine, je blâmerai poliment vos sornettes sur l’utilité de ces veines lactées.

Je ne suis pas sans connaître non plus (et vous en procure la référence) ce que Galien a écrit des nouvelles inventions, [Page 150 | LAT | IMG] qu’il conseille de ne pas taire, mais de divulguer, au chapitre ix De la difficulté à respirer : Il est juste et bienvenu, afin de récompenser ceux qui ont fini par découvrir quelque chose de bienfaisant pour la vie, de ne pas taire leurs inventions et de ne pas les tenir cachées aux hommes, mais de faire connaître le raisonnement et la méthode qu’ils ont employés pour les mettre au jour ; car c’est là ce qui leur vaut l’honneur de notre admiration[12][33] Toutefois, quand est découvert quelque chose qui peut induire un grand changement en quelque métier solidement établi de longue date, comme est la médecine, il faut longtemps et profondément examiner et peser l’utilité de cette nouveauté ; il convient aussi de recueillir les avis de doctes et sages praticiens, aguerris à la pratique de l’art, afin de ne rien trancher imprudemment et à la légère, qui puisse être à la fois ridicule et dangereux pour la santé ; mais c’est ce à quoi vous vous exposez en vous prononçant sur l’utilité de votre trouvaille. Wirsung a écrit de Padoue [34] à Riolan pour solliciter son avis sur le canal pancréatique qu’il avait mis au jour ; [13][35] comme a fait Harvey qui, après avoir médité pendant 24 années sur la question, n’a pas encore osé exposer les utilités de sa circulation du sang (pour la pratique de la médecine), parce que, dit-il, il faut établir ce qui existe avant d’examiner pourquoi cela existe. [14][36][37]

[Page 151 | LAT | IMG] Page 13. Jusqu’à présent, l’opinion, contraire à la vérité, a été que le chyle progressait du mésentère jusque dans le parenchyme du foie, viscère auquel on attribuait la prérogative de fabriquer le sang destiné au reste du corps, parce qu’on voit que le chyle n’est détourné ni vers le foie, ni vers la veine porte, ni vers la veine cave, à proximité des artères rénales[15][38] Aselli, le premier à avoir trouvé les veines lactées, s’est donc trompé, et il rêvait quand il décrivait et dessinait en couleurs les quatre branches ou canaux lactés qui gagnent le foie. [16] De Wale voyait trouble quand, outre ces canaux, il en a observé d’autres qui se rendent dans le pancréas et dans la veine cave, et les autres auteurs qui l’ont confirmé n’y ont pas vu plus clair.[17] Peut-être les avez-vous vus, mais détruits afin de rendre votre découverte plus admirable aux yeux de ceux qui vous regardaient disséquer. Pourquoi ne vous servirais-je pas ce propos d’Avicenne : « Si toi et moi ne voyons pas ceci ou cela, est-ce une preuve de son inexistence ? » [18][39] Vous ne pouvez approuver ce qu’a dit Bartholin, chapitre iii de son opuscule sur les veines : « Seule l’ignorance de leur tronc commun tient les savantes gens en suspens, et la question serait résolue si quelqu’un démontrait qu’il aboutit dans le foie. » [19][40] Et s’il a mis en doute le cheminement des veines lactées et leur aboutissement dans le foie, il a changé d’avis dans la dernière édition de son Anatomia, en les y ajoutant et décrivant, par écrit et à l’aide de gravures. [20][41] Pour ma part, je soutiens que, par la grande prévoyance de la nature, [Page 152 | LAT | IMG] ces quatre canaux ne se réunissent pas en un tronc, de crainte qu’un chyle impur ne puisse aisément l’obstruer et que la distribution du chyle, qui est nécessaire à la vie, ne s’en trouve interrompue : si un ou deux d’entre eux se bouchent, les autres demeurent perméables et continuent d’assurer le passage du chyle. En revanche, si vos deux veines lactées thoraciques se trouvent obstruées, c’en est fini de la vie car le chyle ne parvient plus au cœur ; et je ne vois pas comment ils pourraient se rouvrir alors, quand la force d’un médicament liquide ne peut les atteindre en s’élevant jusqu’à eux. [21][42]


1.

Bien qu’il mette le texte en exergue (italique), Jean ii Riolan ne cite pas Jean Pecquet mot à mot : il y glane des fragments, avec une exactitude imparfaite, et les met bout à bout pour reconstituer le propos de Pecquet, qu’il outre quelque peu à son désavantage en y supprimant les nuances qui peuvent le modérer ou le justifier. Chacun pourra vérifier ce procédé en relisant la source (pages 2 et 3, chapitre i des Experimenta nova anatomica). Ici comme par la suite, j’ai donc mis en italique, mais sans guillemets, les citations riolaniques, qui se réfèrent à la pagination de la première édition des Experimenta nova anatomica (1651), légèrement décalée par rapport à celle de la seconde (1564) qui est reprise dans la nôtre.

V. les notes [6] et [7] du chapitre susdit pour William Harvey, Jan de Wale, Johann Vesling, Hermann Conring et Thomas Bartholin.

2.

En inversant les mérites des musiciens, Jean ii Riolan résumait le début du chapitre i, livre ii de la Métaphysique d’Aristote : {a}

« La science qui a pour objet la vérité, est difficile sous un point de vue, facile sous un autre. Ce qui le témoigne, c’est qu’il est impossible que personne atteigne complètement la vérité, et que tout le monde la manque complètement. Chaque philosophe explique quelque secret de la nature. Ce que chacun en particulier ajoute à la connaissance de la vérité n’est rien sans doute ou n’est que peu de chose ; mais la réunion de toutes les idées présente d’importants résultats. De sorte qu’il en est ici, ce nous semble, comme de ce que nous disons dans le proverbe : “ Qui ne mettrait pas la flèche dans une porte ? ” {b} Considérée ainsi, cette science est chose facile. Mais l’impossibilité d’une possession complète de la vérité, dans son ensemble et dans ses parties, montre tout ce qu’il y a de difficile dans la recherche dont il s’agit. Cette difficulté est double. Toutefois, elle a peut-être sa cause non pas dans les choses, mais dans nous-mêmes. En effet, de même que les yeux des chauves-souris sont offusqués par la lumière du jour, de même l’intelligence de notre âme est offusquée par les choses qui portent en elles la plus éclatante évidence. Il est donc juste d’avoir de la reconnaissance non seulement pour ceux dont on partage les opinions, mais pour ceux-là mêmes qui ont traité les questions d’une manière un peu superficielle, car eux aussi ont contribué pour leur part. Ce sont eux qui ont préparé par leurs travaux l’état actuel de la science. Si Timothée n’avait point existé, nous n’aurions pas toutes ces belles mélodies ; mais s’il n’y avait point eu de Phrynis, il n’eût point existé de Timothée. » {c}


  1. traduction d’Alexis Pierron et Charles Zevort (1840).

  2. Quel archer serait assez maladroit pour manquer la porte qu’il vise ?

  3. Aristote tenait Phrynis, natif de Lesbos à la fin du ve s. av. J.‑C. pour l’inventeur de la musique. Son contemporain Timothée, natif de Milet, l’aurait surpassé dans l’art de la mélodie, mais Riolan prenait l’un pour l’autre.

3.

Jean ii Riolan empruntait de nouveau ce passage à la lettre d’Adrien Auzout : v. note [5] de sa Préface.

4.

Allusion ironique de Jean ii Riolan à Rabelais et à ses « moutons de Panurge » : vnote Patin 28/413.

5.

V. note [8], Experimenta nova anatomica, chapitre i, pour la sentence de Jean ii Riolan sur les lactifères mésentériques dans son « Manuel anatomique et pathologique » publié en 1649.

Riolan parlait très volontiers de lui à la troisième personne. Ma traduction ne l’a pas toujours suivi dans son infatuation. Plus loin, il va s’adresser à Jean Pecquet directement et indirectement, en utilisant la deuxième (vous) et la troisième personne (il).

6.

Chez l’homme adulte, le débit du canal thoracique est d’environ 2,5 litres par jour, combinant le chyle d’origine intestinale et la lymphe qui provient de tout le bas du corps (sans la tête et les membres supérieurs).

7.

Les « membranes adipeuses » de l’abdomen étaient les amas de graisse qui s’accumulent entre les feuillets du péritoine (épiploons), autrement nommés fraise ou coiffe. Les reins sont situés en dehors du péritoine, derrière le mésentère, mais leur loge fibreuse est elle aussi riche en graisse, à proportion de la corpulence. Pour Jean ii Riolan (Manuel anatomique et pathologique, 1661, livre second, chapitre xxix, Des Reins, page 224), la séparation était plus confuse :

« Ils ont une membrane fort déliée, qui est fortement attachée à leur chair, et une autre plus lâche, qui est entourée de beaucoup de graisse, que l’on appelle membrane grasse ou adipeuse des reins, qui sert à les envelopper et qui est produite du péritoine. »

8.

Sans prendre la peine de le dire, Jean ii Riolan parle ici de la confluence entre les canaux thoraciques et les veines de la base du cou. {a} Sous la plume de Jean Pecquet, le mot « gouffre », gurgitem, figure dans l’antépénultième paragraphe du chapitre ii des Experimenta nova anatomica (page 6) :

Εκβολας noto pronas oculis, et spectantibus manifestas scaturigines ; foraminula scilicet, paulò infra Iugulares venas, et axillarium cataractas, numerosis ostiolis hiscentia. Sed et Iugularium illic valvulas observo ruituro in cordis gurgitem Chylo faciles ascensu penitus interdicere.

« Mes yeux contemplaient le jaillissement d’authentiques torrents, issus de nombreux petits pertuis dont les orifices sont situés un peu sous l’abouchement des veines jugulaires dans les veines axillaires. {b} En outre, à cet endroit, j’observai la présence de valvules jugulaires disposées pour faciliter la ruée du chyle dans le gouffre du cœur et lui interdire entièrement de monter vers le cou. »


  1. La « vaste ouverture » (amplus hiatus) me semble désigner l’orifice atrioventriculaire (tricuspide) droit.

  2. En anatomie humaine, les deux veines jugulaires, externe et interne, s’abouchent séparément dans les subclavières et leurs terminaisons sont toutes deux valvulées. Chez le chien, la jugulaire externe est largement dominante, et c’est elle (CC) qui est représentée, avec sa valvule, dans la première figure de Jean Pecquet (en estimant évident qu’il s’agit de l’externe). Riolan faisait doublement preuve de mauvaise foi.

Vnote Patin 18/192 pour l’idée que Riolan se faisait de la circulation du sang, dont le sens s’inversait plusieurs fois par jour dans les veines (centripète et centrifuge, en alternance), en particulier dans le réseau de la veine porte.

9.

Dans l’édition de 1654 des Experimenta nova anatomica, ces trois erreurs (emplois des mots claviculas, subclavias et subclavios) figurent dans les deux derniers paragraphes du chapitre iii (pages 9‑10). Jean Pecquet s’en est excusé à la fin du chapitre ii (v. sa note [8]).

10.

Le propos exact de Jean Pecquet (à qui Jean ii Riolan s’adresse ici directement) est :

Verùm, quâ tandem viâ, quibus meatibus, eò Chylus devolveretur, non licuit ob exhaustum animalis jamdudum mactati mesenterium, evanescentibus planè Lacteis cum expressi liquoris effluxu deprehendere. {a}

« Toutefois, je n’eus pas la liberté de chercher le chemin que suit le chyle pour parvenir finalement à ces méats, car mes compressions avaient vidé le mésentère de cet animal déjà mort depuis un bon moment, et on ne voyait plus du tout de liquide dans ses lactifères. »


  1. Avant-dernier paragraphe de la première dissection, chapitre ii, page 6, 1654, et dernier paragraphe, mêmes page et chapitre, 1651, avec remplacement de demonstrare par deprehendere.

11.

V. note [2], Experimenta nova anatomica, chapitre ii, pour le commentaire de ce passage emprunté à Jean Pecquet, où le « vigoureux Jaloux » désigne Dieu dans l’Exode.

Vnote Patin 48/8211 pour Suffenus, modèle romain du poète infatué de lui-même dans Catulle.

La Souda {a} contient cet article sur Astydamas l’Ancien, poète tragique grec du ve s. av. J.‑C. (traduit partiellement de l’anglais) :

« Astydamas, fils de Morsimus, ayant remporté la palme avec sa tragédie Parthenopæus, les Athéniens lui accordèrent le droit de dédicacer son effigie dans le théâtre. Il composa cette prétentieuse inscription sur sa propre personne :

“ Que ne suis-je né à la même époque que ceux qui passent pour être nos maîtres en poésie, ou que ne sont-ils mes contemporains ! car en vérité on jugerait que je leur suis bien supérieur ; mais maintenant ils l’emportent, grâce au temps qui les protège contre l’envie. ” » {b}


  1. Vnote Patin 47/8201.

  2. Traduction de Fr. Jacobs (1863), à partir de l’original grec, de la seule épigramme qui ait survécu de tous les vers composés par Astydamas. Son infatuation heurta les Athéniens qui la refusèrent et condamnèrent son auteur à une forte amende. Le poète comique Philémon en a fait ce vers proverbial : Σαυτην επαινεις, ωστερ Αστυδαμας, γυναι [Se louer soi-même comme Astydamas].

12.

Dans l’édition de Kühn, cette référence correspond au chapitre i, livre ii, De difficultate respirationis (volume 7, page 826), où Galien honore ceux (dont lui-même fut un des plus prolixes) qui ont enrichi la doctrine d’Hippocrate en commentant utilement ce qu’il a écrit sur le sujet.

13.

Dans ses Opera anatomica vetera et nova (pages 811‑814), {a} Jean ii Riolan a publié la lettre que Johann Georg Wirsung lui a écrite et la réponse qu’il lui a faite. {b}

14.

William Harvey, Exercitatio altera ad J. Riolanum, in qua multæ contra circuitum sanghinis objectiones refelluntur [Second Essai contre J. Riolan, où sont réfutées de nombreuses objections contre le circuit du sang] (pages 85‑86) : {a}

Adeo iis qui circulationem repudiant, quia neque efficientem neque finalem causam vident, cui bono fiat, quia adhuc nihil adjunxi, restat demonstrandum. Prius in confesso esse debet, quod sit circulatio, ante quam propter quid fiat, inquirendum : nam ex iiis, quæ in circulatione et hâc positâ obveniunt, usus et utilitates, investigandæ sunt. {b} Interim dicam, quod sunt in Physiologia, pathologia, et therapeia recepta, quorum causas, non novimus, esse famen nullus dubitat ; videlicet, febrium pitridarum, revulsionis, et purgationis excrementorum ; ea omnia, tamen, circuitus beneficio intelliguntur.

Quicunque itaque circulationem controvertuntur, eò quod problemata medicinalia (state circulatione) solvere non possint ; aut in morbis curandis, et medicamentis usurpandis, apparentium causas exinde colligere nequeant ; aut causas receptas a præceptoribus falsas esse videant ; aut approbatas priùs opiniones relinquere indignum putent ; et per tot sæcula traditam disciplinam, veterumque autoritatem, in dubium vocari nefas existiment.

« Pour ceux qui rejettent la circulation parce qu’ils n’en voient ni la cause efficiente ni la cause finale, il reste à démontrer à quoi elle sert, car je n’en ai point encore parlé. On avouera cependant qu’il fallait chercher d’abord si la circulation existe avant de chercher à quoi elle sert. {b} Examinons donc l’usage et les avantages des vérités qui dérivent de la circulation. On admet en physiologie, en pathologie et en thérapeutique bien des choses dont nous ne connaissons pas les usages, et dont pourtant personne ne doute, comme les fièvres putrides, les révulsions, les purgations : eh bien, tous ces faits s’expliquent parfaitement par la circulation.

Il y a des auteurs qui attaquent la circulation parce qu’ils ne peuvent résoudre par là certains problèmes médicaux, ou grouper les conséquences qu’elle entraîne pour la guérison des maladies et l’emploi des médicaments, ou parce qu’ils trouvent inexactes les causes indiquées par les maîtres, ou parce qu’ils jugent criminel d’abandonner les opinions reçues et considèrent comme un sacrilège de douter d’une doctrine admise depuis tant de siècles, et de mettre en doute l’autorité des Anciens. » {c}

Cette explication de Harvey n’avait pas satisfait Jean ii Riolan, comme en atteste sa Responsio ad duas Exercitationes anatomicas postremas Guillielmi Harvei… de Circulatione sanguinis [Réponse aux deux derniers Essais anatomiques de William Harvey… sur la Circulation du sang] (Paris, 1652), chapitre i, pages 5‑6 {d} :

Memini quum in Anglia me tuâ visitatione cohonestares, quæsiisse, quid sentirem de tua Circulatione Sanguinis : laudaui, et approbaui tuam subtilem et ingeniosam inuentionem, sed eius reductionem ad vsum Medicum, accuratè demonstratum tuum efflagitaui, quam pollicitus fueras, et adhuc expecto, et vehementer exopto. Non potui tunc temporis meas dubitandi rationes tibi proferre, quia extorris, et transfuga in Angliam, cum serenissima Regina mea Domina, tanquam Asylum, et tutissimum salutis portum (ut ipsa sperabat) sed nostrarum rerum aulicarum perturbatione agitata mens, non poterat tranquillè vacare litteris, atque liberè sese explicare in Angliâ, Gallis inimicâ. Ideóque ingenuè fateor, me decem annorum in Aula Reginæ, et postea trium spatio in afflictione perpetua morborum, iacturam studiorum non leuem fecisse, præter dispendium meæ fortunæ irreparabile.

Sic mihi tarda fluunt, ingratáque tempora, quæ spem
Consiliúmque morantur agendi gnauiter, id quod
Æquè pauperibus prodest, locupletibus æquè,
Æquè neglectum pueris, senibúsque nocebit.
Horat. epist. i. lib. i.

[Durant mon séjour en Angleterre, {e} quand vous me fîtes l’honneur de me rendre visite, je me souviens que vous vous étiez enquis de mon sentiment sur votre circulation du sang : je louai et approuvai la subtilité et l’ingéniosité de votre découverte, {f} mais vous demandai avec insistance de me prouver quel était exactement son intérêt pour la pratique médicale ; vous m’aviez promis de le faire, mais j’attends encore votre réponse et la souhaite ardemment. Je n’ai pu alors vous exposer les raisons de mes doutes parce que j’étais un transfuge exilé en Angleterre, qui accompagnait Madame sa sérénissime reine, pour y trouver (comme elle l’espérait) un asile et très sûr port de salut, et que j’avais l’esprit agité par le trouble des affaires de notre cour. Il m’était impossible de vaquer sereinement aux échanges de lettres et de m’y justifier librement en Angleterre, alors ennemie des Français. Je vous avoue donc sincèrement que mes dix années de service auprès de la reine, {g} suivies de trois autres où j’ai été en proie au perpétuel tourment des maladies, {h} m’ont contraint à faire le lourd sacrifice de mes travaux, sans lequel j’eusse irréparablement nui à ma bonne fortune].

Sic mihi tarda fluunt, ingratáque tempora, quæ spem
Consiliúmque morantur agendi gnauiter, id quod
Æquè pauperibus prodest, locupletibus æquè,
Æquè neglectum pueris, senibúsque nocebit
.
Horace, épître i, livre i. {i}


  1. Exercitationes duæ anatomicæ…, Rotterdam, 1649, vnote Patin 40/203

  2. Passage dont Riolan reprenait ici l’esprit sans respecter la lettre.

  3. Traduction de Charles Richet, Paris, 1879, pages 220‑221.

  4. Seconde partie des Opuscula anatomica varia et nova [Opuscules anatomiques divers et nouveaux] (Paris, 1652, vnote Patin 30/282).

  5. V. notes Patin 19/1038 et [3], Responsio ad Pecquetianos, 2e partie, pour le séjour de Jean ii Riolan à Londres (1638-1641) quand il était premier médecin de Marie de Médicis, alors contrainte à l’exil par son fils, Louis xiii, et par Richelieu, son principal ministre.

  6. Publiée en 1628.

  7. De 1632 à 1642, dates de l’exil et de la mort de Marie de Médicis.

  8. La principale maladie de Riolan était une lithiase urinaire qui l’avait contraint à se soumettre deux fois à l’éprouvante opération de la taille vésicale (1640 et 1641). En outre, à son retour en France, sa disgrâce politique lui fit perdre toute espérance de poursuivre sa carrière à la cour.

  9. Vers 23‑26 : « Mes jours s’écoulent ainsi, lents et ingrats ; ils reportent mon espérance et mon dessein d’agir courageusement, pour être également utile aux pauvres et aux riches, sur ce qu’enfants et vieillards peuvent négliger sans dommage. »

15.

Quatrième et sixième paragraphes, chapitre v des Experimenta nova anatomica (troisième et dernière dissection).

16.

V. note [1], Experimenta nova anatomica, chapitre i, pour le livre posthume de Gaspare Aselli (Milan, 1627), illustré de quatre figures tricolores.

17.

V. note [6], Experimenta nova anatomica, chapitre i, pour les deux lettres où Jan de Wale exposait ses opinions fausses sur le mouvement du chyle, parues pour la première fois à Leyde en 1641.

18.

D’autres auteurs ont cité cet adage d’Avicenne (Abu Ali Ibn Sina), dont je n’ai pas trouvé la source dans le Canon, son principal ouvrage (vnote Patin 7/06).

19.

V. notule {g}, note [5] de la lettre d’Adrien Auzout, pour cette citation extraite de l’Anatomia de Thomas Bartholin (Leyde 1651), portant sur le tronc commun des veines lactées mésentériques.

20.

Description par Thomas Bartholin, dans sa même Anatomia (Leyde, 1651), des lactifères du poisson rond (lompe) : v. note [23], préface de la première Responsio.

21.

Comme le pensait Jean ii Riolan (mais non sans quelque ironie), le chyle de Jean Pecquet est indispensable à la vie. Généralement d’origine cancéreuse, l’obstruction de ses voies thoraciques est responsable d’un œdème lymphatique des membres et des parties génitales, d’un épanchement chyleux thoracique et abdominal, et d’une carence de l’organisme en lipides vitaux, laquelle est assez rapidement mortelle quand elle n’est pas traitée (autrement que par un « médicament liquide » qui rétablirait leur perméabilité).

a.

Page 145, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

Pag. 2. Sic autem orditur suum libel-
lum. Istarum venarum inuentor primus
Asellius, venas veras lacteas aperuit, suf-
ficit, non est spernendum indicium, ut ut sit
exiguum. De his mentionem fecere
Har-
vevs
, Vallæus, Veslingius, Conringius, Bar-
tholinus, et Riolanus : Omnes tamen decepti,
pace tantorum virorum dixerim, quod per
tres, quatuorve ramos chylum ad Hepar
deduci crediderint, quum nullo modo ipsum
attingant. Ipsorum nemo peculiari scrutinio,
lactearum venarum intra thoracem latebras tentavit
.

Inuentoribus artium magna laus debe-
tur, inquit Aristoteles, eorumque inuentis
facile est addere ; nisi Timotheus Musicam
inuenisset, in ea Phrynis non excelluisset.
Asellius primus istas venas it ; inde

b.

Page 146, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

gloriam ab Anatomicis peritis meruit. Iu-
uenis iste, qui vix primos iuuentutis annos
adeptus est
, iudicium eius de traductione
chyli per vias diuersas à venis Mesaraicis,
exiguum, et leuidense iudicat ; atque sper-
nit, ac eludit, cæteros Anatomicos tan-
quam cæcos reputat ; qui erroneam eius
opinionem sequuti sunt, velut oues ba-
lantes, quæ primam sequutæ, in foueam
præcipites feruntur ; Riolanus etiam no-
tatur, quamuis ea de re iudicium suum
pronuntiarit, et ad vsum Medicum istas
venas lacteas reuocarit, et iterum quid
sentiat de istis venis nouiter inuentis, can-
dide postea declarabit.

Pag. 3. Nunc sequitur descriptio inuen-
ti novi. Receptaculum quoddam tenuiter
membraneum amplitudinis, quæ
ψοων sal-
tem in brutis compleat intercapedinem, supra
lumborum vertebras, disseminatarum in
mesenterio lactearum liquorem excipit la-
cteum, id est chylum, refunditque per eas,
quæ intra thoracem abditæ, ad ramos us-
que subclauios ductu continuo propagantur,
donec intra venæ Cavæ caudicem ascen-
dentem, circa iugulares externas mixtus
cum Sanguine communi, in Cordis ventri-
culum dextrum deriuetur, dein notat iu-
gularium valuulas ruituro in Cordis gur-
gitem chylo, faciles ascensu penitus interdi-

c.

Page 147, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

cere. Istius Receptaculi longitudinem, et
capacitatem non expressit ; Quum sint ve-
næ lacteæ innumeræ per omnia intestina
sparsæ, et longitudo intestinorum circum-
uoluta, septies corporis longitudini sit
æqualis ; Atque quum in ilibus, et imo
hypogastrio magna pars intestinorum ia-
ceat, quomodo venæ lacteæ omnes pos-
sunt ad istud Receptaculum, quod situm
est inter duos renes, confluere ; quod est
instar vesiculæ ibi locatum ? Cum sint ve-
næ lacteæ innumeræ, quomodo possunt
reduci ad duas venulas, quæ deducant
chylum ad subclavias venas ? brevior erat
via et commodior in Cauam descendentem
vicinam. Quod si contingat mesenterium
totum scirrhosum fieri, isthæc anadosis
chyli erit intercepta, et moriendum, sed
in ista calamitate Iecur, Pancreas, Lien
habent venas in ventriculum productas,
quæ exsugunt chylum, deferuntque ad
Hepar, per quas nonnulli existimarunt
tenuiorem chyli portionem ex ipso ven-
triculo in Hepar deriuari, antequam chy-
lus ad intestina et venas mesaraicas perue-
niat. Oblitus est istas vias indicare.

Si venæ lacteæ, quæ sunt innumerabi-
les, confluant in istam lacunam chylipro-
nam, deferuntque chylum, eius delatio
ad venas subclauias, debet esse æque ve-

d.

Page 148, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

lox, ac fuit traductio ; Attamen post ani-
malis interitum, etsi compareant venæ la-
cteæ, istius lacunæ recipientis chylum, et
aliorum duorum canalium deferentium
chylum ad subclauias venas, nulla com-
parent vestigia. Deinde, si ista corriuatio
chyli copiosa est, ad istam lacunam per
innumeras venas, delatio chyli ad venas
subclauias debet esse æque copiosa. Nam
proportio esse debet inter venas lacteas
deferentes chylum ad illam cisternam, et
tubulos duos referentes ad venas subcla-
uias, atque consimilis esse debet propor-
tio inter illos tubulos chyliferos, cum san-
guine ubertim et affatim è Corde prosi-
liente. At quomodo duæ venulæ ab ista
lacuna deriuatæ, æqui parari queunt om-
nibus venis chyliferis, et chylum tam ma-
gna copia aduectum deportare, pari cur-
su et copia ad axillares venas, et Cordi
sufficientem materiam suppeditare ad san-
guinis generationem, cum non moretur
in Corde Sanguis ? Hoc videtur impossi-
bile. Addo, quomodo distendi, et repleri
chylo sufficienti potest isthæc lacuna exi-
gua ? quum habeat mesenterium superposi-
tum, cum pondere intestinorum incum-
bentium, præsertim in supino decubitu ;
In obeso corpore sunt obrutæ et suffocatæ
adipe circumfuso, tam membranæ renum

e.

Page 149, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

adiposæ, quàm pinguedine mesenterij.
Quomodo ruat in Cordis gurgitem chy-
lus, non explicat an moram faciat in auri-
cula dextra ? Nomen gurgitis, videtur si-
gnificare amplo hiatu Cor absorbere. Ad-
mirabilis iste Anatomicus, nescit iugula-
res externas valuulis carere, et quomodo
Sanguis in iugulares externas ruere po-
test, cum sint remotæ, iugulares internæ
sunt propinquiores. Adde quod in brutis
diremptum venæ Cauæ ascendentis impe-
rite nominat subclauios ramos, rectius a-
xillares dicuntur, quia bruta carent claui-
culis. Attamen eis tribuit clauiculas, pag. 9.
lin. 21. et 22. pag. 10. lin. 19
.

Mirum est quod emortuo animali, istæ
venæ et receptaculum confestim evanescunt,
nullumque remanet eorum vestigium
, ex
tua confessione.

Pag. 4. pergit, Capitibus 2. 3. et 4.
Totam suæ felicitatis historiam enarrare in
fortis zelotæ laudem, id est sui ipsius com-
mendationem
, tanquam sibi Suffenus, et
sui operis laudator Astydamas. Ego verò
zelotes generosus, priscæ doctrinæ conser-
uator, ac defensor, tuas nugas, de vsu ista-
rum venarum lactearum humaniter casti-
gabo.

Equidem non ignoro (tibique indico) quid
scripserit Galenus de nouis inuentionibus,

f.

Page 150, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

quas non occultari, sed vulgari suadet,
cap. 9. lib. de difficultate respirandi, his ver-
bis : Hoc est iustum, simulque decens præ-
mium eorum qui quodcumque tandem in
vita bonum inuenerunt, ut inuenta ipsorum
non occultentur, neque hominibus sint igno-
ta, sed tum ipsa appareant, tum ratio, et
methodus qua quis ipsa inuenit, agnoscatur,
sic enim ipsos pro dignitate in admiratione
constitui continget
. Sed vbi aliquid inuen-
tum est, quod magnam mutationem ad-
ferre potest in arte aliqua, ab antiquo iam-
dudum prudenter instituta, et stabilita,
qualis est Medicina, diu multumque hu-
ius rei nouæ vsus inquirendus, et exami-
nandus, atque de ea doctos, et sapientes
viros in operibus artis exercitatos consu-
lere conuenit, ne temere et imprudenter
quidquam decernatur, quod sit ridicu-
lum, et vitæ perniciosum ; qualis est tui
inuenti usus à te assignatus : Si Virsungus,
ubi canalem suum Pancreaticum Patauij
it, ad Riolanum scripsit, ut su-
per eo, eius iudicium exquireret. Sic
Harvevs non est adhuc ausus expone-
re utilitates (ad praxim Medicinæ) suæ
Circulationis de Sanguine, quia prius, in-
quit, constituendum est, quod sit, quam
examinetur, quare sit, et à 24. annis super
ea re meditatur.

g.

Page 151, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

Pag. 13. Hactenus à mesenterio chylum
in hepatitis parenchyma opinio protrusit, non
veritas, et sanguinei artificij tribuit imme-
ritam nato ad alia visceri prærogativam ;
quia non ad Hepar, non ad venas Portæ,
non ad Cauam prope emulgentes, chylum
derivari deprehendit
. Ergo primus inuen-
tor venarum lactearum Asellius errauit, et
haluccinatus est, quando scripsit, et de-
pinxit coloribus quatuor ramos siue ca-
nales lacteos ad Hepar extensos ; Cæcu-
tiebat Vallæus, qui præter istos canales ;
alios in pancreas, et venam Cauam ob-
seruauit, neque alij oculatiores fuere, qui
talia prodiderunt. Forsan istos canales oc-
culuisti, {a} et fregisti, ut tuum inuentum
oculis spectantium admirabilius redderes.
Quid si tibi oggeram dictum Auicennæ : si
ego, et tu, non vidimus hoc illudve, an
propterea non est ? Nec tibi fauere potest
sola trunci ignoratio, quæ doctos non-
nullos in suspendo adhuc tenet, ait Bar-
tholinus, lib. de venis, cap. 3. qui si in He-
pate demonstrari posset, salua esset res
. Ac
si dubitaret de illa productione, et inser-
tione venarum lactearum ad Hepar : in
postrema editione suæ Anatomiæ, muta-
uit sententiam, illasque adstruit, et de-
monstrauit scripto, et iconibus æreis. Ego
verò sustineo magna Naturæ prouidentia, {b}


  1. Sic pour : oculauisti ou oculasti.

  2. Sic pour : magnâ Naturæ prouidentiâ.

h.

Page 152, ioannis riolani responsio ad experimenta nova anatomica.

in truncum non coisse canales illos qua-
tuor, ne tam facile ab impuro chylo ob-
struerentur, atque interciperetur anadosis
chyli, quæ necessaria est ad vitam ; nam
si vnus et later obturentur, alij remanent
peruij ad traductionem chyli. At si in tuis
venis lacteis dorsalibus, contingat vtram-
que venam obstrui, actum est de vita ; de-
fectu chyli ad Cor perenniter affluentis ; et
quomodo meatus isti reserari possent, si
vis liquidi medicamenti non possit eo ten-
dere, et assurgere, non video.


Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Texte. Jean ii Riolan, Première Responsio (1652) aux Experimenta nova anatomica de Jean Pecquet (1651). 2. Critique des chapitres i-v des Experimenta nova anatomica

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(Consulté le 12/12/2025)

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