Le calendrier d’août met à l’honneur un hispster-sirènetriton. À cette occasion, et dans le cadre de notre série de collaborations avec de jeunes chercheurs, nous avons souhaité laisser la tribune à Clarisse Evrard, agrégée de lettres classiques et doctorante en histoire de l’art moderne (université Lille 3 / École du Louvre). Elle travaille sur la représentation de l’univers chevaleresque dans la majolique italienne du Cinquecento et porte également un intérêt particulier aux figures de l’animalité et aux monstres dans les arts décoratifs de la Renaissance.
La rentrée verra aussi la publication de son article «La mise en dialogue de l’image dans la majolique italienne du Cinquecento, de la surface peinte à l’objet signifiant» dans le n° 23 de la revue de l’AHAI.
Dans le Prologue de Gargantua (1534), Rabelais évoque la «tératologie ornementale» qui envahit les arts décoratifs de la Renaissance en décrivant les «petites boîtes, comme celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes bâtées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures contrefaites à plaisir», posant d’emblée la relation complexe entre imaginaire littéraire et source scientifique dans la création artistique du monstrueux. Et, en effet, quand on imagine les arts décoratifs du début du XVIe siècle1, l’on pense aux grotesques2, mascarons, termes et caryatides, autant de figures hybrides omniprésentes dans les réalisations du Pinturicchio, de Giovanni da Udine et de Raphaël pour l’Italie et dans les décors bellifontains ou les gravures de Jacques Ier Androuet du Cerceau pour la France.
Cet ensemble de livres était conservé au Musée Dupuytren, dans les locaux qu’il occupait depuis 1967, au fond du cloître du 15, rue de l’École-de-Médecine.
Ces livres ont été les derniers objets à quitter les lieux lors de la fermeture du musée, en octobre 2016. Bref déménagement, puisque leur destination était au 12, de l’autre côté de la même rue. Les 270 cotes (SAP 1 à SAP 270), correspondant à des ouvrages publiés de 1565 à 1889, peuvent désormais être consultés à la BIU Santé et sont quasiment tous déjà signalés dans son catalogue. Dans les prochains mois, certains d’entre eux seront en outre numérisés dans la bibliothèque numérique Medic@ (nous tâcherons d’en présenter quelques-uns ici).
La Société anatomique a eu une histoire longue et assez tourmentée [1] . La collection dont il est ici question n’a semble-t-il été constituée que durant la première période de sa seconde vie, je veux dire après sa résurrection en 1826, et sous la très longue présidence de Jean Cruveilhier : les ouvrages publiés après son retrait en 1873 sont des exceptions dans ce petit ensemble.
C’est après la mort de Bichat, en 1802, que des étudiants de médecine brillants, élèves de l’École pratique de médecine, souhaitèrent se réunir pour poursuivre son œuvre tôt interrompue. Poursuivre l’œuvre de Bichat, c’était, selon les termes du compte rendu de la séance inaugurale du 12 Frimaire an XII (= 4 décembre 1803), s’occuper de « l’anatomie de l’homme sain et [de] celle de l’homme malade, [ainsi que de] la physiologie dans l’état de santé et dans celui de maladie » : vaste programme, à accomplir grâce à la nouvelle méthode anatomo-clinique. Des séances hebdomadaires réuniraient les membres de la Société. Des procès verbaux en seraient établis systématiquement.
Tisane de santé Bernardo, dite tisane des cent vertus
La BIU Santé met en ligne dans sa Banque d’images et de portraits un corpus composé d’une soixantaine de boîtes de tisanes et documents d’accompagnement (publicités, lettres, brochures). Ces objets et documents témoignent de la production, de la vente et de la consommation de tisanes et boissons à base de plantes à visée thérapeutique ou de bien-être dans la première moitié du XXe siècle.
Un médicament ?
À l’origine, la tisane, ou ptisane, est un mot dérivé du grec qui désigne une décoction d’orge pilée bouillie dans de l’eau. Hippocrate, dans son livre Du régime dans les maladies aiguës, préconisait déjà l’usage de cette boisson pour soigner et alimenter les malades. Au XVIIIe siècle, l’Encyclopédieentend par tisane « tout liquide médicamenteux qui, contenant peu de parties actives, est destiné à former la boisson ordinaire d’un malade ». Elles constituent ainsi la base de la médecine domestique. Selon Guillaume-François Rouelle (1703-1770), maître-apothicaire à Paris et démonstrateur de chimie au Jardin du roy, « le malade en fait sa boisson ordinaire, c’est pourquoi il faut qu’elle soit agréable et qu’elle ne dégoûte point autant que la vue de la curation le permet ». Le célèbre chimiste et apothicaire Nicolas Lémery, dans sa Pharmacopée universelle publiée en 1697, disait de la tisane « quelle n’est pas si chargée en drogues, car comme elle est employée pour le boire ordinaire, on la rend le moins désagréable qu’on peut ».
Tisane feuilles d’oranger bigarade
Au XIXe siècle, les tisanes figurent en bonne place dans la Pharmacopée française, le Dorvault, ainsi que dans de nombreux formulaires et ouvrages de référence pharmaceutiques. L’édition de 1818 de la Pharmacopée française prend cependant soin de préciser que les tisanes « ne doivent leurs vertus qu’à une très petite quantité de médicaments qu’elles tiennent en dissolution » et que « ces boissons doivent être légères, et le moins désagréables possible, pour que le malade ne s’en dégoûte pas, puisqu’il est obligé d’y revenir souvent ».
Malgré toutes ces précautions d’usage, les tisanes connaissent un tel succès en France que des voix s’élèvent pour en réguler l’usage et en relativiser l’intérêt thérapeutique. Ainsi Jean Buisson, dans ses Observations sur le code pharmaceutique en 1830, indique que l’« on n’établit pas de règles assez sûres et assez précises pour la préparation de ces médicaments. Ainsi par exemple, on ne différencie presque pas les racines, les écorces et les bois qui doivent supporter l’ébullition d’avance ceux qui peuvent la supporter sans altération […]. Les doses ne sont pas assez précisées dans cet ouvrage […]. » Quelques décennies plus tard, le médecin Adolphe Burggraeve (1806-1902) s’exprime ainsi : « Quand on visite les hôpitaux on est frappé du luxe des tisaneries et des innombrables bouteilles, qui de là se répartissent dans les diverses salles, au point que chaque malade a la sienne – quelquefois deux. Les malades non alités trouvent le moyen de les vider autre part que dans leur estomac ; mais pour ceux que la fièvre tient au lit, impossible de leur échapper. »
Zoom sur les tisanes de la Banque d’images et de portraits
Thé mexicain du Dr Jawas
Les boîtes de tisanes et documents d’accompagnement numérisés et disponibles dans la Banque d’images et de portraits forment un ensemble de près de 60 pièces, datant de la première moitié du XXe siècle. On y trouve une grande variété d’informations : famille de tisane, symptômes traités, posologie, formulation, circuit de distribution, prix, timbre ou visas des organismes chargés du contrôle des médicaments, poids, date de fabrication…
Nous retrouvons ce même vocabulaire flatteur sur les boîtes de tisanes. Vendues en officine, dans un format parfois insolite, elles se parent de mille propriétés thérapeutiques : purgatives, laxatives, anti-épileptiques, antiseptiques, calmantes, rafraîchissantes, toniques… La liste des vertus que leur bel emballage leur attribue est sans fin. On note également une attention particulière portée au soin de l’appareil digestif dans l’argumentaire commercial. Toute référence au monde clérical est un gage supplémentaire de l’efficacité et de l’authenticité de la préparation (« Thé dépuratif du frère Basile », « Tisane des Chartreux de Durbon », « Tisane de santé de Sœur Ynès », etc.). Enfin, certaines posologies laissent les patients modernes que nous sommes songeurs. Ainsi une boîte entière de tisane des Pères Augustins est « à macérer 4 jours dans un litre de bon vin blanc » tandis qu’un petit verre de cognac peut être ajouté au litre de vin blanc nécessaire à la préparation de la tisane du Curé de Deuil.
Il est ainsi possible d’extraire de ce corpus une grande quantité d’informations. Elles mériteraient très certainement une étude systématique et approfondie, qui nous renseignerait sur la place des tisanes dans l’arsenal thérapeutique du début du XXe siècle, les techniques commerciales employées par les fabricants pour vendre leur produit ainsi que sur la médecine domestique.
Comme l’an passé, 70 bibliothécaires, français et francophones, se sont rejoints fin juin à Genève pour une 4ème édition française de Cyclo-biblio, autour du lac Léman. Emmanuelle Prevost, de la BIU Santé, et Élisabeth Collin-Canto, du SCD Paris Descartes étaient à nouveau de la partie.
À la différence des congrès traditionnels, Cyclo-biblio est une conférence de bibliothécaires à vélo, qui sortent de leurs bureaux et s’engagent concrètement, en partageant une semaine de vie commune, pour échanger sur leurs pratiques et problématiques professionnelles, visitant les bibliothèques qui jalonnent leur parcours, prenant contact avec les élus, les media, le public… En un mot, une campagne d’ «advocacy», qui vise à mieux faire connaître et promouvoir le rôle, toujours révolutionnaire, des bibliothèques dans la société, les missions, services et ressources qu’elles proposent, et les menaces ou tensions qui pèsent sur elles.
Le parcours fut enchanteur (de Genève à Genève, le tour du lac) et la canicule quotidienne ! L’usage du vélo, mode de déplacement alternatif, attire les sympathies, crée l’évènement et assure au mouvement une visibilité.
La salle des actes de la Faculté de pharmacie de Paris, vers 1904
Les inscriptions au DU d’histoire de la pharmacie proposé par l’université Paris Descartes sont ouvertes. Vous trouverez tous les détails concernant le diplôme et les modalités d’inscription ici.
Pour la deuxième année consécutive, l’université Paris Descartes propose ainsi un enseignement en histoire de la pharmacie, soit 100 heures réparties en 16 jours de décembre 2017 à juin 2018, à raison de 2 jours consécutifs par mois. Au cours de cette formation sont évoqués les thèmes principaux de la discipline, de l’histoire des apothicaires à la naissance de l’industrie pharmaceutique, en passant par le portrait de pharmaciens célèbres. Cet enseignement permet de sa familiariser avec les sources de l’histoire de la pharmacie et de découvrir des lieux emblématiques du patrimoine pharmaceutique, notamment la Salle des Actes de la faculté de pharmacie, le musée de Matière médicale François-Tillequin, sans oublier la bibliothèque de la Faculté de pharmacie.
Extrait du catalogue Ménier, 1877
Cette formation est ouverte à toute personne intéressée par l’histoire du médicament et de la pharmacie, désireuse d’effectuer des recherches dans ce domaine.
Attention, aujourd’hui samedi 15 juillet 2017, en raison d’un manque de personnel, le pôle Médecine de la bibliothèque (12, rue de l’École-de-Médecine)fermera exceptionnellement à 18h au lieu de 20h.
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée.
La BIU Santé sera fermée le vendredi 14 juillet 2017, jour férié (fête nationale).
Mais le pôle Médecine de la bibliothèque sera ouvert normalement le samedi 15 juillet – de 9h à 20h (le pôle Pharmacie n’est pas ouvert le samedi en juillet-août).
Délivrance d’un prisonnier de la Bastille, par Huyot.
L’occasion de (re)découvrir nos services en ligne, disponibles 7 jours sur 7 et 24h/24 :
Attention, en raison d’une inondation, la salle Landouzy (dentaire) demeurera fermée toute la semaine (y sont entreposées les collections en cours de séchage).
Plusieurs cotes de périodiques et de thèses ont été déplacées à la suite de l’inondation, elles sont incommunicables pour l’instant en attendant un état complet (voir le détail dans ce fichier).
Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée.
La Bibliothèque interuniversitaire de Santé et l’URFIST de Paris proposent des stages en 2017-2018 à destination des collègues en poste en bibliothèque de santé (universitaire, hospitalière et autre établissement de documentation).
« Bibliothèque de santé : environnement et ressources documentaires (initiation) »
21, 22 et 23 novembre 2017
Une nouvelle édition du stage « Bibliothèque de santé : environnement et ressources documentaires (initiation) » se tiendra du 21 au 23 novembre 2017, à l’université Paris Descartes.
Cette formation s’adresse prioritairement aux professionnels de l’information et de la documentation récemment affectés en bibliothèque de santé (universitaire et hospitalière notamment).
Elle a pour objectif de permettre aux nouveaux arrivants en bibliothèque de santé de maîtriser les outils et concepts indispensables pour exercer leurs fonctions : publics et cursus, contexte institutionnel, collections et services.
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 29 septembre, mais ne tardez pas à vous manifester.
ATTENTION : Ce stage ne propose pas de formation pratique à l’utilisation de bases de données. Une session sur ce thème sera organisée sur 2 jours en mars 2018 (voir ci-dessous).
« Recherche documentaire en médecine : outils et ressources »
15 et 16 mars 2018
Une nouvelle édition de ce stage de 2 jours dédié spécifiquement à la manipulation des principales bases de données en médecine (PubMed, Cochrane Library, BDSP, LiSSa, EM-Premium…) est d’ores et déjà programmée en mars 2018.
Les modalités d’inscription seront annoncées ultérieurement.
Les rayons du soleil n’ont pas toujours été frappés d’anathème et ont même été considérés, dans la seconde moitié du XIXe siècle, comme une source de santé.
Pour Arnold Rikli les bains de soleil étaient l’élément thérapeutique principal des cures qu’il proposait à Bled, en Slovénie. Après avoir appliqué les principes de l’hydrothérapie développés par le Dr Carl Munde à ses propres problèmes de santé, il a conçu son programme de naturothérapie qui reposait sur des immersions dans l’eau du lac de Bled, des bains de soleil, une vie simple et pratiquement dépourvue de vêtements, de la marche et un régime végétarien plutôt frugal.
La cure a rapidement gagné en popularité mais les tarifs de l’institution la réservaient à une clientèle aisée.
Aujourd’hui, les nombreux hôtels de Bled sont toujours prêts à accueillir les touristes en quête d’air pur et des bienfaits de l’eau locale. Le sentier de randonnée qu’empruntaient les curistes du XIXe siècle est toujours accessible.
Curistes de l’institut d’Arnold Rikli en randonnée. Source: alchetron.com
Alors pourquoi ne pas tenter une promenade en Slovénie sur les pas de ce guérisseur cet été, une de ses publications sous le bras mais pourvu d’un bon écran total ? Quant au régime frugal, il est fort à craindre qu’il soit contrecarré par une des spécialités locales, le Kremsita, le gâteau à la crème de Bled.
Zvonka Zupanic-Slavec, Cirila Toplak, « Water, air and light : Arnold Rikli (1823-1906) » in Gesnerus : Swiss Journal of the history of medicine and sciences, 55 (1998). Disponible en ligne.
Amalija Jelen Miksa, Arnold Rikli: Water, Air, Sun, 2015 (documentaire).