La médecine judiciaire à la Cour de cassation

En mars 2017 la Cour de cassation organisait un colloque intitulé «La médecine judiciaire d’hier à aujourd’hui : Regards croisés».

Les actes de ce colloque (sous la direction scientifique de Sylvie Humbert, Philippe Galanopoulos et Alexandre Lunel) sont désormais disponibles aux Éditions LEH. Ils sont également consultables et empruntables au pôle Pharmacie de la BIU Santé (et sur place au pôle Médecine – merci à Philippe Galanopoulos, l’un des auteurs, pour ce don !).

Une exposition sur le même thème avait été organisée par la bibliothèque de la Cour de cassation, à partir de ses documents. Vous pouvez maintenant la retrouver en ligne à cette adresse.

[Culture] La médecine judiciaire dans les collections de la bibliothèque de la Cour de cassation from Cour de cassation on Vimeo.

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La BIU Santé vous propose elle aussi des ressources propres à la médecine légale.

Retrouvez sur notre site l’ebook gratuit rédigé sous la direction du professeur Ivan Ricordel, directeur honoraire du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de Police de Paris : L’expertise en police scientifique.

Enfin, la BIU Santé a collaboré à certaines numérisations disponibles sur le blog Criminocorpus, sur l’histoire de la justice, des crimes et des peines dans le domaine de la recherche, de l’édition et des manifestations culturelles.

Musée Virtuel de l’Art Dentaire : une exposition qui a du mordant

Le Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD), dont la BIU Santé est partenaire, voit le jour en 2013, après la vente de l’Hôtel de Miramion qui abritait les collections de l’ancien musée Pierre Fauchard. Ces collections, issues de nombreux dons, sont désormais stockées à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre où elles ne sont plus visibles.

Scène dentaire extérieure. Le patient est assis sur un banc entouré de ceux qui attendent leur tour. L’arracheur de dents. Hans Weiditz (1495-1537). École allemande, gravure, 1531, tirée d’une série intitulée « Frost spiegel » de Pétrarque (Pennsylvania Academy of Fine Arts)

C’est ainsi que Guy Robert, président de l’Union des Chirurgiens-Dentistes Retraités (UCDR), eut l’idée, en collaboration avec les membres de la Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire (SFHAD), de créer un musée virtuel afin de proposer un accès visuel à ce riche patrimoine.

Lime rectangulaire, tout métal, manche doré, travaillé, XVIIe s.

Illustré par des photos en haute définition, ce musée retrace l’histoire des instruments utilisés par les dentistes, du XVe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. Les expositions se présentent de façon chronologique, selon l’ordre d’apparition des instruments dans les ouvrages.

 

Ouverture d’une nouvelle salle

Cinq instruments, provenant d’un coffret, manches en ivoire, XVIIIe s.

Une nouvelle salle d’exposition virtuelle vient d’ouvrir : elle est consacrée à la petite instrumentation pour l’excision des caries. Vous y trouverez de nombreuses photos et illustrations, ainsi que des commentaires issus d’ouvrages, sur l’utilisation  des différents instruments.

Venez découvrir la passionnante histoire des scies, limes, sondes, ou autres grattoirs en cliquant ici.

En savoir plus sur l’association

L’Association du Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD) regroupe l’Ordre national des chirurgiens-dentistes (ONCD), l’Académie nationale de chirurgie dentaire (ANCD), la Société française d’histoire de l’art dentaire (SFHAD), l’Association Dentaire Française (ADF), la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD) et l’Union des chirurgiens-dentistes retraités (UCDR).

Avec d’autres donateurs, ces institutions soutiennent financièrement l’association. Cette dernière fonctionne également en partenariat avec la BIU Santé , l’Association de sauvegarde du patrimoine de l’art dentaire (ASPAD), le musée de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et le Musée dentaire de Lyon (MDL).

En savoir plus

Interview de Guy Robert, président de l’association du Musée Virtuel de l’Art Dentaire ;

La page Facebook du musée ;

– Pour des renseignements plus précis, écrivez à : mvad2014@gmail.com

Fabien LAFAGE

Fermeture Salle Fialon (du 13 au 16/2)

Au pôle Pharmacie-Biologie-Cosmétologie (4, avenue de l’Observatoire) la salle Fialon sera fermée du mardi 13 au vendredi 16 février 2018 inclus, pour cause d’examens.

La salle Dorveaux (salle de lecture principale) demeure ouverte, vous pouvez donc venir travailler au pôle Pharmacie, de 9h à 20h en semaine et de 9h à 18h30 le samedi.

La salle Fialon rouvrira normalement à 9h, lundi 19 février 2019.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée.

Poste à pourvoir à la BIU Santé

DSC03039Un poste de titulaire est à pourvoir à la BIU Santé (1er septembre 2018) :

Pour plus de renseignements, se référer aux contacts présents dans les fiches.

 

« Un système plus intégré pour gérer les enjeux numériques de l’ESRI »

Le site News Tank vient de publier une analyse de Jean-Pierre Finance sur le remembrement nécessaire des opérateurs de l’IST en France.

Jean-Pierre Finance sait de quoi il parle : après avoir été président de l’université de Lorraine et de la CPU, il est désormais président du consortium Couperin et du groupe d’experts sur l’open science de l’European University Association.

« Pas de politique ambitieuse de la donnée numérique sans réorganisation des opérateurs »

Si le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche a bien pris en compte, selon lui, la «révolution numérique», le dispositif national demeure complexe. Les structures travaillant sur ces questions sont multiples : Abes, Inist, Hal, Couperin, Persée, CollEx, Renater, Genci, Amue, Fun, etc. Leurs rôles respectifs sont mis en évidence dans l’article de News Tank.

Tous les aspects du développement du numérique sont ainsi pris en compte, mais ce « morcellement » peut également être source d’incertitudes.

Un système plus intégré n’est pas une utopie.

Le JISC britannique est cité en exemple, comme opérateur unique pour tous ces sujets.

Jean-Pierre Finance pointe également l’urgence d’assurer l’interopérabilité des systèmes d’information, de fournir des infrastructures de stockage et de mettre en place une stratégie nationale en matière de publications scientifiques.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site News Tank.

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La récente intervention de Jean-Pierre Finance aux 7e journées Science ouverte organisées par Couperin en janvier 2018

 

Retour sur le stage : Bibliothèque de santé, environnement et ressources documentaires (nov. 2017)

La sixième édition du stage « Bibliothèque de santé : environnement et ressources documentaires (initiation) », conjointement organisé par la BIU Santé et l’Urfist de Paris depuis 2012, s’est déroulée au siège de l’université Paris Descartes les 21, 22 et 23 novembre 2017.

Ce stage répond clairement à une attente et aux besoins des professionnels de la documentation nouvellement affectés en bibliothèque de santé. Il est programmé en novembre, afin que les collègues arrivés en juillet ou en septembre aient le temps suffisant pour effectuer leur prise de poste et appréhender le contexte de leur établissement. Cette formation est complétée depuis 2015 par un stage dédié spécifiquement à l’utilisation des bases de données intitulé « Recherche documentaire en médecine : outils et ressources », dont une nouvelle édition est d’ores et déjà prévue en mars 2018. Un troisième stage, consacré aux acquisitions en santé, a été proposé pour la première fois en janvier 2017 et sera probablement programmé de façon bisannuelle.

Le stage « Bibliothèque de santé : environnement et ressources documentaires (initiation) » a pour objectifs de faire connaître :

  • le contexte des bibliothèques de santé : institutions, concepts et outils
  • les publics, leurs cursus et leurs besoins en documentation
  • les collections et les services proposés

Il s’inscrit dans la mission nationale de la BIU Santé, membre du GIS CollEx-Persée et bibliothèque délégataire en sciences de la santé (dont la médecine, l’odontologie, la pharmacie-chimie et la cosmétologie). Il s’adresse à tous les professionnels de la documentation en santé qu’ils relèvent d’une structure universitaire ou d’un autre type d’organisme documentaire.

Nouveauté 2017

Les évaluations des sessions précédentes avaient souvent fait ressortir le manque de moments d’échanges entre stagiaires. Il a donc été proposé à tous les stagiaires, en amont de la formation, de se retrouver ensemble au restaurant pour le repas du premier midi. Cette proposition a été accueillie avec enthousiasme et les 20 participants ont plébiscité ce moment de partage.

Les stagiaires

Le groupe de stagiaires était composé de 9 personnels de catégorie A, 7 de catégorie B et 6 de catégorie C. Parmi ces stagiaires, 2 étaient ITRF et tous (à l’exception d’une) étaient des nouveaux arrivants en bibliothèques universitaires (ou assimilés) de Santé.

Ci-contre, le groupe en photo devant le pôle Médecine de la BIU Santé avec son directeur, Guy Cobolet.

Retours des stagiaires 

L’impression générale est très positive : les 22 stagiaires ont jugé la formation excellente ou bonne et tous la recommanderaient à leurs collègues. Les commentaires sont élogieux, l’expertise et la qualité des intervenants fait l’unanimité.

La grande majorité des stagiaires estime la durée de ce stage appropriée malgré le rythme soutenu et la densité des informations reçues.

Le contenu de la formation est plébiscité par la quasi-totalité des stagiaires, ils le jugent en adéquation avec leurs attentes. Tous les stagiaires ont jugé que les supports étaient bons ou excellents.

Il faut noter que les stagiaires ont été vivement intéressés par les interventions qui leur permettaient de se projeter directement dans leur poste

TOP 4 des interventions

  1. L’offre éditoriale et acquisitions en santé a été cette année la formation la plus appréciée
  2.  Le Guide de survie apparaît ensuite dans les interventions préférées
  3. Les présentations des Cursus en santé et l’immersion en Histoire de la Médecine sont les séquences qui sont ensuite les plus citées

Pour les prochaines éditions

Les stagiaires suggèrent de développer davantage les cursus et la documentation des formations paramédicales. Ce stage est ressenti comme très dense mais les participants ont conscience que les sujets abordés sont incontournables et impliquent une masse très importante d’informations. La visite de la BU Santé pôle Pharmacie est souhaitée.

Compte tenu du succès rencontré par cette sixième édition, nous renouvellerons ce stage, en collaboration avec l’Urfist de Paris, pour la septième année consécutive à l’automne 2018, puisqu’il répond manifestement à des besoins et à une attente de la profession, en cherchant à améliorer les séquences qui n’ont pas donné pleine satisfaction.

Nous remercions l’ensemble des intervenants qui ont prêté leur concours à cette manifestation ainsi que les collègues qui nous ont aidés à la mener à bien, en particulier Aline Bouchard qui est notre interlocutrice privilégiée à l’Urfist de Paris.

Catherine Tellaa

 

Venez colorier nos collections !

Du 5 au 9 février 2018, la BIU Santé est heureuse de participer pour la deuxième année consécutive à l’opération #ColorOurCollections (en français : coloriez nos collections).

Elle est organisée tous les ans par la New York Academy of Medicine.

Des institutions culturelles du monde entier (bibliothèques, musées, archives…) s’associent pour proposer des planches à colorier réalisées à partir de leurs collections. De quoi occuper les enfants de votre entourage pendant les vacances de février.

captureLes 12 illustrations proposées par la BIU Santé sont téléchargeables en format PDF. Retrouvez-les également sur nos comptes Pinterest, Instagram (une nouveauté 2018 !) et Facebook. Elles sont issues des fonds historiques des pôles Médecine et Pharmacie – la plupart peuvent se retrouver dans Medic@, notre bibliothèque numérique (4 millions de pages en libre accès).

La rubrique Médecine vous propose cette année une belle sélection d’écorchés, avec un niveau de difficulté croissant.

En pharmacie, quelques végétaux tirés de la numérisation récente d’un grand classique, le Traité général des drogues… de Pomet.

À vous de les imprimer et de les colorier suivant votre inspiration. Et partagez avec nous vos plus belles créations, nous les publierons !

Pour vous inspirer, voici à gauche le travail de mise en couleur réalisé pour une publication du 19e s. sur une des gravures (l’écorché niveau « expert ») que nous vous proposons.

Et retrouvez ici et ci-dessous les coloriages que nous avons reçus l’an passé !

Merci à Catherine Blum, Solenne Coutagne et Estelle Lambert  pour la sélection des images.

En savoir plus

Retrouvez toutes les contributions sur Twitter, sous le hashtag #ColorOurCollections

Le site officiel de #ColorOurCollections

Les planches à colorier de la BIU Santé

Debut: 02/05/2018
Fin: 02/09/2018

Nouveaux Ebooks Karger à la BIU Santé

La BIU Santé propose plus de 2000 ebooks de l’éditeur Karger en médecine et pharmacie, couvrant de nombreuses disciplines :

ebooksAnatomie, Biologie, Cardiologie, Chirurgie, Dentisterie, Dermatologie, Endocrinologie, Gastroentérologie, Génétique, Gériatrie, Hématologie,
Immunologie, Maladies infectieuses, Médecine du sport, Microbiologie,
Néphrologie, Neurologie, Nutrition, Obstétrique,
Oncologie, Ophtalmologie, Otorhinolaryngologie, Pédiatrie, Pharmacie, Pneumologie, Psychiatrie/Psychologie, Radiologie.

Ces livres électroniques sont ouverts à la consultation jusqu’au 30/06/2018.

Les plus consultés seront acquis définitivement par la BIU Santé à l’issue de la période de test.

En 2017, le même dispositif a permis à la BIU Santé d’acheter définitivement 96 livres électroniques les plus consultés.

Consulter la liste des 96 ebooks acquis définitivement en 2017.

Top 5 des ebooks Karger les plus consultés par les lecteurs de la BIU Santé en 2017 :

Pour accéder à distance à ces ressources depuis ce billet, il est nécessaire de disposer de codes ENT Paris Descartes. Ces ebooks sont par ailleurs accessibles à tous depuis les postes publics de la BIU Santé.

Thomas Violet

Accès modifiés au pôle Médecine (5/2)

Attention, l’accès au pôle Médecine de la BIU Santé sera modifié le lundi 5 février 2018 :

Laccès à l’université se fera par le 85, boulevard Saint-Germain.

Si la porte est fermée, SONNEZ pour qu’on vous ouvre !

85bsg

Les salles de lecture seront ouvertes comme à l’accoutumée, vous pourrez donc venir travailler au 12, rue de l’École-de-Médecine. La bibliothèque sera ouverte normalement de 9h à 20h.

Nous vous prions de nous excuser pour la gêne occasionnée.

Nudité, santé, beauté pour les Dievx de février

Bénédicte Prot a soutenu en juin 2017 une thèse de doctorat en littérature sur La représentation de la nudité dans la littérature du XVIIIe siècle sous la direction de Catriona Seth (Université de Lorraine) et Alexandre Wenger (Université de Fribourg). Elle est aujourd’hui assistante-docteure de la chaire Médecine et société de l’Université de Fribourg et s’intéresse notamment aux liens qui unissent la médecine à la littérature.

Nous avons eu le plaisir de la rencontrer lors du colloque Habillage du texte aux XVIIe et XVIIIe qui s’est tenu à Metz en septembre 2017. Son intervention portait sur «Nudité et habillage du texte dans L’Ami des femmes (1804) du docteur P. J. Marie de Saint-Ursin» [1]. L’occasion était trop belle et nous n’avons pas résisté à l’envie de la solliciter pour notre rendez-vous mensuel. Nous la remercions infiniment d’avoir bien voulu nous faire l’amitié de se prêter à l’exercice et lui cédons la tribune sans plus tarder.

Chloé Perrot

[1] La publication des actes est prévue courant 2018.

L’Ami des femmes

En ce mois de février, les amoureux de médecine et de littérature seront ravis de découvrir L’Ami des femmes du méconnu docteur P.-J. Marie de Saint-Ursin (1763-1818).

Télécharger le calendrier de février 2018.

Publié en 1804, réédité l’année suivante, le texte est dédié à l’impératrice Joséphine et se présente comme les lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives.

C’est non sans ironie que le médecin-accoucheur Jean-François Sacombe (1750 (1755 ?)-1822) observe que son contemporain a «mis à contribution tous les arts, la poésie, la gravure, la typographie, et jusqu’au prestige d’un grand nom, pour mieux s’assurer le succès de son ouvrage[1]», étant entendu que la majorité des lecteurs «ne jug[e] du mérite d’une production littéraire que sur l’étiquette du sac[2]».

Au-delà de son caractère péjoratif, cette remarque attire notre attention sur les éléments composant ce qu’on appelle aujourd’hui le paratexte. Titre, épigraphe et frontispice sont autant de seuils de lecture où se manifeste la double appartenance au littéraire et au médical de L’Ami des femmes.

Par la mince frontière sémantique qui sépare l’ami de l’amant, L’Ami des femmes affiche d’entrée de jeu l’ambivalence de la figure du médecin. Cet ouvrage d’hygiène féminine sur la conservation de la beauté et de la santé s’inscrit en cela dans la continuité des textes médico-littéraires, en particulier du roman médical d’Antoine Le Camus (1722-1772) Abdecker, ou l’art de conserver la beauté (1754) – à consulter gratuitement dans notre bibliothèque numérique Medic@.

L’Ami des femmes comprend un frontispice allégorique réalisé sous la direction du célèbre graveur et dessinateur Nicolas Ponce (1746-1831). Le bain et l’habillement y sont respectivement suggérés par la nudité de la figure de la Beauté et par les petits génies tenant des plumes de paon symboles des modes changeantes. Les éléments de végétation et d’architecture antique ne permettent pas de déterminer précisément le lieu de cette scène mythologique. Cette dernière se déroule-t-elle dans le temple de la déesse Hygie entourée de rayons célestes ? Sommes-nous plutôt dans le sanctuaire de la Beauté, qui ne se distingue de Vénus que par la guirlande fleurie qui lui sert d’attribut[3] ? Les deux figures féminines font ici l’objet d’un culte commun, se faisant les incarnations d’un discours qui entremêle l’art de préserver ses charmes à celui d’entretenir sa santé.

On peut s’étonner de l’absence de toute figuration picturale du médecin à l’orée d’un texte qui, par son titre, lui accorde une place prépondérante. La légende de la gravure, l’imposant livre posé sur les genoux de la Beauté ainsi que la théâtralité qui préside à cette scène – voyez le rideau au bord supérieur du cadre – indiquent que le sujet de l’image est avant tout la mise en scène de l’écriture. C’est à travers cette représentation de l’acte d’écrire que la figure du médecin apparaît, et plus spécialement celle du médecin-écrivain mettant sa plume et les beautés du langage au service du discours hygiéniste.

S’éloignant du ton prescriptif du traité, le docteur et auteur cherche tout autant à séduire qu’à instruire les dames. Son style est parfois salué et souvent critiqué. La mise en place d’un contexte sans doute fictif destine les lettres qui composent L’Ami des femmes à une mère de famille en vue de l’éducation de ses filles. Le choix de la lettre n’est pas sans rappeler les correspondances entretenues entre patients et médecins (comme par exemple Samuel-Auguste Tissot). Il s’agit également de cibler le lectorat en se basant sur l’idée selon laquelle l’épistolaire serait un genre littéraire féminin. Les lettres sont en outre agrémentées de vignettes et de reproductions de médailles représentant différentes figures de Vénus. Tirées pour la plupart de la Dissertation sur les attributs de Vénus (1776) de l’abbé de La Chau, ces illustrations font de la déesse un modèle pour les lectrices et contribuent à faire de L’Ami des femmes un livre dont la matérialité tout autant que le propos doit demeurer plaisant.

Portons enfin notre attention sur l’épigraphe située en bas du frontispice et qui place d’emblée le texte sous le patronage de Jean-François Guichard (1731-1811), dramaturge et auteur de contes et de fables légères. Par son rythme et sa construction, l’alexandrin «La pudeur le demande et la santé l’exige» rapproche sur un même plan les deux notions. Le sens de ce vers à valeur de maxime joue de la quasi-synonymie et des nuances entre les verbes demander et exiger, la pudeur étant du côté du côté du souhait et la santé relevant d’un impératif. Le vers de Guichard fait référence aux critiques que suscitent les tenues vestimentaires féminines du début du XIXe siècle, jugées trop découvertes et trop légères par bien des médecins. Saint-Ursin est de ceux qui y voient un péril pour la santé et pour les mœurs, au point de considérer l’habillement des femmes à la mode comme un «appareil plus séduisant que la nudité[4]».

Les seuils de lecture en disent long sur la nature de cet ouvrage entre médecine et littérature galante. L’auteur se verra satisfait s’il «rencontre quelque fois [L’Ami des femmes] sur leur toilette, se glissant entre Gentil Bernard, Dumoustier, Bertin et Legouvé[5]». Ce souhait convie non seulement à de bien réjouissantes lectures mais témoigne encore de manière concrète de l’ambivalence d’un livre médical qui circule aisément de la bibliothèque à la toilette des dames.

Bénédicte PROT, Université de Fribourg

[1] Jean-François Sacombe, « L’ami des femmes », Lucine française, ou Recueil d’Observations médicales, chirurgicales, pharmaceutiques, historiques, critiques et littéraires, relatives à la Science des Accouchements, t. II, à Paris, Au bureau de la Lucine française, Chez Lefebvre, imprimeur, Ier. Vendémiaire An XII [1804], p. 438.

[2] Ibid.

[3] « Beauté », Iconologie par Figures, ou Traité complet des Allégories, Emblèmes, etc. Ouvrage utile aux Artistes, aux Amateurs, et pouvant servir à l’éducation des jeunes personnes, par MM. Gravelot et Cochin, Chez Le Pan, s.d., t. II, pp. 81-82.

[4] P. J. Marie de Saint-Ursin, L’Ami des femmes, ou lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives, à Paris, chez Barba, 1804, p. 62.

[5] Ibid., p. xii.