Page 129, « Riolan ne divaguant pas en toute occasion, n’a ouvertement dardé aucune raillerie contre ma sentence sur l’attraction, [2] à moins qu’il n’ait ici voulu sourdement tramer contre elle. » [3] J’ai laissé le soin de vous répondre à deux très éminents médecins, Guiffart [4] et Papin, [5] qui m’ont opportunément procuré leur aide, sans que je la leur aie demandée, en examinant ce passage. [1][6] Dans ma première Responsio j’avais prévenu n’avoir pas d’intérêt pour ces artifices mécaniques dans les œuvres de la nature, à l’imitation de Wale, qui pense fou de les soumettre aux lois de la mécanique. [2][7][8] Vous n’avez pas osé vous opposer à ces brillants auteurs car ils surpassent l’étendue de votre entendement : ces dernières années, vous avez appris quelque chose des discussions sur le vide [9] qui ont eu lieu à Paris et auxquelles vous avez assisté, et c’est de là que vous avez tiré ce que vous avez compris [Page 32 | LAT | IMG] de l’attraction. Je soutiens toujours qu’aucune force n’attire ni ne pousse le chyle vers le haut, puisque vous avez abandonné le pilon hépatique [10] et les insertions du diaphragme. [11] Ni le poumon ni le cœur ne peuvent l’attirer à la manière d’un élastique, [12] puisque ce canal chylifère du thorax longe le rachis et y est fermement attaché par la plèvre. [3][13][14]Page 131, « Ô toi qui es ami de la vérité, remarque bien, je te prie, mais avec des yeux pleins de commisération pour ce vieillard, l’irrémédiable obstination de sa contradictoire sagesse ! Après avoir affirmé que le chyle parvient dans le cœur mêlé au sang des veines caves supérieure et inférieure, [15][16] le voilà qui prétend que si ledit chyle y parvenait il serait nocif pour le cœur, l’imprégnerait de ses excréments [17] et rendrait misérable la vie de l’homme. » Le lecteur qui aime la vérité déplore la folle erreur de l’ânon, qui est incapable de s’en relever. [18] Après l’avoir déjà fait maintes fois, je préviens à nouveau Pecquet que les fonctions qu’il a conçues pour la petite portion du chyle qui monte dans la veine axillaire [19] ne s’appliquent pas à celles de la totalité du chyle, dont il prétend qu’elle s’y rend aussi, car j’ai démontré que ce trajet est impossible ; mais il en déduit que j’admets le contraire, ce qui est le rêve d’un homme en délire.
Page 133, [20] « Peut-être que le chyle se distribue aux branches axillaires et iliaques [21] afin qu’elles fournissent un aliment à diverses glandes qui sont sur leur chemin ; le chyle se mélange au sang veineux pour parvenir à ces glandes. Par la voie de Riolan, si on ne met pas en doute la règle de la circulation, tout le sang qui est dans les veines ne retourne-t-il pas dans le cœur, et seul celui des artères n’irrigue-t-il pas toutes les parties du corps et ne nourrit-il donc pas lesdites glandes ? » Vous n’avez pas lu mes derniers Opuscula anatomica, [Page 33 | LAT | IMG] car vous les déchireriez à belles dents en y trouvant, vers la fin de celui qui traite de la Circulation hippocratique du sang, que les veines distribuent le sang pour nourrir le corps, grâce à son écoulement tout le long de la veine cave, où il monte et descend depuis la tête jusqu’aux extrémités. [4][22] S’il en allait autrement, notre méthode pour remédier serait entièrement ruinée, ou rendrait la saignée inutile dans le traitement des maladies. [23] Vous qui ne connaissez absolument rien à la véritable médecine et n’y avez même pas encore touché, vous ignorez ces mystères qui dépassent la capacité de votre esprit.
Page 133, Pecquet blâme certaines de mes conjectures sur l’ascension du chyle vers les glandes des parties supérieures : « Cela, dit-il, ne peut se faire autrement qu’en passant par les veines car, selon l’indubitable règle de la circulation, tout le sang qui est dans les veines retourne dans le cœur, et seul celui des artères irrigue toutes les parties du corps et nourrit donc lesdites glandes. » J’ai démontré dans mon opuscule sur la Circulation hippocratique du sang, que le sang monte et descend en passant par les veines pour nourrir les parties corporelles, et que le chyle, même mélangé au sang dans les veines n’enfreint pas les règles de la circulation, parce qu’il monte vers les parties qu’il doit alimenter. [5]
Page 136, son ignorance et celle de son acolyte [24] me font rire et je les déplore quand il me reproche « d’oser proclamer avec téméraire hardiesse, pour ne pas dire en usant d’un vocabulaire impie, que le mortel qui fait monter le chyle au cœur rabaisse indiscutablement Dieu, et il se prend lui-même (ah Michel !) pour le vigoureux Jaloux. » [25] Disce docendus adhuc : [6][26] ce Jaloux est celui qui, au nom de son grand âge et de son savoir, reproche aux autres les erreurs qu’ils commettent et les châtie, [Page 34 | LAT | IMG] comme voulait la coutume des Hébreux et d’autres nations, ainsi que l’a démontré Selden, [27] jurisconsulte anglais, dans ses livres de Natura Gentium, où il explique de quel droit Jésus-Christ, n’étant encore qu’adolescent, mais à cause de sa piété et de son grand savoir, brandit un fouet, et chassa les marchands du temple et leurs clients en disant : Templum Dei Domus est Orationis, vos autem fecistis speluncam latronum. [7][28][29][30] À l’âge que la miséricorde divine m’a permis d’atteindre, je proclame être un inébranlable zélote de la vérité, en vertu du droit que me donnent la vieillesse et la connaissance.
Gaudent scribentes et se venerantur, et vltro
Si taceas laudant quidquid scripsere beati, Horace. [8]C’est ce qu’a fait Pecquet, il a donc eu besoin d’un correcteur.
Page 137, si les canaux lactés de l’épine dorsale rompent ou si l’ampoule du réservoir se brise, l’aliment interrompt sa course, ce qui est nécessairement suivi d’une menace de mort rapide. J’admets que vous le reconnaissiez, mais cela s’observe très fréquemment dans les déformations du rachis ou dans la luxation des vertèbres lombaires : [31] j’ai souvent vu des hommes dont la taille a diminué de six pieds à quatre pieds et demi, [9] et qui ont pourtant vécu avec cette infirmité, bien que le passage du chyle dans les subclavières ait été interrompu ; il n’est donc pas habituel qu’il monte au cœur pour assurer la sanguification.
À mes nombreux arguments contre la formation du sang dans le cœur, j’ajoute celui-ci qui montre à l’évidence que c’est une fonction innée du foie : [32] examinez donc comment évolue la nutrition [Page 35 | LAT | IMG] chez le fœtus ; [33] la veine ombilicale [34] apporte le sang au foie, où elle se divise en deux branches, dont l’une rejoint la porte [35] et l’autre la cave ; [36] le sang de la veine cave ne gagne pas le ventricule cardiaque droit, mais une anastomose, appelée foramen ovale, [37] qui fait communiquer le tronc cave avec l’artère veineuse, [38] le conduit dans le ventricule gauche, [39] d’où il sort après être devenu artériel pour passer dans l’aorte ; et celui qui est en excédent gagne le placenta [40] par les artères ombilicales, [41] mais elles ne délivrent pas de sang au cœur, car il serait contraire aux lois de la circulation qu’il suive un trajet ascendant. Dans Hippocrate, « le premier et plus ancien aliment vient de l’ombilic » : [10][42] si la nature observe cet ordre chez le fœtus, pourquoi ne le ferait-elle pas chez l’enfant, l’adulte et à tous les âges ? Le fait est qu’on ne trouve aucun sang dans le ventricule droit du fœtus, [43] qu’il soit humain, canin ou bovin, ce qui est un signe manifeste que le sang maternel n’y pénètre pas, dans la mesure où il ne sert à rien dans la sanguification, chez le fœtus comme chez l’enfant. On trouve une vésicule biliaire dans le foie du fœtus [44] de l’homme, des bêtes et des oiseaux. Ce fiel est l’excrément du sang élaboré dans le foie. Les vaisseaux chylifères se forment chez le fœtus à un âge plus avancé et sont remplis de sang, [45] comme toutes les veines du mésentère, ce qui prouve qu’elles sont des branches de la veine porte, comme on le voit en soufflant de l’air dans la veine ombilicale car toutes les veines mésaraïques s’en gonflent et distendent alors.
Pecquet est ridicule quand il cherche le trajet des veines lactées jusqu’aux mamelles chez des chiennes allaitantes, lesquelles sont turgescentes, pour [Page 36 | LAT | IMG] savoir si leur lait ne dériverait pas du chyle. [46] Chez les animaux, une longue distance sépare la gorge des mamelles, mais elle est plus courte chez les femmes.
Cependant, si les veines lactées menaient le chyle aux mamelles des femmes, il nourrirait piètrement l’enfant et les parties thoraciques de sa mère, car il ne passerait pas par le cœur et ne subirait pas la nouvelle coction qui lui confère sa faculté vitale ; en outre, les hommes auraient aussi du lait car ils ont des lactifères thoraciques. Puisque les femmes n’ont qu’un seul canal thoracique, du côté gauche, le sein droit manquera de chyle pour produire son lait, et vous ne pouvez prétendre que le chyle passe d’une veine axillaire dans l’autre, car il lui faudrait d’abord gagner le tronc de la veine cave, puis remonter dans la subclavière droite. Cette expérience serait plus facile à réaliser chez la vache, dont les vaisseaux sont plus larges.
Il se glorifie d’avoir voulu démontrer cela, mais sans succès, en présence de Rivière, [47] professeur royal de Montpellier, et de l’anatomista Martet. [48][49] Il aurait dû n’en pas parler, car cela réveille le souvenir de la démonstration du réservoir et des canaux thoraciques qu’il a faite dans l’amphithéâtre de Montpellier, en l’accompagnant d’un discours si inepte et risible qu’il a flétri le prestige de sa découverte. J’ai appris cela d’un docteur de Montpellier qui y a assisté ; tant et si bien qu’ils ont refusé l’approbation de son livre, qu’il leur demandait. [11][50]
Il ne devait pas coudre cette pièce à son précédent livre car elle dépare sa première partie qui était écrite dans le style rhétorique ; et l’épître à Bartholin [51] l’est dans celui d’Alethophilus, son associé et adjoint, qui l’a labourée ; ou du moins a-t-il orné et poli l’humble style de sa réponse.
Quale solet syluis brumali frigore viscum
Fronde virere nouâ, quod non sua seminat arbos. [12][52]Si vous êtes raisonnable et bon chrétien, abstenez-vous d’un nouvel assaut sur la sanguification [Page 37 | LAT | IMG] cardiaque à partir du chyle. [53] Contentez-vous d’avoir passé le flambeau à Bartholin, qui vous reconnaît la paternité de ce paradoxe, quand vous-même proclamez qu’il a mis au jour les vaisseaux lymphatiques ! [54] Cessez d’abuser deux docteurs de Paris avec vos jongleries, [55][56] et soyez satisfait d’avoir découvert la cavité ou citerne où le chyle émanant des lactifères mésentériques [57] vient converger de toutes parts. Votre canal thoracique gauche gagne la veine axillaire gauche pour remplir d’autres fonctions. Je loue néanmoins votre ingéniosité dans cette recherche, tout en rejetant votre sentence sur la fabrication du sang dans le cœur car elle bouleverse entièrement l’économie naturelle, telle que nos prédécesseurs l’ont solidement établie.
Hippocrate, au début de son Livre de l’Art, [58] a prononcé une sentence mémorable que Riolan a remarquée et transcrite dans la préface de son Anthropographie [59] et qu’Alethophilus reprend dans sa lettre, [60] en la pensant digne d’être inscrite au fronton des écoles médicales : Non desunt qui artes vituperant, tanquam artem quandam professi sunt, atque id quidem veluti putant, non transigunt vt ego sanè assero, sed propriam cogitationem ac scientiam, ambitiosè ostentant : mihi verò inuenire aliquid eorum, quæ non dum inuenta sunt, quod ipsum motum, quàm occultum esse præstet, Intelligentiæ votum ac opus esse videtur, similiterque et semiperfecta ad finem perducere, et absoluere. At vero verborum inhonestorum arte ad ea quæ ab aliis inuenta sunt confundenda promptum esse, nihil quidem corrigendo eorum, qui aliquid sciunt inuenta apud ignaros calumniando, non sane Intelligentiæ votum aut opus [Page 38 | LAT | IMG] esse videtur, sed proditio magis naturæ suæ, aut ignorantia artis ; solis enim artis ignaris hoc ipsum factum conuenit, qui contentiosè quidem gestiunt ac conantur, nequæquam verò possunt malitia sufficere, ad hoc vt aliorum opera quæ quidem recta sunt, calumniantur, quæ verò non recta sunt, reprehendant. [13] Alethophilus a omis de citer les mots qui suivent et ne manquent pas d’intérêt : Eos igitur, qui in alias artes hoc modo irruunt quibus hæ curæ sunt, quorúmque id interest et præstare hoc possunt, prohibeant. [14] Riolan peut donc légitimement blâmer ces novateurs et redresseurs de son métier.
Voici comment Mercurialis [61] a annoté ce passage : Nonnulli homines eo nascuntur ingenio, vt semper à communi sapientiorum via recedere studeant, quod siue bonum siue malum ab aliis existimetur, nihil ipsis curæ est. Atque huiusmodi fuisse Asclepiadem [62] significat Galenus, vbi eum exercuisse contradictorum habitum testatus est. Alij enim res vilissimas, et nulla cognitione dignas celebrare sibi proposuerunt ; alij quæ ab omnibus habentur in honore, communemque hominibus vtilitatem afferunt,acerbissimis conuitijs insequi non erubuerunt, quod cum temporibus Hippocratis euenerit, quando hominum non adeo creuerat prauitas, cur miremur si hisce temporibus [impurissimus Agrippa, [63] atque] aliqui alij in bonas artes linguæ suæ venenum effundere ausi sint, quando iam nullis sceleribus via clauditur. Il a tiré son argumentaire de Galien, au chapitre i de son livre sur la Faculté des médicaments purgatifs. [15][64] [Page 39 | LAT | IMG]
Éloges de Pecquet donnés par
thomas bartholin. [16][65]Page 16, « Pecquet a tant enjolivé ses descriptions de mots et de phrases fleuries qu’il laisse toujours place au doute, même après qu’on l’a relu plusieurs fois. » En quoi ce sartago loquendi sied-il à un philosophe et à un médecin ? [17][66][67][68]
Ainsi excuse-t-il l’obscurité de son style ampoulé, qu’a remarquée Bartholin : « Je suis certes capable de montrer la véritable cause d’un phénomène obscur aux hommes qui consacrent leur talent à étudier âprement ce qui est difficile à comprendre, mais j’avoue ingénument qu’il manque à mes écrits ce qui caractérise un bon auteur, devant autant ces lacunes à ma personne qu’à mon pays natal. » [18] Si vous ne voulez pas être compris, vous ne devez pas être lu. Vous affectez donc l’obscurité pour que votre fausse doctrine ne soit point intelligible. La sèche échappe aux mains des pêcheurs en répandant ainsi son encre. [69][70]
Clarus ob obscuram linguam magis inter inanes
Quamde graues inter Graios qui vera requirunt.
Semper enim stolidi magis admirantur amantque
Inuersis quæ sub verbis latitantia cernunt. [19][71]La vérité vous pousse à avouer votre défaut particulier et celui de la patrie qui vous a fait naître faussaire et menteur, et l’étude des belles-lettres ne vous a ni amélioré ni dégrossi.
Page 16, « M. Jan van Horne, [72] anatomiste de Leyde, [73] a honoré du nom de sac lacté [Page 40 | LAT | IMG] ce qu’il a vu, sans avoir encore lu la description identique que Pecquet en avait donnée avant lui dans le mésentère du chien. » J’ai souvenir d’avoir entendu un Allemand, élève de Wale, qui disait avoir lui-même découvert, en étudiant le mouvement du chyle, une cavité située entre les reins, qui en était remplie ; mais une mort prématurée mit fin à ses travaux anatomiques. On connaissait donc le réservoir à Leyde avant Pecquet, et je puis appeler horniens les lactifères thoraciques. [20][74]
page 21, « Jan van Horne m’a écrit de Leyde qu’il n’avait observé que deux branches lactées vers la bifurcation aortique, qui se dispersaient près des iliaques. Plus haut, près du diaphragme, les lactifères thoraciques naissent du réservoir ou des glandes lactées. » Pecquet en nie pourtant l’existence.
Page 34, la description des lactifères thoraciques est variable chez les bovins, les chiens et les moutons, et n’est pas identique à celle des humains. [75]
Page 37, « Pecquet écrit et dessine qu’au niveau de la troisième vertèbre dorsale, le canal se divise en deux branches, droite et gauche, qui se dirigent chacune vers la clavicule du même côté qu’elle ; mais soit le graveur semble avoir ajouté quelque chose à ce qui lui a vraiment été exposé, soit il s’agit d’une conjecture de notre auteur, car nous n’avons pas pu observer que le canal se sépare ainsi, à droite et à gauche, que ce soit chez l’homme ou chez les bêtes, et ce à moins que la nature ne s’amuse à faire autrement en France qu’au Danemark. » [76] Voyez là une imposture de Pecquet.
Page 37, « Mais la confiance que j’ai en Adrien Auzout [77] excèderait celle que j’ai en quiconque si j’admettais avoir jamais vu des lactifères s’insérer du côté droit. La nature s’amuse souvent et peut-être lui a-t-elle révélé sur un cas unique ce qu’une infinité d’autres nous a montré ne pas exister. » [Page 41 | LAT | IMG] En vérité, il n’y a pas de canal à droite, ou alors il s’agit d’un rameau du gauche.
Page 59, Pecquet nie l’existence de la grande glande du mésentère [78] et des autres plus petites qui la jouxtent, « comme il a dû les observer s’il a accompli autant de dissections qu’il s’en glorifie ». [79]
Pages 60‑61, « Je ne puis passer sous silence la manière dont ledit Pecquet conçoit la formation de la bile : [80] pour célébrer plus sûrement le triomphe du foie, il lui fait retirer toute la bile qui est contenue dans le sang, comme s’il s’agissait d’un excrément de la seconde coction, et non de la première, qui porte sur le chyle. Il importait à sa propre gloire et à celle du foie, qu’il a condamné, d’avoir cousu cette frange à sa nouvelle tunique. Dans son chapitre xii sur le Mouvement du chyle, page 86, [81] Pecquet semble être d’avis contraire, mais je me demande s’il ne s’agit pas d’une faute d’impression : pour prouver la fonction de filtration hépatique, il nie en effet que la bile soit un excrément de la seconde coction, ce qui signifie qu’elle en est un de la première, c’est-à-dire qu’elle est exclue des lactifères ; je crois pourtant qu’il s’agit d’une erreur typographique car, à la page suivante, il approuve la seconde coction. » [21][82]
impostures que pecquet
a retirées de ses nouvelles expériences. [22]Pecquet a été fort hésitant et changeant dans la description de ses veines lactées.
Page 121, il écrit avoir très souvent observé dans les veines jugulaires externes les valvules [83] que Riolan a niées en disant qu’elles ne sont présentes que dans les jugulaires internes, [84] et il ajoute : « Je ne disconviendrai pourtant pas que, comparées aux hommes, les bêtes ont bien [Page 42 | LAT | IMG] plus besoin de ces valvules, parce qu’elles ont la tête penchée vers le sol et que leur pesante masse de sang ou de chyle doit être empêchée d’y monter » ; et voilà comme il reconnaît son erreur et s’en excuse dans la seconde édition. [23][85]
Pages 103‑104, dans l’expérience i de sa seconde édition, [86] il a nié que du chyle s’écoule dans la veine cave au-dessus des reins et plus bas ; mais à la page 122, il affirme qu’il en passe dans les reins voisins, par les artères émulgentes. [87][88] Dans sa première expérience, il avait assuré qu’aucune goutte de chyle ne sourd dans le tronc de la veine mésentérique [89] après qu’on l’a ouverte puis qu’on en a épongé tout le sang ; mais pourquoi s’en étonner, puisqu’il écrit que les abouchements des lactifères mésentériques dans le réservoir sont dotés de valvules [90] qui s’opposent au reflux du chyle dans le mésentère chez l’animal vivant ? Puis, quand l’épanchement massif de sang qu’il a provoqué l’a tué, l’attraction exercée par le foie disparaît, la chaleur du chyle et du mésentère se dissipe, le mouvement péristaltique des intestins s’éteint, [91] tout comme le pouvoir qu’a le chyle de filer dans la branche mésentérique. Même en appuyant la main sur le réservoir, rien n’en sort. Notre madré Normand trompe ceux qui le regardent opérer, afin d’en tirer gloire et renom éternels. [24]
Pages 4‑5 de la première édition : [92] « Une fois le tronc d’un molosse ouvert par voie médiane, j’entrepris donc de lui examiner les entrailles ; puis sans tarder, j’enlevai le cœur en coupant les vaisseaux qui l’attachent au reste du corps. Une fois tari l’abondant écoulement de sang qui avait aussitôt surgi, et dont l’inondation avait rendu toute observation confuse, j’eus la surprise, immédiatement après, de voir s’écouler un torrent blanchâtre de liquide lacté, en grande abondance, issu du moignon de la veine cave, près de l’endroit où [Page 43 | LAT | IMG] siégeait le ventricule droit. »
Quant à moi, je suis surpris que vous ayez pu voir du sang couler de la veine cave supérieure dans le ventricule droit après avoir enlevé le cœur, car ce faisant, on vide les deux veines caves de tout de sang qu’elles contiennent. Notre manipulateur a abusé des deux docteurs de Paris qui l’approuvent et les a trompés.
Ensuite vous avez « ouvert la veine cave depuis le diaphragme jusqu’au cou et vu sur-le-champ un petit écoulement d’humeur blanche comme neige, lavée de tout mélange avec du sang ». Quant à moi, je soutiens que l’évacuation du sang cave rend cela impossible.
Ce qui suit est plus admirable encore : « Depuis les veines subclavières jusqu’au péricarde, [6] un liquide parfaitement blanc stagnait dans la veine cave, tout à fait semblable à celui qui s’écoule au travers du mésentère. » Comment se peut-il qu’après avoir retiré le cœur, dilacéré le péricarde et fendu deux fois la veine cave, vous ayez vu cette humeur blanche ? Tout cela vous dénonce manifestement comme un imposteur et un manipulateur qui s’est joué des deux docteurs de Paris qui le soutiennent, car vous dites maintenant, page 124 de la seconde édition : « Si tu comprimes la racine du mésentère ou le réservoir quand la veine cave est encore pleine de sang, tu verras le chyle s’y confondre avec lui sans qu’il ne perde presque rien de sa couleur pourpre ; et il m’est arrivé d’ouvrir l’oreillette droite du cœur et le sang qui s’en est écoulé avait sa couleur ordinaire, car le chyle contenu dans la veine cave avait déjà perdu sa teinte lactée. Tu conclurais donc que le sang fait la même chose que le vin : quand on y mêle un peu d’eau, elle s’y dilue pour se confondre avec lui, comme si elle adoptait sa nature. » [93]
Page 123, les orifices des lactifères sont bien visibles, [Page 44 | LAT | IMG] « proches des deux jugulaires externes, tantôt de part et d’autre, tantôt autrement ». Voilà bien ce que je désire qu’on remarque, afin que les lecteurs comprennent que rien de certain n’est établi sur les lactifères thoraciques, puisque Pecquet a observé que « la nature joue à disposer autrement les choses chez les moutons, [94] qui ne sont pas dotés de deux canaux : ils n’en ont qu’un, plus épais, pour conduire leur chyle depuis le réservoir jusqu’à la quatrième vertèbre dorsale. » [25] Si ces canaux thoraciques étaient destinés à conduire le chyle dans le cœur, ils auraient une conformation identique chez tous les animaux, comme est uniforme la structure du cœur et du foie ; la nature n’a pas pour habitude de jouer avec les parties qui sont nécessaires à la vie, comme sont les tubes lactés. S’ils portaient le chyle au cœur pour la sanguification, on ne la verrait pas jouer à les disposer diversement chez l’homme et chez les bêtes, comme elle fait souvent pour les reins, et les vaisseaux émulgents et spermatiques. [95]
Page 122 de la seconde édition, il écrit que le chyle est poussé vers le haut par sa liaison avec les psoas : [96] néanmoins, ces deux muscles ne bougent pas, sauf lors de la flexion de la cuisse, et à leur origine, leurs corps charnus sont éloignés l’un de l’autre par un espace large de trois travers de doigt ; aucune de leurs attaches ne leur permet donc de propulser le chyle. Dans la première édition, il avait dit que les deux piliers du diaphragme assuraient cette fonction ; mais repris par Riolan, il a choisi de n’en plus parler. [26]
Erreurs de la première édition que Pecquet a corrigées
sur l’instance de Riolan.Page 77, il a rectifié son erreur sur le poumon des sangsues qui agit comme un soufflet, pour dire que c’est leur [Page 45 | LAT | IMG] ventre qui fait cela, en se comportant à la manière d’un poumon. [27][97]
Page 79, il a corrigé ce qu’il avait écrit sur le mouvement péristaltique des intestins, en disant ne l’avoir jamais vu : « Le mouvement péristaltique des intestins, que nous avons si souvent observé en disséquant des animaux vivants. » [28]
Page 81, Riolan lui ayant reproché d’avoir écrit que l’enveloppe des poumons est imperméable de l’intérieur vers l’extérieur, il a ajouté : « J’ai parlé d’air passant de l’intérieur du poumon vers l’extérieur car aucune observation expérimentale ne m’a clairement convaincu qu’il puisse ou non aller dans le sens inverse, c’est-à-dire de l’extérieur à l’intérieur de l’enveloppe pulmonaire. » Cette excuse est inepte, car si elle est perméable de l’intérieur vers l’extérieur, elle le sera aussi dans le sens inverse. [29][98]
Page 86, il a supprimé trois lignes qui contenaient des absurdités indignes d’un débutant en anatomie. Voici ses propres mots : « Ou si tu préfères, par les capsules atrabilaires qui le jouxtent, ou par le péritoine qui, en raison de ses liens étroits avec les viscères n’a pas pour moindre fonction d’évacuer les liquides qui s’accumulent dans ses replis. » Pecquet voulait que les superfluités liquides du chyle s’évacuent par ces voies, mais Riolan l’a repris là-dessus et lui en a démontré l’impossibilité. [30][99] [Page 46 | LAT | IMG]
Démonstration anatomique de la découverte pecquétienne
sur le cadavre humain.En disséquant trois chiens, vous seriez capable d’établir l’organisation des veines lactées, tant mésentériques que thoraciques, mieux que Pecquet ne l’a fait en en massacrant des centaines, tout en s’abstenant de décrire précisément, comme il se devait de le faire, la méthode, procédure et instruments anatomiques qu’il a employés, s’étant contenté de dire qu’il en a fait la démonstration à l’anatomista de Montpellier (comme il l’appelle). Je décrirai quant à moi ce qu’on observe dans un cadavre humain préparé selon les règles. [31][100][101] Immédiatement après son exécution, le tronc de l’homme qui a été pendu doit être incisé du cou jusqu’à l’union des os pubiens. Une autre incision transversale du ventre est pratiquée un travers de doigt au-dessus de l’ombilic et les enveloppes communes de l’abdomen sont coupées à l’aide d’un couteau ou de forts ciseaux ; puis l’épiploon est enlevé pour bien observer les lactifères éparpillés dans le mésentère ; et après avoir écarté les intestins de part et d’autre, il faut exposer le tronc de la veine porte, sous le foie et l’estomac, mais en n’usant que des ongles pour retirer les membranes qui le couvrent. Quand le tronc de la porte a été suffisamment dégagé, les mains de l’aide doivent écarter les intestins et les branches mésentériques sur le côté droit de l’abdomen et les y maintenir. Une fois retiré le feuillet interne du péritoine, apparaît, appuyé sur les lombes, ce réservoir du chyle dont on a tant parlé, et d’où sort le canal thoracique, qui peut être double. [Page 47 | LAT | IMG] Pour suivre son trajet, il faut ouvrir le thorax et retirer ses enveloppes : comme on fait lors des dissections ordinaires, le sternum est détaché au niveau des cartilages costaux, mais en prenant grand soin, quand on le sépare de la première côte, de ne pas blesser la veine axillaire et le tronc de la veine cave supérieure ; vous retirez la clavicule pour bien exposer la terminaison du canal thoracique dans la veine axillaire ; [102] puis vous incisez de haut en bas la moitié gauche du diaphragme, là où elle adhère au cœur, et si elle empêche de bien voir le canal, la main de l’aide la repousse sur le côté droit avec les poumons ; vous voyez alors le canal monter dans le thorax au-dessus du diaphragme et, après avoir enlevé la plèvre qui le cache, adhérer au flanc des vertèbres dorsales. Vous le coupez à son origine et regardez s’il envoie des branches de part et d’autre pendant son trajet. Vous procédez de même manière s’il se trouve un autre canal thoracique, du côté droit. Pour les instruments, vous aurez à portée de main : trois ou quatre éponges de taille moyenne, pour absorber l’épanchement inévitable du sang ; un couteau, un rasoir, des ciseaux, des aiguilles incurvées, du fil solide ; une canule crochetée pour saisir les vaisseaux ; deux très fins scalpels à manche de buis ou d’ivoire, qui est préférable au fer. Nul ne mènera cette dissection s’il n’est expérimenté et secondé par un aide vigilant et entraîné. Telle est la véritable méthode à suivre pour démontrer les lactifères, [Page 48 | LAT | IMG] mésentériques comme thoraciques.
L’expulsion et l’écoulement du chyle lacté dans la veine cave supérieure jusqu’au cœur sont quant à eux impossibles chez le chien vivant, puisque, selon Pecquet, page 86, l’animal cesse de bouger quand on lui a ouvert le thorax, et les lactifères ne demeurent pas enflés. [32] [Page 49 | LAT | IMG]
seconde réponse à pecquet
et aux deux docteurs pecquétiens de Paris
contre la sanguification dans le cœur.immoderata est omnis suceptarum voluntatum pertinacia, et inde flexo motu aduersandi studium persistit, vbi non rationi voluntas subiicitur, nec studium doctrinæ impenditur : sed iis, quæ volumus, rationem conquirimus, et iis quæ studemus, do ctrinam comparamus. Iámque nominis potiùs, quàm naturæ erit doctrina, quæ fingitur, et iam non manebit veri ratio, sed placiti, quam sibi voluntas magis ad defensionem placentium coaptauit. Saint Hilaire, livre x de Trinitate. [33][103][FIN de la seconde Responsio
de Jean ii Riolan.]
Dans ce paragraphe de l’expérience iii de sa Nova dissertatio, Jean Pecquet avait abordé la question des forces d’attraction, illustrée par le montevin (v. note [20], première Responsio, 5e partie). Jean ii Riolan lui recommandait de se corriger en lisant ce qu’en avaient écrit deux médecins.
Si qua enim antipathia Attractionis vocabulum nauseam illi concitet, nouum fingat per me licet, id modo non neget, attrahere, esse aliquid ad se allicere.[Si par quelque antipathie, le mot d’attraction lui donne la nausée, qu’il me permette d’en faire une nouveauté, dans la mesure où il ne niera pas qu’attirer c’est faire venir quelque chose à soi]. {b}
- Alençon, 1653 (v. note Patin 36/405), ouvrage dédié Viro clarissimo Dom. Samueli Sorberio, Doctori Medico, et in Inclyta Araussionensium Academia Gymnasiarchæ [au très distingué M. Samuel Sorbière (v. infra note [6]), docteur en médecine et gymnasiarque en la célèbre Académie d’Orange], en date d’Alençon, le 1er février 1653 (soit avant que Sorbière n’ait ouvertement pris parti pour Jean Pecquet, avec sa lettre de Sebastianus Alethophilus, datée du 13 août 1654).
- Pecquet avait nié l’attraction exercée par la diastole dans le chapitre vii de sa Dissertatio anatomica, mais Papin la jugeait réelle et nécessaire au retour du sang vers le cœur, et concluait son opuscule avec ce paragraphe (page 16) :
Hæc autem de vena Caua et congenitis illius ramis dicta, non minus fortassis de Chylodocho Pecquetiano intelligenda erunt, cuius cùm extremi sinus non longè ab ipso Corde distent, et in Subclauios terminentur, poterunt pariter, propter viciniam atque consensum, insensilem illum internumque motum, de quo iam actum est, ita experiri, vt et per vniuersas Lacteas venas expandatur, et huius vnius beneficio Chylus in Cor confluat : quanquam si quæ aliæ possint huiusdem motus causæ in medium proferri, lubens eas admittam, hæc modò non negligatur, quam si attentiùs perpendet, præcipuam forsan inueniet.[Ce qu’on dit de la veine cave et de ses branches s’appliquera peut-être tout autant au canal chylifère pecquétien, dont les orifices terminaux se situent dans les subclavières non loin du cœur, et pourront pareillement, en raison de ce voisinage et de cet abouchement, être soumis au mouvement imperceptible et intérieur, dont il a été question, et qu’il s’étende ainsi à la totalité des veines lactées et que le chyle s’écoule dans le cœur sous son seul effet. Cependant, si d’autres causes de ce mouvement peuvent être mises en lumière, je les admettrai bien volontiers, car c’est en ne les négligeant pas et en les pesant avec grande attention que quelqu’un trouvera celle qui exerce l’action principale].
V. note [2], première Responsio, 4e partie, pour cet avis de Jan de Wale, opposé à celui d’Érasistrate et imprimé à Leyde en 1651.
Le chien disséqué par Jean Pecquet ne respirait plus à ce stade de son expérience iii. Le chyle ne sortait du canal thoracique qu’en comprimant le mésentère.
Le chapitre xviii du traité de Jean ii Riolan « sur la Circulation hippocratique du sang » {a} en fournit une Anacephaleosis sive recapitulatio [Récapitulation], qui commence par ce propos (page 67) :
Itaque sustineo, quod probaui ex Hippocrate, Sanguinem moueri indesinenter per longitudinem corporis intra vasa maiora sanguiflua, aortam et Venam cauam, à manibus vsque ad pedes : Venam Cauam iuxta Cor, in eius diastole suppeditare Cordi Sanguinem, quantum indigeat ad procreationem vitalis sanguinis, et motus Cordis continuationem : Aortam assiduè effundere Sanguinem vitalem in Cordis systole per vniuersum corpus, qui permiscetur Sanguini circulato : Sanguinem ab arteriis in venas transire in pedibus, sed in manibus in arterias recurrere per anastomoses mutuas vasorum inter se ; motum istum perfici à spiritibus impellentibus, et vi attractrice vasorum. Ac proinde istam circulationem probabiliorem esse, ac potiorem ad vsum Medicinæ, altera circulatione ab Harveo introducta, quæ non potest stare, et veri similitudinem habere, nisi ex mea correctione, et interpretatione.[Ainsi je soutiens ce que j’ai prouvé en me fondant sur Hippocrate : le sang se déplace indéfiniment sur toute l’étendue du corps à l’intérieur des grands vaisseaux sanguins, aorte et veine cave, depuis les mains jusqu’aux pieds ; la veine cave, qui longe le cœur, lui fournit pendant sa diastole le sang dont il a besoin pour engendrer le sang vital, qui assure la continuation du mouvement cardiaque ; pendant la systole, l’aorte reçoit le sang vital qui se mélange à celui qui a déjà circulé et le fait couler dans tout le corps ; dans les pieds, le sang passe des artères dans les veines, mais dans les mains, il retourne dans les artères par les anastomoses des vaisseaux entre eux ; ce mouvement est assuré par les esprits qui poussent le sang et l’attraction exercée par les vaisseaux. Aussi cette circulation est plus probable et convaincante, pour son utilité en médecine, que l’autre circulation, présentée par Harvey, qui ne peut tenir debout et n’est pas vraisemblable, sauf si on l’assortit de ma correction et de mon interprétation]. {b}
- Paru dans ses Opuscula de 1652, v. note [4], Nova Dissertatio, expérience i.
- Ainsi exposée, la circulation hippocratico-riolanique ne semblait différer de l’harvéenne que par les anastomoses (synanastomoses, v. note [1], Dissertatio anatomica, chapitre v) : Riolan les tenait pour établies, mais faute de les voir, William Harvey se trouvait obligé de ne pas les admettre. Toutefois, Riolan ne disait pas ici qu’il s’opposait à Harvey sur deux points majeurs, en niant la petite circulation pulmonaire et la circulation dans la totalité du compartiment mésentérique (territoire de la veine porte).
Sans explication que j’aie su trouver, Jean ii Riolan répétait l’argument développé dans le paragraphe précédent (v. supra note [4]) : il s’enferrait dans les paradoxes de sa circulation non harvéenne, prétendument hippocratique, pour défendre l’idée que le chyle se distribue dans tout le corps (et pas seulement dans le cœur) en passant par les veines.
« Apprends que tu dois étudier encore » : Horace, Épîtres, livre i, xvii, 3.
V. notes [8], Nova Dissertatio, expérience iv, pour une explication biblique de Michel et du Jaloux, et [24], seconde Responsio de Jean ii Riolan, première partie, pour l’identification certaine de l’« acolyte » (minister) de Jean Pecquet comme étant Samuel Sorbière, alias Sebastianus Alethophilus.
John Selden (v. note Patin 36/224), De Iure naturali et gentium, iuxta Disciplinam Ebræorum, libri septem [Sept livres sur le Droit naturel et des peuples, suivant l’enseignement des Hébreux] (Londres, Richard Bishop, 1640, in‑fo), livre iv, chapitre v, Vtrum Zelotarum Jus in Negotiatoribus et Nummulariis flagello à D.N. Jesu Christo è Templo ejiciendis, locum habuerit [Le droit des Zélotes a-t-il donné raison à Notre Seigneur Jésus-Christ de chasser les marchands et les changeurs du Temple en brandissant un fouet ?], avec trois passages du Nouveau Testament (pages 491 et 497), dont j’ai emprunté la traduction à l’École biblique de Jérusalem.
Et prope erat pascha Iudæorum et ascendit Hierosolyma Iesus et invenit in templo vendentes boves et oves et columbas, et nummularios sedentes flagello, quod de funiculis ipse fecit, omnes eiecit de Templo, oves quoque et boves et nummulariorum effudit æs, et mensas subvertit, et eis, qui columbas vendebant, dixit auferte ista hinc, et nolite facere domum patris mei domum negotiationis.« La Pâque des Juifs approchait. Jésus monta à Jérusalem. Il trouva dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de pigeons, et les changeurs assis à leurs comptoirs. Se faisant un fouet de cordes, il les chassa tous du Temple, avec leurs brebis et leurs bœufs ; il dispersa la monnaie des changeurs, renversa leurs tables et fit aux vendeurs de pigeons :“ Ôtez cela d’ici. Ne faites plus de la maison de mon Père une maison de commerce. ” »
scriptum est Domus mea Domus orationis vocabitur, vos autem fecistis eam speluncam latronum.« Il est écrit : “ Ma maison sera appelée maison de prière ” ; et vous, vous en faites “ un repaire de brigands ” ! »
Nonne scriptum est quod Domus mea Domus orationis vocabitur omnibus gentibus ? vos autem fecistis, etc.« N’est-il pas écrit : “ Ma maison sera appelée une maison de prières pour toutes les nations ”, et vous, vous en avez fait “ un repaire de brigands ” ! »
Parlant de Jésus, Selden dit aussi (page 491) : ex Zelotarum jam dicto jure, quicquid sic à capite sanctissimo, sed interea invisissimo, præstitum est, planè licitum haberetur [Selon le susdit droit des zélotes, il faut tenir pour licite tout ce qui a été ainsi accompli par un chef parfaitement saint, sans qu’on l’ait encore jamais vu]. Sa référence à Selden pousse à croire que Jean ii Riolan ne se tenait pas seulement pour un zélote (jaloux gardien de l’orthodoxie religieuse), mais aussi pour le Christ chassant les marchands du Temple.
« Ils se réjouissent de leurs œuvres et s’en honorent, et si tu n’en dis rien, ils se louent eux-mêmes » : Horace, Épîtres, livre ii, ii, 107‑108, sur les mauvais poètes.
De 1,95 à 1,46 mètre.
Hippocrate, De l’Aliment, § 30, Littré Hip, volume 9, page 109.
Jean ii Riolan reprochait à Pecquet le barbarisme anatomista, au lieu d’anatomicus, pour dire « anatomiste » : v. notule {a}, note [3], Nova Dissertatio, expérience iv.
Paul Gilis, le biographe montpelliérain de Jean Pecquet (1923, première partie, page 274), ne l’a pas entendu de la même oreille quand il a cité ce même passage :
« Ce passage montre que Pecquet a toujours été accueilli et écouté avec faveur dans notre École. »
Je n’ai pas identifié le « docteur de Montpellier » qui a informé Riolan, mais l’Observatio xxx (pages 31‑33) des Joh. Nicolai Binningeri, Medicinæ Doctoris, Observationum et curationum medicinalium, Centuriæ quinque… [Cinq Centuries d’observations et traitements médicaux de Joh. Nicolaus Binningerus, {a} docteur en médecine…] {b} est intitulée De Receptaculo Pecquetti [Le Réservoir de Pecquet] et relate sa première démonstration montpelliéraine :
Sub finem anni 1651. Monspessulum appulit Cl. Ioh. Pecquettus Diæpeus, qui, Chyli hactenus ignoti Receptaculi invento inclarescens, obtinuit ut ibi ejus veritatem in Theatro anatomico ad oculum demonstrare posset. Congregatis ergò 3. die Ianv. 1652. post meridiem, Nob. et Excell. D. Simeone Curtaud Decano, et Seniore Universitatis, Lazaro Riverio, Jacobus Duranc, Ludovico de Solignac, Petro Sanchez, Professoribus Regiis, licuit et mihi, ex paucissimis medicinæ Studiosis, locum ingredi. Ubi postquam eruditissimus Pecquettus exposuisset, nec chylum ad jecur, nec lacteas venas pervenire ; sed has in certam glandulam inter musculos psoas, sub renibus depleri : unde, per ductus peculiares, albescens succus secundum spinæ longitudinem protruderetur ad subclavias, et indè immediatè ad cor : ut illìc in sanguinem excoqueretur : Sumpsit è duobus illuc adductis molossis, unum. Hunc mensæ convenienter alligat, et aperto vivi abdomine, repletas lacteas innumeras ostendit, nulla hepar petere ; sed infra renes in glandulosum quoddam corpus, quod illis copiosissimis et lacte turgentissimis circumducebatur, terminari. Hoc facto, aperit canis thoracem, et ligatâ supra cor venâ cavâ, intestina et impedimenta semovet. Hinc, digiti leviter gravitantis compressu, ut naturalem iuvaret functionem, in languente animali imminutè factam, monstravit per albos canales, substantiam lacteam juxta viam spinalem immediatè ad subclavias venas adscendentem : et scissâ supra ligaturam venâ, eiusdem candidissimæ effluxum, quæ citra omne dubium, ordinariè et naturaliter in cor lapsura erat, ut ibi, tanquam in sanguinis genuinâ officinâ cruentaretur. Solutis constricti canis laqueis, simile in altero experimentum, omnium oculis dissectione comprobavit : et sanctè asseruit, se idem in felibus, ouibus et innumeris aliis animalibus (uti domi nostræ et alibi patefecit) observasse : paratum quavis horâ, rei ostendere porrò veritatem : His Doctorum unus : At fortè inquit sola bruta, ita constituta sunt, in homine longè aliter res sese habet ! Ad hæc Pecquettus : Non sanè per Christianam charitatem, licuit unquam vivos homines exenterare. At constater et verè dixerim, me in innumeris illorum, quæ Parisiis et alibi per annos aliquot dissecui, cadaveribus, eadem ferè organa reperijsse : quæ, dubio procul, eidem functioni in vivis subjectis inserviebant. Regerit Doctorum alter : Si se sic res habet, quid tandem de nostra fiet medicina ? Modestè Riverius : Medici sunt, respondet, Philosophi sensati ; credunt quod vident. Amicus Plato, amicus Galenus etc. sed magis amica veritas. Non possumus illius veritatem negare, quod ipsissimis oculis cernimus : multa veteribus occulta juniorum sedulitate nobis innotescunt, etc. Ita, salutato Pecquetto, in diversum abierunt attoniti Professores, qui illum in Doctorem medicum, summa cum laude, finito cursu, non longe post admiserunt, hactenus de anatomia meritissimum et Doctis notissimum.[M. Jean Pecquet, natif de Dieppe, arriva à Montpellier à la fin de 1651. {c} Célèbre pour avoir été le premier à découvrir le réservoir du chyle, il obtint la possibilité d’en faire la démonstration dans l’amphithéâtre anatomique. S’y réunirent donc, l’après-midi du 3 janvier 1652, {d} le célèbre et éminent M. Siméon Courtaud, doyen et plus ancien maître de l’Université, Lazare Rivière, Jacques Duranc, Louis de Soliniac et Pierre Sanchez, professeurs royaux ; {e} et avec un très petit nombre d’étudiants en médecine, je fus autorisé à y être présent. Le très savant Pecquet exposa d’abord que ni chyle ni lactifères ne parviennent au foie, mais qu’ils se vident dans une certaine glande située sous les reins, entre les muscles psoas, puis que, de là, le suc blanc progresse le long du rachis, à l’intérieur de canaux particuliers, jusqu’aux subclavières, pour se rendre directement dans le cœur, où il est digéré pour se transformer en sang. Il se saisit alors d’un des deux molosses qu’on avait menés là ; une fois la bête vivante convenablement liée à la table, il lui ouvre l’abdomen et en montre les innombrables lactifères remplis de chyle, dont aucun ne gagne le foie, car ils se terminent sous les reins, dans un corps glanduleux, qu’ils encerclent de toutes parts, gorgés de lait. Cela fait, il ouvre le thorax du chien, lie la veine cave supérieure au-dessus du cœur, et enlève les viscères et ce qui fait obstacle au regard ; puis en comprimant légèrement d’un doigt les canaux blancs, pour aider la fonction naturelle déclinante de l’animal à l’agonie, il montre que la substance laiteuse monte le long du rachis pour gagner directement les veines subclavières ; et ayant incisé la veine cave au-dessus de la ligature, on y voit jaillir le même liquide parfaitement blanc, qui va sans le moindre doute s’écouler en bon ordre et naturellement dans le cœur pour y être transformé en sang, comme en l’officine authentique de la sanguification. Ayant détaché le premier chien, il procède de la même façon sur le second et reproduit sa dissection sous les yeux de tous, en affirmant solennellement avoir confirmé son observation chez des chats, des moutons et d’innombrables autres animaux (qui se sont présentés à lui dans notre École ou ailleurs), et être disposé quand on voudra à prouver la vérité de sa découverte. Un des docteurs lui objecta que seules les bêtes sont ainsi conformées et qu’il en va bien différemment chez l’homme ; à quoi Pecquet répondit : « La charité chrétienne ne ma jamais autorisé à disséquer des hommes vivants, mais je dirais que les très nombreux cadavres que j’ai examinés pendant quelques années, à Paris et ailleurs, m’ont fermement convaincu qu’on y trouve presque les mêmes organes, sans douter qu’ils assurent des fonctions identiques. » Un autre docteur lui demanda alors, si tel était le cas, ce qu’il adviendrait de notre médecine. Rivière lui fit cette humble réponse : « Les médecins sont des philosophes raisonnables, ils croient ce qu’ils voient ; aimer Platon, aimer Galien, etc., c’est aimer la vérité plus que tout, sans pouvoir nier ce que nous voyons de nos propres yeux ; le zèle des jeunes nous fait voir bien des choses qu’ignoraient les Anciens ; etc. » Après avoir salué Pecquet, les professeurs stupéfaits levèrent la séance, sans opinion unanime. Peu après, à la fin de ses études, ils le reçurent docteur en médecine avec la plus haute distinction, {f} et il a jusqu’à ce jour hautement mérité de l’anatomie et joui d’un très grand renom parmi les savants]. {g}
- Jean-Nicolas Binninger, docteur de l’Université de Bâle et professeur en celle de Montbéliard (alors ville du Saint-Empire).
- Montbéliard, Typis Hyppianis, 1673, in‑8o de 122 pages.
- Sic pour 1650 car, selon les registres de l’Université de Montpellier (recueillis par Louis Dulieu), Pecquet y a été immatriculé le 5 juillet 1651, puis reçu bachelier le 12 et licencié le 22 du même mois
- Contrairement à la précédente, cette date est vraisemblablement exacte car postérieure à la parution des Experimenta nova anatomica.
- V. notes [26], lettre de Sebastianus Alethophilus, pour Siméon Courtaud, et Patin 5/49 pour Lazare Rivière, 2/135 pour Jacques Duranc, 35/309 pour Louis de Soliniac, et 55/223 pour Pierre Sanche.
Mathieu Chastelain assistait aussi à cette dissection et en a donné une brève relation au début de sa lettre à Pecquet (v. sa note [2]), en confirmant les remous qu’elle a provoqués.
- Pecquet fut reçu docteur le 23 mars 1652. Le 5 mai suivant paraissait l’Historia anatomica de Thomas Bartholin qui confirmait la voie thoracique du chyle chez l’homme.
- Les témoignages de Riolan, Chastelain et Binninger me semblent plus solides que la bienveillante affirmation de Gilis.
Virgile, Énéide, chant vi, vers 205‑206 : « Tel est le gui des bois qui a coutume de reverdir dans la froidure du solstice hivernal, sur les arbres qui ne l’ont pas semé. »
Jean ii Riolan pensait que Samuel Sorbière avait tenu la plume de Jean Pecquet pour l’épître dédicatoire de sa Nova Dissertatio (1654), adressée à Thomas Bartholin.
« Il ne manque pas de gens qui se font comme un art d’avilir les arts, en pensant qu’ainsi ils n’accomplissent pas ce que je recommande, mais font ambitieux étalage de cogitations et d’un savoir qui leur sont propres. Le dessein et l’œuvre de l’intelligence sont à mes yeux de trouver quelque chose qui n’a pas encore été découvert et qu’il vaut mieux savoir qu’ignorer, ou de parachever ce qui ne l’a pas été. Au contraire, le recours spécieux à des mots malhonnêtes pour montrer qu’il faut réfuter ce que d’autres ont découvert, sans rien y corriger et en calomniant les savants aux yeux des ignorants, c’est trahir ouvertement sa propre nature et montrer son ignorance de l’art, mais tel n’est pas le dessein et l’œuvre de l’intelligence. Cela ne se voit que chez ceux qui, sans bien connaître le métier, mettent toute leur malice à s’efforcer sans relâche de calomnier ce qui est juste et de blâmer ce qui est faux. »
Sebastianus Alethophilus avait transcrit la totalité de ce passage hippocratique en grec dans sa lettre de soutien à Jean Pecquet : v. sa note [41], pour la traduction qu’Émile Littré en a donnée. Le latin de Jean ii Riolan (ou plus exactement de Hieronymus Mercurialis, v. infra note [15]) n’en diffère que par la syntaxe ; je n’en ai trouvé que ce faible écho dans l’Anthropographia (Paris, 1649), à la 5e page l’Antiqua Præfatio [Ancienne Préface], enfoui au sein d’une référence à Galien à propos des anciens auteurs (Administrations anatomiques, livre ii, chapitre i) :
Mihi verò cum Hippocrate inuenire aliquid eorum ; quæ nondum inuenta sunt, quod ipsum notum quàm occultum esse præstat, scientiæ votum ac opus esse videtur : similiter inchoata ad finem perducere et absoluere[Il me semble vraiment, comme à Hippocrate, qu’il est utile de découvrir quelque chose qu’ils n’avaient pas encore trouvé, et qui s’avère plus utile à savoir qu’à ignorer, et que tel est le vœu de la science ; il en va de même quand on complète et achève ce qu’ils n’avaient qu’entrepris].
Fin du paragraphe 1, Littré Hip, volume 6, page 3 :
« Que de telles attaques contre les autres arts soient réprimées par ceux qui le peuvent, en tant qu’ils en ont souci et pour les points qui les intéressent. »
V. note Patin 2/1389, pour l’édition gréco-latine des œuvres complètes d’Hippocrate par Hieronymus Mercurialis (Girolamo Mercuriali, Venise, 1588), dont Jean ii Riolan a emprunté le latin (4e classe, page 10, v. supra notes [13]‑[14]) et repris mot pour mot la première annotation (page 16) :
« Certains hommes viennent au monde avec une disposition d’esprit telle qu’ils s’efforcent toujours de s’écarter de la voie commune de la sagesse, sans se soucier du tout du bien ou du mal que les autres pensent d’eux. Galien fait savoir qu’Asclépiade {a} fut l’un de ceux-là, en témoignant qu’il avait des pratiques contraires aux habitudes. D’autres en ont proposé de parfaitement viles et dignes de tomber dans l’oubli. D’autres encore n’ont pas rougi d’injurier très rudement leurs confrères que tout le monde tenait en haute estime et qui rendaient service au public. Cela s’est produit au temps d’Hippocrate, quand la méchanceté des hommes n’avait pas atteint une telle ampleur, mais aujourd’hui nous sommes étonnés que le très impur Agrippa {b} et quelques autres aient osé épancher le venin de leur langue contre les bonnes pratiques, quand rien ne faisait plus obstacle aux crimes. »
- V. note [30], première Responsio de Jean ii Riolan, 4e partie, pour Asclépiade de Pruse, antagoniste d’Hippocrate, que Galien a beaucoup blâmé.
La référence donnée par Riolan à la fin du paragraphe correspond à Kühn, volume 11, pages 323‑327.
- V. note Patin 13/126 pour Heinrich Cornelius Agrippa, médecin alchimiste du xvie s. haï par les dogmatiques. Riolan a préféré ne pas le citer pour éviter un anachronisme galénique et, sans doute, ne pas laisser penser qu’il tenait Jean Pecquet pour un charlatan.
En appelant éloges les critiques de Thomas Bartholin, Jean ii Riolan a extrait son florilège de l’Historia Anatomica (Londres, 1652). J’ai modifié les numéros des pages pour les rendre conformes à la première parution (Copenhague, même année), qui est celle qui figure dans notre édition.
V. note [8], Historia anatomica de Thomas Bartholin, chapitre v, pour sa rude mais juste critique du latin de Jean Pecquet.
Jean ii Riolan enflait avec joie le blâme en empruntant à Perse son sartago loquendi, « une fricassée de paroles » (Satire i, vers 80).
Épître dédicatoire de la Nova Dissertatio, page 99 (v. sa note [12]).
Lucrèce, La Nature des choses, livre i, vers 639‑642 parlant d’Héraclite (v. note Patin 8/1359) :
« Chez les Grecs, il est célèbre pour son obscur langage, mais plutôt parmi les sots que parmi les sages qui cherchent la vérité ; car les gens stupides aiment et admirent toujours les idées qui se cachent sous des termes équivoques. »
V. note [45], première Responsio de Jean ii Riolan, 4e partie, pour l’obscurité de l’encre de sèche qui la protège contre les pêcheurs, empruntée à Ulisse Aldrovandi.
V. note [2], Historia anatomica, chapitre vi, pour la priorité usurpée de Jan van Horne dans la découverte des voies thoraciques du chyle, qui devait être un sujet de profonde frustration pour Jean Pecquet.
Jan de Wale n’a pas parlé de son élève allemand qui aurait vu le réservoir bien avant Pecquet et ne l’a pas lui-même décrit dans sa lettre à Thomas Bartholin sur le mouvement du chyle, datée de septembre 1640 : v. note [6], Experimenta nova anatomica, chapitre i, pour sa citation par Pecquet sur ce point.
Jean ii Riolan prenait un malin plaisir à encenser l’École de Leyde pour sa gloire usurpée d’avoir découvert les voies nouvelles du chyle. Il était pourtant sûrement au courant des démonstrations du réservoir que Jacques Mentel avait données à Paris depuis 1629, mais il s’agissait d’un des deux docteurs pecquétiens qu’il voulait aussi humilier.
Guy Patin a ainsi introduit van Horne dans sa lettre à Charles Spon datée du 13 septembre 1656 :
« Il y a ici un honnête homme, Professor anatomicus Leidensis nommé M. van Horne, qui est auteur d’un livre intitulé de Ductu chylifero. Il m’a prié de le mener chez M. Riolan qu’il a vu avec une joie incroyable. Il a dit au bonhomme Riolan qu’il était venu à Paris durant leurs vacances tout exprès pour le voir et l’embrasser. »
V. note [4], Historia anatomica, chapitre xvii, pour les égarements de Jean Pecquet sur les excréments des coctions.
Les articles contenus dans cette section ne correspondent que de loin à ce qu’annonce son titre : Jean ii Riolan, sans la moindre bienveillance, exploite avec délice les moindres ambiguïtés anatomiques de Jean Pecquet qui étaient essentiellement dues à l’indigence de son latin. Il aurait évité ces avanies s’il avait eu la modestie de se faire aider par une plume amie et plus adroite que la sienne.
Riolan semblait parfois tenir les quatre expériences de la Nova Dissertatio de 1654 pour la reprise des quatre chapitres expérimentaux (numérotés ii‑v et relatant trois dissections) des Experimenta nova anatomica de 1651 : cela n’était absolument pas le cas, mais est une autre marque des piètres talents rédactionnels de Pecquet.
V. note [3], Nova Dissertatio, expérience ii, pour une explication de cet échange sur les valvules veineuses jugulaires.
Jean ii Riolan reprenait l’argument déjà développé dans la première partie de sa seconde Responsio (page 26), refusant catégoriquement d’admettre que le chyle contenu dans le réservoir ne puisse pas en sortir pour passer dans les veines mésaraïques et gagner le foie.
Experimenta nova anatomica, chapitre vi, page 17.
Entre 1651 et 1654, Jean Pecquet n’a pas modifié un mot de son paragraphe sur le diaphragme dans le mouvement du chyle (Dissertatio anatomica, chapitre xi, pages 83‑84). Il n’a mentionné la contraction des psoas que dans son édition de 1654.
V. note [5], Dissertatio anatomica, chapitre xi, pour la correction que Jean Pecquet a apportée à ce passage sur l’action des sangsues.
V. note [10], Experimenta nova anatomica, chapitre xi.
V. note [12], Experimenta nova anatomica, chapitre xi.
V. note [21], Experimenta nova anatomica, chapitre xi.
Jean ii Riolan faisait allusion à l’exposé de Jean Pecquet sur l’expérience iv de sa Nova Dissertatio où il disait avoir disséqué à Montpellier « en présence du très illustre M. Rivière (qui y occupe l’éminente charge de professeur royal, à la louange unanime de cette célèbre Université), et aussi du chirurgien Martet, qui est fort habile anatomista, tout comme de quelques autres personnes de mérite non moins remarquable, à qui nous avons enseigné la manière de mettre en évidence les lactifères thoraciques et le réservoir » (v. sa note [3]).
Riolan niait en bloc le soin que Pecquet a constamment mis à décrire les détails de sa méthode anatomique, qui lui a valu l’admiration de ceux qui ont commenté son livre.
Poussant encore plus loin l’audace et passant de la mauvaise foi à la supercherie, Riolan allait expliquer, comme il l’a fait dans l’appendice de sa lettre à Charles Le Noble (v. sa note [10]), la manière qui convient pour explorer les voies du chyle sur le cadavre d’un condamné fraîchement pendu, mais en omettant de dire qu’il avait été copieusement nourri quelques heures avant d’être exécuté : rien n’autorise à penser qu’il ait jamais fait lui-même une telle anatomie ; la description qu’il en donne est inspirée par la dissection relatée à Rouen par Le Noble, décrite dans la seconde partie de sa lettre à Riolan.
Ergalium (pluriel ergalia) est un mot néolatin technique, dérivé du grec εργαλειον, « instrument ». Je n’ai pas vu ailleurs le substantif féminin ergalia dont Riolan s’est servi ici à deux reprises pour désigner l’« appareil ou outillage », en en donnant plus bas le détail.
Pour conclure son étonnante dissection virtuelle d’un pendu, Jean ii Riolan citait la fin du chapitre xi de la Dissertatio anatomica pour affirmer qu’il est illusoire de voir le chyle couler dans un corps qui ne respire plus.
Dixième des 12 livres de saint Hilaire {a} sur la Trinité, chapitre i, Dissidiorum causa pertinacia est voluntatis [L’obstination est cause de différends] :
« Tout entêtement dans des désirs qui sont devenus nôtres, est un excès ; et la passion de la controverse se fige dans un élan aveugle, quand la volonté n’est plus soumise à la raison et ne prend pas soin d’étudier la doctrine, mais quand, au contraire, nous recherchons obstinément une bonne raison à l’appui de nos désirs, ou adoptons à nos manières de voir l’enseignement qui nous est donné. S’il en est ainsi, le système que nous construirons sera un assemblage de mots, plutôt qu’une science rendant compte de l’essence des choses : il sera fondé non sur le vrai, mais sur ce qui nous plaira. » {b}
- Hilaire, évêque de Poitiers au ive s., saint et docteur de l’Église.
- Traduction de Mgr Albertus Martin, La trinité, le Christ et l’histoire, Desclée de Brouwer, 1981, tome iii, page 11.
Imprimé sur une page intercalaire, ce pieux avertissement sert de transition entre la seconde Responsio de Jean ii Riolan et sa Responsio ad Pecquetianos.
Page 31, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
Pag. 129 Quia non vsquequaque delirat Rio-
lanus, nihil scommatis in meam de attractione
sententiam, ne in obscuro quidem sagittauit, aut
machinatus est. Reliqui tuæ ineptæ sententiæ
de attractione oppugnationem præstantissimis
Medicis, Guiffarto et Papinio, qui etiam non vo-
cati in meum auxilium opportunè accessere, et
hanc particulam examinârunt. Monueram in
prima Responsione, me ista mechanica artificia
in operibus Naturæ deseruisse, exemplo Vallæi,
qui stultitiam reputat opera Naturæ metiri me-
chanicis regulis. Non ausus fuisti viris istis præ-
claris obsistere, quia superant tui ingenij ca-
ptum, quoniam aliquid didicisti ab illis, qui de
Vacuo, præcedentibus annis Lutetiæ disputâ-
runt, quorum disputationibus interfuisti. Inde
deprompsisti, quæ inseruisti de Vacuo, captatâ
Page 32, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
occasione attractionis. Sed sustineo adhuc nul-
la esse sursum attrahentis Chylum ; nulla deor-
sum impellentia, quia deseruisti tuum pistillum
Iecoris, et connixum Apophyseωn Diaphra-
gmatis. Pulmo neque Cor possunt attrahere ela-
teris modo, quia ramus iste Chyliferus instra-
tus dorso firmiter coniunctus est velamento
pleuræ.Pag. 131. Aduerte sodes, ô Veritatis amator,
sed oculis vetulum miserantibus immedicabilem
contradictoriæ sapientiæ constantiam, quem Chylum
fatetur cum ascendentis et descendentis Cauæ san-
guine permixtum succedere, eundem, si eô succe-
deret, noxium Cordi futurum, et excrementis infe-
cturum, et miserabilem inde fore hominis vitam.
Lector Philalethes vituli asinini deploret Lym-
phaticum errorem, à quo non potest releuari.
Iam multoties nomui, et adhuc repeto, propter
illo vsus, quos excogitaui, portiunculam Chyli
ad axillarem ascendentis, non posse rectè com-
parari cum toto Chylo, quem eò deferri conten-
dit Pecquetus, quia istud iter impossibile demon-
straui. At inde infert, me totum Chylum admit-
tere, quod est delirantis somnium.Pag. 133. Forsan Chylus ad axillares et ilia-
cos ramos distribuitur, vt variis glandulis alimo-
niam itineris ; Venoso sanguini Chylum, vt tot glan-
des adeat miscet. Qua tandem via Riolani, si
indubitata circulationis lege, quicquid est in Venis
remeet in Cor, et solus Arteriarum sanguis vni-
uersas corporis partes, atque adeo glandes ipsas nu-
tritum obeat ? Quia Opuscula postrema Anato-
Page 33, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655)
1. Ad Ioannem Pecquetum.
mica legisti vt carperes et morderes, inuenisti
sub finem libelli de sanguinis Circulatione Hippo-
craticâ, sanguinem per Venas ad nutritionem
distribui, et fluitate per longitudinem Venæ
cauæ à Capite vsque ad extrema corporis ascen-
dere, et descendere : Alioquin nostra doctrina
medendi prorsus aboleretur, vel foret inutilis
ad curationem morborum in detractione san-
guinis. Tu qui veræ Medicinæ prorsus est igna-
rus, nec eam adhuc attigisti, ignoras hæc my-
steria, quæ tui ingenij capacitatem superant.Page 133. Reprehendit coniecturas quasdam
meas, de ascensu Chyli ad Glandulas partium
superiorum ; Hic {a} fieri non potest, inquit ille, nisi
per Venas, si indubitata Circulationis lege quid-
quid est in Venis remeet in Cor, et solùm Arteria-
rum sanguis vniuersas corporis partes, atque adeo
glandes ipsas nutritum obeat. Demonstraui in li-
bello de Circulatione sanguinis Hippocratica, per
Venas ascendere et descendere sanguinem ; ip-
súmque Venarum nutrire partes corporis, at-
que Chylus in collo etiam permixtus sanguini
intra Venas non infringit leges Circulationis,
quoniam ascenderet ad partes alendas.Pag. 136. Rideo et deploro tuam ignoran-
tiam cum tuo Ministro, dum me reprehendis,
quod Deum dubio procul deprimens, atque adeo
eum spolians, qui gloriam suam alteri non dabit,
temerariâ audaciâ, ne impiè dicam nomenclaturæ
vsurpatione fortem se (Proh Michaël) Zeloten
prædicare non dubitat. Disce docendus adhuc.
Zelotes is est, qui iure quodam senectutis vel
doctrinæ reprehendit errores aliorum et casti-
- Sic pour : hoc (errata).
Page 34, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
gat, quod erat vsitatum apud Iudæos, et alias
nationes, vt demonstrauit Seldenus, Iurisconsul-
tus Anglus, lib. de Iure Natura et Gentium : vbi
explicat, quo iure Iesus-Christus adhuc adoles-
cens, ob admirabilem pietatem et eruditionem,
arrepto flagello, templo expulerit vendentes et
ementes cum interpretatione : Templum Dei Do-
mus est Orationis, Vos autem fecistis Speluncam
latronum. Propterea in ea ætate, quam per Dei
misericordiam attigi, in rebus Anatomicis, me
fortem veritatis Zeloten prædico, iure senectu-
tis et peritiæ, quam adeptus sum.Gaudent scribentes et se venerantur, et vltro
Si taceas laudant quidquid scripsere beati. Ho-
ratius.Quod fecit Pecquetus, ideoque correctore opus
habuit.Page 137. Si rumpantur Lactei spinæ cana-
les, vel effringantur, {a} receptaculi Laguncula,
interruptum alimentum fati instantis naturali-
ter subsequitur necessitas. Admitto tuam con-
fessionem, at hoc frequentissimè in violentis
contorsionibus spinæ accidit, vel à defluxione
in Lumbares Vertebras : id sæpius contigisse
vidi, homines Altitudine sex pedum ad quatuor
cum dimidio pedes imminutos fuisse, et tamen
vixere eum isto incommodo, interruptâ anado-
si Chyli ad subclauias. Ergo non est istud iter
Chyli consuetum ad Cor, pro sanguificatione.Multis rationibus, quas produxi aduersus
sanguificationem in Corde factam, istam adhuc
adjungam vt euidenter innotescat, natiua fun-
ctio Hepatis. Considerate in fœtu progressum
- Sic pour : effringatur.
Page 35, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
nutritionis. Vena Vmbilicalis defert sanguinem
maternum ad Hepar, ibidem bifida est, vt Venæ
Portæ et Cauæ inseratur. Sanguis Venæ Ca-
uæ non in dextrum Cordis ventriculum trans-
fertur ; sed per Anastomosin venalem seu orea-
lem {a} inter truncum Cauæ et Arteriam venosam
traducitur in sinistrum Cordis ventriculum, vbi
Arteriosus euadit, et transmittitur in Aortam,
atque per Arterias Vmbilicales, si exuperant re-
fluit in placentam ; nec enim Arteriæ Vmbilica-
les defreunt sanguinem ad Cor, alioquin euer-
teretur naturalis ordo Circulationis, si sanguis
arteriosus ascenderet. Apud Hippocratem, An-
tiquius et primum alimentum est vmbilicus : si
hunc ordinem seruat Natura in fœtu, quidni in
adulto infante continuando per omnes ætates ?
nam in Ventriculo dextro Cordis nullus san-
guis reperitur in fœtu humano, canino ac vacci-
no, indicio manifesto sanguinem maternum non
ire ad istum ventriculum, si nullo modo inseruit
sanguificationi, in fœtu et in infante : Vesicula
fellea repertitur in Hepate fœtus humani, bellui-
ni, et auium. Fel istud excrementum est sangui-
nis in Hepate elaborati, Vascula Chylifera for-
mata in grandiore fœtu sunt repleta sanguine,
sicut omnes Mesenterij Venæ, quod arguit ist-
hæc vascula propagines esse Venæ Portæ, quod
deprehenditur si Vena Vmbilicalis exsuffle-
tur, omes Venæ Mesaraicæ inflantur et in-
tumescunt.Ridiculus ille, dum quærit progressum Ve-
narum Lactearum in canibus femellis lactanti-
bus vsque ad vbera, quæ sunt in sumine sita, ac
- Sic pour : oualem (errata).
Page 36, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
si lac ex Chylo procrearetur ; Longum est iter
Chyli in animalibus à jugulo ad vbera : breuior
est via in mulieribus lactantibus, quia mammæ
vicinæ sunt jugulo.At {a} Chylus per lacteas Thoracicas mammis
mulierum distribuitur, cùm non transeat per
Cor, nec ibi recipiat vitalem facultatem viuifi-
cam, per nouam coctionem, malè nutriet in-
fantem et partes Thoracicas matris : et viri quo-
que simul lac habebunt, quia lacteas habent
Thoracicas. {b}Gloriaris quod præsentibus Riuerio, Pro-
fessore Regio Monspeliensis, et Martetio, Ana-
tomistâ, id demonstrare voluisti, imperfecto ta-
men opere ; Debebas id tacere, nam reuocat me-
moriam tuæ demonstrationis de Receptaculo et
Lacteis Thoracicis, adeo ineptè et ridiculè Galli-
co sermone celebratæ in Theatro Anatomico
Monspeliensi, vt tua præsentia famam tui in-
uenti minuerit. Id resciui à Doctore Monspelien-
si spectatore. Propterea tibi denegarunt appro-
bationem tui Libri, quam postulabas.Non debebas assuere istam laciniam tuo præ-
cedenti libro, nam dedecorat tuum priorem li-
brum stylo Rhetorico scriptum : atque Epistola
ad Bartholinum scripta stylo Alethophili, tui
Socij et Ministri est exarata : Vel saltem exor-
nauit et perpoliuit stylum humilem tuæ Re-
ponsionis.Quale solet syluis brumali frigore viscum
Fronde virere nouâ, quod non sua seminat arbos.Si sapis et Christianus es, absistes deinceps
ab altercatione de tua sanguificatione ex Chylo
- Sic pour : At si (errata).
- Ajouter (ibid.) :
Etsi mulieres habeant dumtaxat vnicam Venam Lacteam
Thoracicam eamque sinistram, altera mamma carebit Chylo
ad confectionem lactis, nec potes prætendere Chylum ab
vna axillari ad alteram transire, cum debeat priùs ad trun-
cum progredi, inde ad subclauiam dextram adcendere. Facilior esset in vaccis isthæc experientia, quæ habent va-
sa ampliora.
Page 37, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
in Corde elaborato. Contentus sis lampadem
tradidisse Bartholino, qui te agnoscit inuento-
rem huius Paradoxi : Ex tu Vasorum Lympha-
ticorum illum repertorem prædicasti. Nec am-
plius tuis præstigiis, duobus Doctoribus Pari-
siensibus imponas. Contentus sis detexisse la-
cunam siue cisternam, in quam vndique corri-
uatur Chylus, per Venas Lacteas Mesentericas :
tuus Canalis sinister ad axillarem sinistram pro-
tensus alteri vsui destinatus est. Laudo tamen
tuam industriam in ista perquisitione, sed tuum
iudicium de sanguificatione in Corde facta re-
pudio, quæ totam Oeconomiam naturalem
adeo rectè stabilitam à Maioribus nostris pror-
sus euertit.Memorabilis est Hippocratis sententia, initio
libri de Arte, quæ nota fuit et descripta à Rio-
lano, in Præfatione Anthropographiæ, et quam
Alethophilus in sua Epistola recitat, et præ fori-
bus Scholarum Medicarum inscribendam pu-
tat. Non desunt qui artes vituperant, tanquam
artem quandam professi sunt, atque id quidem ve-
luti putant, non transigunt vt ego sanè assero, sed
propriam cogitationem ac scientiam, ambitiosè
ostentant : mihi verò inuenire aliquid eorum, quæ
non dum inuenta sunt, quod ipsum motum, quàm
occultum esse præstet, Intelligentiæ votum ac opus
esse videtur, similiterque et semiperfecta ad finem
perducere, et absoluere. At vero verborum inho-
nestorum arte ad ea quæ ab aliis inuenta sunt con-
fundenda promptum esse, nihil quidem corrigendo
eorum, qui aliquid sciunt inuenta apud ignaros ca-
lumniando, non sane Intelligentiæ votum aut opus
Page 38, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum..
esse videtur, sed proditio magis naturæ suæ, aut
ignorantia artis ; solis enim artis ignaris hoc ipsum
factum conuenit, qui contentiosè quidem gestiunt ac
conantur, nequæquam verò possunt malitia suffi-
cere, ad hoc vt aliorum opera quæ quidem recta
sunt, calumniantur, quæ verò non recta sunt, re-
prehendant. Alethophilus sequentia verba omi-
sit, quæ sunt consideratione digna. Eos igitur,
qui in alias artes hoc modo irruunt quibus hæ curæ
sunt, quorúmque id interest et præstare hoc pos-
sunt, prohibeant. Ergo Riolanus meritò potest
animaduertere in illos Nouatores artis, et re-
prehensores.Mercurialis notationes ad hunc locum, sic
interpretatur. Nonnulli homines eo nascuntur in-
genio, vt semper à communi sapientiorum via
recedere studeant, quod siue bonum siue malum
ab aliis existimetur, nihil ipsis curæ est. Atque
huiusmodi fuisse Asclepiadem significat Gale-
nus, vbi eum exercuisse contradictorium {a} habi-
tum testatus est. Alij enim res vilissimas, et nul-
la cognitione dignas celebrare sibi proposue-
runt ; alij quæ ab omnibus habentur in honore,
communémque hominibus vtilitatem afferunt,
acerbissimis conuitijs insequi non erubuerunt.
Quod cùm temporibus Hippocratis euenerit,
quando hominum non adeo creuerat prauitas ;
Cur miremur, si hisce temporibus, {b} aliqui alij
in bonas artes linguæ suæ venenum effundere
ausi sint, quando iam nullis sceleribus via clau-
ditur. Ista ratiocinatio desumpta est, ex Galeni
capite 1. libelli de Purgantium Medicamentorum
facultatibus.
- Sic pour : contradictorum (source citée).
- Sic pour : temporibus impurissimus Agrippa, atque (source citée).
Page 39, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
————thomæ bartholini
Elogia de Pecqueto.Pag. 18. Pecquetus Obseruationes suas obscuris
adeo verborum sententiarum flo-
sculis exornauit, vt Lectores repetit etiam lectio-
ne dubios semper dimittat. {a} Quænam hæ sarta-
go loquendi Philosophicè et Medicè ?Obscuritatem sui styli ampullati, de qua no-
tatus fuit Bartholino sic excusat. Quamuis
possim hominum ingenium acriori studio incumbens
in ea, quæ intellectu magis ardua sunt, veram af-
fectati causam inuolucri prætendere, Verumta-
men ingenuè fatebor, scriptis meis deesse plurima,
qua Authorem soleant commendare, tum priuato
defectu, tum patriæ. Si non vis intelligi non de-
bes legi. Idcirco obscuritatem affectasti, ne tua
doctrina falsa intelligeretur. Sic euadit sepia
manus piscatorum effuso atramento suo.Clarus ob obscuram linguam magis inter inanes
Quam degraues {b} inter Graios qui vera requi-
runt.
Semper enim stolidi magis admirantur amantque
Inuersis quæ sub verbis latitantia cernunt.Veritas te coëgit fateri tuum defectum pri-
uatum et patriæ, quæ te falsarium, et men-
dacem produxit, quem non meliorem reddide-
re, neque emolliere humaniores Litteræ.Pag. 18. Clarissimus Ioannes Hornius, Ana-
tomicus Leidensis, sacci lactei nomine dignabatur
- Sic pour : demittat (source citée).
- Sic pour : Quamde graues (source citée).
Page 40, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
receptaculum, cùm necdum viso Pecqueto simile
quid in Mesenterio canis occurrisset. Memini au-
diuisse Germanum quendam Discipulum Walæi,
narrantem ipsum, dum quæreret motum Chy-
li, Lacunam quandam inter duos renes Chylo
refertam deprehendisse. Sed mors præmatura
illius labores Anatomicos terminauit. Ergo an-
te Pecquetum id innouerat Leidæ, et possum
appellare istas Venas Lacteas Thoracicas Hor-
nianas.Pag. 21. Perscripsit ad me Leida, Ioannes
Van Horn, duos tantùm Lacteos ramos versus
diuaricationem Aortæ prope Crurales sparsos à
se obseruatos : superios autem prope Diaphrag-
ma, ex receptaculo seu Glandulis lacteis prodeunt
rami Lectei Thoracici : et ista negat Pecquetus.Pag. 32. Vasorum Lacteorum Thoracico-
rum descriptio diuersa in brutis, in canibus, et
ouibus, atque differt ab humanis Vasis.Pag. 35. Pecquetus à tertia dorsi spina in
duos ramos diffindi scribit, pingitque, quorum
sinister ad clauiculam sinistram tendat : Dexter
ad dexteram. Sed inuento vero Pictor aliquid
addidisse videtur, vel inuentoris coniectura ;
Enimuero vtrimque diffindi obseruari non po-
tuimus siue in brutis, siue in homine, nisi aliter
in Gallia, aliter in Dania ludat Natura. Nota-
te imposturam Pecqueti.Pag. 36. Sed fide mea apud magnum Auzo-
tium omnesque exciderim si dextram insertio-
nem tubuli lactei in vllo cadauere obseruaue-
rim : Ludit sæpe Natura, et vnico subiecto illi
forsan reuelauit, quod nobis infinita denega-
Page 41, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
runt ; atque verum est deficere dextrum, vel esse
portionem sinistri.Pag. 58. Negat Pecquetus Glandula ma-
gnam Mesenterij et alias minores accumbentes,
quod tamen verum in brutis et in homine, quod
Pecquetus obseruasse debuit, si tot exstispicinas
exercuit, quot gloriatur.Pag. 59. Præterire non possum eiusdem Pec-
queti de bile generationem, vt securius Hepar
in triumphum ducat, bilem omnem à sanguine,
in Hepate segregat, tanquam secundæ coctio-
nis, non primæ ex Chylo excrementum.Intererat gloriæ eius, et damnati à se Hepatis,
hanc laciniam nouæ tunicæ affuisse. Contra-
rius sibi videtur Pecquetus, cap. 12. de motu Chy-
li, pag. 86. nescio an Typographi vitio : proba-
turus enim tranncolatorium Iecinoris munus,
negat bilem secundæ coctionis esse excre-
mentum ; hinc si primæ erit, iam rectà ex lacteis se-
gregabitur : Credo tamen errasse Typothetas,
cùm pagina sequenti secundam coctionem
probet.————
pecqveti imposturæ
retractatæ in suis Experimentis nouis.Pecquetus valde dubius et inconstans fuit in
suis Venis Lacteis describendis.Page 121. Scribit sæpius obseruasse in Iugu-
laribus ipsis exterioribus Valuulas, quod nega-
uit Riolanus, et tantùm adesse in internis Iu-
gularibus. Subjungit : non diffitebor bruta ma-
Page 42, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
gis quàm homines eiusmodi Valuulis indigere,
prona scilicet, nec refluentis sanguinis aut Chy-
li ponderosa mole grauanda. Sic errorem suum
tegit, et excusat, in secunda editione.Pag. 103. In Experimento primo secundæ
Editionis, negauit ex receptaculo vllum Chy-
lum effluere in Venam Cauam, in eius partes
supra renes, et infrà. At. pag. 122. affirmat in
vicinos renes per emulgentes Arterias deferri.
Idem asseuerat in Experimento primo dissecto
Trunco Mesenterico et spongiis exsicatto Chy-
lum non fluere in Truncum Mesentericum : Nec
mirum, quia scribis Venarum orificiis ad rece-
ptaculum Valuulas appositas fuisse, quæ impe-
diunt ingressum Chyli in viuentibus, ne Chy-
lus præcipitetur in ramum Mesentericum. Dein
mortuo animali per effusionem sanguinis, quam
facis, facultas attractrix Hepatis deperditur, ca-
lor Chyli et Mesenterij euanescit, motus peri-
stalticus intestinorum aboletur, et vis Chylum
ire in ramum Mesentericum. At ipsa premente
manu receptaculum nihil effluit. Subdolus Nor-
manus spectatores decipit, quia vult suum do-
gma perniciosum introducere, vt ex eo æternam
gloriam et famam consequatur.Pag. 4. et 5. primæ Editionis. Diffissa quæ
media est aluo, molossi inchoo exstispicium, nec
mora : Cor reescisis quibus reliquo adhæret Cor-
pori vasculorum retinaculis auello, tum exhau-
sta, quæ statim restagnauerat, spectantisque
confuderat obtutus copia cruoris, albicantem
subinde Lactei coloris, nec certè parum fluidi
scaturiginem intra Venæ Cauæ fistulam, circa
Page 43, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
dextri sedem Ventriculi miror effluere.Et ego miror, quomodo Corde auulso videris ex
Vena Caua effluentem sanguinem in dextrum
Cordis ventriculum, nam totus Venæ Cauæ
sanguis effluxerat auulso Corde. Prætigiator
delusit et decepit duos Doctores Parisienses Ap-
probatores.Postea vidisti Venam Cauam à Diaphragma-
te ad Iugulum aperiendo, illico niuei coloris
omni tum cruoris expurgatum mixtura fluen-
tulum. Quod impossibile sustineo propter effusionem
sanguinis è Vena Caua.Sed mirabilius quod subjungit : à ramis vsque
subclauiis ad Pericardium, intra Venam subsi-
debat candidus apprime liquor, et effuso per
Mesenterium simillimus. Quomodo id fieri po-
test, vt auulso Corde, et lacerato Pericardio, at-
que Venâ Cauâ iam bis discissa, notaueris candi-
dum liquorem ? Hæc omnia te impostorem ma-
nifestum declarant et præstigiatorem, qui Do-
ctores Parisienses, tuos fautores deluseris. Nam
pag. 124. secundæ Editionis si plena Caua Me-
senterijj centrum seu receptaculum premas, ita
confundi videas cum sanguine Chylum, vt vix
quidquam ille purpurei coloris amittat : imò
cùm aperuissem aliquando supra Cor Cauam,
nihilo discolor reliquo sanguini cruor effusus
est : et exinde iam in Caua conclusi lacteo Chy-
lum exui colore : Ac quemadmodum admixta
vino mediocri quantitate aquâ, per vini partes
ita dispensatur, vt eam veluti naturam vini di-
ceres induisse.Pag. 123. Patent foraminula Lactearum
Page 44, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
prope Iugulares hinc et inde, nonnuquam in-
terdum secus ; quod notari cupio, vt intelligant le-
ctores, nihil certi status posse de Venis Lacteis Tho-
racicis ; quoniam Pecquetius {a} notauit diuersa, in
ouibus Natura ludit, In his non biuium, sed vni-
cus crassiórque canalis à Receptaculo Chylum
ad quartam dorsi Vertebram deuoluit. Si isti
Canales lactei essent dicati deuehendo Chylo ad
Cor, eorum conformatio esset consimilis in omnibus
animantibus, vt est Cordis et Jecoris structura ;
Non solet natura ludere in partibus ad vitam
necessariis, quales sunt tubuli lactei. Si deferunt
Chylum ad Cor, pro sanguine conficiendo,
ludus Naturæ in Corpore humano et bruto-
rum, non obseruatur, nisi in renibus, vasis emul-
gentibus, et Spermaticis.Pag. 122. Secundæ Editionis, scribit Chy-
lum supernè pelli Psoarum connixu ; At isti
musculi non mouentur, nisi in flexu femoris, et
principium eorum carnosum est interiectum istis duobus mu-
sculis trium digitorum spatio inter se dissitis. Ergo
nullus est eorum connixus ad propulsandum Chy-
lum. In prima Editione dixerat Apophyses duas
Diaphragmatis ad eum vsum inseruire, sed quia
reprehensus fuit à Riolano, ideo id subticuit.————
Errores prioris Editionis à Pecqueto correcti ex
admonitione Riolani.Pag. 77. Correxit hirudinum follicantis
pulmonis : reposuit follicantis al-
- Sic pour : Pecquetus.
Page 45, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
ui, hoc est distendentis sese, veluti pulmones
assolent.Pag. 79. Correxit quæ scripserat de motu
peristaltico Intestinorum, nullo ab ipso nu-
spiam obseruato. Peristalticus quem in viuorum
sectionibus deprehendimus sæpe, intestinorum motus.Pag ; 81. Cum reprehensus fuisset à Riolano
de tunica pulmonum quam imperuiam scribit
ab interioribus pulmonis partibus ad exteriora,
paulò post addit, ab interioribus dixi pulmonis
partibus ad exteriora, neque enim hactenus sat
euidente mihi Experimento sit peruia necne à foris
intus, hoc est ab exterioribus ad interiora pulmo-
num tunica. Inepta est hæc excusatio, nam si
peruia est ab interioribus ad exteriora, vicissim
erit peruia ab exterioribus ad interiora.Pag. 86. Deleuit tres lineas, quæ contine
bat absurdiates Tyrone Anatomico indignas :
sunt eius verba, Vel si mauis atrabiliarium, quæ
ajacent capsularum, vel Peritonæi, cuius ob par-
tium viciniam non parum deuehendis obnoxia du-
plicatura liquoribus ministerio diuertere. Volebat
Pecquetus per istas vias liquores superfluos Chy-
li excerni, quod reprehensum fuit à Riolano,
et demonstrata impossibilitas.
Page 46, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
————
Administratio Anatomica Inuenti Pecquetiani in
cadauere humano.Si triplex canicidium potes instruere ad ex-
plorandum artificium Venarum Lactearum
tam Mesentericarum quam Thoracicarum, quod
in centenis canibus egregius ille canicida obser-
uauit, debebat suum administrationem Anato-
micam, siue Encheirisim et ergaliam accuratè
describere, quod non effecit : contentus est di-
xisse se, Anatomistæ (ut loquitur) Monspeliensi
id demonstrasse. At ego in humano corpore be-
ne præparato vt decet declarabo. Confestim
post strangulationem suspensi hominis incisio
fieri debet à Iugulo vsque ad commissuram os-
sium pubis. In ventre altera transuersalis sectio
fiat vno digito supra Vmbilicum, et nouaculâ vel
forfice valido secentur simul integumenta com-
munia abdominis. Dein remoueatur omentum,
vt obseruentur Venæ Lacteæ dispersæ supra Me-
senterium atque distractis intestinis, huc et illuc,
infra Hepar et ventriculum inuestigandus erit
Venæ Portæ truncus, vnguibus duntaxat euul-
sis Membranis, quibus opertus est. Vbi satis con-
spicuus erit Portæ truncus, cum Mesentericis
ramis reclinanda erunt intestina in latus dex-
trum abdominis alterius manibus comprehen-
sa. Tum versus lumbos euulsâ membranâ inter-
nâ Peritonæi, quæ res istud receptaculum Chyli
adeo decantatum, et inde prodeuntem Venam
lacteam Thoracicam, vel duas (si reperiantur :)
Page 47, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
Atque vt persequaris progressum istius Venæ
lacteæ Thoracicæ, aperiendus Thorax simul
detractis eius integumentis, et sternum euelles
ad extremitates Cartilaginum in costis, vt fieri
solet in administratione Anatomica, et diligen-
ter cauebis offendere in separatione Clauiculæ
à sterno truncum Cauæ et axillaris Venæ ; Cla-
uiculam remouebis vt conspectior sit insertio
Venæ Thoracicæ Lacteæ ad axillarem. Tum in
Thorace latus sinistrum Diaphragmatis supra
adhæsionem Cordis supernè deorsum resecabis,
et si impediat Venæ inspectionem, ipsum aufe-
res, et pulmones in latus dextrum reflectes alte-
rius manu, et persequendo istam Venam lacteam
vltra Diaphragma in Thorace ascendentem cor-
poribus Vertebrarum dorsi lateraliter adhære-
scentem euulsâ pleurâ, quæ ipsam tegit, de-
prehendes : quam sectaberis ad suam insertio-
nem, et obseruabis si ramos emittit vndiqua-
que in suo progressu. Idem perages, si reperia-
tur altera dextra Thoracica in dextro late-
re. Ergalia consistit in his instrumentis, quæ
parata sint ad manum, tribus vel quatuor spon-
giis mediocribus, quibus sanguinis effluuium,
quod vitari non potest spongiabis, nouacula,
scalpello, forfice, acubus incuruis, filo forti, sty-
lo vncato ad attollenda vasa, duobus scalpellis
buxeis, vel eburneis tenuissimis, quibus potius
vtendum quam ferreis, sed nullus nisi exerci-
tatus peritè hanc Enchirisim administrabit so-
lus, alteri rectè operanti sedulus adstare debet.
Hæc vera est administratio Anatomica inuesti-
gandi et demonstrandi Venas Lacteas, tam
Page 48, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
1. Ad Ioannem Pecquetum.
Mesentericals quàm Thoracicas.Quod spectat ad protusionem {a} et effusionem
Lactei Chyli in Venam Cauam vsque ad Cor,
est impossibilis in cane viuente, quia ex Pecqueto,
pag. 86. vbi aperto Thorace motus animalis
extinctus est, desinunt Lacteæ prorsus tu-
gescere.
- Sic pour : protrusionem (errata).
Page 49, Ioannis Riolani Responsiones duæ.
responsio altera ;
ad pecquetum
et pecquetianos
doctores duos parisienses,
aduersus Sanguificationem in Corde.immoderata est omnissuceptarum voluntatum pertinacia, et inde-
flexo motu aduersandi studium persistit, vbi
non rationi voluntas subiicitur, nec studium
doctrinæ impenditur : sed iis, quæ volumus, ra-
tionem conquirimus, et iis quæ studemus, do-
ctrinam comparamus. Iámque nominis potiùs,
quàm naturæ erit doctrina, quæ fingitur, et iam
non manebit veri ratio, sed placiti, quam sibi
voluntas magis ad defensionem placentium co-
aptauit. D. Hilarium, 10. lib. de Trinitate.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
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