Page 188, Qui semel verecundiæ fines transilierit, hunc gnauiter impudentem esse oportet : [2][3] le lecteur en verra la vérité dans ce chapitre où l’auteur veut faire croire que « Riolan craint de s’attirer l’opprobre et le mépris de la Faculté de Paris [4] (ce qu’il a ajouté en voulant parler de lui-même) parce qu’il a écrit contre Pecquet » ; [5] et il en déduit que « grande est la force de la vérité », qui a poussé Riolan à un tel aveu. [3]
« Grande est la force de la science, déclare Riolan au tout début de sa Responsio, [6] en présageant que, pour son élan non moins puissant que singulier, il aura raison de craindre l’opprobre et le mépris de la Faculté de médecine de Paris, dont il est le plus ancien des collègues, [7] parce qu’il engage le combat contre les Experimenta anatomica nova. Tout comme il s’est précédemment attaqué au très savant Harvey, en s’opposant aux preuves très manifestes que ses nombreuses observations ont apportées sur la circulation du sang, [8] il conteste ce livre avec tout autant de conviction et met en pièces ce qui y est dit des voies thoraciques du chyle. » [9]Nier qu’on voit les canaux thoraciques, c’est [Page 90 | LAT | IMG] se battre contre la nature et refuser de croire ce qui saute aux yeux. [4] Riolan ne conteste pas la réalité de vos lactifères, mais seulement leur fonction : il l’a répété cent fois, et tu chorda semper oberras eadem. [5][10] Ils existent manifestement, bien qu’il n’y en ait souvent qu’un, mais ils ne servent pas à conduire le sang dans le cœur pour que la sanguification s’y accomplisse. [11]
« Pereycus, bien que bon peintre, a été méprisé pour n’avoir pas cessé de représenter des boutiques de barbier et des ânes. [12][13] Cela dit, moi, dont on a depuis longtemps admiré les travaux en anatomie, qui l’ai professée depuis cinquante ans en l’Université de Paris, laquelle est très célèbre par toute l’Europe, et qui ai enfin obtenu, par la grâce de Dieu, le rang honorifique de doyen par ancienneté de notre Faculté, je n’ai pas tort de craindre qu’on me couvre d’opprobre et de honte quand, après la joute, ou plutôt l’amicale discussion que j’ai engagée avec le très savant et habile anatomiste anglais Harvey, qui est de même âge que moi, j’entreprends maintenant un nouveau combat contre un jeune homme faiblement armé, “ qui n’a pas encore dépassé ses premières années de jeune adulte ”, comme en attestent ses lettres de recommandation, [14] et qui n’est donc encore qu’un adolescent. » [6]Après cela, l’auteur se répand en louanges de Pecquet, comme s’il y avait un prix à gagner à le glorifier : [15] « Les multiples observations de ce sagace jeune homme ont révélé que le chyle, ou suc blanc que vient d’engendrer la digestion des aliments dans le ventre, monte dans deux [Page 91 | LAT | IMG] canaux situés de part et d’autre de la cavité thoracique. Sans autre intention que d’aider ceux qui viendront après lui, il a décrit une réalité que ni la médecine ni la physique n’avaient jusqu’ici révélée à aucun mortel. En prenant la nature pour maître, il a écrit que les anatomistes et les philosophes de tous les siècles qui l’ont précédé se sont trompés et que cette partie de la physiologie animale avait entièrement échappé à leurs regards. » Je soutiens, moi, que les approbateurs du livre pecquétien se sont honteusement égarés et tout à fait trompés quand ils affirment avoir vu les aberrations qui y sont démontrées, comme je l’ai remarqué, parmi d’autres impostures de Pecquet. [7][16]
Page 189, « En vain, Riolan menace du fouet de sa censure et entreprend de le confondre en l’accusant d’arrogance et d’impudente forfanterie, mais surtout en ajoutant que, pour attiser leur jalousie, il a bravé tous les anatomistes. » Il n’y a aucun écrit plus impudent et plus enflé de forfanterie et d’arrogance que l’épître dédicatoire de Pecquet : [17] il y insulte tous les anatomistes et médecins en affirmant que tous se sont trompés, ce que, quant à vous, vous soutenez.
Page 190, « Si Riolan s’est permis de clamer et vanter sa science en maints endroits de ses livres, il a dépassé les bornes de la modestie quand il s’est établi comme le plus puissant athlète de l’anatomie, et même comme un roi capable de rivaliser avec Alexandre le Grand. » [8][18] Que ce badinage est donc ridicule et insipide, pas un grain de sel, mais beaucoup de fiel ! Jamais Riolan ne s’est tenu pour le premier de tous les anatomistes, il a toujours parlé de lui-même avec humilité. Il n’a pas écrit d’animadversions pour insulter les auteurs morts et vivants, ni par mépris ou dégoût de leurs travaux, afin de louer et mettre en avant les siens. Jamais encore cette ambitieuse et folle manie [Page 92 | LAT | IMG] d’écrire, et cette maligne démangeaison de dénigrer ne lui ont frappé et ruiné l’esprit. J’ai dit la même chose dans la préface de mes Animadversions sur l’Anatomie de Du Laurens. [9][19]
Si le voulais badiner, je vous affirmerais que je pourrais discuter d’anatomie avec les rois d’Égypte qui, au témoignage de Pline, ouvraient les corps des morts pour y chercher les maladies, car ces petits rois étaient médecins, comme la Sainte Écriture le prouve dans Isaïe où, quand le peuple lui demande Esto Rex noster, il répond : Medicus non sum, nec in domo mea panis est, neque vestimentum. [10][20][21][22]
Bien des gens ont blâmé et provoqué Harvey, mais il n’a voulu répondre à personne, hormis à Riolan parce qu’il faisait bien plus grand cas de ses animadversions que de celles émanant des autres, comme il l’a déclaré au début de sa Réponse à Riolan ; [23][24] intrépide, j’ai engagé le combat et il m’aura valu de la gloire si Æneæ magni dextrâ caderem. [11][25][26]
Magna dabit nobis tantus solatia victor,
Nec tam turpe foret vinci, quam certasse decorum. [12][27]Page 190, « Pecquet ne se glorifie pas de sa découverte, dont il confesse qu’il l’a reçue comme un présent de la divine Providence, dévoilant un splendide trésor à un ignorant. Il ne fait pas injure aux autres anatomistes, mais attribue leur ignorance, à l’infortune de l’humaine condition. » Riolan lui objecte légitimement que Tu es gallinæ filius albæ,
Nos viles pulli, nati infelicibus ouis. [13][28]« Dans les livres qu’ils ont écrits avec autorité sur les lactifères thoraciques, maints auteurs qui professent dans les universités fleurissantes d’Europe et ont hautement mérité de l’anatomie, ont publiquement félicité Pecquet : [Page 93 | LAT | IMG] tels ont été Bartholin au Danemark [29] et Guiffart en Normandie. » [30] Hormis ces deux-là, vous ne pouvez en citer d’autres. Bartholin, dans son livre sur les lactifères loue sa découverte, [31] mais blâme sa description, sa manière d’écrire [32] et bien d’autres choses que j’ai tirées des éloges qu’il lui a adressés. Guiffart critique les explications mécaniques du dit Pecquet, sans oser s’opposer nettement à lui, dont le silence vaut approbation de ces animadversions.
Après avoir été reçu docteur de Montpellier, [33] il y a sottement montré son invention dans l’amphithéâtre anatomique, [34][35] mais on l’a sifflé et mis dehors. Il a passé cela sous silence, se contentant de nommer Martet, anatomista (pour reprendre le mot barbare qu’il emploie) de Montpellier, à qui il a appris la manière d’explorer les lactifères thoraciques, « en présence du très illustre (les dieux me pardonnent !) Rivière, professeur royal », lequel n’a approuvé ni sa découverte, ni son livre, tout comme les autres professeurs à qui il en a fait la demande. [14][36][37][38] Les médecins de toutes les régions de France, qu’ils soient professeurs d’université ou agrégés au collège d’une grande ville, lui ont opposé le même refus, mis à part deux docteurs de Paris dont il a obtenu (on ne sait comment) qu’ils le défendent et soutiennent. [39][40] Tous les médecins ont cru bon de se tourner vers Riolan, professeur royal d’anatomie natif de Paris, depuis longtemps admiré pour ses ouvrages ; et après la parution de sa première Responsio, personne n’a plus voulu se porter garant de toutes ces sornettes ; même le susdit Guiffart est resté silencieux après qu’il a vu la remontrance de Riolan, dont il a été l’élève.
Page 190, « Riolan est le seul à accuser Pecquet, [Page 94 | LAT | IMG] alors qu’il a particulièrement souhaité l’honorer en prônant ses talents. » Je ne doute pas que c’est ce qu’aurait fait Pecquet si l’auteur de la première lettre [41] ne l’en avait dissuadé, quand il a jugé Riolan indigne de ces mystères d’Éleusis ; [42] car naguère Pecquet fréquentait la maison de Riolan, qui le recevait volontiers et, voyant son intérêt pour l’étude de l’anatomie, l’aidait à résoudre les questions qu’il lui soumettait.
Page 191, « Riolan désire rabaisser ce jeune homme jusqu’à médire de la jeunesse tout entière. » Où ai-je donc médit de la sorte ? J’ai cependant dit que « ramené au rang de simple soldat », je vais débattre avec lui et « sans égard pour ma dignité de vieillard, je descendrai dans l’arène ». Ainsi Oreste, dans Euripide, s’apprêtant à lutter contre un vieil homme, redoute-t-il son aspect, et lui demande-t-il de couper sa barbe ou de la cacher. [43][44] L’autre suppôt pecquétien saisit là une occasion de plaisanter : Comme si le vieux Riolan avait pu se transformer en jeune homme, et retrouver ensuite sa dignité sénile. [15] Riolan ne s’est jamais teint la barbe et les cheveux, ni fardé le visage ; il sait bien ce que Martial a écrit contre ceux qui se masquent ainsi :
Mentiris Iuenem, tinctis, Lentine, capillis,
Tam subitò coruus, qui modò cygnus eras ?
Non omnes fallis, scit te Proserpina canum,
Personam capiti detrahet illa tuo. [16][45][46]En outre, Riolan n’a jamais dissuadé les jeunes d’étudier l’anatomie ; il y invite et exhorte, au contraire, tous les philiatres ; il leur a inculqué ce dessein à maintes reprises, comme au début de son Anthropographie, [47] ou dans son commentaire du livre de Galien sur les Os : [48] [Page 95 | LAT | IMG] Lubenter patiar ob assiduum artis Anatomicæ studium, mortuale glossarium me vocari, non mutum et elingue, sed vocale, omnes Medicinæ studiosos ad studium Anatomicum inuitans et conuocans. Je renvoie encore le lecteur au chapitre xvi, livre i, où je démontre que l’anatomie demande à être étudiée dès la jeunesse et qu’un esprit bien formé y brille plus qu’un esprit grossier. [17] À vrai dire si les zélateurs pecquétiens avaient été instruits de la sorte, ils auraient de plus sûrs jugements sur cette discipline.
Pages 191-192, pour toutes les insultes dont vous avez voulu honteusement flétrir un vieillard, je vous réponds ce que j’ai déjà dit : « L’âge, selon Plaute dans le Trinummus, est le condiment de la sagesse » [49] car, selon Platon dans Le Banquet, « l’œil du corps s’affaiblit quand celui de l’esprit resplendit ». [18][50][51][52] Ailleurs dans Platon, un prêtre égyptien réprimande et blâme élégamment les Grecs : « Vous autres Grecs, vous serez toujours des enfants jeunes d’intelligence, vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité ; vous n’avez de goût que pour la nouveauté. » [53] « Ceux qui sont conscients de leur ignorance, dit Aristote, admirent ceux qui leur parlent de grandes choses dépassant leur faculté d’entendement » : voilà dépeints les disciples du très audacieux Pecquet, qui se prononce hardiment sur la fonction de ses veines lactées thoraciques, en disant qu’elles assurent la sanguification dans le cœur. Si, selon Aristote, « le jeune homme est peu apte à étudier la philosophie morale, parce qu’elle n’est pas fondée sur la connaissance, mais sur l’action », il pourra beaucoup moins encore maîtriser quoi que ce soit de nouveau en [Page 96 | LAT | IMG] médecine, science qui ne s’acquiert pas sans longues pratique et expérience.
Aristote, dans son Éthique, livre vi, chapitre viii, écrit que les jeunes gens peuvent devenir d’excellents géomètres, mathématiciens et musiciens (comme est Pecquet), mais ne sont pas capables de devenir prudents. [19][54] Hoc enim præstare quod in rebus agendis præcipuum est, non est munus Iuuenum, sed seniorum, qui præter cæteros excellunt intellectu, iudicio, experientiâ, rationis lumine, et summa circumspectione. [55] Annorum multitudo docet sapientiam, dit Job au chapitre 32. [56] Senilis authoritas maior est, quod plura nosse et vidisse creduntur, dit Quintilien, [57] qui est ce dont Job se glorifie avec humilité au chapitre 29 ; et saint Jérôme écrit dans ses Lettres : Senex crescente sapentia fit doctior, et veterum studiorum dulcissimos fructus metit. [58] Euripide, Les Phéniciennes :
Non prorsus omnibus grauis premitur malis
Fili, Senectus ; huic temporis longinquitas
Tribuit experientiam, acrior hinc senum
Quam Iuniorum orationis est vigor. [20]Je terminerai cet article à la gloire de l’âge mûr avec une très jolie phrase de L’Ecclésiastique : « Quelle belle chose que le jugement joint aux cheveux blancs et, pour les anciens, de connaître le conseil ! Quelle belle chose que la sagesse chez les vieillards et, chez les grands du monde une pensée réfléchie ! La couronne des vieillards, c’est une riche expérience, leur fierté, c’est la crainte du Seigneur. » [21][59] Le jeune Pecquet s’est donc témérairement prononcé sur la nouvelle fonction du cœur, et c’est sans raison ni jugement que les docteurs pecquétiens de Paris le soutiennent. « L’usage, ce sont les hommes qui l’ont établi pour eux-mêmes, ne sachant pas sur quoi ils statuaient et [Page 97 | LAT | IMG] sans être capables de comprendre ce qu’entendent les devins ; qui est instruit juge certes toujours correctement, mais celui qui ne l’est pas juge tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre », dit Hippocrate au livre i du Régime. [22][60]
Avant d’examiner ce troisième chapitre, je ferai une digression : puisque telle est la première défense qu’oppose le docteur Mentel et afin que nous luttions à armes égales, je désire lui soustraire les titres de noblesse dont il se pare en se disant gentilhomme et très noble arrière-petit-fils de celui à qui le monde est redevable de l’imprimerie. Ses armoiries ne m’intimideront pas car elles sont controuvées : ses ascendances sont rustiques, il est né de parents très pauvres dans le village de Bussiares, à côté de Gandelu, ville située à quatre lieues de Château-Thierry ; [23] c’est donc en l’air qu’il se targue d’être gentilhomme, en se prétendant issu de Mentelin, inventeur de la typographie, [62] qu’il dit avoir été anobli par l’empereur germanique et honoré de titres ronflants. Que ce pauvre Arpinas [63] se contente donc du prestige que confère celui de docteur en médecine de Paris, puisque, comme ses collègues, c’est sa seule noblesse et son unique distinction : Nobilitas sola est, atque vnica virtus ; Nam genus et Proauos, et qua non fecimus ipsi, vix ea nostra voco. [24] Bien qu’il soit son ami, l’honnête et très savant Gabriel Naudé [64] n’a pu supporter que Mentel s’arroge et se flatte ainsi de titres vains et futiles : il a écrit sur Mentel inventeur de l’imprimerie, et remarqué dans ce qu’il a publié peu avant de mourir que l’autre Mentel a menacé de lui répondre. Si sa [Page 98 | LAT | IMG] fable lui plaît, que Mentel imite donc ces vers d’Accius le Tragédien :Argos me conferam, nam illic sum Nobilis,
Nec cui cognoscar noto. [25][65]Mentel a assuré la publication du livre de Pecquet et l’a présentée comme sienne à Naudé ; lequel, quand il a vu que la sanguification y était attribuée au cœur, et non plus au foie, [66] lui a demandé à ce qu’en pensait Riolan ; à quoi Mentel a répondu : « Nous n’avons pas besoin de son approbation car la mienne et celle de Mercenne suffisent ; je suis aussi compétent que Riolan en anatomie et j’ai assisté plus de dix fois aux démonstrations de Pecquet. » À quoi Naudé a reparti : « Je n’y croirai jamais si Riolan ne l’a pas approuvé, car je le tiens pour un juge et arbitre impartial en la matière, et il faut croire ceux qui connaissent le mieux cette discipline. » Voilà ce qu’il m’a fidèlement et sincèrement relaté, mais non sans indignation et en m’invitant à rédiger une Responsio, comme j’ai fait, sur son exhortation. Cela a pourtant ravivé en moi l’irritant souvenir du témoignage que Mentel avait produit à mon sujet dans un petit discours qu’il avait publiquement prononcé devant les Écoles de médecine à l’occasion de son doctorat, [67] et m’avait dédié, disant : « Aimez-vous l’anatomie ? Alors voyez, observez, consultez Riolan, lui qui m’a formé, lui qui est le premier des anatomistes qui ont jamais existé, existent ou existeront ! Il est généreux, conforme à l’esprit d’Hippocrate et authentiquement modeste, ajoutait-il, de reconnaître ceux qui vous ont permis de progresser. Et dans mon cas, très docte Riolan, c’est vous qui en occupez la première place ; et sauf à me couvrir d’opprobre, je n’ai pu m’empêcher de proclamer que tous les médecins, même les plus habiles, et ceux qui viennent d’autres pays, ambitionnent l’honneur de vous avoir eu pour maître. De nos jours, il est honteux qu’un médecin [Page 99 | LAT | IMG] ne puisse pas proclamer qu’il a appris son métier en observant l’aigle des anatomistes et que ses conseils l’ont aidé à acquérir un renom. Puisque c’est ce que m’ont procuré ses enseignements, privés comme publics, sans m’efforcer de tirer indûment ma gloire de la vôtre, je vous vénère et admire pour m’avoir guidé l’esprit dans l’étude de la médecine, etc. » [26]
Pour en revenir aux inventeurs de l’imprimerie, j’en ai trouvé trois : certains pensent qu’il s’agit de Johannes Gutenberg, [68] Allemand originaire de Mayence ou de Strasbourg, en l’an 1440, ou de Johannes Faustius, [69] la même année ; d’autres, que ce fut Laurentius Costerius, [70] à Haarlem, comme le démontre le très savant Marcus Zuerius Boxhornius. [27][71] Mentel, docteur de Paris, a ressuscité Mentelin en puisant dans le chapitre lxv de l’Historia Germanica de Wimphelingus, où, parlant de la nouvelle invention de l’imprimerie, il l’attribue à Johannes Gutenberg de Strasbourg et ajoute : Interea Ioannes Mentelin id opificij genus incœptans, multa volumina castigatè ac polite imprimendo, factus est breui opulentissimus. [28][72] Mentel en fait donc son ancêtre et l’a confirmé par un brevet royal que lui a procuré M. de La Chambre, [73] très habile et savant premier des médecins ordinaires du roi, qui sert auprès de Monsieur notre très illustre chancelier. [74] Si vous voulez lire le jugement du très distingué M. Gabriel Naudé, je l’ai joint à la fin de cette Responsio. [29]
J’avais d’ailleurs acheté à Cologne un nobiliaire germanique en deux tomes, tirés du cartulaire de la Chambre impériale, rédigés en allemand et imprimés dans un format oblong à la façon des cahiers de musique, avec les armoiries, [Page 100 | LAT | IMG] mais je n’y ai pas trouvé d’insignes de noblesse au nom de Mentel ou Mentelin. Ceux que l’empereur aurait, selon vous, accordés à l’imprimeur Mentel sont donc faux et inventés. Contenez-vous donc, comme s’en glorifiait Cicéron, virtute tuâ Maioribus tuis præluxisse. [30][75]
Eutrapelus cuicumque nocere volebat,
Vestimenta dabat preciosa, etc. [31][76]Je vous souhaite semblable fortune, qui convienne à votre noblesse. Celle de Mentel ne donne donc pas plus de vigueur à son témoignage et à son avis sur la découverte de Pecquet qu’au jugement des médecins de Paris.
Vous savez, Monsieur Pecquet, qu’en raison de notre différence d’âge, contentionis funem scidisti : [32][77] comme si l’esprit du bienfaisant chef des péripatéticiens [78] sur l’immensité de la nature avait migré dans le vôtre, vous avez prouvé par vos sens et votre raisonnement que le cœur est l’officine de la vigueur vitale et l’échanson du sang.Quiconque suit l’opinion reçue et transmise depuis la nuit des temps vous demandera ce qu’il advient désormais du foie. [79] Il s’appuie naturellement sur l’estomac, [80 pour favoriser la coction des aliments que nous avalons, comme en les embrassant de son amicale chaleur ; mais surtout, il extrait du sang bilieux qui lui parvient par la veine porte [81] l’humeur âcre qu’il recrache dans la vésicule qui est au-dessous de lui ; [82][83] et puisque l’ordre de la nature de demande, elle s’en va ensuite dans les intestins.
Voici qu’alors vous, jeune docteur pecquétien, voyez les défenseurs des canaux thoraciques [84][85] statuer que le chyle [Page 101 | LAT | IMG] est reçu par le foie, et reconnaître ainsi les mêmes facultés et fonctions hépatiques que Riolan. Vous énoncez donc des faussetés qui sont contraires à l’opinion que vous exposez à la page 239 : « Jamais le principal et premier viscère de l’économie naturelle ne sera dessaisi du droit et pouvoir de fabriquer le sang, il sera toujours le siège de cette faculté vitale, toujours l’officine de la sanguification à qui le foie permet de demeurer saine et sauve, mais qui est lésée dès qu’il est malade. » Tels sont vos propres mots. [33][86][87][88]
Mentel n’a pas voulu abandonner sa première sentence sur la fonction des lactifères car c’est lui qui l’a conçue et mise en avant : « un confluent placé à la racine du mésentère » et il lui a sauté aux yeux, écrit-il dans la seconde édition de sa lettre, « en l’an 1629, ayant ouvert l’abdomen d’un molosse à la recherche des veines lactées », en se rappelant « les avoir bien montrées aux philiatres », et en établissant ainsi que c’est lui qui a découvert le réservoir du chyle. [34][89] Pecquet n’a mis au jour que les lactifères thoraciques, et l’honneur d’avoir le premier vu le réservoir revient à Mentel, mais il n’a pas voulu s’en déclarer auteur, préférant choisir un jeune médecin de Rouen [90] pour trompeter à la fois son réceptacle et son éminente noblesse. [29][91] Voici comme ce jeune docteur parle de Mentel à qui il a dédié son opuscule, qui l’a lui-même composé : « Là encore, se voit comment vous avez hérité de votre illustre ancêtre (à qui nous devons l’imprimerie) le don de découvrir les secrets et les mystères enfouis dans le monde souterrain. N’étant encore qu’un imberbe Apollon, [92] un simple bachelier, [93] mais élu archidiacre [94] des philiatres en l’an 1629, l’occasion vous fut offerte de discourir sur les lactifères d’Aselli ; [95] dans l’amphithéâtre d’anatomie, [96] vous avez alors ouvert le ventre d’un chien qu’on avait par hasard nourri, [97] et sous les regards de tous, en parvenant fort heureusement [Page 102 | LAT | IMG] à disséquer les veines lactées jusqu’à leur terminaison, voilà qu’admiré par l’auditoire et sous ses acclamations, vous avez découvert le réservoir du chyle ; et en 1635, ayant hautement mérité de devenir professeur de chirurgie, [98] au même endroit et dans les mêmes circonstances, vous dévoilez ledit réservoir du chyle devant une foule d’étudiants de cette discipline ; cela n’a pas manqué de témoins oculaires, comme en fit notamment foi un chirurgien parisien du nom de Fournier. [99] En 1647, le chirurgien Gayan [100] a fait la même démonstration et Pecquet en personne y a assisté, [101] comme en témoigne la lettre qu’il vous a envoyée, datée du 2 août 1650. La doctrine pecquétienne doit vraiment beaucoup à votre heureuse découverte. »
Jusque-là, ce jeune médecin chante bien plus haut les louanges de Mentel que de Pecquet, non sans soupçon que Mentel en ait été l’instigateur ou le promoteur, car il ne voulait pas, comme Iapix dans Virgile,
————— mutas agitare inglorius artes. [102]Au même endroit, on lit que quand Riolan a dit vouloir que Pecquet prît l’avis de ses aînés, Hyginus Thalassius voulait parler de lui-même. [35] Je n’ai pourtant mentionné cela nulle part, et si Pecquet avait agi de la sorte, je l’aurais bien et sainement conseillé en lui disant qu’il devait se contenter d’avoir trouvé les lactifères thoraciques, en se gardant absolument de se prononcer sur leur fonction, dans le transport du chyle vers les ventricules du cœur.
Page 197, « Il ne se soucie guère des autres anciens maîtres qui n’ont pas été consultés et que Riolan appelle circulateurs. » Je n’entends nullement faire injure en appelant colporteurs forains ou charlatans les médecins pragmatiques, comme ont fait Sénèque, Galien et les jurisconsultes ; et sous le nom de pragmatiques je comprends ou désigne tous ces médecins, ou plutôt tous ces médicastres qui aujourd’hui, par l’excessive indulgence de Thémis, [103] [Page 103 | LAT | IMG] en quelque façon qu’ils exercent le métier à Paris, le sont presque tous, et leur nombre égale presque celui des docteurs de la Faculté. [36][104][105]
Et c’est pourquoi lesdits pragmatiques ont montré du doigt Riolan, comme il l’a lui-même remarqué dans sa lettre de consolation à Harvey : Multi nostros labores legunt, tanquam nænias et fabulas, nec tamen audent iis contradicere. Nos etiam appellant Circulatores per contemptum et Ironiam, credúntque nobis plurimum illudere et obstrepere hoc sarcasmo, quod mihi passim obiicitur. [37] En nos Écoles de médecine, certains membres malveillants du parti antimonial [106] l’ont aussi traité de circulateur quand a été publiquement disputée sa thèse sur la circulation du sang. [107] Si mundus omnis Histrionam exercet, comme dit Pétrone, [38][108] la charlatanerie est partout en vigueur et règne en maître parmi les médecins, puisque chacun fait commerce de ses miraculeux remèdes.
Page 197, vous me reprochez d’avoir dit que Fernel, le plus grand des médecins, « établit le foyer de la fièvre dans les grands vaisseaux qui cheminent entre les aisselles et les aines ». [39][109][110] Je ne l’admets pas car si le sang, selon Hippocrate, est en perpétuel mouvement et si on admet la circulation harvéenne, il est impossible de situer le foyer de la fièvre dans lesdits vaisseaux. Mon regretté père, Jean Riolan, [111] a critiqué la Physiologie de Fernel et contre son livre sur les Causes cachées des choses, [112] mais aucun médecin ne s’en est offensé. [40]
Hormis l’anatomiste Riolan, un des médecins de Paris s’est-il opposé aux atroces insultes qu’Hofmann [113] a proférées contre Fernel [Page 104 | LAT | IMG] et contre le renom de leurs propres livres ? Riolan a été modéré quand il a parlé de la copieuse saignée, [114] sans traiter les médecins de Paris d’assassins, comme fit jadis Louis Duret, à la page 252 de son commentaire sur les Coaques d’Hippocrate. [41][115][116]
Page 197, quant à Hippocrate, vous ne savez pas que maints auteurs interprètent les livres des Épidémies comme traitant de ses pérégrinations et non des maladies qui se répandent dans la population : le fait est que puisqu’il était confronté à peu de malades dans son île de Cos, [117] il se trouva contraint de voyager ; mais lors de ces expéditions, comme il était encore jeune, il disposait de peu de remèdes à prescrire aux patients ; conscient pourtant que la nature guérit de nombreux maux, il aurait su que les traitements intempestifs perturbent très souvent son élan spontané. [42][118]
Votre autre citation est tirée de Celse, [119] au début du livre iii, et qui aura lu mon livre sur la Circulation du sang, pages 586‑587, prendra bonne note des contradictions de Galien, [120] et du jugement que Fernel a porté sur la pratique et la thérapeutique galénistes. Quiconque possède mon livre, ou se le fait prêter par d’autres, ne regrettera pas d’avoir lu ces passages. [43]
Mentel a vraiment été fort hardi, dans sa lettre, quand il a écrit : « Galien s’est montré plus empressé à contrer Aristote qu’à chercher la vérité, comme dans la légèreté des arguments auxquels il a recouru. » [44]
Page 198, au sujet des lettres que des docteurs de Paris ont écrites à Emilio Parisano, [121] Riolan n’a nommé aucun d’eux car il croit qu’elles sont factices et qu’ils n’en sont pas auteurs ; et dans le cas contraire, il s’en serait plaint auprès d’eux parce qu’ils auraient alors loué un homme qui ignore [Page 105 | LAT | IMG] l’anatomie pour signifier leur mépris envers Riolan ; [45] et je le qualifie d’ignorant après que d’autres Italiens et Anglais ont porté le même jugement sur lui.
Pour ce qu’Hyginus Thalassius écrit à propos de Guy Patin « qui a mérité autant de gifles qu’il y a de vers dans son épigramme », j’ai emprunté cela à l’épître dédicatoire qu’Hofmann avait écrite à M. Patin, où il lui parlait du très long poème qui précède le premier livre de Parisano, de Subtilitate. [46] Que ces reproches sont ineptes, leur dessein n’étant que de trouver matière à diffamer Riolan !
Page 199, il est parfaitement faux et mensonger de me reprocher de m’être moqué de l’École « semistibiale et semistygiale » dans mon épître dédicatoire. [122] Jamais je n’ai dit cela, et en voici la transcription fidèle : Præstantissimis Medicis Doctoribus Scholæ Medicæ Parisiensis Orthodoxis, Hippocraticæ Medicinæ cultoribus, neutiquam stibialibus et stygialibus. [123] En déduisez-vous que ladite École a été « semistibiale et semistygiale » ? C’est vous-même qui la proclamez telle et le confirmez en approuvant l’antimoine, afin de passer pour « stibialissime », et qu’on vous tienne pour le coryphée de cette faction. [47]
Page 199, ma plainte ne touche pas à l’existence des veines lactées, mais au transport du chyle vers le cœur par ces canaux, pour y être converti en sang. Si vous me démontrez cela, comme à d’autres savants, herbam tibi porriget ; [48] sinon, je vous déclarerai, vous et votre associé, imposteurs et faussaires que la charlatanerie de Pecquet a dupés en vous faisant voir des choses impossibles.
Puisque Charles Le Noble, très docte médecin et habile anatomiste de Rouen, [Page 106 | LAT | IMG] a remué cette affaire en examinant des cadavres humains, [124] en Rhodus, en saltus ! [49] Que dans l’amphithéâtre de la Faculté, en présence de Riolan et de leurs autres collègues, les docteurs pecquétiens de Paris démontrent donc les lactifères thoraciques : leur origine, leur trajet jusqu’aux axillaires, [125] l’écoulement du liquide lacté qui en descend vers le cœur. Je vous somme d’y procéder pour me faire taire, sans plus raconter que je n’ai pas voulu assister à une telle démonstration. Nulla ætas nimis sera est ad discendum, addiscens semper plurima fio senex, pour m’exprimer comme Solon ; [126] et si j’avais un pied dans la barque de Charon, je voudrais encore m’instruire avant de mourir. [50][127]
Même page. Le panégyriste de Pecquet se remet à recommander son talent et son livre : « Pecquet n’est certes ni docteur ni médecin de Paris », mais c’est le titre dont Bartholin l’a honoré. « Il ne doit pas pour autant être privé des honneurs que lui vaut sa remarquable découverte » : j’en conviens si vous en ôtez ce qu’il dit de la sanguification.
Page 200, « Pecquet ne peut pourtant pas être tenu pour entièrement étranger à la Faculté de Paris, car il se glorifie d’en être le disciple, comme furent Foes, [128] Du Laurens et d’autres fort illustres médecins de ce siècle. » Vous auriez dû indiquer où il a dit cela ; vous rabaissez la gloire de ces médecins quand vous les comparez à Pecquet.
Même page. S’il « n’est pas étranger », Pecquet mériterait donc d’être légitimement intégré et agrégé à la Compagnie des médecins de Paris. Dans Cassiodore, livre iii, lettre xxxiii, non iudicari potest extraneus, qui bonarum artium est alumnus ; et ailleurs, Nulli fuit ingrata Roma, quæ dici non potest aliena. [51][129] Voilà pourquoi les Pecquétiens le jugent digne [Page 107 | LAT | IMG] du titre de docteur de Paris.
Même page. « Pecquet a reçu le grade de maître ès arts et de nomination » : une fois acquittés les droits de scolarité qui doivent l’être, ce titre est octroyé à quiconque le demande ; s’il avait voulu, il aurait ensuite pu devenir docteur en l’un et l’autre droit.
Parce puer quæso, ne turpis fabula fias,
Cùm tua ridebunt vana magisteria. [52][130]Vous auriez pourtant dû passer sur sa nomination, car cela fait connaître le gibier et la ruse du Normand qui aspire à se procurer des bénéfices ; mais dans l’errata, vous avez sottement ajouté « les privilèges qui y sont attachés ». [53] « Il a accompli ses expériences à Paris » sous les yeux de Mentel et Mercenne, docteurs de Paris, « la découverte de Pecquet ne doit donc pas être tenue pour étrangère ». L’Université de Paris doit se glorifier de cette découverte qui a été faite dans ses murs, sur des chiens, par le très ingénieux Pecquet.
Même page. « Qu’est-ce pourtant que ce censeur perpétuel trouve à condamner dans les lettres qui ont été écrites à Pecquet ? Il serait long de défendre séparément chacune d’elles, et cela dépasserait le temps dont je dispose. » Qui a défini le temps qui vous était prescrit ? Vous énoncez manifestement là ce que vous avez tiré de quelque déclamation. [54] Si vous aviez pu défendre les plus de trente notables erreurs anatomiques de Pecquet, vous n’auriez pas manqué de le faire ; mais ni lui-même ni vous, qui êtes pourtant plus compétent que lui en anatomie, n’avez été capables de répliquer.
Même page. Si Mentel, l’auteur de la première lettre, avait pu venir à bout de ce que vous appelez mes gloses, il vous y aurait communiqué ses remarques, de manière à estimer, en y ayant répondu, avoir en grande partie satisfait à votre satire. Turpis res elementarius senex, dit Sénèque, mais cette citation est mal adaptée à sa défense [Page 108 | LAT | IMG] si on y ajoute ce qui la précède dans sa même lettre xxxvi à Lucilius : Quid ergo ? aliquod est quo non sit discendum ? minimè : Sed quemadmodum omnibus annis studere honestum est, ita non omnibus institui, turpis et ridicula res est elementarius senex, iuueni parandum, Seni utendum est. [55][131]
Mentel a été si content de sa lettre qu’il a pris soin d’en faire une impression séparée et de la distribuer à chacun des docteurs de la Compagnie. Elle est pourtant parée d’un honteux solécisme, que je n’ai pas voulu relever car Galien a conseillé de ne pas blâmer un médecin pour ses fautes de grammaire ; et il a écrit un livre contre ceux qui reprennent les médecins qui en commettent. [132] Mentel a supprimé cette erreur dans la seconde édition du livre de Pecquet. [56]
Jean ii Riolan s’est mis à insérer des intertitres, mais la cohérence de certains d’entre eux m’a échappé.
« Qui a une fois passé les bornes de la pudeur, est irrémédiablement voué à devenir effronté » : Cicéron Lettres familières, livre v, xii, avec transierit pour transilierit.
V. note [1], Brevis Destructio, chapitre i, pour ma difficulté à comprendre le latin d’Hyginus Thalassius à cet endroit.
Ma traduction de cette phrase a respecté l’italique du livre imprimé, bien qu’elle ne vienne pas des textes « pecquétiens » contenus dans notre édition.
« mais vous bronchez toujours sur la même corde », expression proverbiale venue d’Horace, Art poétique, vers 355‑356 :
et citharœdus
ridetur, chorda qui semper oberrat eadem.[et on se moque du joueur de cithare qui achoppe toujours sur la même corde].
V. notes [3]‑[5], préface de la première Responsio, pour le commentaire de cet extrait.
Jean ii Riolan a ici renvoyé à une page de sa première Responsio sans en préciser le numéro, et pour cause, car il y a employé quatre fois le mot impossibile [impossible, aberrant] pour rejeter les interprétations de Jean Pecquet sur le mouvement du chyle.
V. notule {a}, note [4], Brevis Destructio, chapitre ii, pour cette allusion à Alexandre le Grand dans la Responsio de Jean ii Riolan à William Harvey (1652).
V. note [29], Responsio ad Pecquetianos, première partie, pour un extrait de cette préface.
« Sois notre roi… Je ne suis pas médecin, je n’ai chez moi ni pain ni manteau », Isaïe (3:7) semble plus mystérieux {a} que Pline l’Ancien, Histoire naturelle, livre xix, chapitre xxvi, sur le raifort (Littré Pli, volume 1, page 724) :
Tradunt et præcordiis necessarium hunc succum : quando phtiriasin cordi intus inhærentem non alio potuisse depelli compertum sit in Ægypto, regibus corpora mortuorum ad scrutandos morbos insecantibus.« On dit encore que le suc en est nécessaire aux organes thoraciques, attendu qu’il a été reconnu en Égypte, grâce aux rois qui ouvraient le corps des morts pour scruter les maladies, {b} que le phtiriasis, {c} qui attaque le cœur dans l’intérieur, ne pouvait être guérir par aucun autre remède. »
- Tout devient plus clair si on remplace « je ne suis pas médecin » par « je n’ai pas le pouvoir de remédier à vos maux », c’est-à-dire à l’anarchie qui sévissait à Jérusalem au temps du prophète.
- Ce que dit Pline s’accorde avec ce qu’on sait de l’École d’Alexandrie, où Hérophile et Érasistrate (v. notes [15], lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet, et [9], Historia anatomica, chapitre iii) ont disséqué les cadavres à des fins médicales au iiie s. av. J.‑C., sous la dynastie des rois ptolémaïques, dont la puissance n’égalait pas celle des pharaons qui les avaient précédés.
- Phtiriase ou infestation du corps par les poux : v. note Patin 29/146.
« si je succombe sous le bras du grand Énée » : {a} Jean ii Riolan avait écrit contre William Harvey dans sa thèse de 1645, {b} puis de manière moins confidentielle, dans son Encheiridium anatomicum et pathologicum de 1649 ; {c} les échanges d’essais et de réponses entre les deux anatomistes parurent en 1649 et 1652. {d}
- Virgile, Énéide, chant x, vers 830.
- V. infra note [38].
- « Manuel anatomique et pathologique », v. note [8], Experimenta nova anatomica, chapitre i.
- V. note [14], première Responsio de Riolan, 2e partie ; v. note [2], Responsio ad Pecquetianos, deuxième partie, pour les amabilités pimentées de Harvey envers Riolan, au début de son premier Exercitatio.
« Un vainqueur de cette force nous procurera de grandes consolations, il sera plus glorieux de l’avoir combattu que honteux d’avoir perdu » : inversion et altération des vers 6‑7, livre ix, des Métamorphoses d’Ovide : {a}
Turpe fuit vinci, quàm contendisse decorum est :
Magnaque dat nobis tantus solatia victor. {b}
- Paroles d’Achéloos après le combat qu’il perdit contre Hercule.
- En mettant ces vers au futur (dabit pour dat, et foret pour est), Jean ii Riolan convenait qu’il allait probablement perdre contre William Harvey.
« Tu es le fils de la poule blanche, et nous ne sommes que de minables poussins issus d’œufs gâtés » : Juvénal, , 44‑45, v. note Patin 17/197.
Jean ii Riolan ne distinguait pas clairement les deux dissections des lactifères que Jean Pecquet a réalisées à Montpellier et dont notre édition a fait état.
Les Opera Medica Universa [Œuvres médicales complètes] de Rivière, professeur de Montpellier mort en 1655, ont paru à Lyon en 1663 (v. note Patin 1/734). Elles contiennent la dernière édition des Institutiones Medicæ [Institutions médicales] qui ont fait sa réputation européenne. La découverte de Pecquet n’y est pas citée et le chyle y est appelé Pituita alimentaria [Pituite alimentaire] (titre du chapitre iv, livre i, section i, pages 10‑11), sans explication détaillée des mécanismes de la sanguification.
Jean ii Riolan passait des propos de Jacques Mentel à ceux de Pierre De Mercenne, alias Hyginus Thalassius, mais j’ai mis sa citation en italique, et non entre guillemets, car il s’agit d’une interprétation de ce qui se lit à la page 191, chapitre ii de la Brevis destructio (v. ses notes [8] et [9]) : « chacun se demandera ici si Riolan n’aurait pas pu rajeunir, à l’instar de Pélias sous l’effet des sortilèges de quelque Médée… »
V. note [9], préface de sa première Responsio, pour l’allusion de Riolan à la confrontation d’Oreste à Tyndare dans Euripide, mais ce sont les cheveux blancs et non de la barbe du vieillard qui y impressionnaient son interlocuteur.
Épigramme iii, 43 complète de Martial, Contre Lentinus :
[Tu veux avoir l’air jeune, Lentinus, en te teignant les cheveux : de cygne, tu prends sur l’instant l’allure du corbeau. Pourtant, tu ne trompes pas tout le monde, Proserpine {a} sait que tes cheveux sont blancs et ôtera le masque que tu te mets sur le visage].
- Dans le mythe, Proserpine, épouse de Pluton et reine des enfers, personnifie la mort.
Jean ii Riolan renvoyait à trois parties de son Anthropographie. {a}
« Je souffre volontiers que mon intérêt assidu pour l’anatomie vaille à mon livre d’être appelé Glossaire mortuaire : il n’est ni muet ni silencieux, mais disert, invitant et incitant tous les philiatres à étudier l’anatomie. »
- Opera anatomica vetera et nova, Paris, 1649, v. Bibliographie.
- Kühn, volume 2, pages 732‑778.
V. notes [7] et [8], première Responsio de Jean ii Riolan, 3e partie.
Jean ii Riolan empruntait à deux philosophes antiques le prolongement de son propos sur les avantages de la vieillesse, contre la jeunesse de Jean Pecquet.
« Ils aiment beaucoup les Athéniens, et ils se disent de la même origine. Arrivé à Saïs, Solon, {b} comme il nous l’a raconté lui-même, fut fort bien reçu ; il interrogea les prêtres les plus instruits sur l’histoire des temps anciens, et il reconnut qu’on pouvait presque dire qu’auprès de leur science, la sienne et celle de tous ses compatriotes n’était rien. Un jour, voulant engager les prêtres à parler de l’Antiquité, il se mit à leur raconter ce que nous savons de plus ancien […], supputant le nombre des années et essayant ainsi de fixer l’époque des événements. Un des prêtres les plus âgés lui dit : “ Ô Solon, Solon ! vous autres Grecs vous serez toujours enfants ; il n’y a pas de vieillards parmi vous. ” “ Et pourquoi cela ? ” répondit Solon. “ Vous êtes tous, dit le prêtre, jeunes d’intelligence ; vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité. ” »
« Chacun juge bien de ce qu’il sait, là il se montre bon juge. Ainsi, quand on est instruit sur un sujet particulier, on en parlera avec compétence ; pour traiter d’une question d’ensemble, il faut avoir une culture générale. Pour cette raison, le jeune homme est peu apte à étudier la science politique, car il manque d’expérience sur la pratique de la vie. Or c’est sur ce point et à ce sujet que portent nos débats. Comme, de plus, il suit volontiers ses passions, il ne prêtera à ces études qu’une attention vaine et sans profit, puisque le but de la politique est, non pas la connaissance pure, mais la pratique. Peu importe d’ailleurs qu’on soit jeune par l’âge ou trop jeune de caractère, car ce défaut d’attention n’est pas facteur du temps, mais conséquence d’une vie dominée par les passions et obéissant à toutes les impulsions. Pour des êtres de cette sorte, la connaissance est sans utilité, comme pour ceux qui n’ont pas le contrôle d’eux-mêmes ; mais pour ceux qui règlent leurs penchants et leurs actions sur la raison, la connaissance de ces questions peut être très profitable. »
« Ce qui prouve la vérité de ce que nous disons, c’est que les jeunes gens peuvent devenir géomètres, mathématiciens, et même habiles dans ces sciences-là, {d} mais on ne les croit pas susceptibles de devenir prudents, parce que la prudence est relative aux circonstances particulières, aux objets de détail, qu’on ne peut connaître qu’à l’aide de l’expérience ; et un jeune homme est sans expérience car il n’y a que le temps qui donne cet avantage. »
- Traduction de Victor Cousin.
- Saïs est une ville du delta du Nil ; v. note [44], lettre de Samuel Sorbière (Sebastianus Alethophilus), pour Solon.
- Traduction de M. Thurot, 1824.
- Pour se moquer de Pecquet, Riolan y a ajouté les musiciens (mais dans les anciennes sciences, la musique était une branche des mathématiques).
Jean ii Riolan puisait dans six sources.
« L’essentiel pour briller dans la maîtrise du savoir n’est pas à la portée des jeunes gens, mais des anciens, qui les surpassent en intelligence, en jugement, en expérience, en clairvoyance et en profonde circonspection. »
Sperabam enim quod ætas prolixior loqueretur et annorum multitudo doceret sapientiam {b} sed ut video spiritus est in hominibus et inspiratio Omnipotentis dat intellegentiam non sunt longevi sapientes nec senes intellegunt iudicium« Je me disais : “ Les jours parleraient, les nombreuses années révéleraient la sagesse ” ; mais c’est l’esprit mis dans l’homme, le souffle du Tout-Puissant qui lui donne l’intelligence ; ce n’est pas l’âge qui donne la sagesse, ce n’est pas la vieillesse qui discerne la justice. »
Sciat ergo quam plurima : unde etiam senibus auctoritas maior est, quod plura nosse et vidisse creduntur (quod Homerus frequentissime testatur).[Sachons bien que la plus grande autorité des vieillards vient de ce qu’on les croit avoir vu et connu beaucoup de choses (Homère en témoigne en maints endroits)].
Omnes pene virtutes corporis mutantur in senibus, et, crescente sola sapienti, decrescente cætera, jejuna, vigiliæ, et eleemosyn, chameuniæ, hic illucque discursus, peregrinorum susceptio, defensio pauperum, instantia oratorum, perseverantia, visitatio languentium, labor manuum, unde præbeantur eleemosynæ.« Presque toutes les vertus dans lesquelles il est nécessaire que le corps agisse s’affaiblissent dans les vieillards ; et au même temps que la sagesse se fortifie en eux, le reste diminue, comme : les jeûnes, les veilles, les aumônes, les visites des affligés, la charité envers les étrangers, la protection des pauvres, la persévérance dans la prière, la visite des malades, le travail des mains pour le soulagement des misérables ; et pour le dire en un mot, toutes les actions de charité corporelle cessent d’être pratiquées quand le corps n’a plus de force. » {c}
« Les maux seuls ne sont pas l’apanage de la vieillesse, mon fils. L’expérience qui l’accompagne l’en dédommage et la conduit plus sûrement que l’impétuosité de la jeunesse. »
Livre cité, chapitres 11 (sur l’ignorance des hommes) et 12 (sur l’art des devins), Littré Hip, volume 6, pages 487‑489 : {a}
« L’usage, ce sont les hommes qui l’ont établi pour eux-mêmes, ne sachant pas sur quoi ils statuaient ; la nature des choses, ce sont les dieux qui l’ont ordonnée. […]Voilà les œuvres de l’art divinatoire et les affections de la nature humaine ; pour ceux qui connaissent, régularité constante ; pour ceux qui ne connaissent pas, irrégularité tantôt d’une façon, tantôt d’une autre. »
- Le latin cité par Jean ii Riolan est celui de la traduction établie par Janus Cornarius (v. note Patin 35/406), Hippocratis Opera omnia, édition de Lyon, 1562, page 102 vo.
Bussiares est à 9 kilomètres à l’est de Gandelu, petite ville qui est elle-même à 20 kilomètres (quatre lieues) au nord-ouest de Château-Thierry, en Picardie, dans l’actuel département de l’Aisne.
V. note [10], Clypeus, première partie, pour la Parænesis de Jacques Mentel (Paris, 1650) où il se vantait d’être gentilhomme et descendant de Jean Mentel, soi-disant inventeur de l’imprimerie au xve s. à Strasbourg. Jean ii Riolan allait cruellement en faire ses choux gras.
Jean ii Riolan ornait son discours de trois références poétiques latines :
« Je vais m’en aller à Argos pour ne pas être reconnu, car ici chacun sait qui je suis » : fragment du Diomedes de Lucius Accius, tragédien latin du ier s. av. J.‑C., avec referam ou lieu de conferam (même sens).
V. notes Patin :
Sur le même sujet, l’extrait du Mascurat de Naudé (Paris, 1649) est transcrit dans la 6e partie de la Responsio ad Pecquetianos. Je n’ai rien trouvé d’autre que Naudé ait écrit là-dessus avant sa mort (juillet 1653).
V. note Patin 13/22 pour les trois actes académiques qui permettaient à un licencié de devenir docteur régent de la Faculté de médecine de Paris. Le deuxième était le doctorat proprement dit, avec la remise du bonnet accompagnée d’un discours de l’impétrant en l’honneur de ses maîtres.
Jacques Mentel s’était soumis à cette épreuve le 19 avril 1632, où deux questions alternatives furent successivement soumises à la discussion : An saphenæ sectio pestis alexicaca ? [La saignée de la saphène protège-t-elle contre la peste ?] et An Caphura pestis alexicaca ? [Le camphre protège-t-il contre la peste ?] ; le relevé de cet acte dans les Commentaires F.M.P. (volume xii, fo 239 vo) ne dit pas que Jean ii Riolan y a participé.
Le discours élogieux de Mentel n’a pas laissé de trace imprimée que j’aie su trouver, mais ce long extrait incite à penser que Riolan en conservait une copie manuscrite. Le latin qu’il a transcrit plaide en faveur de l’authenticité de sa citation, car il est aussi épouvantable à traduire que celui de la lettre de Mentel à Jean Pecquet (v. ses notes [6], [10], [17] ou [18]). Cet argument est certes un peu oblique, mais il accorde du crédit à tout ce que Riolan racontait ici sur Mentel, incluant son active participation à la première édition des Experimenta nova anatomica (1651) et son échange avec Gabriel Naudé sur ce qui y était dit de la sanguification cardiaque.
V. notes Patin :
Transcription fidèle du livre intitulé Rerum Germanicarum Epitome, Auctore Iacobus Wimphelingo [Abrégé de l’Histoire allemande de Iacobus Wimphelingus], {a} chapitre indiqué, De inuentione celeberrimæ artis impressoriæ [Invention du très brillant art d’imprimer], page 195 : {b}
« Se lançant dans ce genre d’industrie, Jean Mentelin est rapidement devenu très riche en imprimant joliment et correctement quantité de volumes. »
- Jacobus Wimphelingus (Jacques ou Jakob Wimpfeling, Sélestat 1450-ibid. 1528), humaniste et historien alsacien.
- Hanau, Guilielmus Antonius, 1594, in‑12 de 324 pages, épître dédicatoire (datée de 1502) de Wimpfeling, qui était donc bien placé pour être correctement renseigné.
Décidément fort bien informé, Jean ii Riolan ne se laissait pas abuser par le pseudo-brevet de noblesse {a} que le chancelier Pierre Séguier {b} avait accordé (ou vendu) à Jacques Mentel, sur l’intervention de son médecin, Marin Cureau de La Chambre, très influent docteur de Montpellier, {c} dont la charge de « premier des médecins ordinaires du roi » était honorifique (mais acquise moyennant une forte somme d’argent). {d}
- V. note [10], Clypeus, première partie.
- V. note Patin 2/16.
- V. note Patin 23/226.
- V. supra note [25] pour l’extrait du Mascurat de Gabriel Naudé qu’annonçait Riolan.
« d’avoir plus brillé par votre propre vertu, que par celle de vos ancêtres », Réponse de Cicéron à Salluste : {a}
Ego meis maioribus virtute mea præluxi, vt si prius noti non fuerint, à me accipiant initium memoriæ suæ.[J’ai plus brillé par ma propre vertu que par celle de mes ancêtres, et s’ils n’ont pas eu de renom avant moi, qu’ils acceptent de commencer à en avoir grâce à moi].
- L’historien romain Salluste était un adversaire politique de Cicéron.
Horace, Épîtres, i, xviii, vers 31‑32 (mis en exergue) :
Eutrapelus cuicumque nocere uolebat,
uestimenta dabat preciosa ; beatus enim iam
cum pulchris tunicis sumet noua consilia et spes,
dormiet in lucem, scorto postponet honestum.[Eutrapelus, quand il voulait nuire à quelqu’un, lui donnait de riches vêtements : heureux de ses belles tuniques, pensait-il, il aura de nouveaux projets, de nouvelles espérances, il dormira le jour, il sacrifiera son devoir à la débauche].
« vous avez coupé la corde de notre dispute » ; Filum contentionis tunc erat [Là était le fil de la discorde] est un adage antique qu’Érasme a commenté (no 2277) :
Dici solitum in pertinaces, cum uterque pertinax est neuterque concedit alteri.[Se dit ordinairement de deux entêtés, dont aucun ne cède rien à l’autre].
En voulant jouer sur les évidents désaccords existant entre les pecquétiens, le latin et le raisonnement de Jean ii Riolan s’embrouillaient quand il en venait au nœud du problème et à sa lumineuse tentative de solution.
V. note [30], lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet.
Le commentaire et la longue citation qui suivent concernent la première partie du Clypeus de Guillaume de Hénaut (v. ses notes [11]‑[14]). Jean ii Riolan avait bien compris que c’était un auteur fictif qui, selon lui, servait de pseudonyme à Mentel, mais j’ai acquis la conviction qu’il s’agissait de Pecquet (v. sa note [1]).
L’Ibidem (« Au même endroit ») de Jean ii Riolan fait croire qu’il continuait à parler du Clypeus, mais il laissait le lecteur deviner qu’il visait une autre cible : pour clarifier son argumentation désordonnée, j’ai inséré le nom d’Hyginus Thalassius (alias Pierre De Mercenne) car c’est lui qui avait attribué à Riolan ce propos sur Jean Pecquet dans le chapitre iii de la Brevis Destructio, au début de la page 196 ; la suite confirme que la critique portait bien sur ce chapitre.
Le vers de Virgile qui précède, « exercer sans gloire un art silencieux », vient de l’Énéide (chant xii, vers 397) ; v. notule {a}, note Patin 4/8208, pour Iapix qui soigna la plaie d’Énée, et que les commentateurs ont identifié à Antonius Musa, médecin romain de l’empereur Auguste.
V. note [6], chapitre iii de la Brevis Destructio, pour le double sens que Jean ii Riolan donnait à circulatores, « charlatans forains » ou « colporteurs », assimilés aux médecins pragmatiques, et « partisans de la circulation harvéenne », dans l’Admonitio ad Medicos pragmaticos [Avertissement adressé aux médecins pragmatiques] de son livre sur la circulation hippocratique (1652), où il ne cite ni Sénèque, ni Galien ni les jurisconsultes.
V. note Patin 13/1011, pour l’excessive indulgence de la justice, personnifiée par la déesse Thémis.
La Faculté de médecine de Paris comptait autour de 120 docteurs régents. Les autres médecins de la capitale, dits étrangers (car non gradués à Paris), n’y exerçaient que sous certaines strictes conditions (v. note Patin 9/750).
Ce que Jean ii Riolan appelait sa « lettre de consolation » (epistola consolatoria) à William Harvey était le début de sa Responsio ad secundam Exercitationem Anatomicam Guil. Harvei de Circulatione sanguinis [Réponse au second Essai de W. Harvey sur la circulation du sang], {a} pages 62‑63. Le passage qu’il en citait, avec quelques modifications mineures, vaut la peine d’être un peu allongé :
Inuidi moriuntur, sed nunquam inuidia, quæ probos, et doctos Viros semper insectatur. Putasne me, qui tuo Operi succedo, expertem istius invidiæ et maledicentiæ ? Multi nostros labores legunt, tanquam nænias et fabulas, nec tamen audent, vel queunt palam eis contradicere. Nos etenim etiam appellant Circulatores per contemptum et ironiam, creduntque plurimum nobis illudere et obstrepere hoc sarcasmo, quod mihi passim obiicitur sed istos homines περιοδευτας, circuitores, circulatoriam artem apud ægros excercentes flocifacio et despicio, famam habent, quam non merentur. Hoc te, et me recreare debet exemplum Columbi, qui suis navigationibus cum nouum orbem detexisset, in aulâ Ferdinandi Regis Hispaniarum irritus fuit, quod sibi arrogaret inuentum, quod aliis ante ipsum innotuerat. Ille coram Rege istos lepidè elusit, quis vestrûm inquit, hoc ouum rectum destituet supra planam istam tabulam. Hoc impossibile cum omnes affirmarent, ille in vno extremo leuiter contusum ouum, rectum stare fecit. Hoc facilè cum omnes clamarent, quis vestrum ante me id fecit ? Sic nouum orbem antea multis cognitum dixisti, sed ante me nemo patefecit. Tu mi Harvee mihi Columbus eris in microcosmo, ex Circulati Sanguinis inuentione. Ego verò Americus Vespucius ero, qui tuis inuentis multa adieci, et noum iter Circulandi Sanguinis adinueni, ac demonstraui.[Les jaloux meurent, mais la jalousie est immortelle, toujours à la poursuite des honnêtes et savantes gens. Ne pensez-vous pas que je sois épargné par cette envie et cette médisance quand je viens après votre ouvrage ? Bien des gens lisent nos livres en les tenant pour des nénies et des fables, mais ils n’osent ou ne peuvent pas les contredire au grand jour. Par mépris et ironie, ils nous appellent aussi circulateurs, en croyant ainsi beaucoup nous nuire en nous tournant en dérision avec ce sarcasme ; {b} mais je n’en fais aucun cas et méprise ces περιοδευτας {c} ou forains, qui exercent leur charlatanerie auprès des malades, avec un succès qu’ils ne méritent pas. L’exemple de Colomb {d} doit nous distraire, vous et moi : après qu’il eut découvert le nouveau monde au cours de ses navigations, il se mit en colère quand on lui dit, à la cour du roi d’Espagne, qu’il s’arrogeait une découverte que d’autres avaient faite avant lui ; il s’en joua en disant poliment, devant le roi, « Qui de vous fera tenir cet œuf debout sur cette table plane ? » ; comme tous affirmèrent que c’était impossible, il écrasa légèrement une extrémité de l’œuf et le fit tenir droit ; quand tous se mirent à crier que c’était trop facile, il dit « Qui de vous a fait cela avant moi ? » Ainsi avez-vous dit que le nouveau monde était déjà connu, mais que personne ne l’avait montré avant vous. Vous serez pour moi, mon cher Harvey, le Colomb du microcosme, pour avoir découvert le mouvement circulaire du sang ; mais je serai Amerigo Vespucci, {e} car j’ai ajouté beaucoup à vos découvertes, et mis au jour et démontré un nouveau trajet du sang circulant]. {f}
- Paris, 1652, v. supra notule {d}, note [11].
- J’ai mis en exergue le passage que Riolan a cité, en ajoutant les « fables » (fabulas) aux « nénies » (chants funèbres), « ne peuvent » à « n’osent », et « au grand jour » (palam). Il a remplacé la suite par « et c’est ce qu’on m’objecte à l’envi ».
- Périodeutas, marchands ambulants.
- Christophe Colomb en 1493, sous le règne de Ferdinand d’Aragon et d’Isabelle de Castille, v. note Patin 41/8229.
- Navigateur (Florence 1545-Séville 1512) qui a prolongé et étendu la découverte de l’Amérique (qui lui doit son nom) par Colomb.
- Il est permis de douter que ce propos ait consolé Harvey des attaques qu’il endurait depuis la publication de sa découverte.
« Étant donné que tout le monde joue la comédie » : v. note Patin 8/347 pour ce fragment du Satyricon de Pétrone. Guy Patin a appliqué le mot « forains » aux défenseurs de l’antimoine dans sa lettre du 19 novembre 1655 à Johannes Antonides Vander Linden, dans des termes assez proches (v. sa note 7).
V. note [32], Brevis Destructio, chapitre v, pour la thèse contre la circulation harvéenne que Jean ii Riolan avait présidée le 9 janvier 1645 à Paris.
V. note [6], Brevis Destructio, chapitre iii, pour le passage de la « Circulation hippocratique » où Jean ii Riolan a réfuté la Pathologie de Jean Fernel sur le mécanisme des fièvres.
V. note Patin 48/97 pour les deux livres de Jean Fernel de abditis rerum Causis (Paris, 1560) : Jean i Riolan les a commentés dans deux sections de ses Opera omnia (Paris, 1610, v. note [16], Nova Dissertatio de Jean Pecquet, expérience i), pages 117‑173 ; ses remarques sur la Physiologie de Fernel sont copieuses, mais éparses.
V. note Patin 10/11 pour Louis Duret et ses commentaires sur les Prénotions coaques d’Hippocrate (Paris, 1588). La page indiquée appartient au chapitre xvi, De pleuritide, et peripneumonia [La pleurésie et la péripneumonie], maladies où Duret contestait l’innocuité des copieuses phlébotomies (lignes 12‑18) :
Tale sputum promoueri debet iis quæ expurgationem iuuant, molliendo, leninedo, et sputum ciendo : non autem sanguinis detractione retrahi et impediri, quod vsuuenire videmus, non sine mœrore et nemesi, ab istis pragmaticis vulgò dictis, qui omnem pleuritidis curationem exigunt in sanguinis detractione sæpius iterata quandiu pleuriticus huiusmodi sputa expurgat cum spe salutis prædiuite. O homines Reipublicæ calamitosos atque funestos ! Ipsam pleuritidem quæ sua sponte nullius operis indigens cum tali sputo quiesceret, ex euentu reddunt mortiferam.[Il faut favoriser l’expectoration par les remèdes qui aident la purgation en amollissant, diluant et mobilisant les crachats. La saignée ne les évacue pas et n’en empêche pas la formation ; non sans inquiétude ni envie de sévir, {a} nous la voyons pourtant couramment employée par ceux qu’on appelle vulgairement des pragmatiques, qui exigent la phlébotomie pour tout remède de la pleurésie, en la répétant très souvent, aussi longtemps que le malade crache, et ce avec immense espérance de guérison. Que ces hommes sont donc calamiteux et funestes pour le bien du public ! Ils rendent ainsi mortelle une pleurésie qui s’apaisera d’elle-même en crachant, sans requérir d’autre intervention].
- Emploi métonymique insolite du nom de Némésis (au cas ablatif, nemesi), déesse grecque qui présidait au châtiment des coupables, v. note [41], première Responsio, 6e partie.
Jean ii Riolan revenait sur la première de ses citations transcrites dans la note [7] de la Brevis Destructio, chapitre iii. Les traducteurs et commentateurs d’Hippocrate ont divergé sur le sens à donner au titre de ses sept livres des Épidémies.
In primo sanè, atque tertio libro quasdam aeris constitutiones Hippocrates exponit, post quas morbi in vulgus grassantes enumerantur. Hoc itaque sermonis genere in ipsis vti Hippocrates conspicitur : et hanc ob causam librorum inscriptionem talem fecit, populares ipsos appellans (Græcè επιδημιης) quia de morbis in populum passim sæuientibus in ipsis agitur, non autem περι των επιδεμιων, hoc est, de ipsius Hippocratis peregrinationibus, quibus multas ciuitates peragrauit.[Dans le premier et le troisième livre, Hippocrate expose clairement certaines compositions de l’air, pour énumérer les maladies qui sévissaient alors dans la population. On le voit donc user ainsi de ces sortes de discours : il a employé le mot populaires (επιδυμιης en grec) dans son titre, car il y traite des maladies qui frappent le peuple en divers endroits, sans dire περι των επιδεμιων, c’est-à-dire de ses propres prérégrinations, {b} pour parler des nombreuses cités qu’il a visitées].
« Avant toute chose, il faut prévenir la fausse idée que le mot Épidémies pourrait faire concevoir. Il s’agit, dans le livre d’Hippocrate, non pas précisément d’épidémies dans le sens que nous y attachons aujourd’hui, mais de la description de la constitution atmosphérique de quatre années, et des maladies qui régnèrent sous l’influence de ces constitutions ; de plus, on y trouve trois séries séparées d’observations particulières. L’auteur fixe, pour les trois premières années, le lieu où il observa : c’est l’île de Thasos, {c} en face de la ville d’Abdère. Pour la quatrième année aucun nom de lieu n’est mentionné. »
- Lyon, Ioannes Frellonius, 1550, in‑4o, v. note Patin 11/467 pour Paolo Crasso de Grassi.
- Le mot grec épidêmia a le double sens de « séjour dans un pays » et de « propagation d’une maladie contagieuse dans un pays ». Dans son Œconomia Hippocratis [Glossaire d’Hippocrate] (1588, v. note [17], Brevis Destructio, chapitre iii), Anuce Foës n’a retenu que cette seconde acception (page 225).
- En mer Égée.
La même note [7], Brevis Destructio, chapitre iii, détaille les références à Celse (dans sa notule {e}), et à la page 586 du livre de Jean ii Riolan sur la circulation du sang (Opera anatomica vetera et nova de 1649).
Sa page 587 (4e paragraphe) prolonge ainsi la discussion sur la saignée :
Ac sanè videtur Galenus, ambitiosè et animosè libros de venæ sectione scripsisse, annum agens trigesimum quartum, cùm videret Erasistratum in omnibus Medicinæ partibus tanquam virum admirabilem prædicari. Cœpit ardentiùs illius scripta reprehendere, atque selegit libros eiusdem Authoris de eductione sanguinis, quos publicè examinauit et refutauit, eò vehementius, quò magis excandesceret Martialis, seu Martianus Erasistrateus esse volens. Eo modo Archigenem insectatus est Galenus, vt famam eius deprimendo, suam magis extolleret : ideoque cautè legendus est in curatione morborum, propter varietatem et discordiam in eius scriptis, quem idcirco Fernelius tradit ad meditationem potiùs, quàm ad medendi rationem vitam omnem contulisse.[Et on voit bien l’ambition et la volonté que Galien a mises à écrire ses livres sur la phlébotomie : à l’âge de trente-quatre ans, il a compris qu’Érasistrate {a} était tenu pour un homme à admirer en toutes les parties de la médecine ; il a alors commencé à critiquer vigoureusement ses écrits, en choisissant ceux qui traitaient de la soustraction de sang, qu’il a publiquement examinés et réfutés, avec la volonté d’irriter fortement Martialis ou Martianus, {b} qui adhérait à la doctrine d’Érasistrate. Ce faisant Galien a beaucoup rehaussé le renom d’Érasistrate en voulant le rabaisser ; en quoi il a suivi Archigène. {c} Il faut donc lire Galien avec prudence quand il parle de thérapeutique, en raison de la diversité et des contradictions de ses écrits, et Fernel juge qu’ils incitent plutôt à la méditation qu’à l’adoption d’une manière de remédier qu’on suivrait durant toute sa vie]. {d}
- V. notule {c}, note [9], Historia anatomica, chapitre iii.
- Médecin contemporain de Galien.
- V. note Patin 2/1139 pour Archigène, qui aimait dénigrer les médecins dont il ne partageait pas les opinions.
- Riolan vénérait nettement moins Galien pour sa thérapeutique que pour son anatomie.
Lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet, au début de la page 151 : il était évidemment question de l’opposition entre Galien et Aristote sur le transport du chyle et la sanguification dans le foie ou dans le cœur.
La note [8] de la Brevis Destructio, chapitre iii, se réfère aux quatre lettres de soutien que trois médecins parisiens avaient adressées à Emilio Parisano pour son livre « sur la Subtilité » (Venise, 1635), où il s’opposait à Jean ii Riolan (qui les croyait factices) sur l’anatomie du diaphragme.
V. notes [11] et [12] de la Brevis Destructio, chapitre iii, pour les détails de cette dispute entre Jean ii Riolan et Guy Patin, son fidèle disciple, à propos de vers qu’il avait écrits en 1628.
Pierre De Mercenne (Hyginus Thalassius) devait son amusante épithète superlative de « stibialissime » à sa présence dans la liste des 61 docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris (soit une majorité de 11 voix à cette date, v. note Patin 3/333) qui avaient signé, en 1652, le Sentiment en faveur du vin émétique d’antimoine (stibium), mais Jacques Mentel n’en avait pas fait partie.
Le chapitre iii de la Brevis Destructio (v. sa note [13]) avait reproché à Jean ii Riolan l’intitulé de sa dédicace des Opuscula nova anatomica (Paris, 1653, dont le texte intégral, réimprimé en 1655, est traduit et annoté dans notre édition) : « Aux très éminents docteurs de la Faculté de médecine de Paris, qui sont orthodoxes et adeptes de la véritable médecine hippocratique, mais en aucune façon stibiaux et stygiaux. »
« je vous tendrai l’herbe » ; Herbam dare [Donner l’herbe] est un adage qu’Érasme a commenté (no 878) : c’est victorem agnoscere, ac se vitum fateri [reconnaître son vainqueur et s’avouer vaincu].
« nous voici à Rhodes, à vous de sauter ! », vous voici au pied du mur ! Hic Rhodus, hic saltus ! [Nous voici à Rhodes, alors saute !] est un adage antique qu’Érasme a commenté (no 2228) :
Vulgo jactatum de his, qui sese de negotio quopiam jactarent insolentius, cujus fides non exstaret. Sumptum ex apologo, qui fertur in Æsopicos. Adulescenti cuidam jactanti sese, quod, dum Rhodi esset, admirabiles fecisset saltus, quidam ex auditoribus interpellato sermone […] “ Ecce Rhodus, ecce saltus ! ”[On dit couramment cela de ceux qui se vantent fort insolemment de n’importe quoi sans qu’on puisse les croire. Le dicton vient d’une fable qui circule parmi les commentateurs d’Ésope : un jeune homme se vantait, étant à Rhodes, d’y avoir fait des sauts prodigieux ; un de ceux qui l’écoutaient l’interrompit en disant (…) « Nous voici à Rhodes, alors saute ! »]
Dans la seconde partie de sa lettre à Jean ii Riolan, Charles Le Noble avait rapporté, après Thomas Bartholin, sa propre observation des lactifères sur le cadavre d’un homme copieusement nourri avant d’être pendu.
« Il n’est jamais trop tard dans la vie pour apprendre, je vieillis en apprenant toujours plus » : v. note [44], lettre de Sebastianus Alethophilus, pour Solon et son vers qui dit autrement la même chose. Issu de la même veine, Senesco semper multa addiscens [Je vieillis en apprenant toujours plus] est un adage antique dont Érasme (no 790) a recensé diverses formes, mais sans jamais citer exactement celle que Jean ii Riolan employait ici.
V. note Patin 3/975 pour Charon et sa barque infernale.
Jean ii Riolan tirait ses deux citations des lettres de Cassiodore. {a}
Gratum nobis est, vota nostra circa Sacri Ordinis augmenta proficere. Lætamur, tales viros emergere, qui Senatoria mereantur luce radiare : vt laude conspicuis deferatur gratia dignitatis. Curia namque disciplinis Veterum patet : nec ei iudicari potest extraneus, qui bonarum artium est alumnus.[Nous sommes ravis de voir accomplis nos vœux que croisse le lustre de l’Ordre sacré des sénateurs. Nous nous réjouissons qu’apparaissent de tels hommes, et ils mériteraient de faire briller le Sénat, car la dignité d’y être admis est conférée à ceux que leur talent a signalés. Le Sénat s’ouvre à ceux qui maîtrisent le savoir de l’Antiquité, il ne peut tenir pour étranger celui qui a étudié les arts libéraux]. {c}
Nulli sit ingrata Roma, quæ dici non potest aliena. Illa eloquentiæ fœcunda mater, illa virtutum omnium latissimum templum. Sentiatur plane, quòd clarum est, non sine gratia esse creditur, cui habitatio tanta præstatur.[Tout le monde est heureux d’être à Rome, {d} qui ne peut être tenue pour étrangère. Elle est la féconde mère de l’éloquence, le très vaste temple des vertus. Tout cela doit être pleinement apprécié, car être assigné à une telle résidence est une faveur].
- V. notule {a}, note Patin 16/8197, pour Cassiodore, Magnus Aurelius Cassiodorus Senator, et l’édition de ses Opera à laquelle j’ai recouru (Paris, 1588). J’ai mis en exergue les passages cités par Riolan.
- Roi des Ostrogoths de 493 à 526.
- Enseignés dans les collèges de Paris, dépendant de la Faculté des arts (v. note Patin 8/679), les sept arts libéraux (opposés aux arts mécaniques) étaient la rhétorique, la grammaire et la poésie (française et surtout latine), la peinture, la sculpture, l’architecture et la musique. Cet apprentissage permettait d’accéder au grade de maître ès arts, qui ouvrait l’accès aux facultés dites supérieures (théologie, médecine et droit canonique).
- Riolan voulait parler de Paris, au profond mépris de Montpellier et des autres universités.
On comprend à demi-mot que Jean Pecquet avait préféré achever ses études médicales à Montpellier, avec quelque dépit des Parisiens pour avoir laissé partir un des plus brillants élèves de leur Faculté.
Tibulle, poète latin du ier s. av. J.‑C., Élégies, i, iv, vers 83‑84 : « Épargne-moi, de grâce, enfant ! Ne me ressers pas la fable des amants qui riraient des vains efforts du maître » (en respectant la tonalité pédérastique de cette élégie priapique, mais sans être sûr que Jean ii Riolan l’entendait ainsi).
La nomination était la capacité à porter le titre qu’on avait acquis et à en faire valoir les avantages. On disait « docteur en l’un et l’autre droit » celui qui était gradué en droit civil et canonique (dont seul le second était alors enseigné à Paris, à la Sorbonne).
V. notule {a}, note [a], Brevis Destructio, chapitre iii, pour cette addition qui figure dans l’errata des Experimenta nova anatomica de 1654.
Jean ii Riolan ironisait sur la nomination de Jean Pecquet (v. supra note [52]) et sur « les privilèges qui y sont attachés » (nominatio ad beneficia).
Censor perpetuus [censeur perpétuel] est un titre que s’est attribué l’empereur Domitien (au ier s., v. note Patin 8/851), mais je n’ai pas trouvé de déclamation latine où Hyginus Thalassius aurait emprunté cette locution contre Jean ii Riolan ; ultra mihi præscriptum tempus [cela dépasserait le temps dont je dispose] est une formule banale qui ne m’a mené à aucune source pertinente.
Mes notes [18] et [19] sur le chapitre iii de la Brevis Destructio ne sont pas entièrement et sûrement venues à bout de ce que Jean ii Riolan appelait ici la « satire » d’Hyginus Thalassius sur ses « gloses » (pages 200‑201) :
« Je ne dépenserai pas mon encre à critiquer les futiles gloses dont il {a} a usé pour s’efforcer de flétrir la brillante épître du très distingué et aimable M. Jacques Mentel ; en quoi notre ancien supercilium subduxit, barbam demisit, ut in grammaticis nodos nectat, {b} mais ne fait qu’y perdre son temps. At turpis res elementarius senex, {c} dit Sénèque. »
- Jean ii Riolan.
- « il fronce les sourcils et se laisse pousser la barbe pour chicaner sur la grammaire » (avec incertitude sur ma traduction de la fin).
- « C’est chose honteuse qu’un vieillard écolier ».
Ce verbiage d’Hyginus Thalassius semblait avoir plongé Riolan dans la même perplexité que moi, souhaitant, mais en vain, que Mentel eût répondu à ses « gloses » (sur la sanguification cardiaque) dans la version révisée en 1654 de sa lettre à Jean Pecquet. Riolan n’en reprenait que la référence à Sénèque (épître xxvi à Lucilius) en la prolongeant pour montrer qu’elle était mal choisie :
« Y a-t-il donc un âge où on cesse d’apprendre ? Non bien sûr : on peut étudier toute sa vie, mais non pas apprendre les rudiments à tout âge ; c’est chose honteuse et ridicule qu’un vieillard écolier ; il faut amasser dans la jeunesse le savoir dont on doit user plus tard. »
Galien a parlé du purisme grec à la fin du traité sur l’Ordre de ses livres, Kühn volume 19, pages 60‑61 (latin traduit du grec) :
Non enim id volumus quod nonnulli eorum qui nunc jubent omnes voce Attica uti […] ; contrario enim censeo nullum vituperandum qui voce solœcizet aut reprehendum ; præstat enim voce quam vita solœcismum aut barbarismum facere. Scriptum porro mihi aliquando est opus adversus eos qui voce solæcismum committentes reprehendunt, tantum abest ut Attici sermonis eloquentiam aliquam eruditionis esse partem existimem.[Ainsi ne suivons-nous pas ceux qui ordonnent que tous usent de la langue attique. {a} (…) Je pense au contraire qu’il ne faut pas blâmer ou reprendre celui qui a commis une faute de grammaire, car un solécisme ou un barbarisme attente plus au langage qu’à la vie. J’ai un jour écrit un ouvrage contre ceux qui blâment les gens qui en commettent, tant je suis éloigné de penser que l’éloquence attique fasse partie de l’érudition].
- Le grec élégant et pur qu’on parlait à Athènes.
Jean ii Riolan parlait de la parenthèse de la première édition des Experimenta nova anatomica (1651), que la réédition de 1654 a supprimée : v. note [14] de la lettre de Jacques Mentel à Jean Pecquet. En se limitant à cette petite chicanerie, Riolan se montrait pourtant extrêmement bienveillant car, du début à la fin de cette épître, le latin de Mentel est farci de solécismes et d’obscur verbiage.
Page 89, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Responsio ad Caput secundum.Pag. 188. Qui semel verecundiæ fines transi-
lierit, hunc gnauiter impudentem esse oportet. Quod
verum animaduerteret Lector in hoc capite 2.
Fingit Riolanum vereri, ne probro et dedecori ipsi
vertatur (hoc de suo addidit,) à Schola Pari-
siensi, quod scripserit contra Pecquetum. Inde
colligit magnam esse vim veritatis, quæ coëgit
Riolanum id profiteri.Textus libelli famosi.Magnam vim esse veritatis suæ Responsionis
initio declarat Riolanus, cuius non minùs
potenti, quàm secreto impulsu præsagit ipse
non sine ratione, Scholæ Medicæ Parisiensis, cæ-
terarúmque Principis seniori, probro ac dede-
cori vertendum fore, quod aduersus Experi-
menta Anatomica pugnam instauret. Vt enim
priùs in doctissimum Harueum, de Sanguinis
Circulatione disputans, plurimarum Obseruatio-
num euidentissimæ experientiæ se opponit : Sic
in hocce Opere, canales Chyli Thoracicos dis-
cerpens, eidem manifestissimè aduersatur.Nam negare canales Thoracicos visibiles, est
Page 90, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Contra Naturam pugnare, et quod oculis spectan-
tium patet, inficiari. Non disputat Riolanus de
Hyparxi tuorum tubulorum Lacteorum, sed de
vsu dumtaxat. Id centies repetiuit, et tu chor-
dâ semper oberras eâdem : Exstantes sunt et
conspicui, et sæpissime vnicus, sed non inser-
uiunt deferendo Chylo, ad sanguificationem in
Corde perficiendam.Textus Responsionis Riolani.Despectus fuit Pereycus, Pictor egregius,
quod in Tonstrinis et Asellis pingendis
perpetuò occuparetur. Propterea non sine ra-
tione vereor, ne mihi probro et dedecori verta-
tur, quod ego iam dudum in studio Anatomi-
co spectant, ab annis quadraginta, quibus
Anatomem profiteor in Academia Parisiensi,
totius Europæ celeberrima, atque per Dei gra-
tiam honorificum tandem in Schola nostra gra-
dum antiqui Decani, ordine receptionis asse-
quutus, porst certamen, vel potiùs disputatio-
nem amicam cum doctissimo Harueo, peritissi-
mo Anatomico et coætaneo initam de Circula-
tione sanguinis, iterum pugnam instaurem cum
Iuuene, leuis armaturæ, qui vix primos iuuen-
titis annos adeptus est, vt Epistolæ commenda-
titiæ ferunt, ac proinde adhuc adolescens.Postea se effundit in laudes Pecqueti, ac si
pretio conductus fuisset, ad laudandum istum
Iuuenem. Detexit sagax ille Iuuenis multiplici
Observatione Chylum, ceu genitum è cibis recèns in
ventre confectis albescentem succum duobus vascu-
Page 91, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
lis, hinc et inde per caua Thoracis sursum deferri :
descripsit nullo alio, quàm posteros juuandi studio
rem ab inuuenta Physica et Medicina cunctis mor-
talibus incompertam, Naturæ magisterio edoctus,
errauisse scripsit omnium retro seculorum Anato-
micos et Philosophos, et hac in parte naturalis
animantium Oeconomia cæcutiisse. Ego verò su-
stineo Approbatores libri Pecquetiani, turpiter
hallucinatos fuisse, et prorsus cæcutiisse, dum
affirmant impossibilia vidisse ab eo demonstra-
ta, vt notaui inter imposturas Pecqueti, pag. {a}Pag. 189. Frustra Riolanus accusationis exor-
dium sumit, in quo non modò arrogantiæ, et inso-
lentis iactantiæ Pecquetum insimulat, sed addit
insuper, vt maiorem moueat inuidiam, eum om-
nibus Anatomicis insultasse. Nulla scriptura in-
solentior et plenior iactantiæ et arrogantiæ,
quàm Epistola Pecqueti præliminaris : Omnibus
Anatomicis, et Medicis insultat, dum errauisse
omnes affirmat, et id verum esse tu sustines.Pag. 190. Si Riolano licuit passim vbique in
suis libris suam peritiam occinere et extollere, et
modestia limites egressus, seipsum inter fortissimos
Anatomicos Athhletam constituit, imò regem, qui
cum Alexandro Magno possif congredi. Quàm
ridicula et insulsa isthæc cauillatio, nullam ha-
bet micam salis, sed fellis plurimum. Num-
quam Riolanus se prætulit omnibus Anatomi-
cis, semper de se modestè loquutus est. Anim-
aduersiones scripsi, non vt insultarem mortuis
et viuentibus, spretisque ac fastiditis eorum la-
boribus meos commendarem et anteponerem ;
nondum enim istud ambitiosum et insanum scri-
- Sic : numéro de page manquant.
Page 92, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
bendi cacoëthes, et obtrectandi maligna pruri-
go meam mentem perculsit et labefecit. Eadem
protuli in Præfatione Animaduersionum ad Lau-
retij Anatomica.Si tecum jocari vellem, affirmarem me posse
cum Regibus Ægypti disputare posse {a} de Ana-
tome, qui corpora hominum mortuorum inse-
cabant, ad scrutandos morbos, testante Plinio :
Nam isti Reguli erant Medici, quod probatur
ex Sacra Scriptura : apud Esaiam, Populus ip-
sum pro Rege postulat, Esto Rex noster : respon-
det, Medicus non sum, nec in domo mea panis est,
neque vestimentum.Harueus à multis reprehensus et prouocatus
fuit, nemini respondere voluit, nisi Riolano, quia
pluris fecit eius Animaduersiones, quàm alio-
rum reprehensiones : quod declarauit initio suæ
Responsionis ad Riolanum : Intrepidus ad certa-
men accessi, quia gloriosum mihi duxi, si Æneæ
magni dextrâ caderem.Magna dabit nobis tantus solatia victor,
Nec tam turpe foret vinci, quam certasse de-
corum.Pag. 190. Pecquetus non superbè se effert, qui
Diuinæ Prouidentiæ muneri id acceptum refert :
nec aliis Anatomicis insultat, sed humanæ {b} condi-
tionis infelictati tribuit. Meritò Riolanus illi ob-
iecit, tu es gallinæ filius albæ,Nos viles pulli, nati infelicibus ouis.Quam plurimi, qui in florentissimis Europæ A-
cademiis profitentur Anatomen, de Lacteis Tho-
racicis, libris ex professo scriptis, ipsi veluti de re
Anatomica optimè merito, publicè gratulati sunt,
- Sic : répétition de « posse ».
- Sic pour : non eorum incuriæ sed humanæ (source citée).
Page 93, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
vt Bartholinus in Dania, Guiffartus in Neu-
stria. Præter istos non potes alios producere :
Bartholinus, libro de Lacteis, inuentum laudat,
sed descriptionem Pecqueti vituperat, et scri-
bendi genus, et alia quamplurima, quæ in Elo-
giis Pecqueti ex Bartholino excerpsi. Guiffartus
reprehendit ipsum Pecquetum in suis Mechani-
cis, nec ei ausus est obstrepere : silentio suo Pec-
quetus approbat istas reprehensiones.Post adeptum Monspelij Doctoratum, de-
Pag. 100. Solus Riolanus accusat Pecquetum,
monstrauit ineptè admodum suum inuentum in
Theatro Anatomico ; sed fuit exsibilatus et ex-
plosus, atque hoc subticuit : Mentionem dum-
taxat facit Anatomistæ, vt eius dictione barbara
vtar, Monspeliensis, Martetij, quem docuit mo-
dum inuestigandi Lacteas Thoracicas, præsente
Illustrissimo, si diis placet, Professore Regio, Ri-
uerio, qui sui libri vel sui Inuenti approbatio-
nem ei non concessit, neque alij Professores,
ipso postulante : Neque in ulla Galliæ regione,
Medicos vllos Professores Academicos, siue
Collegiatos in Vrbe celebri Approbatores ha-
buit. Soli duo Medici Parisienses istud officium
illi præstiterunt, eósque dumtaxat duos, (quo-
quo modo factum sit,) fautores et approbatores
obtinuit. Omnes Medici hoc negotium, quia
Anatomicum, Lutetiæ natum, ad Riolanum, Pro-
fessorem Regium Anatomicum, iamdudum suis
scriptis spectatum pertinere crediderunt, et
post eius Responsionem, nemo voluit istis nu-
gis respondere : imò et ipse D. Guiffartus, visâ
Riolani sui Præceptoris admonitione conticuit.
Page 94, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
qui habuit in votis ipsum præcipuè demereri et co-
lere. Non dubito, quin id facturus fuisset Pec-
quetus, nisi reuocatus fuisset ab Authore primæ
Epistolæ, qui iudicauit Riolanum indignum istis
mysteriis Eleusiniis ; Nam antea Pecquetus do-
mum Riolani frequentabat, et liberum ei præ-
buit accessum, dum videret ipsum studiis Anato-
micis deditum, et quasdam difficultates in re
Anatomica proponere, quas Riolanus soluebat.Pag. 191. In tantum creuit Juuentem depri-
mendi cupido, vt ideo vniuersæ juvenili ætati Rio-
lanus maledixerit. Vbi sunt maledicta ab eo pro-
lata ? quia dixit ; cum Iuuene disputaturus ad gre-
garij militis officium redactus sum, si depositâ
senectutis dignitate, cum ipso certare velim.
Sic Orestes apud Euripidem, cum Sene certatu-
rus, eius aspectum reformidat, rogátque vt bar-
bam vel deponat, vel occultet. Inde cauillandi
sumit occasionem alter assecla Pecquetianus.
Quomodo ex Sene potuit Riolanus fieri iuuenis, et
postea recuperare senilem dignitatem : Nunquam
Riolanus barbam et capillos pinxit, et fucatâ
facie apparuit. Nouit quid scripserit Martialis
contra tales personatos homines.Mentiris Iuenem, tinctis, Lentine, capillis,
Tam subitò coruus, qui modò cygnus eras ?
Non omnes fallis, scit te Proserpina canum,
Personam capiti detrahet illa tuo.Porrò Riolanus nuspiam Iuuenes deterruit ab
Anatomico studio, imò omnes Medicinæ stu-
diosos inuitat et hortatur, ad hoc studium, et ab
eo inchoandum esse passim inculcauit, initio suæ
Anthropographiæ, et commentario in librum Galeni de Ossibus.
Page 95, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Lubenter patiar ob assiduum artis Anatomicæ
studium, mortuale glossarium me vocari, non mu-
tum et elingue, sed vocale, omnes Medicinæ stu-
diosos ad studium Anatomicum inuitans et conuo-
cans. Remitto Lectorem Cap. 16. lib. 1. meæ
Anthropographiæ, vbi demonstro παιδομαθιην, in
rebus Anatomicis requiri, et πεπαιδευμελυον præ-
stantiorem esse απαιδευτω : Et reuera, si eo modo
instructi fuissent Pecquietiani fautores, rectius
de rebus Anatomicis iudicarent. Pag. 191. 192. Pro tot conuitiis, quibus turpiter
dedecorare Sene voluisti, tibi repono, quod iam
dixi, Ætas sapientiæ condimentum est, ex Plauto in
Trinummo : et vbi in Senibus oculus corporis deflo-
rescit, mentis oculus magis exsplendescit : et Pla-
tone, in Couiuio : Vt in ætatibus authoritatem ha-
bes senectus, sic in exemplis testimonisque, ad fa-
ciendam fidem, authoritas plurimum valet, inquit
Cicero. Eleganter apud Platonem, Ægyptius Sa-
cerdos Græcos increpat, et obiurgat : Vobis Græ-
cis semper puer iuuenisque est animus, in quo
nulla est vetustatis cognitio, nulla cana scientia ;
Nouitas vobis magis placet. Qui suæ ignorantiæ
sunt conscij, inquit Aristoteles, eos admirantur, qui
magna quædam, et ipsorum facultate superiora lo-
quuntur : quales sunt Pecqueti Discipuli, et ille
audacior, qui temere pronunciauit de vsu sua-
rum Venarum Lactearum Thoracicarum, eas nem-
pe inseruire ad sanguificationem in Corde per-
ficiendam. Si ex Aristotele, Juvenis non est ido-
neus auditor Moralis Philosophiæ, quia consistit
non in cognitione, sed actione ; Multò minùs Iuue-
nis poterit esse Dictator rei alicuius nouæ in
Page 96, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Medicina, quæ non comparatur, nisi longo vsu
et exercitatione.Aristoteles in Ethicis, scribit, inueniri posse
Iuuenes, qui optimi sint Geometræ, Mathema-
tici et Musici, (vt Pecquetus) sed qui non sint
prudentes, lib. 6. cap. 8. Hoc enim præstare quod
in rebus agendis præcipuum est, non est munus
Iuuenum, sed seniorum, qui præter cæteros ex-
cellunt intellectu, iudicio, experientiâ, rationis
lumine, et summa circumspectione. Apud Io-
bum, cap. 31. {a} Annorum multitudo docet sapien-
tiam. Senilis (ait Quintilianus) authoritas ma-
ior est, quod plura nosse et vidisse creduntur.
Qua de re modestè gloriatur idem Iobus, cap. 29.
D. Hieronymus in Epistolis. Senex crescente sa-
pentia fit doctior, et veterum studiorum dul-
cissimos fructus metit. Apud Euripidem in Phœ-
nissis.Non prorsus omnibus grauis premitur malis
Fili, Senectus ; huic temporis longinquitas
Tribuit experientiam, acrior hinc senum
Quam Iuniorum orationis est vigorClaudam hunc articulum de honore Sene-
ctutis, pulcherrimâ sententiâ Ecclesiastici. Quàm
speciosum canitiei iudicium ! quàm speciosa Ve-
terani sapientia, et gloriosus intellectus, et con-
silium ! Corona senum multa peritia, et gloria
illorum timor Domini. Ideóque Iuuenis Pec-
quetus temere pronuntiauit de nouo officio
Cordis, eique absque ratione et iudicio fauent
Pecquetiani Doctores Parisienses. Legem posue-
runt, inquit Hippocrates, ac tulerunt homines sibi-
ipsis, non cognoscentes, de quibus tulerunt, et ea
- Sic pour : 32.
Page 97, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
quæ intelligi non possunt, Vates intelligunt : qui
quidem Doctus, semper rectè ; qui verò non Doctus
est, aliàs aliter. Ex lib. 1. de Diæta.Responsio ad caput tertium.Priusquam ad Examen huius Capitis tertij vl-
teriùs progrediar ; quia Doctoris Manteli de-
fensio prima suscipitur, cupio illi detrahere va-
nos istos titulos Nobilitatis, quibus se iactat
Nobilissimum, Patritium, Pronepotem illius, cui
Typographiam debet Orbis, vt paribus armis
nobilitatis certemus : Nec me armorum insignia
terrebunt, cùm sint falsa, et ipse rustica sit pro-
genies, ex parentibus pauperrimis oriundus,
pagi Brussiare, iuxta oppidum dictum Gandelu,
quatuor leucis distantis ab Vrbe Castro-Theodo-
rica ; Ideóque frustra Nobilissimi nomen affe-
ctat, dum natales suos repetit à Mentelino, Ty-
pographiæ Inuentore, vt ipse iactat, quem vt
falsò asserit, Imperator Germanus nobilitauit, et
honorificis titulis decorauit : Pauper Arpinas
contineat se intra nobilitatem Doctoris Medici
Parisiensis, vtpote cui, vt et aliis, Nobilitas
sola est, atque vnica virtus : Nam genus et Proa-
uos, et qua non fecimus ipsi, vix ea nostra voco.
Vir probus, et Doctissimus, Gabriel Naudæus,
quamuis eius amicus, istam hominis arrogan-
tiam inanibus titulis et vanis insignibus Nobi-
litatis superbientis, non poterat tolerare : mini-
tabatur ipsi Responsum aduersus eius scriptum,
de Mentelo Typographiæ Inuentore. Id notauit in
suis Scriptis, paulò ante obitum editis. Ista fa-
Page 98, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
bula si placeat Mantelo, illud Acci Tragœdi
imitetur :Argos me conferam, nam illic sum Nobilis,
Nec cui cognoscar noto.Cùm Mantelus ei librum Pecqueti, cuius edi-
tionem procurauerat, tanquam suam obtulis-
set, et videret sanguinificationem attribui Cordi,
neglecto Iecinore, ipsum Mantelum interroga-
uit, quid de ea re sentiret Riolanus : Non indige-
mus, inquit, Illius suffragio, meum cum Mersen-
no sufficit : sum in rebus Anatomicis æquè peritus,
qui decies, vel pluries Anatomicis demonstratio-
nibus præfui. Respondit Naudæus. Id nunquam
credam, nisi Riolanus approbarit, quem rerum A-
natomicarum æquum iudicem et arbitrum reputo :
peritis in arte credendum est. Id mihi sincerè et
candidè retulit Naudæus cum indignatione,
méque inuitauit ad Responsionem, quam eius hor-
tatu suscepi. Mihi tamen refricuit memoriam
testimonij, quod perhibuit de me Mantelus in
Oratiuncula publicè in Scholis Medicis pronun-
tiata in suo Doctoratu, et mihi dicata ; Anato-
men amas ? Illum, illum, qui vnquam fuerunt,
sunt, et erunt Anatomicorum Principem Riola-
num, Præceptorem meum vide, obserua, consule.
Benignum est, et ad mentem Hippocratis, inquit
ille, ac plenum ingenui pudoris, fateri per quos pro-
feceris ; et verò cùm primum hos inter locum tibi
vindices apud me, Riolane Doctissime, non vltra
mihi temperare potui, quin illud etiam vel indeco-
rè significarent, ambiunt omnes των ιατρων οι χαριεν-
τους, cæterarum gentium Te suum vtique præcepto-
rem laudare. Pudor est hac ætate Medicum se pro-
Page 99, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
fitenti hoc non posse : sic iuuat ad artem, Anatomi-
corum Aquilam obseruasse : sic ad famam Te con-
suluisse. Quod cùm mihi per tot annos, tum priua-
tim, tum publicè contigerit, quid non coner quo id
etiam gloriæ vsurpem, ac pro tua in me, ex quo
Medicæ rei mentem applicui, beneuolentia singu-
lari, te colam atque venerer, etc.Quod spectat ad Artis Impressoriæ Inuen-
tores, inuenio tres diuersos nominati. Alij tri-
buunt inuentum cuidam Germano, Ioanno Gut-
tembergio, Moguntino, vel Argentinensi, anno
Domini 1440. Alij, Ioanni Faustio, eodem anno
1440. Alij Laurentio Costero, Harlemensi.
Quod probat vir eruditissimus Marcus Zuerius
Boxhornius. Ressuscitauit Mentelinum, Doctor
Parisiensis Mantelus, ex Wimphelingio, cap. 65.
Historiæ Germanicæ : qui de nouo inuento Typo-
graphiæ loquens, eam attribuit Ioanni Guttem-
berg, Argentinensi : et addit : interea Ioannes Men-
telin id opificij genus incœptans, multa volumina
castigatè ac politè imprimendo, factus est breui opu-
lentissimus : Inde deriuat suos natales Mante-
lus, Doctor Parisiensis, et diplomate Regio con-
firmauit, quod ei procurauit D. de la Chambre,
Medicus Regis primus Ordinariorum, doctis-
simus et peritissimus apud DD. Illustrissimum
Cancellarium. Si desideras judicium Clarissimi
viri Gabrielis Naudæi, ad calcem istius Respon-
sionis est appositum.Cæterùm, emeram Coloniæ, duos tomos No-
bilitatis Germanicæ, è Chartulario Cameræ Im-
perialis extractos, Germanicè scriptos et ex-
cusos formâ oblongâ musicali, cum armorum
Page 100, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
insignibus, in quibus non inueni nomen Men-
tel, nec Mentelin, neque insignia Nobilitatis.
Ergo insignia armorum, quæ profers ab Impe-
ratore concessa Typographo Mentel, sunt fic-
titia et supposita. Contentus sis, virtute tuâ
Maioribus tuis præluxisse, vt Cicero gloria-
batur.Eutrapelus cuicumque nocere volebat,
Vestimenta dabat preciosa, etc. {a}Itaque tuum testimonium et iudicium de in-
uento Pecqueti non præualet Medicorum Pari-
siensium iudicio, ob tuam Nobilitatem.Authentica Approbatio Manteli.Tu nouis hisque distinctis nostris annis
Pecquete, contentionis funem scidisti, ac
tanquam illius de immensitate Naturæ beneme-
riti Peripateticorum Principis animus in te mi-
grasset, sensu ac ratione probasti, vegetationis
officinam et sanguinis promum-condum Cor
esse.Sed quispiam receptæ, et ab omni æuo tra-
ductæ opinionis assecla reponet, quid fiet nunc
Hepate ? Ex officio incumbit Ventriculo ad
εψισιν ciborum, quos deglutimus, suo veluti com-
plexu atque amico calore iuuare, præcipuè ve-
rò secretum è sanguine ad se per Iecoris portas
transmisso biliosum et acrem humorem in sub-
stratam sibi Vesiculam exspuere : ac cùm Na-
turæ res postulat, eundem ad intestina deponere.En Doctor Iuuenis Pecquetiane, vides num
Pequetianorum Canalium fautores, Chylum ab
- Ajouter : Opto tamen tibi consimilem fortunam tuæ Nobilitati conuenientem (errata).
Page 101, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Hepate admitti statuant : et easdem Hepatis fa-
cultates et functiones cum Riolano agnoscant :
Propterea falsa asseris vestræ opinioni contra-
ria pag. 239. Nunquam cadet Princeps Oeco-
nomiæ naturalis Viscus, suo iure ac potestate
conficiendi sanguinis, semper erit facultatis na-
turalis sedes, hæmatoseos officina, quæ incolu-
mi Hepate, salua est ; eodem vitiato, læditur at-
que corrumpitur. Sunt hæ illorum verba.Noluit Mantelus discedere à sua prima sen-
tentia de vsu Lactearum, quoniam hæc ab eo
excogitata et producta fuit, quippe interluuium
Mesenterio suppositum, vt recitat in sua Epistola,
secundæ Editionis. Anno 1629. offendit in resecto
grandis Molossi abdomine dum Lacteas Venas ve-
naretur, et de eo Philiatros aduertisse meminit :
Ergo se inuentorem receptaculi Chyli consti-
tuit. Pecquetus Lacteas Venas Thoracicas dun-
taxat inuenit, cuius inuenti prima laus debetur
Mantelo, qui noluit se authorem prædicare, se-
legit Iuuenem Medicum Rothomagensem, sua-
rum laudum tam eximiæ nobilitatis, quàm istius
Receptaculi buccinatorem. Sic ille Iuuenis Do-
ctor loquitur de Mantelo, cui suum Opuscu-
lum dedicauit. {a} Illic, quasi rerum abditarum, et à
mundo condito reconditarum inuentio, illustri tuæ
prosapiæ quadam prærogativa hæreditaria esset, ra-
tione Typographiæ, tu vel imberbis Apollo, quip-
pe Baccalaureus et Philiatrorum Archidiaconus
electus anno 1629. oblatâ de Venis Lacteis Asel-
lij disserendi occasione, fortè etiam edito cane in
Theatrum Anatomicum, apertis à Te coram om-
nibus, eius visceribus, felici admodum successu, cùm
- Ajouter : ab eodem tamen fabricatum (errata).
Page 102, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Venarum Lactearum insertionem sequeris, Ecce
cum omnium spectantium admiratione et accla-
matione publica, Chyli Receptaculum aperis. Et an-
no 1635. Chirurgiæ Professor meritissimus eius ar-
tis alumnis quamplurimis, idem Chyli Recepacu-
lum pari euentu reseras. Cuius re oculati sunti testes
non pauci : præsertim eius fidem facit quidam Chir-
urgus Parisiensis nomine Fournier, anno 1647.
Idem ab eo patefactum Chirurgo Gayant, præsente,
et attestante vel ipso Pecqueto, missa à {a} te Epistola
data 2. die Augusti, anno 1650. Cui sanè tuo fe-
lici inuento multùm debet doctrina Pecquetiana.Huc vsque Iuuenis ille Medicus laudes Man-
teli prædicat et extollit supra Pecquetum, non
sine suspicione Manteli Instigatoris siue Pro-
motoris, qui nolui vt Iapix, apud Virgilium,————— mutas agitare inglorius artes.Ibidem. Dum seniores à Pecqueto consuli vo-
luit Riolanus, seipsum intellexit. Ipse tamen nul-
libi sui mentionem fecit, et, si Pecquetus id præ-
stitisset, ei rectius et sanius consilium Riolanus
præbuisset ; Nam contentus esse debebat istâ
Venarum Lactearum inuentione, non autem de
vsu absolutè pronuntiare, ad delationem Chyli
in Cordis ventriculos.Pag. 176. {b} De aliis Senioribus non consultis,
haud multùm curat, quos Circulatores vocat Rio-
lanus. Nullam iniuriam facit, si Medicos Pra-
gmaticos, cum Seneca, Galeno, et Iurisconsultis,
Vrbis circuitores, vel potiùs Circulatores vo-
cauit, et nomine Pragmaticorum, intelligit vel
designat omnes illos Medicos, vel potiùs medica-
stros, hodie nimiâ sacræ Themidis indulgentiâ,
- Sic pour : ad (source citée).
- Sic pour : 197 (source citée).
Page 103, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Lutetiæ Medicinam quoquomodo exercentes,
qui penè tot sunt, vt propè numerum æquent
eorum qui sunt Doctores in Facultate Pari-
siensi.Atque hoc titulo ipsum Riolanum primi in-
digitarunt. Idque notauit Riolanus, in Epistola
consolatoria ad Harueum. Multi nostros labores
legunt, tanquam nænias et fabulas, nec tamen
audent iis contradicere. Nos etiam appellant Cir-
culatores per contemptum et Ironiam, credúntque
nobis plurimum illudere et obstrepere hoc sarcasmo,
quod mihi passim obiicitur. Et in Scholis Medi-
cis, dum publicè agitata fuit Thesis de Circula-
tione sanguinis, tanquam Circulator nominatus
fui, à quibusdam maleuolis de munero stibia-
lium. Si mundus omnis Histrionam exercet ;
ex Petronio ; ergo ars Circulatoria vbique viget,
et inter Medicos magis regnat, dum quisque
sua remedia et miracula venditat.Pag. 197. Reprehendis, quod Fernelium Me-
dicorum maximum, dixerim constituere focum fe-
bris continuæ in maioribus vasis, quæ sunt inter
alas et inguina : Quod non admitto. Si sanguis
ex Hippocrate, est in perpetuo motu, et Circula-
tio sanguinis Harveiana recipiatur, non potest
ibi locari focus febris continuæ. Ioannes Riola-
nus, Parens meus beatæ memoriæ, aduersus Ferne-
lium, in Physiologia, et libro de abditis rerum cau-
sis disputauit : sed nullus Medicorum istis di-
sputationibus offensus fuit.Quis Medicorum Parisiensium aduersus Hof-
mannum, et eius atroces iniurias contra Ferne-
lium, et libros Medicorum Parisiensium famam
Page 104, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
tuitus est præter Riolanum Anatomicum ? Si
Riolanus modestè de largâ sanguinis missione
loquutus est, non appellauit Medicos Parisien-
ses, homicidas, vt olim Ludouicus Duretus, pag.
252. Commentarij ad Coacas Hippocratis.Pag. 197. Quod spectat ad Hippocratem,
nescis quam plures interpretari Epidemiωn li-
bros, de Perigrationibus, non de morbis popu-
laribus : Quippe cùm paucos ægrotantes in Coo
Insula offenderet, couactus fuit peregrinari, et
in istis peregrinationibus, cùm esset adhuc Iu-
uenis, pauca remedia adhibit ægrotis : cùm
Naturam multorum morborum medicatricem
sciret, et sæpissime remedia intempestiuè adhi-
bita motum Naturæ interturbare nosset.Alter locus ex Cornelio Celso depromptus est
initio libri tertij : qui legerit meum librum de Cir-
culatione sanguinis, pag. 586. 587. animaduer-
tet contradictiones Galeni, et iudicium Fernelij,
de Praxi et Medicatione Galeni, nec pœnite-
bit istos locos legisse, si librum meum habeant,
vel ab aliis sibi comparabunt.Verùm audacior fuit Mantelus, in sua Epi-
stola, ista dum profert : Galenus Philosophum,
in eo carpendi, quàm verum quærendi auidior, vt
ex argumentorum, quibus vtitur, leuitate facile
est colligere.Pag. 198. Quod spectat ad Epistolas Docto-
rum Parisiensium scriptas Æmilio Parisano,
nullos nominauit Riolanus, nec credit ab iis scri-
ptas fuisse, sed suppositas. Quod si fortè tales ab
ipsis scriptæ fuerint, meritò de ipsis Riolanus
conqueritur, quod laudarint hominem ignarum
Page 105, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
rei Anatomicæ, in contemptum Riolani ; Igna-
rum appello, post alios Italos et Anglos, qui ta-
le iudicium de ipso protulerunt.Quod scribit de Guidone Patino, ex illo Epi-
grammate, tot alapas meruisse, quot sunt versus ;
depromptum est illud, ex Epistola Hofmanni,
scripta ad D. Patinum. Ipse Hofmannus intel-
ligit de Poëmate prægrandi, quod primo libro
Subtilitatum Parisani præfixum est. Quàm ine-
ptæ sunt istæ exprobrationes, vt inueniant ma-
teriam infamandi Riolanum !Pag. 199. Atque prorsus falsa est et menda-
cissima isthæc exprobratio, quod Riolanus Scholam
semistibialem ac semi stygialem irrideat in Episto-
la nuncupatoria. Id nunquam dixit : dedicatio li-
bri talis est : Præstantissimis Medicis Doctoribus
Scholæ Medicæ Parisiensis Orthodoxis, Hippo-
craticæ Medicinæ cultoribus, neutiquam stibiali-
bus et stygialibus. Vnde colligis Scholam dictam
fuisse semistibialem ac semistygialem ? tu ipse
talem prædicas, et confirmas approbatione Sti-
bij, vt stibialissimus habeatis, tanquam huius
factionis Coryphæus.Pag. 199. Mea querimonia non est de hy-
parxi Venarum Lactearum, sed de commeatu
Chyli ad Cor per istos tubulos, vt ibi conuer-
tatur in sanguinem. Si hoc potes demonstrare
Riolano, et aliis Doctoribus, herbam tibi por-
riget : alioquin te cum tuo socio, impostores,
falsarios, delusos à Pecqueto præstigiatore pro-
mulgabit, qui vobis demonstrauit impossibilia.Cùm autem Rothomagi eruditissimus Medi-
cus et pertitissimus Anatomicus, Carol. le Noble,
Page 106, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
in cadaueribus hominum istud negotium agita-
uerit, En Rhodus, en saltus. Demonstrent Doctores
Parisienses Pecquetiani in Theatro Anatomico
Scholarum Medicarum, præsente Riolano et
aliis Doctoribus, Venas Lacteas Thoracicas
binas, earum ortum et progressum in axillares,
effluxum liquoris Lactei ad Cor descendentis :
Ad hoc vos interpello, vt os Riolano obturetis.
Nec amplius dicatis Riolanum noluisse huic
demonstrationi adesse. Nulla ætas nimis sera est
ad discendum, addiscens semper plurima fio senex,
vt loquar cum Solone. Et si haberem pedem in
cymba Charonis, vellem adhuc aliquid addisce-
re, ante meum decessum.Pag. 200. {a} Redit Encomiastes Pecqueti ad
Authoris et inuenti commedationem. Pecque-
tus etsi non sit Doctor nec Medicus Parisiensis,
attamen hoc titulo insignitus fuit à Bartholino.
Non debet sua laude carere ob eximium inuentum ;
Fateor, modò ei detrahas vsum sanguificationis.Ibidem. {b} Nec Scholæ Parisiensi prorsus exte-
rus videri potest, cuius secum A. Foësio, A. Lau-
rentio, et aliis illustrioribus huius seculi Medicis
Discipulum gloriatur. Vbi id expresserit indicare
debueras : istorum Medicorum famam deprimis,
dum Pecquetum cum istis principibus Medicinæ
comparas.Ibidem. Non est exterus, ergo meretur Me-
dicis Parisiensibus accenseri, et iure aggregatio-
nis frui. Apud Cassiodorum, non iudicari po-
test extraneus, qui bonarum artium est, {c} lib. 3.
epist. 9. {d} Nulli fuit ingrata Roma, quæ dici
non potest aliena : hac ratione nomen Doctoris
- Sic pour : Ibidem (source citée).
- Sic pour : Pag. 200 (source citée).
- Sic pour : est alumnus (source citée).
- Sic pour : 33.
Page 107, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Parisiensis meretur, ex iudicio Pecquetianorum.Ibidem. Gradum Magisterij artium et nomi-
nationis adeptus est. Id cuilibet petenti, solutis
soluendis conceditur, quinetiam poterat esse
Doctor in vtroque Iure, si voluisset.Parce puer quæso, ne turpis fabula fias,
Cùm tua ridebunt vana magisteria.Sed nominationis titulum subticere debueras,
quia hoc sapit aucupium et astutiam Normani,
qui inhiat beneficiis adipiscendis. Ineptè in
omissis addidisti nominationis ad beneficia, Ex-
perimenta sua fecit Lutetiæ coram Mantelo et
Mersenno, Doctoribus Parisiensibus. Ergo Pec-
queti inuentum exterum esse non debet. Aca-
demia Parisiensis gloriari debet, de isto inuento
in hac Vrbe deprehenso in canibus ab ingenio-
sissimo Pecqueto.Ibidem. Quid in scriptis ad Pecquetum Epi-
stolis reprehendat Censor perpetuus, singula sigilla-
tim defendere longum foret, et vltra mihi præscri-
ptum tempus. Quis tibi definiuit tempus præscri-
ptum ? manifestè declaras id ex aliqua declama-
tione desumptum. Si potuisses Pecqueti errores
Anatomicos insignes plusquam triginta defen-
dere, non prætermisses eius defensionem : sed
ipse nil potuit redarguere, nec tu ipso peritior
in rebus Anatomicis.Ibidem. Si primæ Epistolæ Author potuisset
soluere ista glossemata in suam Epistolam, tibi
suas notationes tradidisset, vt magnam partem
tuæ Satyræ Existimat se satisfecisse hoc respon-
so. Turpis res elementarius senex, inquit Seneca.
Malè adaptat ad suam defensionem hunc locum
Page 108, Ioannis Riolani Responsiones duæ (1655).
2. Ad Pecquetianos.
Senecæ. Quid ergo ? aliquod est quod {a} non sit discen-
dum ? minimè : Sed quemadmodum omnibus an-
nis studere honestum est, ita non omnibus institui,
turpis et ridicula res est elementarius senex, Iuue-
ni parandum, Seni utendum est. Epist. 37. {b}Adeo placuit sibi Epistolâ politâ, vt seorsim
edi curauerit, distribuíque singulis Doctoribus ;
turpi tamen solœcismo exornatam, quem noluit
notare Riolanus, quia monuit Galenus non esse
Medicum reprehendendum propter solœcis-
mos : et aduersus eos scripsit librum, qui Medi-
cos solœcisantes carpunt. Istum errorem in secun-
da Editione libri Pecqueti deleuit.
- Sic pour : quo (source citée).
- Sic pour : 36.
"Jean Pecquet et la Tempête du chyle (1651-1655), édité par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.