La lecture de ces livres est fort divertissante : on voyage sans incommodité, on navigue sans péril, on combat sans crainte d’être tué. Quand je m’occupe des relations, il me semble être présent à tous les événements qui sont décrits. Je me trouve tantôt dans un vaisseau, tantôt au milieu d’une sanglante mêlée, tantôt dans les pays les plus éloignés ; et tout cela sans sortir de mon cabinet, et sans autre équipage qu’un livre à la main. La chose est fort commode pendant que les gens qui sont les auteurs de ces mémoires curieux ont couru toutes sortes de risques pour nourrir ma curiosité propre et pour avoir la seule vanité de m’apprendre qu’ils avaient vu ce que j’ai le plaisir de lire tranquillement. [1][28]
Cum rapiant mala bonos ; ignosce fosso,
Sollicitor nullos esse putare deos. ” [3]
Sans pouvoir régler l’ordre que la providence a mis dans les choses du monde, ni étendre les bornes qu’elle a données à la vie des hommes, qu’il me soit au moins permis de dire que les gens distingués par leur savoir et par leur mérite devraient survivre < à > tous les autres. Le monde finirait glorieusement s’il finissait par eux ; mais il arrive au contraire qu’ils sont enlevés dans leur première jeunesse, au plus dans la fleur de l’âge. Quoi qu’il en soit, je déteste la pensée d’Ovide [41] et je m’attache à ces dignes sujets de consolation que les Saintes Lettres me fournissent : Consummatus brevi implevit tempora multa, cito raptus est ne malitia mutaret intellectum. [4][42]
Ingens exigua iacet hac sub mole sepultus
Assertor regum, Numinis atque pugil :
Finivit Spadæ vitam Salmasius hospes,
Traiectum cineres ossaque triste tenet.
Quod mortale fuit periit : pars altera cœlis
Reddita, fit maior, doctior esse nequit. ” [6]
« Vos grandeurs, vos honneurs, vos gloires dépouillez,
Soyez de la vertu, non de soie, habillés,
Ayez chaste le corps, simple la conscience,
Soit de nuit, soit de jour, apprenez la science ;
Gardez entre le peuple une humble dignité,
Et joignez la douceur avec la gravité. <…>
Allez faire la cour à vos pauvres oueïlles,
Faites que votre voix entre par leurs oreilles,
Tirez-vous près du parc et ne laissez entrer
Les loups en votre clos, faute de vous montrer. » [7][47]
Dans les vers sur les troubles d’Amboise, [48] il ajoute :
« Mais que dirait saint Paul s’il revenait ici
De nos jeunes prélat qui n’ont point de souci
De leur pauvre troupeau, dont ils prennent la laine,
Et quelquefois le cuir, qui tous vivent sans peine,
Sans prêcher, sans prier, sans bon exemple d’eux ?
Parfumés, découpés courtisans, amoureux,
Veneurs et fauconniers, et avec la paillarde
Perdent les biens de Dieu, dont ils n’ont que < la > garde. » [8]
Ronsard prêche sans mission ; cependant, il prêche sans crainte. Ceux qui prêchent avec mission sont plus timides. En effet, comment oseraient-ils parler si hardiment à ceux de qui ils la reçoivent ? Le temps viendra peut-être où l’Église recevra plus d’édification de ses pasteurs.
La prédiction de M. Patin est arrivée, grâces au Ciel ! Deux choses admirables dans ce règne : les duels défendus, la résidence ordonnée ; il s’en faut pourtant encore < de > quelque chose qu’elle ne soit aussi régulièrement pratiquée que la défense des duels. [49] Le temps amènera tout, je voudrais déjà voir celui où tous les évêques seront vus dans leur diocèse. [9][50]
« On conseille tant bien autrui,
Le voyant prendre de l’ennui ;
Mais on ne voit user personne
Du conseil qu’aux autres il donne. »
Je lui ai répliqué sur-le-champ par ces deux-ci, tirés des œuvres de Joachim Du Bellay, [66][67] afin de mettre vieux poète contre vieux poète :
« On ne doit point conseiller bête
Qui son conseil porte en sa tête. »
Je ne sais que produiront ces deux petites sorties. Quant à moi, je trouve que nous avons tous deux raison. [13]
Je le dis à la confusion de mon art : si les médecins n’étaient payés que du bien qu’ils font, eux-mêmes n’en gagneraient pas tant ; mais nous profitons de l’entêtement des femmes, de la faiblesse des hommes malades, de la crédulité de tout le monde. À notre place, qui ne ferait pas la même chose ? Un avocat ne gagne pas toutes les causes qu’il plaide, un prédicateur zélé n’est pas toujours estimé : pourquoi veut-on que nous guérissions toutes les maladies et que toutes nos ordonnances aient leur effet ? La nature a des secrets qu’elle ne nous révèle pas, et la vie des hommes est fixée à un certain nombre de jours, qu’il n’est pas de notre ressort de prolonger.
Superstitiosum est quod fere in omni hac nostra patria <vane> observatur, ut dum fœmina est propinqua partui, zonam vel corrigiam qua præcingitur, accipientes ad Ecclesiam accurrunt, et cimbalum modo quo possunt corrigia illa, vel zona circumdant et ter percutientes cimbalum, sonum illum credunt valere ad prosperum partum, quod est superstitiosum et vanum. [16]
Le curé aura beau faire, les bonnes femmes iront toujours leur train. Aussi le connaît-il, mais ne laisse pas de continuer ses efforts, quelque inutiles qu’ils puissent être.
Un bon historien doit se défaire de toute prévention, se dépouiller même de tout sentiment ; il faut qu’il se mette au-dessus de toute crainte et de toute espérance, que la vérité guide sa plume sans consulter l’amour de son pays ni sa haine contre les puissances étrangères. Quelque jour, s’il me reste un peu de loisir, je m’aviserai de faire le caractère d’un historien, sans pourtant vouloir jamais le devenir : il en coûterait trop à certaines gens, je suis sincère et je ne pourrais me résoudre à dissimuler le mal qu’il y a à dire de leurs personnes. [20]
Le peuple veut qu’on le laisse paisible dans ses supputations. Entreprendre de le détromper, surtout dans les choses qui regardent un culte de fantaisie, c’est offenser mal à propos sa crédulité. C’est tenter l’impossible.
Dum lapidem quæris Lulli, quem quære nulli
Profuit, haud Lullus, sed mihi Nullus eris. ” [21][140]
Gallinas pingues, perdices et phasianos
Divitibus mittis pauperibusque nihil.
Mittere personæ vis convenientia cuique,
Mitte cibos miseris, divitibusque famem. [22][144]
Je plains un riche qui n’a qu’une bonne table, je plains un misérable qui n’a que de l’appétit. Si les choses pouvaient se compenser et qu’il fût aisé de partager et les mets et la faim, il y aurait bien des hommes contents.
Nolo tamen veteris documenta arcessere famæ
Ecce ego sum factus femina de puero.
Mais ce Jérôme Romain s’est trompé en s’imaginant que Pintian disait de lui-même ce qui n’est qu’une citation d’un auteur. [23]
Nunnez ordonna pour son épitaphe ces paroles : La mort est le plus grand bien de la vie. La réflexion est bonne, mais la pensée est fausse : la mort ne peut pas être le plus grand bien de la vie puisque les vivants ne l’éprouvent pas ; il est vrai que pour mourir il faut vivre, mais pour jouir de ce bien, il faut être mort ; ainsi la mort n’est pas le plus grand bien de la vie, elle est seulement un bien ; encore je m’en rapporte. Tout cela est bon pour le discours, pour une épitaphe ; les philosophes ne pensent pas toujours comme ils disent.
Quelque mine que l’on fasse et quelque déguisement que les hommes apportent dans leur vie, ils ne sauraient parler du dernier coup. La mort lève le masque, Erpitur persona, manet res, [150] et fait comprendre que la vie n’est qu’une comédie, qu’une farce assez courte, qu’une ombre,
Mors sola fatetur
Quantula sint hominum corpuscula.
Juvénal, qui parle ainsi dans sa dixième Satire, [151] moralisait aussi bien que les autres : je m’en avise quelquefois comme Juvénal. En vérité, il convient bien aux poètes et aux médecins de dogmatiser. Les derniers sont les témoins continuels, pourquoi ne pas dire, les instruments de la mort ? Ils se familiarisent avec ces tristes objets, et cessent bientôt d’en être émus. Les autres n’y pensent jamais, et ils sont tout surpris que la mort, qu’ils ont affecté d’oublier, daigne se souvenir d’eux. [24]
Omnis Aristippum decuit color, et satus, et res. ”
Un courtisan change souvent de couleur, d’état et de situation. Voilà trois mots qui pourraient produire de grands discours. Cette matière n’est pas de ma compétence, je la laisse aux poètes critiques, aux philosophes amers, ou aux auteurs envieux, plus accoutumés à décrier le courtisan riche et en faveur que les vices de la cour. [25]
« Prit sans aide d’autrui sa gaillarde volée,
Fit une entière ronde et puis, d’un cerveau las,
Comme ayant jugement, se perche sur son bras. » [29][206]
On admire encore la sphère de verre d’Archimède [207] que Cassiodore, [208] ep. 45, l. i, appelle une petite machine qui contient tout le monde, un ciel portatif, l’abrégé de l’univers, le miroir de la nature : Parvam machinam gravidam mundo, cœlum gestabile, compendium rerum, speculum naturæ. [30][209]
Pour moi, sans refuser mon attention à ces chefs-d’œuvre de l’art, j’admire bien plus les créatures raisonnables, l’esprit qui les anime et qui, en un instant, fait tant de chemin dans l’univers par une seule réflexion ; ce corps dont toutes les parties se prêtent si exactement un mutuel secours ; cette main si pliable, si mobile, si obéissante, dès que l’âme a donné son ordre et marqué sa volonté. Ce sont là des choses qui méritent une admiration ; admiration qui me porte insensiblement à dire qu’il faut que l’ouvrier d’une telle machine y ait bien pensé, et ait bien d’autres perfections que celles qui me surprennent dans l’humanité. [31]
Viderat Adriacis Venetam Neptunus in undis
Stare urbem, et tota ponere iura mari.
Nunc mihi Tarpeias quantumvis, Juppiter, arces
Obiice, et illa tui mœnia Martis : ait.
Si pelago Tybrim præfers : urbem aspice utramque
Illam homines dices, hanc posuisse Deos. [33]
Carmina secessum scribentis et otia quærunt. ” [239]
Captivum nam te tenet ignorantia duplex :
Scis nihil, et nescis te quoque scire nihil. [38]
Il ne faut pas croire que le nom de magie se prenne toujours en mauvaise part. On distingue trois sortes de magies : de < sic pour : la > naturelle, qui produit des effets merveilleux par la seule force de la nature, comme quand le jeune Tobie guérit l’aveuglement de son père [255][256] par les entrailles d’un poisson préparé ; l’artificielle produit aussi des effets extraordinaires, mais par l’industrie humaine, comme la sphère de verre d’Archimède, les serpents d’airain de Sévère qui sifflaient, et toutes ces choses rares que l’art invente ; ces deux sortes de magies sont bonnes en elles-mêmes, mais souvent elles portent les hommes dans des curiosités superstitieuses ; à l’égard de la magie noire, elle est toujours criminelle parce qu’elle suppose un pacte avec les démons. Il y a des gens qui doutent ou qui font semblant de douter qu’il y ait des magiciens. Je viens de le dire, la question de droit est incontestable. L’Écriture Sainte défend de consulter les magiciens et fait mention de ceux de Pharaon, [257] qui imitèrent les véritables miracles que Dieu opéra par le bras de Moïse. [258] Il y est encore parlé des magiciens de Manassé, [259][260] de la pythonisse que Saül [261] consulta, [262] de Simon, [263] qui vécut du temps des apôtres, de Bar-Jésus [264] et d’une autre devineresse, du corps de laquelle saint Paul chassa le démon. [265] Les conciles fulminent des anathèmes contre les magiciens ; le droit civil ordonne diverses peines contre eux. Le Parlement de Paris ne reconnaît point, dit-on, des sorciers : cela n’est pas vrai ; d’ailleurs, son autorité ne devrait prévaloir à celle de l’Écriture Sainte, des Pères, des jurisconsultes. Pour montrer que le Parlement de Paris reconnaît les sorciers, il ne faut que lire quelques arrêts rendus en 1548, 1577 et 1578, par lesquels des gens atteints et convaincus de sortilège ont été condamnés d’être brûlés vifs. [266] L’opinion des juges n’a point changé dans le principe ; mais comme ils connaissent les accusations, ils voient que tous les gens qui sont soupçonnés de magie n’en sont pas coupables, ainsi qu’il paraît par l’Apologie que mon bon ami M. Naudé a faite pour justifier tous les grands personnages qui en ont été accusés. [267] Il y a plus de sorcières que de sorciers à cause de la faiblesse d’esprit et de la grande curiosité des femmes. [39]
Tu ergo age, abii ; ægram adi anum, atram eme ovem, album ede ovum, ante agrum ubi hoc est.
Il y a dix-huit mots dans ce vers. Dans chacun de ceux qui suivent, il n’y en a que deux.
Perturbabantur Constantinopolitani
Innumerabilibus sollicitudinibus.
La cadence de ces vers n’est pas trop harmonieuse. Mon fils Charles [293] n’avait que douze ans qu’il censurait déjà cette poésie. [48]
Damnosa quid non imminuit dies ?
Ætas parentum, pejor avis, tulit
Nos nequiores, mox daturos
Progeniem vitiosorem.
Que de vérité dans cette pensée d’Horace (l. iii, Od. 6) ! [50][297] l’expérience de nos jours la confirme : nous enchérissons sur les vices de nos pères, la postérité se reconnaîtra dans les nôtres, et les siens, entés sur notre corruption, augmenteront la sienne.
Aucun argument probant tiré de ses écrits ou des témoignages laissés par ses contemporains ne permet de penser que Guy Patin, natif de Picardie, soit jamais sorti d’Île-de-France et de ses provinces limitrophes. Rien n’autorise, par exemple, à croire qu’il soit jamais allé visiter ses correspondants les plus assidus à Lyon (André Falconet et Charles Spon) ou à Troyes (Claude ii Belin). Sa phobie de ce qu’il appelait la pérégrinomanie (v. note [7], lettre 415) lui a fait refuser de prestigieux emplois médicaux en Suède, en Italie (Bologne et Venise), en Lorraine, en Savoie ou au Danemark : entre plusieurs autres, sa lettre à Spon du 17 août 1655 (fin du premier paragraphe) est particulièrement expressive à cet égard.
Néanmoins, ce casanier convaincu prisait la lecture des récits de voyages lointains. Il ouvrirait ici le rayon « Géographie et voyages » de sa bibliothèque, en citant 20 ouvrages ; mais rien ne garantit qu’il ait lui-même dressé cet impressionnant et instructif catalogue car, de son vivant, trois de ses références n’avaient paru qu’en italien.
Theatrum Principum Orbis universi. In quo omnes, quotquot sunt in Orbe terrarum Principes, opibus et viribus conspicui representantur, cum uniuscuiusque Regali consu, potentia, regendi forma et Principibus ipsis finitimis. Quod Theatrum, perspicuitatis gratia, divisum est in quatuor partes.
Prima parte in oculos ponente Principes, qui in Europa latissime imperant, nempe Reges Franciæ, Angliæ, Daniæ, Sueciæ, Poloniæ, Magnum Moschorum Ducem, Familiam Austriacam, Romanum Imperium, et Pontificem Romanum.
Secunda parte rencensente Principes Asiæ, ut sunt Magnus Cham, Magnus Mogor, Reges Chinæ, Siami, Narsingæ, Calecutii, Persiæ et Japoniæ.
Tertia parte continente Principes Africæ præcipuos, quales sunt Presbyter Iohannes, sive Abissinorum Imperator Monomotapa, et Xerifius Fessæ et Marochy Rex.
Quarta parte describente imperium Magni Turcæ, qui magnas Europæ, Asiæ, et Africæ partes, tyrranide premit : et Regna Philippi Austriaci, Indiarum Hispaniarum etc. Regis, quo ab Orbe condito maior Monarchon fuit.[Amphithéâtre des souverains du monde entier. Où sont mis au jour les richesses et les pouvoirs de tous les souverains de la terre, avec le cens royal de chacun d’eux, sa puissance, sa forme de gouvernement et les princes de son voisinage. Par souci de clarté, cet Amphithéâtre est divisé en quatre parties.
La première présente les souverains qui gouvernent la plus grande partie de l’Europe, à savoir les rois de France, d’Angleterre, du Danemark, de Suède, de Pologne, le grand-duc de Moscovie, la famille d’Autriche, {a} le Saint-Empire romain et le souverain pontificat.
La deuxième partie recense les souverains d’Asie, comme sont le Grand Kan, le Grand Mogol, les rois de Chine, de Siam, de Calicut, de Perse et du Japon. {b}
La troisième partie contient les principaux souverains d’Afrique, tels que le Prêtre Jean, ou empereur du Monomotapa des Abyssins, le chérif de Fez et le roi de Maroc. {c}
La quatrième partie décrit l’Empire du Grand Turc, qui exerce sa tyrannie sur de grandes parties de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, et les royaumes de Philippe d’Autriche, {d} roi des Indes espagnoles, etc., par quoi il a été le plus grand monarque depuis la création du monde]. {e}
- Les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, successeurs de Charles Quint.
- V. note [3], lettre 193, pour le Grand Kan ou Tartare précopite. Le Grand Mogol régnait sur le nord de l’Inde et la Mongolie. V. 3e notule {d}, note [64], lettre 101, pour Calicut (Kozhikode), qui fut la capitale du royaume de Malabar, au sud de l’Inde.
- V. notes :
- Philippe ii, v. note [13], lettre 152.
- Le livre de Botero a été réédité en latin à Marbourg en 1620 (Paulus Egenolphus, in‑4o).
Histoire de la première découverte et conquête des Canaries. {c} Faite dès l’an 1402 par Messire Jean de Béthencourt, chambellan du roi Charles vi : écrite du temps même par F. Pierre Bontier, religieux de saint François, et Jean le Verrier, prêtre, domestiques du dit sieur de Béthencourt ; et mise en lumière par M. Galien de Béthencourt, conseiller du roi en sa Cour de parlement de Rouen. Plus un Traité de la navigation et des voyages de découverte et conquête modernes, et principalement des Français. {d}
- Dont le nom a été déformé en Bottencourt dans L’Esprit de Guy Patin.
- Valeureux militaire mort en 1415, La Salle entra en rivalité avec Béthencourt, qui l’évinça.
- V. note [3], lettre 701.
- Paris, Michel Soly, 1630, in‑8o en deux parties de 208 et 303 pages ; la première a été rééditée par Gabriel Gravier sous le patronage de la Société de l’histoire de Normandie : Le Canarien, Livre de la conquête et conversion des Canaries (1402-1422)… (Rouen, Ch. Métérie, 1874, in‑8o de 258 pages. Un manuscrit illustré du récit est conservé par la Bibliothèque municipale de Rouen.
Histoire générale des Indes Occidentales, et terres neuves qui jusques à présent ont été découvertes. Augmentée en cette cinquième édition de la description de la Nouvelle Espagne et de la grande ville de Mexique, autrement nommée Tenuctilan. Composée en espagnol par François Lopez de Gomara, et traduite en français par le S. de Genillé Mart. Fumée. {a}
Histoire générale des voyages et conquêtes des Castillans dans les îles et terre ferme des Indes Occidentales. Traduite de l’espagnol d’Antoine d’Herrera, historiographe de Sa Majesté catholique, tant des Indes que du royaume de Castille. Par N. de la Coste. {b}
Tyrannies et cruautés des Espagnols commises aux Indes Occidentales, qu’on dit le Nouveau Monde. Brièvement décrites en langue castillane par Dom Frère Bathélemy de las Casas, de l’Ordre de saint Dominique, et évêque de la ville royale de Chiappa. Traduites fidèlement en français par Jacques de Miggrode, sur la copie espagnole imprimée à la ville de Séville. {c}
Novus Orbis seu Descriptionis Indiæ Occidentalis libri xviii. Authore Ioanne de Laet Antwerp. Novis Tabulis Geographicis et variis Animantium, Plantarum Fructuumque Iconibus illustrati.[Nouveau Monde ou 18 livres décrivant l’Inde Occidentale. Par Johannes de Laet, Anversois, illustrés par de nouvelles cartes géographiques et diverses images d’animaux, de plantes et de fruits]. {e}
- Paris, Michel Sonnius, 1605, in‑8o de 970 pages, première édition en 1577.
- Paris, Nicolas et Jean de Coste, 1660, 3 volumes in‑4o.
- Rouen, Jacques Cailloué, 1630, in‑4o de 214 pages ; première édition à Paris, 1582.
- V. note [13], lettre de Samuel Sorbière écrite au printemps 1651.
- Leyde, Elsevier, 1633, in‑fo de 690 pages.
[Trois livres de l’Itinéraire d’Italie et de l’histoire romaine, que Franciscus Schottus, sénateur d’Anvers, a édités à partir des auteurs anciens et modernes, et que Jérôme Capugnan de l’Ordre des pères prêcheurs {a} a augmentés. Quatrième édition, revue par Andreas Schott, prêtre de la Compagnie de Jésus. Dédiée à l’amplissime Francesco Barberini, {b} cardinal de sa sainte Église romaine] ; {c}
Primo Volumine delle Navigationi et Viaggi nel quali contiente la Descrittione dell’Africa, et del paese del Prete Ianni, con varii viaggi, dal mar Rosso a Calicut, et infin all’isole Molucche, dove nascono le Spetierie, et la Navigatione attorno il mondo.[Premier volume des Navigations et Voyages, qui contient la Description de l’Afrique et du pays du Prêtre Jean, avec divers voyages depuis la mer Rouge jusqu’à Calicut {b} et de là aux îles Moluques, {c} d’où viennent les épices, et les Navigations autour du monde]. {d}
- Le Pogge Florentin, v. note 25] du Patiniana I‑4.
- V. supra première notule {b}.
- Ancien nom de l’Indonésie.
- Venise, héritiers de Lucantonio Giunti, 1550, in‑8o de 810 pages, recueil en trois volumes établi par le géographe Giovan Battista Ramusio (v. note [7] de l’Observation ii sur les apothicaires).
Histoire de la Navigation de Jean Hugues de Linscot, Hollandais, et de son voyage aux Indes Orientales : contenant diverses descriptions des pays, côtes, havres, rivières, caps et autres lieux, jusques à présent découverts par les Portugais ; observations des coutumes des nations de delà quant à la religion, état politique et domestique, de leurs commerces, des arbres, fruits, herbes, épiceries, et autres singularités qui s’y trouvent ; et narration des choses mémorables qui y sont advenues de son temps. Avec annotations de Bernard Paludanus, {a} docteur en médecine, spécialement sur la matière des plantes et épiceries, et diverses figures en taille-douce pour illustration de l’œuvre. À quoi sont ajoutées quelques autres descriptions tant du pays de la Guinée et autres contrées d’Éthiopie, que des navigations des Hollandais vers le nord du Vaygat {b} et en la Nouvelle-Zemble. {c} Le tout recueilli et décrit par le même de Linscot en bas allemand, {c} et nouvellement traduit en français. {d}
- Bernhard Paludanus (Berend ten Broecke, 1550-1633), médecin, voyageur et collectionneur hollandais.
- Détroit de Sullorsuaq au Groenland.
- Archipel le la mer de Barents.
- En néerlandais.
- Amsterdam, Henry Laurent, 1610, in‑4o de 275 pages.
[Livre d’Odoardo Barbosa, {b} Portugais] ; {c}
[Voyage autour du monde écrit par M. Antonio Pigrafetta natif de Vicence, chevalier de Rhodes, {d}où l’on voit aussi la dédicace au très révérend grand maître Philippe de Villiers de l’Isle-Adam, {e} traduite du français en italien]. {f}
De l’Afrique, contenant les Navigations des Capitaines portugalois {a} et autres, faites au dit pays, jusques aux Indes, tant Orientales que Occidentales, parties de Perse, Arabie Heureuse, Pierreuse et Déserte. {b} Ensemble la description de la haute Éthiopie, pays du grand Seigneur Prêtre Jean, et du noble fleuve du Nil. L’assiette {c} des dits pays, îles, royaumes et empires ; les figures, habits, religion et façon de faire des habitants, et autres singularités ci-devant inconnues. L’ordre des Navigations et Voyages, et leur continuations est à la page suivante.
Parmi les relations qu’il contient figure Le Voyage de Louis de Barthème Bolognois {d} (première partie, pages 5‑111), composée de quatre livres :
« le jour de mon [44e] anniversaire ».
Tout ce passage, placé “ entre guillemets anglais ”, reprend presque mot pour mot un fragment de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 5 novembre 1649 (fin du premier paragraphe, v. ses notes [9]‑[11]).
Patin déclarait ici (comme il a fait bien ailleurs) ses plus grandes admirations littéraires latines, anciennes et modernes (j’ai remplacé le Grec Lucien de Samosate par le poète latin Lucain). Il confirmait précieusement ses entretiens de 1643 avec Hugo Grotius, qu’il a consignés dans le Grotiana. Le seul autre auteur qu’il ait bien connu de son vivant est Claude i Saumaise (mort en 1653, v. note [11], lettre 51), mais il n’est rien resté de leur correspondance.
Patin a aussi parlé de la mort et des hésitations religieuses de Grotius dans sa lettre du 24 octobre 1645 à Charles Spon (v. ses notes [8]‑[14]) ; mais sans y faire état de la maladie que lui engendra ce chagrin.
« et cependant je ne suis pas allé jusqu’au point d’impiété qu’Ovide a jadis atteint, pleurant un ami mort :
“ Quand je vois le malheur nous arracher les plus vertueux, pardonne-moi cet aveu, je suis tenté de croire que les dieux n’existent pas ” » {a}
« Devenu parfait en peu de temps, il a fourni une longue carrière ; il a été tôt enlevé de peur que la malice n’altérât son intelligence » (Livre de la sagesse, 4:13 et 11).
Au xviie s., survivre était un verbe transitif : « vivre plus qu’un autre avec lequel on a relation, “ Ce mari a survécu sa femme de 12 ans ” » (Furetière).
Ce paragraphe est inédit, peut-être tiré du manuscrit, aujourd’hui perdu, de la lettre 206 à André Falconet citée dans la note [2] supra.
Cet article reprend un fragment de la lettre (2e paragraphe daté du 26 décembre) que Guy Patin a écrite à Charles Spon le 30 décembre 1653, dont le manuscrit a été conservé. Cela autorise quelques commentaires sur la manière dont les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont travaillé, au delà des simples adaptations de la syntaxe.
« Un immense défenseur des rois, un athlète de Dieu, est enterré sous ce petit tombeau. Saumaise a achevé sa vie en son voyage à Spa, Utrecht [sic pour Maastricht] en garde tristement les cendres et les os. Il a péri parce qu’il était mortel, son autre partie a été rendue aux cieux. Qu’elle y devienne la plus grande, il ne peut en exister de plus savante. »
Cet article (dont j’ai corrigé le latin, truffé de fautes grossières qui le rendent incompréhensible) est la transcription mot pour mot du 2e paragraphe de la lettre que Guy Patin a écrite à Charles Spon le 6 janvier 1654 (v. sa note [4]).
Ces vers appartiennent à la Remontrance au peuple de France. Imprimé nouvellement (sans lieu ni nom, 1563, in‑4o de 34 pages) de Pierre de Ronsard. Le poète y critique l’Église romaine et ses rites, avec :
« Je vous prie, frères, de prendre garde à ceux qui font dissensions et scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et vous retirer d’eux » ;
« Non, non, je ne veux point que ceux qui doivent naître
Pour un fol huguenot me puissent reconnaître :
Je n’aime point ces noms qui sont finis en ots,
Ces Goths, ces Ostrogoths, Visigoths et huguenots.
Ils me sont odieux comme peste, et je pense
Qu’ils sont prodigieux {a} au roi, et à la France. »
- Monstrueux.
La citation de L’Esprit de Guy Patin vise les débauches des prélats, au fo C ro‑vo, et justifie trois remarques.
« Ne vous entremêlez des affaires mondaines,
Fuyez la cour des rois et leurs faveurs soudaines,
Qui périssent plus tôt qu’un brandon allumé
Qu’on voit tantôt reluire, et tantôt consumé. »
Ces autres vers viennent de l’Élégie de P. de Ronsard Vendômois, sur les troubles d’Amboise, mille cinq cent soixante. {a} À Guillaume Des Autels, gentilhomme charolais, {b}fos Aiii vo‑[Aiv] ro.
- V. note [13], lettre 113, pour la conspiration ou conjuration d’Amboise (17 mars 1560) qui déclencha la longue série des guerres françaises de Religion.
- Lyon, sans nom, 1563, in‑4o de 2 feuilles.
Les « découpés courtisans » me semblent désigner les courtisans que leurs rivalités et intrigues opposent et divisent. La paillarde est la paillardise, ou « péché de la chair » (Furetière).
Avec ces deux citations de Ronsard, si c’était bien lui qui les avait choisies (et non les rédacteurs du Faux de Patiniana), Guy Patin ironiserait sur sa sincère inclination vers le protestantisme (v. note [15], lettre 97) et confirmerait son goût pour ce poète, qui reste, avec Joachim Du Bellay (v. note [14], lettre 739), l’un des plus célèbres du xvie s. français.
Ce commentaire, clairement attribuable aux rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin, disait où en étaient, au tout début du xviiie s., deux règles promulguées de longue date par le pouvoir royal, avec plus ou moins d’effet.
« Le concile de Bordeaux en 1583 veut de plus que le collateur ne confère aucun bénéfice sujet à résidence sans faire prêter au pourvu le serment qu’il sera exact à résider. Les ordonnances du royaume ont aussi prescrit la résidence aux évêques, curés et autres bénéficiers, dont les bénéfices sont du nombre de ceux qui, suivant la présente discipline de l’Église, demandent résidence : telle est la disposition de l’ordonnance de Châteaubriant en 1551, de celle de Villers-Cotterêts en 1557. de celle d’Orléans en 1560, de l’édit du mois de mai de la même année, de l’ordonnance de Blois, art. 14, de celle du mois de février 1580, de celle de 1629, art. 11. Le Parlement défendit même en 1560 aux évêques de prendre le titre de conseillers du roi, comme étant une fonction incompatible avec l’obligation de résider dans leur diocèse ; le procureur général Bourdin {a} faisait saisir le temporel des évêques qui restaient plus de quinze jours à Paris.L’édit de 1695, qui forme le dernier état sur cette matière, porte, art. 23, que si aucuns bénéficiers qui possèdent des bénéfices à charge d’âmes manquent à y résider pendant un temps considérable, le juge royal pourra les en avertir, et en même temps leurs supérieurs ecclésiastiques ; et en cas que, dans trois mois après ledit avertissement, ils négligent de résider sans en avoir des excuses légitimes, il pourra, à l’égard de ceux qui ne résident pas et par les ordres du supérieur ecclésiastique, faire saisir jusqu’à concurrence du tiers du revenu des dits bénéfices au profit des pauvres des lieux, ou pour être employé en autres œuvres pies, telles qu’il le jugera à propos. »
- Gilles Bourdin, v. note [34] du Borboniana 7 manuscrit.
Ce mémorable article sur les préséances sociales des médecins reprend fidèlement, avec quelques allégements et variantes de syntaxe, une partie du 5e paragraphe de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 5 novembre 1649, en mémorable et distrayant souvenir de sa participation à la procession de la Fête-Dieu de 1628, célébrée le 5 juin (v. ses notes [19]‑[21]). Le latin et cujus pars magna fui se traduit par « et dont je fus la principale partie ».
Il est impossible de savoir laquelle des deux versions de ce fragment est la plus conforme au manuscrit aujourd’hui perdu. Toutefois, étant donné leur incurie (v. supra note [5]), j’ai vite abandonné l’idée que les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin aient pu consulter les originaux de lettres qui se sont volatilisés, sans plus aucun espoir d’en trouver de précieux vestiges. Antoine Lancelot, Laurent Bordelon et consorts se sont contentés de picorer dans l’édition imprimée des Lettres, en accommodant à leur sauce les miettes qu’ils y ont prélevées. Leurs additions aux extraits qu’ils en donnent sont usurpées : le manuscrit de la lettre, quand il existe encore, ne les authentifie jamais ; il me paraît donc légitime de tirer la même conclusion pour les autres, qui ne nous ont été transmises que par les recueils imprimés (c’est-à-dire, notamment pour toutes celles de Patin à Falconet).
Dans sa correspondance, Guy Patin a parlé une fois de l’humaniste italien du xviie s. Pierius Valerianus (v. note [23], lettre 164) et ses deux livres « sur l’Infortune des écrivains » (Venise, 1620). On le retrouve sous la plume de Patin dans les triades du Borboniana (v. leur note [16]) pour ses Hieroglyphica (Lyon, 1602), et aussi dans le Patiniana I‑1 (v. sa note [39]) pour trois autres de ses ouvrages non mentionnés ici : les corrections sur Virgile (Rome, 1521), et les traités sur la Sphère (Paris, 1561) et sur les éclairs (Rome, 1517).
S’ajoute ici la :
Pierii Valeriani Defensio pro sacerdotum barbis.[Défense de Pierius Valerianus pour le port de la barbe par les prêtres]. {a}
Elle est adressée au cardinal Ippolito de Médicis (1511-1535, nommé en 1529), avec privilège du pape Clément viii, {b} accordé pour cinq ans. Ces deux phrases de la conclusion en résument le propos (avant-dernière page de l’édition de 1531) :
Si ex Antiquorum institutis, sanctissimisque præceptis, ratio vobis allata est, cur barbam omnino promittere debeamus, ut Christi scilicet et eius Discipulorum, totque aliorum integerrimæ vitæ Patrum exempla nobis sequenda proponamus : opprobria et ignominiosos eventus molliciei suspicionem et calumnias evitemus : Viri denique potius quam fœminæ videamur. Nam quid Barbæ demum nos pudeat, si quid barba sit et ut gravem honestumque Virum deceat ostensum : Si quantum ad Sacerdotis dignitatem existimationemque faciat exploratum.[S’il faut, en nous fondant sur les institutions des Anciens et sur les préceptes les plus sacrés, vous expliquer pourquoi nous devons nous laisser très librement pousser la barbe, c’est que nous proposons de suivre ainsi les exemples du Christ et de ses disciples, ainsi que de tant d’autres Pères dont la vie fut absolument irréprochable : ce qui nous met à l’abri des outrages et des railleries ignominieuses, du soupçon de mollesse et des calomnies ; et ce qui enfin nous donne l’allure d’hommes plutôt que de femmes. Il n’y a rien de honteux à arborer la barbe parce qu’elle sied à un homme grave et honnête, et qu’elle incite au respect et à l’estime dus au prêtre].
- Rome, Calvus, 1531, in‑4o de 4 feuilles, pour la première de nombreuses éditions.
- V. note [2], lettre 47.
Ce n’est sans doute pas par pur hasard qu’on retrouve tous ces ouvrages de Valerianus et de copieux détails sur sa biographie dans les Éloges de Jacques-Auguste i de Thou, avec les deux additions qu’Antoine Teissier y a apportées (Genève, 1683, tome premier, pages 23‑24, et seconde partie, pages 393‑394), car ce recueil appartient à la bibliographie des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin (v. infra note [12]).
V. note [4], lettre 840, pour le médecin Jean Gonthier (ici Guintier) d’Andernach (mort en 1574), et la fin de la note [19] du Borboniana 8 manuscrit pour l’empereur germanique Ferdinand ier, frère de Charles Quint.
Comme sans doute le début de cet article (v. supra note [11]), sa fin est sûrement et intégralement empruntée à l’addition d’Antoine Teissier (1632-1712, historiographe et avocat au présidial de Nîmes) au chapitre sur Jean Guintier dans les Éloges des hommes savants tirés de l’Histoire de M. de Thou… (imprimés pour la première fois à Genève, Jean Herman Widerhold, 1683, 2 volumes in‑12, tome premier, pages 452‑453 ; v. seconde notule {a}, note [23] du Naudæana 1, pour les quatre tomes d’une autre édition parue à Leyde en 1715).
L’Esprit de Guy Patin lui prêtait le souhait d’acquérir le :
V. Cl. D. Joan. Guinteri Andernaci Gynæciorum Commentarius, de gravidarum, parturientium, puerperarum et infantium cura. Nunc primum e Schenckiana Bibliotheca in lucem emissus. Accessit Elenchus auctorum, in re medica cluentium, qui Gynæcia scriptis clararunt et illustrarunt. Opera et Studio Joan. Georgii Schenckii, Hagenoensis Poliatri.[Commentaire obstétrical {a} de Jean Gonthier d’Andernach, sur le soin des femmes enceintes, parturientes, accouchées, et de leurs nouveau-nés. Mis en lumière pour la première fois, tiré de la bibliothèque schenckienne. Avec un Appendice des auteurs qui ont excellé en médecine, dont les écrits ont éclairci et illuminé l’Obstétrique. {a} Par l’étude et le zèle de Joan. Georgius Schenckius, {b} premier médecin de la ville de Haguenau]. {c}
- Obstétrical et Obstétrique sont des anachronismes plus compréhensibles que gyneciæ, « Gynécées ». Ces mots ne sont entrés dans la langue française qu’au début du xixe s. ; ils dérivent du latin obstetrix, « accoucheuse », sage-femme qu’on préfère aujoud’hui appeler maïeuticienne (pour permettre à des maïeuticiens de pratiquer aussi ce métier).
- Johann Georg Schenck von Graffenberg, v. note [23], lettre 1023.
- Strasbourg, Lazar Zetzner, 1606, in‑8o de 56 pages.
La chamaillerie aurait pu opposer Guy Patin à l’un de ses jeunes collègues : Toussaint Fontaine (reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1642, v. note [6], lettre 698), ou (moins probablement, car mort en 1650) Toussaint Foucaut (reçu en 1648, v. note [10], lettre 224).
« Et au besoin défaut le cœur
Même au plus grave enseigneur,
Qui semblait un roc immuable
Contre fortune variable,
Qui du plus léger changement
L’ébranle en tout moment. »
« Salluste dit qu’on doit longuement conseiller et tôt exécuter. {d} Car de ceux qui ne croient conseil, dit le proverbe : On ne doit point conseiller bête qui son conseil porte en sa tête. Pourquoi ? Pource que tout le mal chet et redonde {e} sur les conseillers selon l’estimation et jugement des gens. Car quelque chose qu’ils conseillent bien et vérité, {f} toujours dit-on : c’est le mauvais conseil qu’on lui baille qui fait tout. Mais qu’est-ce qui empêche souvent l’exécution des bons conseils ? C’est, mon Dieu, pource qu’ils ne sont point tenus secrets. » {g}
- Né en 1522, v. note [14], lettre 739.
- V. note [5], lettre 304.
- Paris, Vincent Sertenas, 1561, in‑8o de 96 pages, discours prononcé en 1405 quand Gerson était chancelier de l’Université.
- Salluste, Guerre de Catilina (chapitre i, § 1) :
Nam et prius quam incipias consulto, et ubi consulueris mature facto opus est.[Avant d’entreprendre, tu as besoin de prendre conseil, et cela fait, d’agir promptement].
- Chute et retombe.
- Bien et ingénieusement.
- S’il est tenu secret, un conseil ne peut être jugé sur son résultat, c’est-à-dire sur l’effet que les critiques observent après coup pour juger si ce conseil était bon ou mauvais.
Cet article est un nouvel emprunt à la lettre du 5 novembre 1649 (v. ses notes [23] et [24]), à la fin du paragraphe sur la préséance des médecins (v. supra note [10]), avec :
Le paragraphe qui suit, sur la distinction entre obligations de moyen et de résultat, pour les médecins comme pour les avocats, est une addition originale de L’Esprit de Guy Patin.
Cet article provient de la lettre que Guy Patin a écrite à Charles Spon le 8 janvier 1650 (v. ses notes [30] et [31]). La dernière phrase est une addition originale, conforme aux jugements ordinaires de Patin sur l’astrologie.
« Voici une vaine superstition qu’on observe presque partout en notre patrie : quand une femme est près d’accoucher, des gens lui prennent la ceinture ou la courroie dont elle s’entoure la taille, et accourent à l’église ; ils l’accrochent comme ils peuvent à la cloche et la font sonner trois fois, en croyant ainsi favoriser une heureuse délivrance, ce qui est futile et superstitieux. »
Ce curé de village (impossible à identifier) avait débité à Guy Patin (ou aux rédacteurs de son Esprit ) un passage du :
Tractatus de Superstitionibus, contra Maleficia seu Sortilega quæ hodie vigent in orbe terrarum : In lucem nuperrime editus. Auctore D<omino > Martino de Arles : in sacra Theologia professore : ac canonico et archidiacro Pamp..[Traité des Superstitions, contre les maléfices ou sortilèges qui fleurissent aujourd’hui dans le monde entier, tout récemment édité, dont l’auteur est Me Martinus de Arlés, {a} professeur de sainte théologie, chanoine et archidiacre de Pampelune]. {b}
Ce récit est à la fin du chapitre intitulé Ponit quastam superstitiones ut per illas intelligere possumus innumeras alias [Présentation de certaines superstitions nous permettant d’en comprendre d’innombrables autres], fo 25 ro‑vo. J’y ai corrigé les fautes tant du texte imprimé dans cette édition que de la transcription donnée par le Patiniana. La suite complète utilement le propos de l’auteur :
Nam quod ter campana sonet hoc potius fit ut ex hoc omnes audientes devote orent pro tali parturiente et fere periclitanti offerentes beatæ Virgini ter Angelicam salutationem : ut illa quæ immunis et libera fuit a tali dolore sicut ab omni peccato liberet huiusmodi mulierem a periculo illius horæ.[De fait, le triple tintement du clocher incite tous ceux qui l’entendent à prier dévotement pour une parturiente peut-être en danger, adressant une triple salutation angélique {c} à la Sainte Vierge ; de sorte que celle qui a été indemne et libérée des douleurs de l’accouchement, comme de tout péché, délivrera cette femme des périls de ce moment]. {d}
- Martin d’Arlés (Martin de Arlés y Andosilla, Peralta, Navarre 1452-Pampelune 1521), docteur de Sorbonne, pourfendeur des superstitions et des hérésies.
- Rome, Vincentius Luchinus, 1559, in‑8o de 141 pages ; première édition en 1517.
- Autre nom de l’Ave Maria.
- Mes deux traductions ont librement interprété et allégé le laborieux latin de Martin d’Arlés.
Cet article n’est pas tiré d’une des lettres de Guy Patin qui ont survécu au temps. La respectueuse déférence qu’il exprime envers celui qu’il appelait ordinairement « le Mazarin » (ou bien pire) surprend au point de mettre en doute l’authenticité complète de ce passage ; « faire fonds » y est à comprendre comme « être payé en argent comptant ».
Ces deux articles sont empruntés à la lettre que Guy Patin a écrite à Charles Spon le 17 septembre 1649.
Ces deux articles viennent de lettres (dont les originaux ont été perdus) que Guy Patin a écrites à Charles Spon :
V. note [38] du Borboniana 5 manuscrit pour l’avis que, dans ses Politiques, Juste Lipse a émis sur Paul Jove (v. note [2], lettre 533). Guy Patin n’a jamais écrit de livre d’histoire, mais il a donné large et libre cours à sa manière de considérer cette matière et ses contemporains dans ses lettres et ses ana, sans du tout y exceller par son impartialité.
Cet article est de la même eau que celui du Patiniana I‑3 sur le même sujet (v. ses notes [45]‑[47]). Toutefois, les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont pris toute leur matière dans l’addition d’Antoine Teissier (v. supra note [12]) à l’éloge de de Thou sur Paul Jove (Genève, 1683, tome premier, pages 65‑67).
Cette séquence de quatre articles vient de lettres de Guy Patin.
« Cherche donc la pierre [philosophale] de Lulle, que nul ne trouve intérêt à chercher ; pour moi, tu ne seras pas Lulle, mais Nul. »
Quatrain de John Owen intitulée De Thoma Pantschmano [Sur Thomas Pantschman] : {a}
« Tu envoies grasses poulardes, perdrix et faisans aux riches, mais rien aux pauvres. Si tu veux envoyer à chacun ce qui lui convient, alors envoie de la nourriture aux pauvres et la faim aux riches. »
- Épigramme 11, page 206, Appendix des Epigrammatum (Amsterdam, 1647, v. note [41] du Borboniana 10 manuscrit).
Le Mans, Cenomanum en latin, capitale du Maine (dans l’actuel département de la Sarthe), était un évêché suffragant de Tours. Poulardes et chapons faisaient déjà la réputation de son terroir, mais Trévoux disait (après Furetière) que « les chapons de paillier, [c’est-à-dire] engraissés dans la basse-cour, sont meilleurs que ceux du Mans, qu’on engraisse par artifice ».
Le premier président du Parlement de Paris avec qui Guy Patin avait suffisamment de familiarité pour lui envoyer des victuailles était Guillaume de Lamoignon, élevé à cette charge en 1657 (v. note [43], lettre 488). Je n’ai identifié ni « G.E. » ni « T.M. ». V. note [9], lettre 10, pour l’épouse de Patin, née Jeanne de Janson. Le déguisement de cet article est si ingénieux qu’on pourrait s’y méprendre, mais il ne sert qu’à placer une épigramme d’Owen, poète que Patin ne citait jamais.
Les deux vers latins ne sont pas de Martial. Ils concluent la curieuse épigramme lxviiii d’Ausone intitulée Quæ sexum mutarint [Les créatures qui auraient changé de sexe], page [D5] vo, repère 38 de ses Opera) : {a}
Vallebanæ res nota, et vix credenda poetis :
Sed quæ de vera promitur historia.
Femineam in speciem convertit masculus ales :
Pavaque de pavo constitit ante oculos.
Cuncti admirantur monstrum : sed mollior agna
Astitit in tenerum de grege versa marem.
Quid stolidi ad speciem notæ novitatis hebetis ?
An vos Nasonis carmina non legitis ?
Cænea convertit proles Saturnia Consus.
Ambiguoque fuit corpore Tiresias.
Vidit semivirum fons Salmacis Hermaphroditum.
Vidit nubentem Plinius androgynum.
Nec satis antiquum, quod Campana in Benevento
Unus epheborum virgo repente fuit.
Nolo tamen veteris documenta arcessere famæ :
Ecce ego sum factus femina de puero.[Voici une histoire connue, mais que les poètes peinent à croire, bien qu’elle soit tirée d’un récit authentique : à Vallebana {b} un oiseau mâle se changea en femelle, et, au lieu d’un paon, on vit une paonne. Tous admirent le prodige, mais une tendre brebis est bel et bien sortie d’un troupeau changée en jeune agneau. Pourquoi donc, sots que vous êtes, vous ébahir devant une nouveauté si banale ? Ne lisez-vous pas les chants d’Ovide ? Consus, fils de Saturne, fit changer le sexe de Cænis. {c} Tiresias eut un corps ambigu. La fontaine Salmacis a vu Hermaphrodite, mi-homme et mi-femme. {d} Pline a vu une jeune mariée androgyne. {e} Naguère, à Bénévent, en Campanie, une vierge se transforma soudain en un bel éphèbe. Je ne veux pourtant pas aller chercher mes preuves si loin dans le temps : de petit garçon, je suis moi-même devenu femme]. {f}
- Ausonii Burdigalensis, Viri Consularis, omnia, quæ adhuc in veteribus bibliothecis inveniri potuerunt Opera. Ad hæc Symmachi, et Pontii Paulini litteræ ad Ausonium scriptæ, tum Ciceronis, Sulpiciæ, aliorumque quorundam veterum carmina nonnulla, cuncta ad varia, vetera, novaque exemplaria, hac secunda editione emendata, commentariisque auctioribus illustrata, per Eliam Vinetum, Iosephum Scaligerum, et alios, quos pagina tertia ab hac inidcat. Indices duo subiuncti præfationi, scriptorum hic contentorum, rerum et verborum.
[Toutes les Œuvres d’Ausone {i} de Bordeaux, ancien consul, qu’on a pu trouver dans les vieilles bibliothèques, avec les lettres que Symmaque {ii} et Pontius Paulinus ont écrites à Ausone, ainsi que quelques poèmes de Cicéron, {iii} Sulpicia et certains autres anciens. Tous les textes de cette seconde édition ont été corrigés en les comparant à celles qui ont anciennenment et récemment paru, et éclairés de commentaires enrichis par Élie Vinet, Joseph Scaliger {iv} et d’autres, dont la troisième page qui suit procure les noms. Deux index des matières et des mots suivent la préface].
- V. note [9], lettre 335.
- V. note [11], lettre 407
- Deux petites pièces en vers de Quintus Cicéron, v. note [4], lettre 324.
- V. notes [61] du Borboniana 2 manuscrit pour Élie Vinet, et [5], lettre 34, pour Joseph Scaliger (qui n’a commenté que les deux livres des leçons d’Ausone).
- Bordeaux, S. Millange, 1590, in‑4o non paginé, dont la partie principale compte 598 paragraphes.
- Perplexe sur ce lieu, Vinet a proposé Vallaibana en Espagne ou Vallis bona (Valbonne) dans les Alpes (près de Nice).
- Consus est l’autre nom de Neptune (v. note [6] du Faux Patiniana II‑7), fils de Saturne (v. note [317] des Deux Vies latines de Jean Héroard). Dans les Métamorphoses (livre xii, vers 189‑210), Ovide raconte que la belle Cænis demanda à changer de sexe après que Consus l’eut violée : Jupiter exauça son vœu, elle devint Cénée, vigoureux jeune homme capable de se défendre contre les attaques des autres.
- V. note [6] du Faux Patiniana II‑1 pour cette fontaine mythique.
- Pline, Histoire naturelle, livre vii chapitre iii (Littré Pli volume 1, page 285, au bas de la première colonne).
- J’ai mis en exergue les deux vers cités par L’Esprit de Guy Patin. Vinet a ainsi commenté le dernier :
Catamitum, Paticumve quempiam hæc de se dicere, finxit Ausonius[En parlant ainsi, Ausone feignait d’être lui-même un giton ou un mignon].
Étienne-François Corpet (1843) a aussi traduit le poème d’Ausone, mais d’une manière trop enjolivée pour que je la reprenne. Il a été moins elliptique que Vinet dans son annotation sur ce vers :
« Plaisanterie dégoûtante d’un giton qui cherche à justifier son penchant pour la pédérastie. »
Ferdinand Nunnez est le nom francisé de Hernan Nuñez de Toledo y Guzman (Valladolid 1475-Salamanque 1553), en latin Ferdinandus Nonius Pintianus (natif de Pintia, nom latin de Valladolid). Humaniste espagnol, il enseigna le grec à Alcala de Henares, puis la rhétorique à Salamanque. Il a contribué à la rédaction de la Biblia poliglota Complutense [Bible polyglotte d’Alcala], première Bible trilingue (hébreu, grec, latin) jamais publiée, sous la direction du cardinal Jiménez de Cisneros (v. note [21] du Borboniana 8 manuscrit), imprimée en 1520. Pour chercher à éclaircir cette curieuse affaire, j’ai feuilleté deux des autres ouvrages de Pintianus (alias Nuñez).
Observationes Ferdinandi Pintiani, Professoris utiusque linguæ et humanorum studiorum in inclyta academia Salmanticensi, in loca obscura, aut depravata, historiæ naturalis C. Plinii, cum retractationibus quorundam locorum geographiæ Pomponii Melæ, locisque aliis non paucis, in diversis utriusque linguæ autoribus, vel castigatis vel expositis, a nemine hactenus animadversis[Observations de Ferdinandus Pintianus, professeur des deux langues {a} et des humanités en la célèbre Université de Salamanque, sur les passages obscurs ou altérés de l’Histoire naturelle de Pline, avec les réfutations de quelques passages de la Géographie de Pomponius Mela, {b} et des corrections ou des explications sur de nombreuses autres citations tirées de divers auteurs des deux langues, auxquelles personne n’avait jusqu’ici jamais porté attention]. {c}
- Latin et grec.
- V. note [32], lettre 527.
- Salamanque, Ioannes Giunta, 1544, in‑8o de 163 pages.
Las Trezientas d’el famosissimo poeta Juan de Mena, glosadas por Fernan Nuñez, Comendador dela orden de Sanctiago. Otras xxiii. Coplas suyas, con su glosa. La Coronacion, compuesta y glosada por el dicho Juan de Mena. Tratado de vicios y virtudes, con otras Cartas y Coplas, y Canciones suyas…[Les Trezentias du très célèbre poète Juan de Mena, {a} commentés par Fernan Nuñez, commandeur de l’Ordre de Saint-Jacques. Ses 23 autres couplets, avec son commentaire. La Coronacion, corrigée et commentée par ledit Juan de Mena. Traité des vices et des vertus, avec d’autres de ses lettres, couplets et chansons…]. {b}
Dans la Copla lxxvi (première partie des Trezentias, pages 157‑158), Mena loue les vertus d’une princesse et, par antithèse, se demande ce qu’elle deviendrait « si elle changeait de sexe, ainsi qu’on le lit sur Cænis »,
Si fuera trocada su humanidad
Segun que se lee dela de Ceneo.
Nuñez rapporte ces deux vers à leur source ovidienne, en ajoutant :
Dize Ausonio de una donzella que en Campania se torno en hombre, y lo confirma señor sant Augustin, hablando de las bodas del nuevo et viejo testamento enestas palabras : Manifiesta cosa es, que en tiempo de Emperador Constantino, una donzella fue tornada en hombre, en una parte de la provincia de Campania.[Ausone parle d’une jeune fille de Campanie qui s’est transformée en homme, et saint Augustin le confirme quand il parle des noces de l’Ancien et du Nouveau Testament en ces termes : « Il est manifeste qu’au temps de l’empereur Constantin, une jeune fille a été changée en homme, dans une contrée de la province de Campanie. »] {c}
- Trois cents couplets, autrement intitulés Labyrintho de Fortuna [Labyrinthe de la Fortune] de Juan de Mena (Cordoue 1411-Torrelaguna 1456).
- Anvers, Juan Steelsio, 1552, in‑8o de 608 pages.
- Je n’ai trouvé ce passage (que d’autres auteurs ont pourtant cité) ni dans les De Nuptiis et concupiscentia libri duo [Deux livres sur les noces et la concupiscence] de saint Augustin, ni ailleurs dans ses œuvres.
Il me paraît impossible d’en déduire que Nuñez se disait lui-même androgyne, comme aurait prétendu le jésuite espagnol Jeronimo Roman de la Higuera (Tolède 1538-ibid. 1611), historien dont les ouvrages se sont avérés cousus de faussetés et de supercheries. Son élucubration sur l’ambiguïté sexuelle de Nuñez doit être enfouie dans l’un de ses nombreux ouvrages, tous écrits en espagnol.
L’article de L’Esprit de Guy Patin ne vient pas de la conversation de Patin : il reproduit mot pour mot (avec la même attribution erronée des vers d’Ausone à Martial) l’addition d’Antoine Teissier (v. supra note [12]) à l’éloge de Nuñez par de Thou (Genève, 1683, tome premier, page 70).
L’épitaphe stoïque de Ferdinand Nunnez (Hernan Nuñez) conclut son éloge, qu’Antoine Teissier (v. la fin de la note [23] supra) dit avoir emprunté à L’Histoire universelle de Jacques-Auguste i de Thou, mais que je n’y ai pas trouvée :
« Pour ce qui était des mœurs, il était pieux, et véritable en ses discours ; mais il était railleur, et censurait vivement tous les autres. Au reste, il méprisait le faste et la gloire. Il ne se maria point, et ne but jamais de vin. Sa table était sobre, mais honnête, et il y recevait avec joie ses amis et ses disciples. Il mourut âgé de plus de 80 ans {a} et légua sa bibliothèque à son École, et ses biens aux pauvres. Il fut enterré dans une chapelle basse de l’église de Sainte-Suzanne, auprès de la porte par où on va à la rivière de Tormes ; et l’on ne mit sur son tombeau, comme il l’avait ordonné, que ces quatre paroles : La mort est le plus grand bien de la vie. »
- À Salamanque.
Étant donné les soupçons qui pèsent sur l’authenticité de cet article, il serait téméraire d’attribuer à Guy Patin les réflexions sceptiques, voire libertines, et les deux citations latines qui commentent l’épitaphe :
Ces deux articles viennent de lettres que Guy Patin a écrites à :
Ces deux articles recopient une bonne partie de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 21 octobre 1653 (v. ses notes [2] et [3], et [5]‑[7]).
Les deux additions fournies par L’Esprit de Guy Patin (marquées par l’absence de guillemets anglais dans ma transcription) ne sont pas attribuables à Patin : c’est, comme osent ici dire les brodeurs du Faux Patiniana, « répandre du médiocre qui n’est point de lui ».Cet article n’est pas tiré des lettres ou de la conversation de Guy Patin, mais adapte très fidèlement un passage du livre ii, chapitre i (pages 103‑104) {a} du :
Traité des Superstitions selon l’Écriture Sainte, les décrets des conciles et les sentiments des saints Pères et des théologiens. Par M. Jean-Baptiste Thiers, {b} bachelier en théologie, et curé de Vibraye. Seconde édition revue, corrigée et augmentée., {c} Tome premier. {d}
- Chapitre intitulé : Du Culte indu, pernicieux ou faux. En quoi consiste ce culte ? Qu’il est superstitieux. Que ceux qui proposent de faux miracles, de fausses révélations, de fausses reliques, de fausses images, de faux saints et de fausses indulgences tombent dans cette superstition. Grandes précautions de l’Église au sujet des miracles, des révélations, des reliques, des images et des saints. Belle et judicieuse réflexion de M. Godeau, évêque de Vence sur le faux culte.
- Jean-Baptiste Thiers (Chartres 1636-Vibraye 1703), autrement nommé le Sieur de Saint-Sauveur, prêtre et théologien, a été successivement curé de Champrond-en-Gâtine, en 1664, puis de Vibraye, dans le Perche (Sarthe), en 1691.
- Pemière édition à Paris, 1679.
- Paris, Antoine Dezallier, 1697, in‑8o de 532 pages (édition utilisée par les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin) ; ce livre a connu un très grand succès jusqu’à la Révolution, sa dernière réédition a paru en 1984.
Le Patiniana I‑3 a aussi relevé et commenté les propos de Melchior Canus (Melchor Cano) dans ses douze livres de Locis theologicis [sur les Lieux théologiques] (Louvain, 1564) ; v. ses notes :
« Cet abus est venu jusqu’à un tel excès que certaines gens, pour donner plus de cours et plus de couleur à leurs opinions particulières, et quelquefois même à leurs passions et à leurs intérêts, n’ont point fait de difficulté de proposer des révélations directement opposées à celles qu’on leur alléguait pour appuyer le contraire de ce qu’ils soutenaient ; ce qui donne lieu aux libertins de se moquer et aux gens de bien, un grand sujet de gémir. »
Je n’ai pas cherché à identifier « le sieur V.R. » : ce n’est qu’un pseudonyme de circonstance que le Faux Patiniana a inventé pour enrober son plagiat en lui donnant un semblant de vraisemblance.
Ces trois articles commentent à leur mode les extraits de deux lettres que Guy Patin a écrites à André Falconet, dont les manuscrits ont disparu.
Ce nouvel emprunt au Traité des Superstitions de Jean-Baptiste Thiers {a} copie mot pour mot (en l’abrégeant un peu) un passage sur la « magie artificielle » du livre ii, chapitre iv (pages 128‑129), intitulé :
De la Magie. Ce que c’est ? Qu’il y en a de trois sortes. Que la magie noire ou diabolique est une espèce de superstition. Que tous ceux qui sont accusés de magie ne sont pas magiciens. Que notre Seigneur Jésus-Christ et quantité de grands personnages ont été faussement accusés. Que le Parlement de Paris et plusieurs autres parlements ont reconnu et condamné plusieurs magiciens. Que la magie noire est condamnée par les lois divines et humaines, aussi bien que ceux qui en font profession. Paroles remarquables d’Agrippa {b} touchant les magiciens. Que les magiciens sont coupables de quinze crimes énormes.
- Paris, 1697, tome premier, v. supra note [27].
- Heinrich Cornelius Agrippa, v. note [13], lettre 126.
La curiosité m’a poussé à mieux identifier les ingénieuses merveilles antiques qui y sont mentionnées.
« Mais l’artifice humain ne produit seulement
Une masse sans âme, un corps sans mouvement,
Ains il peuple les airs d’un volant exercite {b}
D’animaux bigarrés. Le Tarentin Archyte
(Prince docte et vaillant) fit un pigeon de bois
Qui, poussé par l’accord de divers contrepoids,
Se guindait par le ciel. {c} Que dirai-je de l’aigle,
Dont un docte Allemand honora notre siècle ?
Aigle qui, délogeant de la maîtresse main,
Alla loin au-devant d’un empereur germain ; {d}
Et l’ayant bien veigné, {e} soudain d’une aile accorte
Se tournant, le suivit jusqu’au seuil de la porte
Du fort norembergeois, que les piliers dorés,
Les tapissés chemins, les arcs élaborés,
Les foudroyants canons, ni la jeunesse isnelle, {f}
Ni le chenu Sénat n’honoraient tant comme elle. {g}Un jour que cet ouvrier, plus d’ébats que de mets, {h}
En privé festoyait {i} ses seigneurs plus aimés,
Une mouche de fer {d} dans sa main recelée,
Prit sans aide d’autrui… »
- Paris, Michel Gadoulleau, 1578, in‑4o de 224 pages.
- « Mais il peuple les airs d’une volante armée ».
- Se guinder signifie s’élever très haut.
On attribue au philosophe Archytas de Tarente (ive s. av. J.‑C., v. notule {a}, note [89] de L’homme n’est que maladie) diverses inventions dont une colombe en bois capable de voler. Aulu-Gelle en a parlé dans ses Nuits attiques (livre x, chapitre xii, § 9‑10) :
Sed id, quod Archytam Pythagoricum commentum esse atque fecisse traditur, neque minus admirabile neque tamen vanum æque videri debet. Nam et plerique nobilium Græcorum et Favorinus philosophus, memoriarum veterum exsequentissimus, Affirmatissime scripserunt simulacrum columbæ e ligno ab Archyta ratione quadam disciplinaque mechanica factum volasse ; ita erat scilicet libramentis suspensum et aura spiritus inclusa atque occulta concitum. Libet hercle super re tam abhorrenti a fide ipsius Favorini verba ponere : Αρχυτας Ταραντινος, τα αλλα και μηχανικος ων, εποιησεν περιστεραν ξυλινην πετομενην ην οποτε καθισειεν, ουκετι ανιστατο.[Les plus illustres des auteurs grecs, et entre autres le philosophe Favorinus, {i} qui a recueilli avec tant de soin les vieux souvenirs, ont raconté du ton le plus affirmatif qu’une colombe de bois, faite par Archytas à l’aide de la mécanique, s’envola. Sans doute se soutenait-elle au moyen de l’équilibre, et l’air qu’elle renfermait secrètement la faisait-il mouvoir. Je veux, sur un sujet si loin de la vraisemblance, citer les propres mots de Favorinus : « Archytas de Tarente, à la fois philosophe et mécanicien, fit une colombe de bois qui volait ; mais, une fois qu’elle s’était reposée, elle ne s’élevait plus, le mécanisme s’arrêtait là. »] {ii}
- Johannes Regiomontanus (mort en 1476, v. note [1] du Borboniana 2 manuscrit) est réputé avoir été le créateur de cet aigle de bois et de la mouche de fer qu’il offrit non pas à Charles Quint (né en 1500), mais à son arrière-grand-père, Frédéric iii, qui a régné sur l’Empire romain germanique de 1452 à 1493 (v. note [17] du Traité de la Conservation de santé, chapitre ii). Sans surprise (car les plagiaires sont peu enclins à vérifier les sources qui les abreuvent), L’Esprit de Guy Patin n’a pas corrigé cet anachronisme de l’abbé Thiers.
- Bien accueilli.
- Vive, prompte, légère
- Ancien emploi du mot aigle au féminin.
- Pour dire « plus de distractions que de bonne chère ».
- Régalait.
Tu illam in Naturæ penetrabilibus considentem, auctorum libris invitantibus, cordis lumine cognovisti : cui ardua nosse usum miracula, monstrare propositum est : molitur ostendere, quod obtupescant homines evenisse. Miroque modo naturis conversis facti detrahit fidem, cum ostentet ex oculis visionem. Facit aquas, ex imo surgentes, præcipites cadere : ignem ponderibus currere : organa extraneis vocibus insonare : et peregrinis flatibus calamos complet, ut musica possint arte cantare. Videmus per eam defensiones iam nutantium civitatum, subito tali firmitate, consurgere : ut machinamentorum auxiliis superior reddatur, qui desperatus viribus invenitur. Madentes fabricæ in aqua marina siccantur : dura cum fuerint, ingeniosa dispositione solvuntur : metalla mugiunt. Diomedis in ære grues buccinant : æneus anguis insibilat : aves simulatæ fritiniunt : et quæ propriam vocem nesciunt, habere dulcedinem probantur emittere cantilenæ.[Tu as pris connaissance de l’art qui réside dans les entrailles de la Nature et t’es proposé de l’exploiter en t’aidant des livres et de l’éclat de ton génie. Habitué à examiner les plus impénétrables prodiges, il entreprend de mettre au jour ce dont la survenue stupéfie les humains : ces phénomènes étonnamment contraires à la nature des choses qui défient l’entendement quand ils se présentent à leurs yeux. Il fait jaillir les eaux du sol pour qu’elles retombent en cascades, avancer rapidement de pesants objets à l’aide du feu, produire des sons inconnus à l’aide d’instruments. Cet art emplit des tuyaux avec des vents étranges pour produire une harmonieuse musique. Grâce à lui, quand les défenses des cités vacillent, nous les voyons se redresser soudainement avec une telle fermeté que le secours de machines confère la supériorité à celui qui s’est trouvé désespéré de ses forces ; les coques des navires se dessèchent dans l’eau de mer, mais une ingénieuse fabrication préserve leur dureté ; les métaux sonnent avec éclat. {b} Les grues de Diomède {c} claironnent dans l’airain, un serpent de bronze siffle, des oiseaux factices gazouillent ; et ce qui, en soi, ne sait émettre un son devient capable d’enchanter par la mélodie qu’il produit]. {d}
- Cassiodori Opera omnia [Œuvres complètes de Cassiodore], Paris, 1588, v. notule {b}, note [16] du Patiniana I‑2.
- Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths de 493 à 526, eut Boèce (v. note [3], lettre latine 198) pour conseiller avant qu’il ne le condamnât à mort, en 524, pour leurs divergences religieuses.
- Semblent ici assez explicitement évoquées plusieurs prouesses techniques qui auraient été maîtrisées dès l’Antiquité tardive : jets d’eau, machine à vapeur, orgues, canons d’assaut (?), construction de coques imputrescibles, alliages métalliques… On savait donc des choses étonnantes au vie s.
- Après avoir glorieusement combattu lors du siège de Troie, mais ayant offensé les dieux, Diomède (Tydidès, v. note [22], lettre 176) fut contraint de quitter la Grèce pour l’Italie. Au cours de la traversée, ses compagnons furent transformés en oiseaux (ici en grues) parce qu’ils avaient injurié Vénus, qui les contraignait à l’exil.
- L’art de Boèce faisait donc chanter ses oiseaux de métal, mais sans les faire voler.
Quare si quis effectus proponatur, causarum naturalium eficacitatem superans, ille ad prodigiosos referri debet etiam si humana industria ad instrumenti confectionem motumve concurrerit. Idcirco dissentio a Guilhel. Parisiensi, Medina et aliis : qui caput aeneum Alberti Magni (quod narrant) humano credunt artificio articulate locutum : nec enim humana industria huc usque pertingit : nec naturalis ratio patitur, ut res inanimata, vocem humanam, ad lubitum interrogantium respondendo, emittat, nam hæc vitam, et respirationem in loquente, et perfectissimam vitalium organorum cooperationem, et discursum quendam loquentis, requirunt. Quæ cum huic capiti defuerint omnia : si loquebatur, ille in capite loquebatur, qui in statuis idolorum oracula fundebat : qui solus dæmon fuit.[Voilà pourquoi, si quelqu’un présente un effet dépassant les ressources des causes naturelles, il doit être rangé parmi les magiciens, même quand l’industrie humaine a participé à la fabrication ou au mouvement de sa machine. Je ne partage pas l’avis de Guillaume de Paris, de Medina {c} et d’autres, qui croient (à ce qu’ils racontent) que, par artifice humain, la tête d’airain d’Albert le Grand a parlé distinctement : ni le génie humain n’a atteint un tel degré, ni la raison humaine ne souffre qu’un objet inanimé émette une voix humaine, en répondant à toutes les questions qu’on lui pose, car parler requiert la vie, le souffle pour former les sons, une coopération absolument parfaite des organes vitaux et quelque élaboration du discours. Puisque tout cela manquait à cette tête, si elle parlait, c’est que quelqu’un était dedans et parlait : c’était celui qui débite des oracles dans les statues des idoles, c’était le démon et nul autre].
- V. note [54], lettre 97.
- V. note [8], lettre 133.
- Guillaume Humbert, dit Guillaume de Paris, grand inquisiteur de France au xive s., et Bartholomeus de Medina, théologien espagnol du xvie s., appartenaient tous deux à l’Ordre de saint Dominique.
Cette référence latine, précédée de sa traduction en français, est aussi empruntée à la page 129 du Traité des Superstitions de Jean-Baptiste Thiers (v. supra note [29]). Elle vient à nouveau de la lettre xlv (page 19 vo) de Théodoric à Boèce publiée par Cassiodore, sur les merveilles de l’industrie humaine (avec mise en exergue du passage cité) :
Parva de illa referimus, cui cœlum imitari fas est. Hæc enim fecit secundum solem in Archimedis sphæra decurrere ; hæc alterum zodiacum circulum humano consilio fabricavit. Hæc lunam defectu suo reparabilem artis illuminatione monstravit ; parvamque machinam gravidam mundo, cœlum gestabile, compendium rerum, speculum naturæ ad speciem ætheris incomprehensibili mobilitate volutavit. Sic astra quorum licet cursum sciamus, fallentibus tamen oculis, prodire non cernimus ; et quæ velociter currere vera ratione cognoscis, se movere non respicis. Quale est hoc homini etiam facere, quod vel intellexisse potest esse mirabile.[Je parlerai brièvement de l’art qui vise à imiter le ciel. Cette sphère d’Archimède reproduit la course d’un second Soleil : l’ingéniosité humaine y a figuré autrement le zodiaque ; l’illumination de l’art a montré la Lune en son déclin et en sa réapparition. Dans son incompréhensible mouvement, a tourné sous nos yeux une petite machine qui porte en elle la totalité du monde, un ciel portatif, l’abrégé de l’univers, le miroir de la nature à l’image du cosmos. Bien que nous en connaissions les trajectoires, le déplacement des astres se révèle ainsi à nos yeux trop faibles pour la percevoir directement : tu vois ainsi dans sa réalité un mouvement familier que tu es incapable de discerner. N’est-il pas merveilleux de rendre visible à l’homme ce qu’il ne peut que déduire par la pensée ?]
Le roi Théodoric s’extasiait ici devant la sphère armillaire des astronomes de l’ère précopernicienne qui plaçaient la Terre au centre de l’univers et représentaient la gravitation des planètes et du Soleil autour d’elle (géocentrisme). Dérivée du latin armilla [bracelet], armillaire est « une épithète que les astronomes donnent à une sphère composée de plusieurs cercles de carton, ou de cuivre, qui servent à représenter et à expliquer plus sensiblement la constitution du ciel et les mouvements des astres » (Trévoux). Sa version simplifiée, en deux dimensions, a donné naissance à l’astrolabe.
Archimède de Syracuse, mathématicien grec du iiie s. av. J.‑C., est réputé avoir décrit, dans un ouvrage de mécanique aujourd’hui perdu, intitulé La Sphéropée, un emboîtement de sphères de verre concentriques, préfigurant la sphère armillaire.
Ce commentaire naturaliste est une élucubration des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin. Il serait fort hasardeux d’y voir une divine extase de Patin.
Ces quatre articles sont intégralement tirés de lettres que Guy Patin a écrites à André Falconet.
J’ai corrigé le latin de cette épigramme De mirabili urbe Venetiis [Sur l’admirable ville de Venise] : {a}
« Neptune {a} avait vu Venise s’élever des ondes adriatiques, et imposer ses lois à la mer tout entière. “ Maintenant, Jupiter, dit-elle, oppose-moi autant de murailles tarpéiennes que tu voudras, et ces remparts de ton Mars. Si tu préfères le Tibre {b} à la mer, regarde ces deux villes, et tu diras que ce sont des hommes qui ont fondé Rome, mais des dieux qui ont fondé Venise. ” » {c}
- Tel qu’il est imprimé à la page 38 vo, 2e partie des :
Iacobi Sannazarii Opera omnia Latine scripta, nuper edita.[Œuvres latines complètes de Jacopo Sannazaro, {i} tout récemment mises au jour]. {ii}
- Poète napolitain mort en 1530 (v. note [58] du Naudæana 2), dont le nom est ici francisé en Jacques Sannazar.
- Venise, héritiers d’Aldus Manutius et Andreas Asulanus, son beau-père, 1535, in‑8o en deux parties de 80 et 127 pages.
- V. note [6] du Faux Patiniana II‑7.
- Le mont tarpéien, où s’élevait le Capitole, et le Tibre figuraient Rome et la papauté, qui rivalisaient constamment avec Venise.
- Pour être plus intelligible, ma traduction du dernier vers a nommé les deux cités.
Cet article ne peut pas être attribué les yeux fermés à Guy Patin car, dans notre édition, la seule autre mention du poète italien Sannazaro figure dans le Naudæana 2 (v. notule {a‑i} supra) ; et surtout, j’ai identifié deux sources où les peu scrupuleux rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont pu puiser toute la matière de leur article.
« Comme on louait un jour Monsieur de Santeüil au sujet des vers qu’il a faits pour l’aqueduc du pont Notre-Dame, {b} et qu’on disait qu’ils étaient infiniment plus beaux que ceux que Sannazar a faits pour la ville de Venise, il répondit que cela n’empêchait pas que la récompense en eût été fort différente, car Sannazar avait eu six mille écus d’or {c} pour ses vers, et Santeüil n’avait eu pour les siens que trente pistoles. C’est peut-être, dit-il, qu’on voulût payer Sannazar par rapport à son avarice, et qu’on m’a payé par rapport à ma gloire. Il y a bien de la forfanterie à Monsieur de Santeüil d’avoir fait cette réponse, car on savait que quelque amateur qu’il fût de la gloire, il l’était encore plus pour l’argent. Comme j’ai parlé de Sannazar, j’ai cru devoir rapporter ses vers avec ceux de Santeüil, pour en laisser juger les habiles. […] {d}Vers que Santeüil a faits pour la pompe du Pont Notre-Dame :
Sequana cum primum allabitur urbi,
Tardat præcipites ambitiosus aquas
Captus amore loci cursum obliviscitur anceps
Quæ fluat, et dulces nectis in urbe moras
Hinc varios implens fluctu subeunte canales
Fons fieri gaudet, qui modo flumen erat.Imitation des vers latins par P. de Corneille :
“ Que le Dieu de la Seine a d’amour pour Paris,
Dès qu’il en peut baiser les rivages chéris,
De ses flots suspendus, la descente plus douce
Laisse douter aux yeux s’il avance ou rebrousse,
Lui-même à son canal il dérobe les eaux
Qu’il y fait rejaillir par de secrètes veines,
Et de plaisir qu’il prend à voir des lieux si beaux,
De grand fleuve qu’il est, le transforme en fontaines. ” » {e}
- La Haye, Joseph Crispin, 1708, in‑8o de 102 pages : ana de Jean-Baptiste Santeul (Santeüil ou Santeuil, 1630-1697), chanoine régulier de Saint-Augustin.
- Sur le même principe que la pompe de la Samaritaine (v. note [64], lettre 166), construite au milieu du Pont-Neuf en 1608, la pompe du pont Notre-Dame (v. note [73], lettre 219), édifiée en 1676, alimentait 29 fontaines de Paris.
- Soit dix fois plus que dans L’Esprit de Guy Patin.
- Suivent en latin, sans traduction française, les « Vers que Sannazar a faits pour la ville de Venise ».
- Pierre Corneille a fait grand honneur à Santeüil en traduisant ses vers. Je n’ai pas eu l’audace d’en donner une version plus littérale. Le Santeüillana donne ensuite celles de Charles Dupérier et de François Charpentier.
Le Supplément ou troisième volume du grand Dictionnaire de Louis Moréri (Paris, Denis Thierry, 1689, page 1062) ajoute ce détail sur Sannazar, que L’Esprit de Guy Patin a repris :
« Comme il était naturellement d’une humeur gaie et qu’il avait l’esprit enjoué, on le souhaitait dans toutes les bonnes compagnies. Il était si galant que même en sa vieillesse il paraissait avec les habits et l’air d’un jeune courtisan. » {a}
- Une édition plus tardive du Moréri (Bâle, Jean Brandmuller, 1738, tome vi, pages 298‑299) contient tous les éléments (y compris les vers sur Venise) qu’on lit dans l’article de L’Esprit de Guy Patin (1709), mais elle est nettement postérieure à sa publication. Cela confirme toutefois les flagrantes interactions qui existent entre ces deux ouvrages (v. note [1] du Faux Patiniana II‑7).
« ils désirent vivre, mais ils détruisent tout ce qui favorise la vie. »
Cette citation orpheline peut correspondre à l’esprit de Guy Patin ; mais forger un proverbe italien (car on ne le lit guère ailleurs avant 1709) était moins dans ses cordes.
Ces trois articles sont tirés de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 13 juillet 1660 :
Cet article est un passage de la lettre que Guy Patin a écrite à André Falconet le 16 juillet 1660, à propos d’un avortement criminel, avec la même référence à Tertulien sur ce sujet (v. sa note [3]) :
« Quant à nous, l’homicide nous étant défendu une fois pour toutes, il ne nous est pas même permis de faire périr l’enfant conçu dans le sein de la mère, alors que l’être humain continue à être formé par le sang. C’est un homicide anticipé que d’empêcher de naître, et peu importe qu’on arrache la vie après la naissance ou qu’on la détruise au moment où elle naît. C’est un homme déjà ce qui doit devenir un homme ; de même, tout fruit est déjà dans le germe. »
L’authenticité de cet article ne semble pas douteuse à première vue, parce que Guy Patin était grand familier de « M. le P.P. », le premier président Guillaume de Lamoignon (v. supra note [22]), et avait du goût pour les relations d’expéditions lointaines (v. supra note [1]). Néanmoins, il s’agit d’une habile supercherie des rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin, car ils plagient un intéressant passage de la :
Nouvelle Géographie ou Description exacte de l’univers. Tirée des meilleurs auteurs, tant anciens que modernes, et principalement de MM. de l’Académie royale des sciences, de Sanson, Blaeu, Brier, du Val, Cluvier, Baudrand, et autres. Enrichie d’un très grand nombre de cartes et de figures des nations. Ouvrage très utile à ceux qui veulent avoir une parfaite connaissance de l’état présent du monde et de ses parties, suivant les dernières découvertes. Par M. D. Martineau du Plessis, géographe. {a}
L’île de Sainte-Hélène y est décrite dans le 3e volume, chapitre xvi, Des Îles de l’Afrique (article i, § vii, pages 140‑141) :
« Ainsi nommée à cause qu’elle fut découverte le jour de la fête de cette sainte par Jean de Nova, Portugais, ou selon d’autres, Jean Pimentel, aussi Portugais, qui y fut jeté par la tempête en 1502 ; {b} est située au 16e degré de latitude méridionale et à 520 lieues {c} du cap de Bonne-Espérance. Elle est petite, mais fertile, et jouit d’un air très sain parce que les ardeurs du soleil sont tempérées par les rosées et par les vents. Les Portugais, qui n’avaient pas eu soin de fortifier dans cette île, en ont été chassés depuis quelques années par les Anglais, {d} qui y ont bâti un bon fort, dans le seul endroit où l’on peut aborder, parce que les côtes sont toutes couvertes de hauts rochers. Les vaisseaux de la Compagnie anglaise des Indes Orientales, à laquelle cette île appartient, y prennent des rafraîchissements et surtout de l’eau douce, qui y est très bonne. C’est sans doute pour cette raison que cette île s’appelle l’Hostellerie des Mariniers. {e} On croit qu’elle est de toutes les îles du monde la plus éloignée de la terre ferme, puisque la distance de la côte occidentale de la Cafrerie, qui en est la plus proche, contient plus de 350 lieues. » {f}
- Amsterdam, George Gallet, 1700, 3 volumes in‑12.
- João da Nova (1460-1509) est le navigateur galicien, entré au service de la Couronne portugaise, qui découvrit Sainte-Hélène le 21 mai 1502. Je n’ai pas trouvé trace d’un Jean Pimentel. L’Esprit de Guy Patin a fait le mauvais choix en ne citant que cet improbable marin.
- Près de 2 100 kilomètres.
- Les Hollandais avaient investi l’île en 1633, puis les Anglais en prirent définitivement possession en 1659.
- « Il ne faut pas confondre les officiers mariniers avec les officiers de la marine : les officiers de la marine sont les capitaines, les lieutenants, les enseignes ; les officiers mariniers sont le premier pilote, le maître charpentier, le maître canonnier, etc. » (Trévoux).
- Environ 1 400 kilomètres. La Cafrerie (pays des Cafres) est l’ancien nom de l’Afrique du Sud.
Distique de John Owen intitulé In ignorantem arrogantem, Linum [Contre Linus, arrogant ignorant] : {a}
« Une double ignorance te {b} retient captif : tu ne sais rien, et tu ignores aussi que tu ne sais rien. »
- Livre troisième, épigramme 59, page 198 des Epigrammatum (v. supra note [22]).
- « toi Linus » dans la version originale du premier vers : Captivum, Line, nam te tenet… au lieu de Captivum nam te tenet…
Cet article est inédit (et probablement factice étant donné la référence à Owen) ; je n’ai pas identifié le « confrère N… » de Guy Patin, tant est grand le nombre de ceux à qui il croyait pouvoir appliquer cette raillerie.
En dépit de l’illusion forgée par « mon bon ami Naudé », cet article réunit deux larges emprunts à Jean-Baptiste Thiers Traité des Superstitions (Paris, 1697, tome premier, v. supra note [27]), livre deuxième, chapitre iv, De la magie.
« Le nom de magie se prend en bonne et mauvaise part, selon les bons ou mauvais effets qu’on lui attribue. Et comme on lui attribue ordinairement trois sortes d’effets – des effets naturels, des effets artificiels et des effets diaboliques – elle se divise ordinairement en magie naturelle, en magie artificielle et en magie diabolique. {a}La magie naturelle produit des effets extraordinaires et merveilleux par les seules forces de la nature, comme quand Tobie fut guéri de son aveuglement par le moyen du cœur, du fiel et du foie de ce gros poisson qui sortit du Tigre pour le dévorer. {b}
La magie artificielle produit aussi des effets extraordinaires et merveilleux, mais c’est par l’industrie humaine, comme la sphère d’Archimède […]. {c}
Ce serait vouloir éclairer le Soleil que de s’arrêter à prouver l’existence de cette dernière espèce de magie. En effet, l’Écriture Sainte défend en plusieurs endroits de consulter les magiciens, et elle fait mention des magiciens de Pharaon {d} et de Manassès, {e} de la pythonisse ou devineresse que consulta Saül, {f} de Simon le Magicien, {g} de Bar-Jésus le Magicien {h} et d’une autre pythonisse, du corps de laquelle l’apôtre saint Paul chassa le démon. {i} Les conciles fulminent des anathèmes contre les magiciens. »
« Revenons maintenant au droit que nous avons établi ; On dit, et c’est l’objection commune que l’on fait particulièrement en France, que le Parlement de Paris ne reconnaît point de sorciers.Mais 1. quand la chose serait ainsi, l’autorité de ce parlement devrait-elle l’emporter sur celle de l’Écriture Sainte, sur celle des conciles, sur celle du droit civil et du droit canon, sur celle de l’Église ?
2. Si le Parlement de Paris ne reconnaît point de sorciers, les autres parlements en reconnaissent, et particulièrement celui de Toulouse […].
3. Ceux qui font cette objection savent bien peu l’histoire du Parlement de Paris, qui a si souvent donné des arrêts contre des sorciers. Bodin en rapporte deux dans sa Démonomanie : {j} l’un de l’année 1548, ou environ, qui condamna la mère de Jeanne Harvillier, sorcière de Verbery proche Compiègne, à être brûlée vive ; l’autre du 11 janvier 1578, contre Barbe Doré, fameuse sorcière, qui fut aussi condamnée d’être brûlée. Le Père Crespet, prieur des Célestins de Paris, {k} en rapporte un du 19 janvier 1577 contre une autre sorcière qui fut condamnée à expier son crime par le même supplice. […] Et je ne doute point qu’il ne s’en trouve quantité d’autres semblables dans les recueils des arrêts du Parlement de Paris, qui ont été faits avant et après la Démonomanie de Bodin, et encore davantage dans les registres de cette Cour. {l}
Si bien que la question de droit, S’il y a des sorciers, est incontestable ; mais celle de fait, Si Pierre, si Jean, si Jacques sont véritablement sorciers, est souvent fort douteuse, parce que souvent on accuse d’être sorciers des personnes qui ne le sont pas en effet ; ainsi qu’il paraît dans l’Apologie de M. Naudé. » {m}
- V. note [47], notule {a}, du Patiniana I‑2, pour la distinction entre magies naturelle (divine et merveilleuse) et noire (diabolique et malveillante), à laquelle s’ajoute ici la magie artificielle (humaine et bien intentionnée), produite par habile trucage.
- V. note [17], lettre latine 29, pour la cécité de Tobit, dans l’Ancien Testament, que son fils, « la lumière de ses yeux », guérit à l’aide des entrailles d’un poisson qui avait bondi hors du fleuve Tigre, et que l’ange Raphaël lui avait appris à préparer pour guérir les esprits tourmentés par un démon.
- V. note [30] supra pour la sphère de verre d’Archimède.
- V. note [2], notule {g}, du Naudæana 4, pour les bâtons de Moïse et d’Aaron qui se transformèrent en serpents sous les yeux de Pharaon (généralement identifié à Ramsès ii, qui régna au xive s. av. J.‑C.), qui demanda à ses magiciens d’en faire autant ; mais je n’ai pas trouvé d’explication (hormis une erreur de copie) aux « serpents d’airain de Sévère qui sifflaient » ; il en figure bien un dans la lettre de Théodoric le Grand à Boèce (v. supra note [29]), mais il n’est attribué à aucun inventeur.
- Le règne impie de Manassé, roi de Juda au viie s. av. J.‑C., est décrit dans le Deuxième Livre des rois (21:5‑6) :
« Il construisit des autels à toute l’armée du ciel dans les deux cours du Temple de Yahvé. Il fit passer son fils par le feu. Il pratiqua les présages et la magie, installa des nécromants et des devins, il multiplia les actions que Yahvé regarde comme mauvaises, provoquant ainsi sa colère. »- Ne recevant aucun oracle de Dieu et incertain sur l’issue de sa guerre contre les Philistins, Saül, premier roi des Hébreux, alla consulter une nécromancienne (pythonisse ou sorcière) à En-Dor (Premier Livre de Samuel, 28:8‑14) :
« Saül se déguisa et endossa d’autres vêtements, puis il partit avec deux hommes et ils arrivèrent de nuit chez la femme. Il lui dit : “ Je t’en prie, fais-moi dire l’avenir par un revenant et évoque pour moi celui que je te dirai. ” Mais la femme lui répondit : “ Voyons, tu sais toi-même ce qu’a fait Saül et comment il a supprimé du pays les nécromants et les devins ? Pourquoi tends-tu un piège à ma vie pour me faire mourir ? ” Alors Saül lui fit ce serment par Yahvé : “ Aussi vrai que Yahvé est vivant, dit-il, tu n’encourras aucun blâme pour cette affaire. ” La femme demanda : “ Qui faut-il évoquer pour toi ? ” et il répondit : “ Évoque-moi Samuel. ”Alors la femme vit Samuel et, poussant un grand cri, elle dit à Saül : “ Pourquoi m’as-tu trompée ? Tu es Saül ! ” Le roi lui dit : “ N’aie pas peur ! Mais que vois-tu ? ” et la femme répondit à Saül : “ Je vois un spectre qui monte de la terre. ” Saül lui demanda : “ Quelle apparence a-t-il ? ” et la femme répondit : “ C’est un vieillard qui monte, il est drapé dans un manteau. ” Alors, Saül sut que c’était Samuel et, s’inclinant la face contre terre, il se prosterna. » {i}
- Dans la suite du récit, l’ombre du défunt prophète Samuel annonce à Saül sa défaite et sa mort prochaine.
- V. note [10], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657, pour Simon le Magicien.
- Dans les Actes des apôtres (13:6‑12), Élymas Bar-Jésus est un personnage qui croise le chemin de Paul et Barnabé pendant leur passage à Chypre :
« Ayant traversé toute l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent là un magicien, faux prophète, juif, nommé Bar-Jésus, qui était de l’entourage du proconsul Sergius Paulus, homme avisé. Ce dernier fit appeler Barnabé et Saul, désireux d’entendre la parole de Dieu. Mais Élymas le Magicien – c’est ce que signifie son nom – leur faisait opposition, cherchant à détourner le proconsul de la foi. Alors Saul – appelé aussi Paul – rempli de l’Esprit saint, le fixa du regard et lui dit : “ Être rempli de toutes les astuces et de toutes les scélératesses, fils du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu donc pas de rendre tortueuses les voies du Seigneur qui sont droites ? Voici à présent que la main du Seigneur est sur toi. Tu vas devenir aveugle et, pour un temps, tu ne verras plus le soleil. ” À l’instant même, obscurité et ténèbres s’abattirent sur lui, et il tournait de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le conduire. Alors, voyant ce qui s’était passé, le proconsul embrassa la foi, vivement frappé par la doctrine du Seigneur. »- Plus loin, les Actes des apôtres (16:16‑18) racontent la colère de Paul pendant son séjour à Philippes en Macédoine :
« Un jour que nous nous rendions à la prière, nous rencontrâmes une servante qui avait un esprit divinateur ; elle faisait gagner beaucoup d’argent à ses maîtres en rendant des oracles. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant : “ Ces gens-là sont des serviteurs du Dieu Très Haut ; ils vous annoncent la voie du salut. ” Elle fit ainsi pendant bien des jours. À la fin, Paul, excédé, se retourna et dit à l’esprit : “ Je t’ordonne au nom de Jésus-Christ de sortir de cette femme. ” Et l’esprit sortit à l’instant même. »- Paris, 1580, v. note [25], lettre 97.
- Pierre Crespet (1543-1594) est un moine célestin français, très lié à la Ligue, auteur d’ouvrages de théologie et de démonologie.
- Dans son article intitulé Les procès de sorcellerie au Parlement de Paris (1565-1640) (Annales, Économies, Sociétés, Civilisations, 1977, no 4 : 790-814), Alfred Soman a fourni une analyse historique et statistique très approfondie sur ce sujet.
- V. note [5], lettre 608, pour l’Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie de Gabriel Naudé (Paris, 1625).
Ces deux articles sont extraits de lettres que Guy Patin a écrites à André Falconet :
Quand il condamna aux flammes la bibliothèque romaine du mont Palatin, {a} le saint pape Grégoire ier, dit le Grand, {b} est réputé avoir détruit la plus grande partie des 142 livres de l’Histoire de Rome (Ab urbe condita) de Tite-Live (mort vers l’an 17 de l’ère chrétienne), dont seuls 35 nous sont restés. {c}
François i La Mothe Le Vayer, plutôt que Guy Patin, a pu inspirer les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin, avec ce passage sur Tite-Live, {d} où il tourne subtilement en dérision la sainte censure pontificale :
« Je me trouverais plus empêché à répondre au zèle de Grégoire le Grand, qui ne pouvait souffrir les œuvres de Tite-Live dans pas une bibliothèque chrétienne, à cause de ses superstitions païennes, ce que je me souviens avoir lu dans la préface de Casaubon sur Polybe. Et certainement on ne saurait nier que son Histoire ne soit remplie d’une infinité de prodiges qui témoignent un grand attachement à l’idolâtrie. Tantôt un bœuf a parlé ; tantôt une mule a engendré ; tantôt les hommes et les femmes, les coqs et les poules ont changé de sexe. Ce ne sont que pluie de cailloux, de chair, de craie, de sang et de lait. Les statues des dieux ont parlé, ont pleuré, ont sué le sang tout pur. Combien y lit-on de spectres apparus ? d’armées prêtes à se choquer au ciel ? de lacs et de fleuves de sang ? En vérité, jamais historien n’a tant rapporté de ces vaines créances du peuple qu’on en voit en celui-ci. Et néanmoins, outre qu’il faudrait condamner presque tous les livres des gentils si notre religion recevait quelque préjudice de semblables bagatelles, on pourrait encore représenter au pape Grégoire que Tite-Live ne débite toutes celles dont nous venons de nous souvenir, et quelques autres de même nature, que comme de sottes opinions du vulgaire et des bruits incertains dont il se moque le premier, protestant souvent que, bien qu’il soit obligé de les rapporter à cause de l’importante impression qu’ils faisaient sur la plupart des esprits d’alors, ce qui donnait quelque branle {e} aux affaires, il n’y aurait néanmoins que de la vanité et de l’imposture en tout cela. » {f}
- V. note [12] de la 2e lettre de Roland Desmarets.
- 590-604, v. note [19‑2] du Naudæana 3.
- V. note [2], lettre 127.
- François i La Mothe Le Vayer (v. supra note [35‑3]) : Jugement sur les anciens et principaux historiens grecs et latins… (Paris, Augustin Courbé, 1646, v. première notule {b}, note [61] du Patiniana I‑2), pages 245‑246.
- Incertitude.
- V. note [74] du Naudæana 1 pour l’autre saint pape, Grégoire vii (1073-1085), qui a fait subir un sort plus sévère encore aux ouvrages de Varron (v. note [1], lettre 14).
Aucun recueil de Proverbes n’a jamais été publié par un dénommé Érasme Costard. Ce début d’article n’a pas été corrigé dans l’édition suivante de L’Esprit de Guy Patin (1710). Il me semble ne devenir sensé qu’en remplaçant « On trouve dans les Proverbes d’Érasme Costard… » par « On trouve dans les Adages d’Érasme… ». Cela s’accorde en effet avec ce qui est dit ensuite ; v. infra note [43], où l’on verra aussi un lien probable avec l’abbé Pierre Costar (v. note [5], lettre 323).
Cette citation renvoie à l’adage no 1015 d’Érasme, Leporem non edit [Il n’a pas mangé de lièvre] :
Antiquitus superstitiose creditum est, esu leporinæ pulpæ conciliari formam. […] Lampridius scribit, poetam quemdam in Alexandrum Severum, quod quotidie vesceretur Leporina, ita lusisse :Pulchrum quod vides esse nostrum regem,
Quem Syrum sua detulit propago,
Venatus facit, et lepus comesus,
Et quod continuum capit leporem.Primum carmen vitiatum est. Hos versus cum quidam ex amicis ad Alexandrum detulisset, respondisse fertur in hanc sententiam :
Pulchrum quod putas esse vestrum regem
Vulgari miserande de fabella,
Si verum putas esse, non irascor.
Tantum tu comedas velim lepusclos,
Ut fias animi malis repulsis
Pulcher, ne invideas livore mentis.Si vides lector parum observatas metri leges, memineris Imperatorem scripsisse, cuius est præscribere leges, non parere.
[Dans l’Antiquité, une superstition laissait croire que manger de la viande de lièvre rendait beau. (…) Lampridius a écrit qu’un poète s’était ainsi moqué d’Alexandre Sévère {a} parce qu’il avait tous les jours du lièvre à sa table :
« À ce que tu vois, notre roi est beau.
Doit-il cela à son origine syrienne ?
Non, il chasse le lièvre et en mange,
Et c’est ce qui lui vaut son éternelle grâce. »Le premier vers est fautif. {b} L’un de ses amis ayant rapporté ce poème à Alexandre, on raconte qu’il y répondit par celui-ci :
« À ce que tu penses, votre roi est beau,
C’est le misérable conte qu’on répand,
Si tu penses que c’est vrai, je ne m’en irrite pas.
Je voudrais seulement que tu manges toi aussi des levrauts
Et qu’ainsi débarrassé de ses méchancetés ton esprit devînt
Beau, et que tu cessasses d’être haineusement jaloux. »Si tu trouves, lecteur, que les lois de la métrique n’ont guère été respectées, souviens-toi que l’auteur est un empereur, dont le propre est de dicter les lois et non d’y obéir]. {c}
- Ælius Lampridius a écrit la Vie d’Alexandre Sévère (v. note [45] du Naudæana 2) dans l’Histoire Auguste (v. note [31], lettre 503).
- La syntaxe et la scansion latines du poème m’ont paru bancales du premier au dernier vers.
- J’ai mis en exergue la phrase d’Érasme citée par L’Esprit de Guy Patin.
Le latin de l’empereur est pire encore que celui du poète qui l’avait provoqué. À la décharge d’Alexandre Sévère, Érasme omettait de dire que Lampridius a transcrit une version latine de vers primitivement écrits en grec.
Pour en revenir à l’abbé Pierre Costar, {a} il n’est pas là tout à fait par hasard : le propos de Lampridius est cité, élégamment traduit et savamment commenté (sans référence à Érasme) dans Les Entretiens de Monsieur de Voiture et de Monsieur Costar, {b} lettre xxv (pages 189‑192), Monsieur Costar à Monsieur de Voiture. En reprochant leur négligence aux éditeurs de L’Esprit de Guy Patin, je conclus que leur article bancal ne peut pas être attribué à Patin, et leur attribue sans l’ombre d’un doute le commentaire (qui suit leur citation latine) dont ils ont assorti leur divagation.
« Délivre-nous, Seigneur, de la furie des Normands. »
Guy Patin a appliqué cette supplique aux exactions du cardinal Mazarin pendant le siège de Paris (1649, v. note [9], lettre 176) ; en outre, il s’est souvent défié des Normands, se plaisant par exemple à les dire issus du « pays de Sapience » (v. note [3], lettre 41). Toutefois, cela n’en fait pas l’auteur de cet article, car les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin ont trouvé pire contempteur que lui en la personne de Louis Moréri (v. supra note [33]), et ils ont indiscutablement tiré leur matière de ce qu’il a écrit sur la Normandie dans son Grand Dictionnaire (Lyon, 1674, page 988) :
« Ceux de cette province sont ingénieux, mais colères et chicaneurs. Le reproche qu’on fait aux Normands ne se doit prendre que pour ceux de la lie du peuple. Les autres sont braves et généreux. Clovis réduisit ce pays en province ; elle fit une partie du royaume de Soissons. Depuis, les Normands, peuples sortis du Nord, {a} après avoir piraté le long des côtes de la mer, se jetèrent dans la France, du temps de Charles le Chauve, et ils y firent des dégâts incroyables. {b} Ces courses durèrent environ quatre-vingts ans ; la résistance fut souvent inutile ; il en fallut venir à des tributs honteux, et toutes ces sommes d’argent ne faisaient qu’attirer davantage les barbares. Ils assiégèrent trois fois Paris, {c} et ils effrayèrent si fort les habitants de cette grande ville que, dans leurs oraisons publiques, ils priaient Dieu qu’il les délivrât de la fureur des Normands. » {d}
- Les « hommes du Nord » venus de Scandinavie (Vikings) pour rapiner la France au ixe s.
- Charles ii le Chauve a régné de 843 à 877.
- Leur entreprise la plus hardie fut le siège de Paris de 885 à 887, sous le règne de Charles iii le Gros. Trois autres sièges (ou plutôt raids) avaient eu lieu en 845, 856 et 861.
- J’ai mis en italique la citation que L’Esprit de Guy Patin a traduite en latin (en s’inspirant d’un propos de Patin).
La suite de l’article est un commentaire des auteurs de L’Esprit de Guy Patin, qui ont cru mieux leurrer leurs lecteurs en vantant la supériorité des Picards (comme était Patin) sur les Normands.
Conrad Pellican {a} (Rouffach, Alsace 1478-Zurich 1556) a été l’un des fondateurs des études hébraïques en Europe. D’abord moine franciscain, il se convertit au protestantisme naissant et quitta son couvent de Bâle pour enseigner la théologie à Zurich. Il a contribué à la traduction de la Bible en allemand par Ulrich Zwingli {b} et Leo Jud (Zurich, 1531). Entre autres ouvrages, il a publié :
[Sur la Manière de lire et comprendre l’hébreu] ; {c}
[Nous te donnons ici, très chrétien lecteur, les Commentaires des livres de la Bible, certes brefs mais universels, du très savant et pieux Conrad Pellican natif de Rouffach, qui y a aussi inséré une édition de la Vulgate, soigneusement corrigée suivant le texte hébreu. Tu as en outre dans cet ouvrage tout ce qui est propre à la théologie authentique. Si tu es sage, abreuve-toi ici de la véritable religion, à la source des textes sacrés plutôt qu’aux petits ruisseaux qui en dérivent]. {d}
Cet article de L’Esprit de Guy Patin ne vient pas de lui : il abrège l’addition d’AntoineTeissier à la biographie de Pellican dans les Éloges des hommes savants tirés de l’Histoire de M. de Thou… (Genève, 1683, première partie, pages 95‑97, v. supra note [23]).
Melchior Adam {a} a donné une longue et instructive Vita Pellicani [Vie de Pellicanus] dans ses « Vies des théologiens allemands » (pages 262‑299). {b} Je n’y ai pas lu l’anecdote (rapportée par Teissier) sur l’absence de Nouveau Testament grec en Allemagne au début du xvie s. En 1499, ce qui intéressait le plus Pellican était de sortir la langue hébraïque de l’ignorance où le mépris des juifs l’avait ensevelie dans ce pays, et plus généralement, dans toute la chrétienté ; avec ce passage sur l’étonnante manière dont l’autodidacte Pellican a excellé dans la connaissance de l’hébreu (pages 269‑270) :
Contigit eodem anno mense Augusto, ut ascenderet cum Paulo præceptore Ulmam, ubi audierat esse sacerdotem virum bonum, Ioannem Beham cantorem, qui a Judæis Ulmensibus antequam expellentur, didicerat Hebræa : et multa habebat multo æere redemta, a paupere quodam Judæo elegantissimo scriptore, inter alia fragmentum Grammaticæ de conjugationibus verborum et literarum transformationibus, incerti authoris, et aliud quoddam. Utrumque curaverat ille multo ære transferendum in Germanicam linguam a Judæo, nihil prorsus de Hebraica grammatica intelligente. Nec enim Pellicanus eo usque invenerat inter omnes Judæos quenquam, nec in Alsatia, nec Wormatiæ, nec Francofurdiæ, nec Ratisbonæ vel alibi, qui vel unam ei Grammaticalem quæstionem solvere potuisset. Optimus ergo ille vir rogatus, copiam ei fecit describendi utramque Grammaticam, cum interpratione Germanica. Is ergo plurimum ei profuit, et præceptoris locum apud eum meruit. Quin et postero tempore, videns ejus studium indefessum, alia quoque permisit describenda. Eodem anno providentia Dei, Bibliopola Tubingensis attulit Biblia Hebraica integra, minima forma impressa Pisauri in Italia, quæ nemo curabat. Pellicanus id audiens, rogavit virum, sineret opus aliquot diebus inspicere ; concessit librarius, dicens floreno cum dimidio posse emi. Audito tam parvo posse comparari ; exultavit Pellicanus ; adiit suum Gardianum Paulum, orans pro se fide-juberet. Quod ubi fecisset ; Crœsi divitias se adeptum putavit, statimque Spiram ad avunculum scripsit, orans ut duorum florenorum munere vel eleemonyna dignaretur, quibus pro libris comparandis pauper egeret. Statim misit ea conditione, ne se emacem ad alienam crumenam exhiberet. Satis ergo tunc ditatus, postea nil unquam ab eo petivit. Reuchlinus vero iterum reversus, cum inaudisset, eum perlegendis Bibliis Dictionnarium concinnare, et semel annotatis postea non nisi capitis numerum adscribere, si ex concordantia translationis intelligeret, certum esse vocabuli adnotati significatum : retulit, se quoque idem opus moliri, et perfecisse fere verba incipientia ab Aleph : hortatus Pellicanum, ut strenue pergeret, se quoque idem facturum : id factum medio Julii mensis. Ad finem Octobris tota Biblia hoc modo perlegit, colligens radices, et loca adsignans plurima, verbis rarioribus, et non prorsus communibus. Ad initium Novembris Stutgardiam descendens, attulit Capnioni specimen laborum : ubi videns ille diligentiam, et admiratus operis tanti tam breve tempus, quo fuerat exantlatum, dixit, se nondum absolvisse partem inicpientium a Beth. Videns autem Pellicanum singulis dictoinibus adjecisse capitum numeros ; rogabat sibi commodaret librum, quo in suo sublevari posset : ne cogeretur propter unicum vocabulum totum semper volumen evolvere. Pellicanus libenter illi gratificatus est : contra ille eidem commodato dedit exemplar manuscriptum Grammaticæ R. Mose Kimchi, quod ab eodem Judæo Germanice translatum habebat, qui Ulmensi sacerdoti alia fragmenta transtulerat. Rogabat etiam Pellicanum : ut quæ jam scripserat tumultuarie, de dictionibus ab Aleph incipientibus, transcriberet : ut aliquando typographis posset tradi.[Au mois d’août de la même année, {c} il se rendit à Ulm avec Paulus, {d} son précepteur. Il avait entendu dire que s’y trouvait un bon prêtre, le chantre Ioannes Beha, à qui les Juifs d’Ulm avaient enseigné l’hébreu, avant d’en être chassés. Il avait acheté fort cher beaucoup d’ouvrages à un pauvre juif qui était excellent écrivain, dont notamment le fragment d’une grammaire sur les étymologies des mots et les transformations des lettres, d’auteur incertain, et un autre livre. Moyennant force argent, il avait confié à un juif le soin de traduire ces deux textes en langue allemande, mais cet homme n’entendait absolument rien à la grammaire hébraïque. Pellican ne trouva non plus aucun juif, que ce fût en Alsace, à Worms, à Francfort, à Ratisbonne ou ailleurs, qui pût résoudre pour lui ne serait-ce qu’une simple question de grammaire. L’excellent Beha pria donc Pellican de bien vouloir se charger de transcrire ces deux grammaires et de les traduire en allemand, ce qui lui profita grandement et lui fit obtenir une place de précepteur. Qui plus est, dans un second temps, comme il ne se lassait pas de travailler, il se permit aussi de transcrire d’autres textes. La Providence divine fit, cette même année, qu’un libraire de Tübingen présenta une Bible hébraïque complète, imprimée en petit format à Pesaro, en Italie, qui n’intéressait personne. Apprenant cela, Pellican lui demanda qu’il lui permît de la regarder pendant quelques jours ; le libraire accepta, en disant pouvoir la lui vendre pour un demi-florin. {e} Pellicanus exulta en apprenant qu’il pouvait l’acquérir à si vil prix ; il alla voir son supérieur, Paulus, le priant de se porter caution pour lui. Cela obtenu, il s’estima riche comme Crésus {f} et écrivit aussitôt à son oncle, à Spire, lui demandant qu’il le jugeât digne de recevoir pour aumône la somme de deux florins, que le pauvre moine consacrerait à l’achat de livres. Son oncle les lui envoya sur-le-champ, sous condition qu’il ne se montrerait pas prodigue au profit d’une autre bourse. Se tenant alors pour suffisamment enrichi, il ne lui demanda plus jamais le moindre sou. Reuchlin fut de retour {g} et apprit que Pellican préparait un Dictionnaire en lisant soigneusement les textes bibliques, et qu’une fois qu’il les avait annotés, il ne manquait pas de relever le numéro de chaque chapitre, ne tenant pour certain le sens du mot qu’il avait noté que si la traduction du passage était intelligible. Reuchlin fit alors savoir qu’il s’était aussi attelé au même travail et avait presque terminé les mots commençant par Aleph. {h} Il encouragea Pellican à poursuivre avec acharnement et à procéder de la même manière que lui. Cet entretien eut lieu au milieu du mois de juillet. Dès la fin d’octobre, Pellican avait appliqué sa méthode de lecture à la Bible tout entière, colligeant les étymologies et relevant les mots très rares et peu communs dans quantité de passages. Au début de novembre, il se rendit à Stutgart et apporta à Capnion {g} un échantillon de ses travaux ; lequel, voyant sa diligence et admirant qu’un tel ouvrage ait été accompli et entièrement achevé en si peu de temps, dit qu’il n’était pas encore arrivé à bout des mots commençant par Beth. {i} Voyant aussi que Pellicanus avait adjoint les références des chapitres à chacun des mots, Capnion lui demanda s’il disposerait de son livre pour alléger son propre ouvrage, sans être forcé de feuilleter un volume entier à la recherche d’un seul mot. Pellican lui accorda généreusement cette faveur et, en échange de bon procédé, Capnion lui donna l’exemplaire manuscrit de la Grammaire du rabbin Moïse Kimhi, {j} qu’avait traduite de l’hébreu en allemand ce même juif qui avait cédé d’autres pièces au prêtre d’Ulm. {k} Il pria aussi Pellican de lui transcrire ce qu’il avait déjà rédigé sur les mots commençant par Aleph, afin de pouvoir un jour faire imprimer ces textes]. {l}
- V. notes [31], lettre 273.
- Vitæ Germanorum Theologorum, qui superiori seculo Ecclesiam Christi voce scriptisque propagarunt et propugnarunt, congestæ et ad annum usque m dc xviii. deductæ… [Vies des théologiens allemands qui, au siècle dernier, par leurs discours et leurs écrits, ont propagé et défendu l’Église du Christ, réunies et menées jusqu’à l’an 1618…] (Heidelberg, Jonas Rosa, 1620, in‑8o de 880 pages).
- 1499.
- Le théologien franciscain Paulus Scriptoris de Weil, dit Paul de Souabe (mort en 1505).
- Le florin d’Allemagne équivalait à une livre tournois.
- V. note [91] du Faux Patiniana II‑7.
- En 1500, Johann Reuchlin, surnommé Capnion (v. note [48], lettre 99), était déjà couvert de la gloire d’avoir été le premier des hébraïstes allemands chrétiens. Il reprenait ses fonctions à l’Université de Stuttgart au retour d’un long séjour en Italie.
- Première lettre de l’alphabet hébreu.
- Deuxième lettre de l’alphabet hébreu.
- Grammairien juif provençal du xiie s.
- Iohannes Beha, cité au début de cet extrait.
- Les trois livres des Rudimentorum Hebraicorum [Rudiments d’hébreu] de Reuchlin, contenant son dictionnaire et sa grammaire, ont paru en 1506 (Pforzheim, Thomas Anshelm, 621 pages sans format identifiable).
L’Esprit de Guy Patin plagie ici un paragraphe de L’Année chrétienne du R.P. Jean Suffren, {a} jésuite dont Guy Patin a salué la mort en disant : « S’il était le dernier de sa cabale, ce serait un beau déblai ». {b}
Le passage se trouve dans la section 3, De la conversation avec les personnes de divers sexes, pages 599‑600 du chapitre vii, De la conversation et visites, ou actives ou passives, pendant le jour ; et les pratiques pour les faire utilement à l’éternité :
« Je me suis grandement étonné de ce qu’écrit le B. Pierre Damien, {c} qu’en une montagne de l’Orient, il y a des pierres de feu, lesquelles sont mâles et femelles, et sont appelées boules de feu ou pyriboles : {d} ces pierres étant éloignées l’une de l’autre ne se brûlent point ; mais si la femelle s’approche du mâle, le feu sort incontinent des deux, en telle manière que tout ce qui est à l’entour de la montagne est brûlé. Le fruit que ce saint tira de cette merveille de la nature est que nous apprenions de ces pierres que si nous voulons n’être pas brûlés du feu de la concupiscence, il faut se garder d’être trop familier avec les femmes. » {e}
- Paris, 1643, v. note [13], lettre 61.
- V. note [14] de la susdite lettre (12 octobre 1641 à Claude ii Belin).
- Pierre Damien (Pier Damiani, Petrus Damianus, Ravenne 1007-Faenza 1072), moine camaldule (v. deuxième notule {b}, note [3], lettre 302) devint évêque d’Ostie puis cardinal. Il a laissé de très nombreux écrits qui lui ont valu d’être tenu pour saint dès sa mort (canonisation officieuse en 1823) et nommé docteur de l’Église (1828).
- Note marginale : πυριβολοι (pyriboloï).
- Édifiante exploitation d’une merveille naturelle à tenir pour fictive.
La citation latine vient du Psaume 19 (verset 14) :
Et ab alienis parce servo tuo : si mei non fuerint dominati, tunc inmaculatus ero et emundabor a delicto maximo.[Préserve aussi ton serviteur des dieux étrangers : s’ils n’ont sur moi nul empire, alors je serai irréprochable et pur du grand péché]
L’Esprit de Guy Patin a de nouveau emprunté sa matière au Grand Dictionnaire de Louis Moréri (Lyon, 1674, pages 205‑206, sur Benoit xii), mais en insérant deux erreurs.
Et videtur etiam eum insinuasse Benedictus xii. Pontifex sanctissimus, nec non Pius iv., adhibentes sibi hanc symbolicam tesseram ; Si mei non fuerint dominati, tunc immaculatus ero. […] Sed ad rem hunc Psaltis sensum fateor non esse genuinum. Hebræa enim, et Græca, aperte ferunt, illud mei sumendum esse in casu gignendi ; ita ut sensus sit, ero immaculatus, si alieni a te, non fuerint mihi dominati, nec turpissima, (quisque voluntaria,) servitute eis addicar.
[C’est ce sens que semblent aussi avoir sous-entendu le très saint pontife Benoït xii et Pie iv, {b} quand ils ont employé cette devise symbolique, « s’ils n’ont sur moi nul empire ». (…) Mais j’avoue que cette interprétation du psaume n’est pas authentique quand on l’applique à cette question. Les textes hébreux et grecs rapportent ouvertement que ce mei ne doit pas être pris dans le sens de progéniture ; ce qui mène donc à « je serai irréprochable si ceux qui te sont étrangers {c} n’ont sur moi nul empire », et si une servitude très honteuse (et toute volontaire) ne me soumet pas à eux]. {d}
- Opera omnia [Œuvres complètes], Lyon, 1665, v. note [6], lettre 736, tome xvii, Ascetica [Ouvrages ascétiques].
- V. note [6], lettre 965, pour Pie iv (1559-1565).
Jacques Fournier (Canté, diocèse de Pamiers en Languedoc, vers 1285-Avignon 1342), moine cistercien (v. note [23], lettre 992) élu pape sous le nom de Benoît xii en 1334, fut un grand réformateur de la curie pontificale et des ordres religieux, et fustigea le népotisme.
- Les dieux païens.
- Si mei non fuerint dominati se traduit littéralement par « Si les miens n’ont pas prédominé », où mei (adjectif possessif), « les miens », désigne « ma famille » ; mais la version canonique du psaume en a fait mihi (pronom), « pour moi », en aboutissant à « S’ils (les alieni, les dieux païens) n’ont sur moi nul empire ».
Le principe du jeu poétique est d’utiliser des formes saugrenues pour exprimer un propos sensé. Un hexamètre compte en principe six pieds.
« Remue-toi donc, je m’en suis allé : va voir la vieillarde malade, achète une brebis noire, mange un œuf blanc, devant le champ où cela se trouve. »
Quelques recueils ont plus tard repris ce salmigondis en l’attribuant à Guy Patin, sur la foi du Faux Patiniana, pour vanter la précocité intellectuelle de son fils Charles.
« D’innombrables soucis bouleversaient les Constantinopolitains. »
Ce distique figure parmi les Autres sortes de Vers folâtrement et ingénieusement pratiqués (chapitre xx, pages 154 vo‑155 ro) dans :
Les Bigarrures et touches du seigneur des Accords. {a} Avec les Apophtegmes du sieur Gaulars et les Escraignes {b} dijonnaises. Dernière édition, de nouveau augmentée de plusieurs épitaphes, dialogues et ingénieuses équivoques augmentée. {c}
Il y est assorti de cette explication :
« On s’est aussi plu de faire des vers de deux mots, pour en avoir de mots non composés. Je n’en ai jamais vu que ce suivant hexamètre et pentamètre :Perturbabantur Constantinopolitani
Innumerabilibus sollicitudinibus.En récompense duquel Jules Scaliger a bâti cet hexamètre de monosyllabiques latins :
Si mi lis nex est trux, pax quid sit sub id aut quo ? » {d}
- Étienne Tabourot (1547-1590), avocat au parlement puis procureur au bailliage de Dijon.
- Veillées.
- Paris, Jean Richer, 1603, in‑12 de 444 pages, pour l’une de très nombreuses éditions, dont la première a paru en 1583.
- « Si pour moi dispute est mort farouche, en quoi la paix consisterait-elle, et où ? »
Ces acrobaties poétiques sont aussi oiseuses que douteuses sous la plume de Guy Patin.
Le prélat français Adon, archevêque de Vienne en Dauphiné de 860 à 875, saint de l’Église catholique, a laissé de pieuses chroniques historiques et hagiographiques.
Il n’était pas contemporain de Raoul, duc de Bourgogne, roi de France (carolingien) de 923 à 936. François Eudes de Mézeray a donné une chronique de son règne, avec son portrait fictif, dans son Abrégé chronologique ou Extrait de l’histoire de France. {a} Elle se conclut sur une liste des saints qui brillèrent aux ixe et xe s. (tome i, page 272), dont le pénultième est Bernard de Romans (archevêque de Vienne, de 810 à 841) :
« Ce dernier eut Audon, ci-dessus, {b} pour successeur dans sa sainteté et dans son siège ; mais il en a eu peu d’autres dans cette grande maxime du christianisme, laquelle il avait souvent à la bouche, et toujours dans l’âme : Que les biens de l’Église sont le patrimoine des pauvres, et qu’un ecclésiastique n’en a l’usage que pour les nécessités. Aussi n’avait-il pour tous domestiques qu’un prêtre et un serviteur, disant par ce bel exemple à tous les prélats que qui est grand de soi-même n’a point besoin d’équipage et de valets pour le paraître. » {c}
- Paris, 1667, v. note [11], lettre 776.
- Adon de Vienne est cité, page 271, parmi « ceux qui furent illustres par leur doctrine ».
- J’ai mis en exergue les passages empruntés par L’Esprit de Guy Patin ; mais tout en pensant, si on lit bien Mézeray, qu’il appliquait peut-être ces sentences à Bernard plutôt qu’à Adon de Vienne.
Je n’ai pas trouvé ailleurs que dans le Faux Patiniana la réflexion finale, sur « le prélat à pied » et l’« apôtre en litière ». Je doute que Guy Patin ait ainsi emprunté à Mézeray sans citer sa source et en commettant un anachronisme de siècle.
Ces vers d’Horace sont précédés de leur traduction, entre guillemets français. Guy Patin les a cités (sans les mettre en français) dans sa lettre du 9 avril 1658 à Charles Spon, en se lamentant sur les abus politiques, financiers et monastiques de son siècle (v. sa note [17], avec une autre proposition de traduction).
Ammien Marcellin, Ammianus Marcellinus, est un écrivain latin du ive s. qui a laissé une histoire de Rome, intitulée Res gestæ [Faits historiques], couvrant la période allant de 96 à 378, dont il ne subsiste que 18 des 31 livres.
Cet article de L’Esprit de Guy Patin reprend les propos de Pierre Bayle {a} dans ses Pensées diverses, écrites à un docteur de Sorbonne, à l’occasion d’une comète qui parut au mois de décembre 1680, {b} § vi, Que les historiens se plaisent fort aux digressions (tome premier, pages 8‑9) :
« L’envie de paraître savants jusque dans les choses qui ne sont pas de leur métier leur fait aussi faire quelquefois des digressions très mal entendues ; comme lorsqu’Ammien Marcellin, à l’occasion d’un tremblement de terre qui arriva sous l’empire de Constantius, {c} nous débite tout son Aristote et tout son Anaxagoras, {d} raisonne à perte de vue, cite des poètes et des théologiens ; {e} et à l’occasion d’une éclipse de Soleil arrivée sous le même Constantius, se jette à corps perdu dans les secrets de l’astronomie, fait des leçons sur Ptolomée, et s’écarte jusques à philosopher sur la cause des parélies. {f} Mais il ne s’ensuit pas pour cela que les remarques des historiens doivent autoriser l’opinion commune, parce qu’elles ne sont pas sur des choses qui soient du ressort de l’historien. »
- Rotterdam, Reinier Leers, 2 tomes in‑12, pour la quatrième édition, dont la première a paru à Cologne en 1682.
- Pierre Bayle (Carla-le-Comte, aujourd’hui Carla-Bayle, près de Pamiers 1647-Rotterdam 1706) est un littérateur protestant français et un penseur sceptique, précurseur des Lumières, dont le plus volumineux ouvrage est le Dictionnaire historique et critique, auquel notre édition a souvent recouru ; il a aussi produit une abondante correspondance, et quelques textes philosophiques et politiques. Bayle est réputé avoir édité le Naudæana et Patiniana.
- Constance ii (Constantius) a été empereur romain de 337 à 361. L’Esprit de Guy Patin l’a ici confondu avec son prédécesseur Constantin ier (Constantinus), 310-337 (v. note [24] du Naudæana 3).
- Anaxagoras (Anaxagore) est un philosophe et astronome grec du ve s. av. J.‑C. Seuls des fragments de son œuvre ont subsisté, concernant notamment sa vision du monde (cosmogonie).
- Le chapitre 7, livre xvii, des Res gestæ de Marcellin relate le grand séisme qui secoua la Macédoine, l’Asie Mineure et le Pont, avec de copieux commentaires qui irritaient Bayle, dont le paragraphe 11 n’est que le début :
Accidunt autem, ut opiniones æstimant, inter quas Aristoteles æstuat et laborat, aut in cavernis minutis terrarum, quas Græce syriggas appellamus, inpulsu crebriore aquis undabundis : aut certe, ut Anaxagoras adfirmat, ventorum vi subeuntium ima terrarum ; qui cum soliditatibus concrustatis inciderint, eruptiones nullas reperientes, eas partes soli convibrant, quas subrepserint umidi. Unde plerumque observatur terra tremente ventorum apud nos spiramina nulla sentiri, quod in ultimis eius secessibus occupantur.Traduction de Guillaume de Moulines (Lyon, Jean-Marie Bruyset, 1778, in‑18, tome premier, pages 262‑263) :« Selon les diverses opinions qui ont occupé et fait suer Aristote, ces tremblements se forment dans ces petits canaux souterrains, qu’en Grèce nous appelons syringes, par la fréquente agitation des eaux qui s’y portent avec force ; ou du moins, ainsi que le soutient Anaxagore, par la violence des vents qui pénètrent dans les entrailles de la terre : parvenus à ces masses endurcies et ne pouvant s’y faire un passage, ils déploient leur action sur ces parties qu’ils pénètrent de leur humidité. De là vient que la plupart du temps, les vents ne se font point sentir pendant que la terre tremble parce qu’ils sont occupés dans les enfoncements les plus éloignés. »- Les paragraphes 1‑2 du chapitre 3, livre xx des Res gestæ, entament une longue explication astronomique :
Eodem tempore per eoos tractus cælum subtextum caligine cernebatur obscura, et a primo auroræ exortu ad usque meridiem intermicabant iugiter stellæ hisque terroribus accedebat, quod, cum lux cælestis operiretur, e mundi conspectu penitus lance abrepta defecisse diutius solem pavidæ mentes hominum æstimabant : primo adtenuatum in lunæ corniculantis effigiem, deinde in speciem auctum semenstrem posteaque in integrum restitutum.Traduction de Moulines (ibid. tome second, pages 5‑6) :Quod alias non evenit ita perspicue, nisi cum post inæquales cursus iter menstruum lunæ ad idem revocatur initium certis temporum intervallis, id est cum in domicilio eiusdem signi tota reperitur luna sub sole, liniamentis obiecta rectissimis, atque in his paulisper consistit minutis, quæ geometrica ratio partium partes appellat.
« Dans ce même temps, le ciel fut couvert, dans les parties de l’Orient, d’épaisses ténèbres, au travers desquelles les étoiles brillèrent sans discontinuer depuis l’aube du jour jusqu’à midi. À ce phénomène effrayant se joignit encore ceci : c’est que, tandis que le Soleil était aussi obscurci que si sa lumière eût entièrement disparu, le peuple alarmé estima que cet astre restait éclipsé plus longtemps qu’à l’ordinaire ; sa clarté diminua d’abord jusqu’à ne lui laisser que l’apparence du premier croissant de la Lune ; il revint ensuite à la moitié de sa forme, qu’il reprit enfin tout à fait.Ceci n’arrive d’ailleurs d’une manière si marquée que lorsqu’après diverses révolutions inégales, la Lune se retrouve, au bout d’un certain temps, au même point, c’est-à-dire lorsqu’étant tout entière dans le même signe, opposée en ligne droite au Soleil, elle s’y arrête quelques minutes, que les géomètres appellent parties des parties. »
Plus loin, Marcellin étend son discours aux parélies (parhélies) ou faux soleil, halos créés par la réflexion de la lumière solaire dans les couches de l’atmosphère.
Il est raisonnable de penser que Bayle n’a pas reproduit sans le dire un propos de Guy Patin : comme ils l’ont déjà fait dans le Faux Patiniana II‑1 (v. ses notes [11], [13] et [14]), ce sont les rédacteurs de L’Esprit de Guy Patin qui ont copié Bayle (en se méprenant sur le nom de l’empereur Constance).
Ces quatre articles viennent de lettres que Guy Patin a écrites à André Falconet :
La source de cet article n’est probablement pas la conversation de Guy Patin, mais Jean Bernier (Blois 1627-1698), docteur en médecine de l’Université de Montpellier en 1647, « conseiller et médecin ordinaire de feue Madame, duchesse douairière d’Orléans » (Marguerite de Lorraine), qui a aussi publié plusieurs ouvrages de critique littéraire et d’histoire. Ce passage se trouve dans ses Essais de médecine, où il est traité : de l’histoire de la médecine et des médecins ; du devoir des médecins à l’égard des malades, et de celui des malades à l’égard des médecins ; de l’utilité des remèdes et de l’abus qu’on peut en faire, {a} chapitre ii, De l’origine de la médecine, et de son progrès (première partie, pages 9‑10) :
« Tout cela étant donc supposé, au moins comme des conjectures raisonnables, je ne m’étonne pas si le médecin Soranus nous donne en peu de mots, et selon les lumières qu’un païen pouvait en avoir, une histoire de la médecine aussi courte et aussi vraisemblable que celle-ci : La médecine a été inventée p<ar> Apollon, augmentée par Esculape, et perfectionnée par Hippocrate. {b} Car soit que les Grecs aient entendu Dieu auteur de toutes choses et créateur de la médecine par Apollon, qui est le Soleil, ou qu’ils aient confondu cet Apollon avec Isis et Osiris, dont les noms ne signifient pas moins la médecine, en langue égyptienne, qu’ils signifient le Soleil et la Lune, il est toujours vrai qu’ils ont voulu marquer par ces fictions qu’il ne faut rapporter les origines de la médecine qu’à Dieu ; ce que leur postérité a si bien compris que quelques auteurs ont écrit depuis que l’invention en était au-dessus de l’esprit humain, qu’elle était une chose sacrée, qu’elle était la doctrine des dieux immortels, et que l’exercice n’en était pas moins noble que l’origine : Divinitus data, divinitus accepta. {c} Quant au progrès de cette science, il est assez difficile de savoir précisément ce que veut dire Soranus quand il l’a attribué à Esculape, l’histoire et la chronologie n’ayant rien de bien assuré touchant cet homme si célèbre, Celse {d} même tombant d’accord qu’il ne fut mis au nombre des dieux que parce qu’il avait commencé à décrasser la médecine. »
- Paris, Simon Langronne, 1689, in‑4o en deux parties de 559 et 136 pages.
- Dans la marge, Bernier cite le Sorani Ephesii Peripatetici et vetustissimi Archiatri, in artem medendi Isagoge, hactenus non visa [Introduction à l’art de remédier, de Soranos d’Éphèse, {i} péripatéticien et très ancien archiatre, jamais vue à ce jour], publiée en latin dans un recueil intitulé De Re medica [De la Médecine]. {ii} Ce sont les premiers mots de la préface (page 1 ro) :
Medicinam quidem invenit Apollo, amplificavit Æsculapius, perfecit Hippocrates.Patin n’a pas cité cet ouvrage dans ses écrits et n’y a mentionné Soranos qu’à propos d’un titre de Rufus d’Éphèse ; {iii} mais cela n’exclut pas entièrement qu’il ait pu lire cet adage et s’en souvenir. V. notes :
- « Divinement donnée, divinement reçue », avec références à Hésiode, Homère, Quintilien et Lucien ajoutées dans la marge par Bernier.
- V. note [13], lettre 99.
Je n’ai pas identifié « P.L. » qui réagissait à cette citation de Bernier avec un commentaire pertinent sur l’utilité d’étudier l’histoire de la médecine.